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L'invention de Morel, le roman de 1940Feu vert livre / BD

La invención de Morel (1940)

Ici l'article sur L'invention de Morel, le téléfilm de 1967.

Ici l'article sur L'invention de Morel, le film de 1974.

Sorti en Argentine en 1940 chez EDITORIAL LOSADA AR (couverture de Norah Borges).
Traduit en français par Armand Pierhal en 1952 pour LAFFONT FR, réédité en 1978, mars 1984, mars 2001.
Réédité dans Fiction 103 en juin 1962 chez OPTA FR.
Réédité en 1974 chez EDITO-SERVICE FR.
Réédité en 1976 chez UGE FR (collection 10/18), en 1992, en juillet 1998, en mars 2009, mars 2018.
Réédité en 1992 chez 10/18 FR (traduction de Armand Pierhal).

De Adolfo Bioy Casares.

Un homme fuyant la dictature qui le poursuit pour ses opinions croit trouver refuge sur une île ayant très mauvaise réputation, et où se trouve une villa et un musée abandonné, ainsi qu'une source d'eau potable. C'est alors que débarque une petite troupe de fêtards qui semblent complètement ignorer son existence, tandis que la villa et le musée sont rouverts et retrouvent leur splendeur d'origine.

Fiction, le numéro 103 de juin 1962 du magazine de 1953 

L'invention de Morel, le roman de 1940 L'invention de Morel, le roman de 1940

L'invention de Morel, le roman de 1940 L'invention de Morel, le roman de 1940

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Le texte original de Adolfo Bioy Casares de 1940

 

  Hoy, en esta isla, ha ocurrido un milagro. El verano se adelantó. Puse la cama cerca de la pileta de natación y estuve bañándome, hasta muy tarde. Era imposible dormir. Dos o tres minutos afuera bastaban para convertir en sudor el agua que debía protegerme de la espantosa calma. A la madrugada me despertó un fonógrafo. No pude volver al museo, a buscar las cosas. Huí por las barrancas. Estoy en los bajos del sur, entre plantas acuáticas, indignado por los mosquitos, con el mar o sucios arroyos hasta la cintura, viendo que anticipé absurdamente mi huida. Creo que esa gente no vino a buscarme; tal vez no me hayan visto. Pero sigo mi destino; estoy desprovisto de todo, confinado al lugar más escaso, menos habitable de la isla; a pantanos que el mar suprime una vez por semana.

  Escribo esto para dejar testimonio del adverso milagro. Si en pocos días no muero ahogado, o luchando por mi libertad, espero escribir la Defensa ante sobrevivientes y un Elogio de Malthus. Atacaré, en esas páginas, a los agotadores de las selvas y de los desiertos; demostraré que el mundo, con el perfeccionamiento de las policías, de los documentos, del periodismo, de la radiotelefonía, de las aduanas, hace irreparable cualquier error de la justicia, es un infierno unánime para los perseguidos. Hasta ahora no he podido escribir sino esta hoja que ayer no preveía. ¡Cómo hay de ocupaciones en la isla solitaria! ¡Qué insuperable es la dureza de la madera! ¡Cuánto más grande es el espacio que el pájaro movedizo!

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La traduction au plus proche

  Aujourd'hui, sur cette île, est arrivé un miracle. L'été est arrivé en avance. J'ai mis le lit à côté de la piscine et je suis resté dans l'eau jusqu'à très tard. Il était impossible de dormir. Deux ou trois minutes hors de l'eau pour convertir en sueur l'eau qui aurait dû me protéger de l'épouvantable stupeur. A l'aube, je fus réveillé par un phonographe. Je ne pouvais retourner au musée, pour récupérer mes affaires. J'ai fui vers les gorges. Je suis dans les basses terres du sud, au milieu des plantes aquatiques, assailli par les moustiques, avec la mer ou de l'eau boueuse jusqu'à la ceinture, je réalise l'anticipation absurde de ma fuite.Je me dis que ces gens ne sont pas venus m'arrêter; peut-être qu'ils ne m'ont pas vu. Mais je suis mon destin, privé de tout, retranché dans l'endroit le plus réduit, le moins habitable de l'île; dans les marécages que la mer submerge une fois par semaine.

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La traduction de Armand Pierhal de 1952 pour LAFFONT FR et toutes les autres éditions françaises

  Aujourd'hui, dans cette île, s'est produit un miracle. L'été a été précoce. J'ai disposé mon lit près de la piscine et je me suis baigné jusque très tard. Impossible de dormir. Deux à trois minutes à l'air suffisaient à convertir en sueur l'eau qui devait me protéger de l'effroyable touffeur. A l'aube, un phonographe m'a réveillé. Je n'ai pas eu le temps de rechercher mes affaires au musée. J'ai fui par les ravins. Je suis dans les basses terres du sud, parmi les plantes aquatiques, exaspéré par les moustiques, avec la mer ou des ruisseaux boueux jusqu'à la ceinture, me rendant compte que j'ai précipité absurdement ma fuite. Je crois que ces gens ne sont pas venus me chercher; il se peut, même, qu'ils ne m'aient pas vu. Mais je subis mon destin: démuni de tout, je me trouve confiné dans l'endroit le plus étroit, le moins habitable de l'île, dans les marécages que la mer recouvre une fois par semaine.

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr  consacrée à ce roman.

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