The Primal Screen, le livre de 1991Feu orange livre / BD

The Primal Screen (1991)
Traduction du titre original : L'écran primal (jeu de mot sur Primal Scream, le cri primal).

Sorti en Angleterre le 10 octobre 1991 chez LITTLE BROWN, relié, 402 pages - 16£95.

De John Brosnan.

Une histoire du film de Science-fiction en 18 chapitres très agréables à lire. Cependant, l'auteur (un romancier australien né en 1947 et mort à Londres en 2007) n'a vraisemblablement pas vu tous les films qu'il commente et, possiblement pour le plaisir d'une critique brillante, passer à côté d'un élément très important.

Par exemple, Brosnan va descendre en flammes un film tel Things To Come en considérant que seul le fait que les héros ont l'air de vivre dans une galerie marchande dans la dernière partie est une prévision réussie de H.G. Wells et Menzief, oubliant que la scène d'ouverture anticipe la seconde guerre mondiale et le Blitz de Londres, la seconde partie du film décrit parfaitement les mandarinats du tiers-monde, et le prélude à la troisième partie décrit la destruction de la planète déjà largement avancée et dénoncée dans les années 1990 de la sortie de Brosnan, mais encore plus spectaculairement proche des scènes de Things To Come aujourd'hui, comme lorsque des vallées et des plaines entières sont détruites au Canada, et même des portions de villes de taille moyenne, au nom de l'exploitation des matières premières.

De même, pour son analyse de Metropolis, Brosnan étale son inculture politico-historique jusqu'au mépris : il avoue ne pas comprendre pourquoi le maître de la ville et de son complexe militaro-industriel déclencherait une opération secrète contre les ouvriers qui échappent à son contrôle en se réunissant secrètement, afin de déclencher une révolte ouverte et de pouvoir les massacrer alors que ce type d'opération existe depuis l'Antiquité et se pratique toujours autant depuis.

Brosnan ne consent à Métropolis qu'un intérêt visuel, et on le sent à deux doigts d'applaudir à deux mains à la boucherie pratiquée par les studios américains quand ils s'emparèrent de la copie d'origine pour l'exploiter en 1927 aux USA : le parti-pris est bien sûr idéologique, et Brosnan s'aligne sur le conformisme américain du code Haynes et de la chasse aux communistes des années 1950, se réfugiant dans le paradigme SF = SFX (la science-fiction se réduit aux effets spéciaux) pour échapper aux censeurs et vendre sa came avec l'approbation des cliques qui tiennent les critiques et les éditeurs main-stream.

Autre exemple, à propos de Just Imagine, Brosnan attribue le rejet par les studios des films de Science-fiction à l'échec commercial de la très légère comédie musicale Just Imagine, qui n'est en fait qu'une revue de music-hall vendue comme une revue de music-hall (imaginez la dernière revue du Moulin Rouge sur un thème futuriste projetée au cinéma promettant des jolies filles et des paroles scandaleuses). Sauf que Just Imagine se fait interdire après l'avènement du Code Haynes notamment à cause de sa chanson vantant les mérites du coït et d'une scène de strip-tease : le film ne pouvant plus être sorti au cinéma, il devient forcément un échec commercial. Pourquoi le genre Science-fiction serait-il alors rejeté par des studios sachant pertinemment qu'ils se font interdire à cause d'un contenu olé-olé ? L'explication de Brosnan est plausible, mais sa vision n'est pas complète... Mais Brosnan a-t-il seulement vu Just Imagine ?

Si Brosnan peut donc se planter dans de grandes largeurs quand à l'intérêt réel des films qu'il commente - et éliminer tous les films ne correspondant pas à sa vision de la Science-fiction pour mieux servir son propos, son survol demeure une excellente introduction à la Science-fiction au cinéma... et aux clichés sur la Science-fiction au cinéma, clichés qui le plus souvent remplacent la culture. Brosnan a cependant une culture littéraire, et c'est ce qui sauve l'ouvrage, bien davantage que son humour et la brillance de son écriture.

Le titre du livre, The Primal Screen, est assez révélateur de la démarche de Brosnan : c'est un amusant jeu de mots sur le Primal Scream, le premier cri, apparemment d'après le titre d'un ouvrage de psychologie très populaire dans les années 1970. Si vous ne connaissez pas la "Primal Therapy" vous déduirez de ce titre que la Science-fiction est un sous-genre du film d'Horreur, ce qui est complètement faux, ou que la Science-fiction relève d'un art primitif, ce qui est aussi complètement faux.

