Cyborg, le roman de 1972Feu vert livre / BD

Cyborg (1972)

Ici l'article de ce blog sur L'homme qui valait trois milliards, la série télévisée adaptée de ce roman.

Sorti aux USA en avril 1972 chez Arbor House.
Traduit en français au second trimestre 1975 par Dominique Vernon & Jacques-Daniel Vernon pour Denoël, collection Présence du Futur n°186.

De Martin Caidin.

(presse) Steve Austin, astronaute et pilote d'essai, est victime d'un crash catastrophique au cours d'un vol, qui le laisse avec tous ses membres détruits sauf un, aveugle d'un œil et avec d'autres blessures importantes. Au même moment, un service secret du gouvernement américain, l'Office of Strategic Operations (OSO), s'intéresse aux travaux du Dr Rudy Wells sur la bionique - le remplacement de parties du corps humain par des prothèses mécaniques qui (dans le contexte de ce roman) sont plus puissantes que les membres d'origine. Wells est également un bon ami d'Austin, aussi, lorsque le chef de l'OSO, Oscar Goldman, "invite" (ou plutôt, ordonne) Wells à reconstruire Austin avec des membres bioniques, Wells accepte.

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Le texte original de Martin Caidin.

CHAPTER 1

LONELY MOUNTAIN took the first harsh whisper of naked sun. Far beyond the ridges of the San Bernardino, the San Gabriel, and the Shadow Mountains, the peak the Spaniards long ago named Soledad glowed against desert morning sky. Earth's horizon dipped lower to cast Lonely Mountain with increasing brilliance. It was a clear sign of blistering heat to come during the day.

Many miles distant from the stone-hard, baked desert floor of Rogers Dry Lake, the sight of the faraway peak brought eyes flicking to wristwatches. The events of the morning were to be measured as a race against a wickedly hot sun and its enervating temperatures. Not so much the heat itself but its thermals wavering in the desert air could snatch dangerously at stub wings already teetering on precarious balance. The time to get things done in the California desert was early in the morning, and that was now… (…)

Two men wearing bright-orange jump suits and white helmets with fluorescent stripes stepped back from a final inspection of the finned bathtub. One glanced at his watch, then turned to study a long, white trailer bearing the rounded NASA insignia. "About that time," he noted. His companion nodded, saying what they both knew. "Any minute now."

As if on cue a door in the trailer side opened, a man stepped out quickly, turned about, and stood expectantly by the steps, looking back into the trailer. He appeared nervous, as if wishing that whatever was scheduled to happen would do so quickly. Moments later another man appeared in the doorway, moving with greater deliberation, almost shuffling clumsily within the constraints of a white pressure suit, his face obscured by a gold-opaque sun visor. He might have been an astronaut stepping from a trailer at the foot of a launch pad on Cape Kennedy; he wore much the same garment as the men who had voyaged to the moon. He had been one of those men, a member of the last crew to make the voyage between earth and its desolate satellite a quarter of a million miles distant. His name was Steve Austin; he had been a test pilot before his weightless traverse of vacuum and he was now, again, a member of his former profession. No shifting lunar soil awaited this journey, but still, the flight he anticipated to a height of some sixty miles above the floor of the desert held far more danger. The path to the moon had been well established with mathematical certainty before he watched his planet fall away during Apollo XVII. The machine into which he was soon to be sealed lacked such certainty, and in its area of unknowns were dangers unpredictable but predictably lethal. It was a simple rule of thumb. No one had ever been killed on his way to or on his way from the moon. Every year at this sprawling center of test flying in the California desert, every year for the past twenty years, an average of eight good men had been killed.

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Traduction au plus proche

CHAPITRE 1

La Montagne Solitaire reçut le premier filet dur du soleil nu. Bien au-delà des crêtes du San Bernardino, du San Gabriel et des Montagnes de l’Ombre, le pic que les Espagnols ont longtemps appelé Soledad brillait dans le ciel matinal du désert. L'horizon de la Terre roula plus bas pour frapper la Montagne Solitaire d’un éclat toujours plus fort. C'était un signe clair de la chaleur torride à venir dans la journée.

À plusieurs kilomètres du sol dur comme la pierre et cuit du désert du Lac Asséché de Rogers, la vue du pic lointain déporta les yeux clignés sur les montres aux poignets Les événements de la matinée se mesureraient comme une course contre un soleil méchamment chaud et ses températures débilitantes. Ce n'était pas tant la chaleur elle-même que les courants ascendants d’air chaud se propageant depuis la surface du désert qui pouvaient accrocher dangereusement les ailes atrophiées du prototype déjà en équilibre précaire. Le moment pour agir dans le désert californien, c’était tôt le matin et c’était maintenant... (…)

Deux hommes portant des combinaisons orange vif et des casques blancs à bandes fluorescentes reculèrent d’un pas après l'inspection finale de la torpille à ailettes. L'un d'eux jeta un coup d'œil plissé à sa montre, puis se retourna pour scruter une longue remorque blanche aux couleurs de la NASA. « Bientôt l’heure, il remarqua. Son camarade hocha la tête, disant ce qu'ils savaient tous les deux. « D'une minute à l'autre. »

Comme à un signal, une porte s’ouvrit sur le côté de la remorque, un homme en descendit vivement, se retourna et resta debout devant les marches, regardant en arrière dans la remorque. Il semblait nerveux, comme s'il souhaitait que ce qui devait arriver arrive vite. Quelques instants plus tard, un autre homme apparaissait dans l'embrasure, se déplaçant avec plus de circonspection, traînant presque maladroitement engoncé dans une combinaison pressurisée blanche, le visage masqué par une visière pare-soleil opaque dorée. Il aurait pu être un astronaute descendant d'une remorque au pied d'une rampe de lancement à Cape Kennedy ; il portait à peu près le même vêtement que les hommes qui avaient voyagé jusqu’à la lune. Il avait été l'un de ces hommes, un membre du dernier équipage à faire le voyage entre la terre et son satellite désolé, distant d'un quart de million de kilomètres. Il s'appelait Steve Austin ; il avait été pilote d'essai avant sa traversée du vide en apesanteur et il était maintenant, à nouveau, membre de son ancienne profession. Aucun sol lunaire mouvant ne l'attendait pour ce voyage, mais le vol qu'il prévoyait jusqu'à une altitude d’une centaine de kilomètres au-dessus du sol du désert comportait bien plus de dangers. Le chemin vers la Lune avait été établi avec une certitude mathématique avant qu'il ne contemple sa planète disparaître au cours de la mission Apollo XVII. La machine dans laquelle il serait bientôt encapsulé manquait de ce genre de certitude, et dans sa zone d'inconnues se trouvaient des dangers imprévisibles mais prévisiblement mortels. C'était une simple règle d'or. Personne n'avait jamais été tué en allant sur la lune ou en en revenant. Chaque année, dans ce centre tentaculaire de vols d'essai du désert californien, chaque année au cours des vingt dernières passées, huit hommes de valeur en moyenne avaient été tués.

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Cyborg, le roman de 1972

La traduction française de 1975 de Dominique et Jean-Daniel Vernon pour Denoël

Chapitre premier

Les premiers rayons du soleil ardent frappèrent Lonely Mountain. Au-delà des sommets de San Bernardino, des San Gabriel et des monts Shadow, le pic des Spaniards — jadis appelé Soledad — s’embrasa et se détacha sur le ciel matinal. L’horizon terrestre semblait basculer pour baigner Lonely Mountain d’une lumière de plus en plus vive. Signe certain d’une chaleur torride au cours de la journée.

A bonne distance du sol aride et désertique de Rogers Dry Lake, la vue du pic lointain amena des hommes à consulter leurs montres en clignant des yeux. Le programme de la matinée allait être une course contre un soleil affreusement brûlant et contre les effets affaiblissants de sa température. Non pas tant contre la chaleur elle-même que contre les courants ascendants d’air chaud montant du sert qui pouvaient dangereusement frapper les ailes tronquées déjà en équilibre précaire. Dans le désert californien il fallait tout faire tôt le matin — c’est-à-dire maintenant. (…)

Deux hommes en combinaison d’un orange éclatant coiffés de casques blancs avec des bandes phosphorescentes se reculèrent après avoir une dernière fois inspecté la baignoire à ailerons. L’un consulta sa montre puis se retourna pour regarder une longue caravane blanche à l’insigne de la NASA.

— C’est à peu près l’heure, remarqua-t-il.
Son compagnon acquiesça et dit ce qu’ils savaient tous deux :
— Question de minutes, maintenant.

Comme pour leur répondre, une porte s’ouvrit au flanc de la caravane. Un homme sortit rapidement, se retourna et attendit près des marches, tourné vers l’intérieur de la caravane. Il semblait nerveux et paraissait souhaiter que le programme, quel qu’il soit, commence rapidement ; Quelques instants plus tard, quelqu’un d’autre apparut dans l’encadrement de la porte, se déplaçant avec précaution, gêné par une combinaison pressurisée blanche, le visage obscurci par une visière pare-soleil jaune opaque. On aurait dit un astronaute sortant d’une caravane au pied d’une aire de lancement de Cap Kennedy. Son costume ressemblait beaucoup à celui des hommes qui étaient allés sur la Lune. Il en avait d’ailleurs fait partie et aviat été membre du dernier équipage à effectuer le voyage de la Terre à son satellite désolé, à quelque 400.000 kilomètres de distance. Il s’appelait Steve Austin. Pilote d’essai avant sa traversée de l’espace en apesanteur, il avait maintenant repris son ancienne profession. Cette fois, nul sol lunaire mouvant ne l’attendait, mais le vol qu’il allait accomplir à une altitude de quelque 96 kilomètres au-dessus du désert recelait bien plus de dangers. Le voyage vers la Lune était déjà connu avec une certitude mathématique avant même qu’il ne voie disparaître la Terre au cours du vol Apollo XVII. La machin dans laquelle il allait se trouver hermétiquement enfermé n’offrait pas une telle sécurité, et l’inconnu renfermait des dangers imprévisibles — mais prévisiblement mortels. C’était une simple règle expérimentale. Personne n’avait jamais été tué en allant sur la Lune ou en en revenant. Et dans ce grand centre d’essai en vol du désert californien, une moyenne de huit hommes par an perdaient la vie depuis vingt ans.

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