Si vous connaissez la "Primal Therapy", qui consiste à traumatiser les victimes d'un traumatisme pour soit-disant les guérir en leur faisant revivre l'évènement traumatisant, ce qui reviendrait à brûler la victime de brûlure ou la menacer de la brûler pour la guérir de ses brûlures, vous pourriez croire que la Science-fiction n'est qu'une variante de la Catharsis, une invention des dramaturges de la Grèce Antique pour justifier qu'ils servent du sexe et du sang au public, et qui ne sert qu'à permettre au public d'échanger sa place de victime avec la place du bourreau. Ce qui reviendrait à proposer à la victime de brûlure de brûler quelqu'un d'autre pour le guérir de ses brûlures.

S'il est vrai que les films de Science-fiction reflètent une partie de la réalité de leur époque, tout simplement parce qu'ils sont écrits par des gens de cette époque, et que les films d'alors ne peuvent être produits sans l'autorisation de cliques ou de sectes qui ont souvent le pouvoir de faire de ces films des véhicules de propagande et de diviser pour mieux régner, le genre Science-fiction relève du Fantastique, et le Fantastique est le genre qui permet à l'inconscient de dialoguer avec le conscient, et d'exprimer ce que le langage d'une époque ne peut pas ou ne sait pas encore exprimer, alors que le spectateur a besoin de s'exprimer sur ces thèmes et en l'exprimant, de comprendre.

Et cela, l'inconscient de Brosnan l'a sans doute très bien compris, sinon cet auteur ne serait jamais allé voir des films de Science-fiction et ne se serait jamais mis à écrire de la Science-fiction.

Moralité, une fois que vous aurez lu un essai ou une critique sur un film de Science-fiction, allez voir pour de vrai ce film de Science-fiction et, après avoir regardé de nouveau le monde autour de vous, et prêté attention à vos rêves de la nuit suivante, rendez-vous compte par vous-même de l'intérêt de ce film.

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1. When nobody could hear you scream: science-fiction films of the silent Era

Quand personne ne pouvait vous entendre crier: les films de Science-fiction de l'époque du Muet.

Scientifiction (magazine, 1923)

Amazing Stories (magazine, 1926)

Brave New World (roman, 1932)

Le voyage dans la Lune (1895)

Frankenstein (1910)

Frankenstein (1931)

La folie du Dr Tube (1914)

Paris qui dort (The Crazy Ray)

Homonculus (serial, 1915, Der Führer)

Alraune (1918)

Embryo (1976)

Alraune (1928, Daughter Of Destiny)

Dr Jekyll And Mr Hyde (roman, 1886)

Dr Jekyll And Mr Hyde (1920)

Dr Jekyll And Mr Hyde (1931 ou 1932)

The Octave Of Claudius (roman, 1897)

L'île du Docteur Moreau (roman)

Rival des Dieux (1922, A Blind Bargain - négatif détruit en 1931 par la MGM, dernière copie perdue en 1967)

Le monde perdu (1925, The Lost World)

Metropolis (1926 selon Brosnan, ou 1927)

Metropolis (reconstruction de 1984)

The First Men On The Moon (1919)

La femme sur la Lune (1928, Die Frau Im Mond, Woman In The Moon)

Aelita (1924)

Vingt Mille Lieues sous les mers (1916, Twenty Thousand Leagues Under The Sea)

L'ile mystérieuse (1928, Mysterious Island)

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2. Things that never came

Les choses qui ne sont jamais arrivées.

L'amour en l'an 2000 (1930, Just Imagine)

Buck Rogers (bande dessinée, 1929)

Armageddon 2419 (nouvelle, 1928 - in Amazing Stories)

The Airlords of Han (nouvelle, 1929 - in Amazing Stories)

Frankenstein (1931)

Dracula (1931)

Dr Jekyll And Mr Hyde (1931 ou 1932, Brosnan cite les deux dates, la première à New-York est en 1931, la sortie en 32)

Docteur X (1932, Doctor X)

Le Masque d'Or (1932, Mask Of Fu Manchu)

L'île du docteur Moreau (1932, Island Of Lost Souls)

La guerre des mondes (1953 ou 1951 selon Brosnan, War Of The Worlds)

Le choc des mondes (1951, When Worlds Collide)

L'homme invisible (1933, The Invisible Man)

Point tu ne tueras (1929, High Treason)

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3 Big bangs and small bangs

Les gros boums et les petits boums.

The World Set Free (roman, 1914)

Adventures in Time and Space (anthologie, 1946 - chez RANDOM HOUSE)

It Came From Outer Space

Them!

La guerre des mondes (1953, War Of The Worlds)

Le jour où la Terre s'arrêta (1951, The Day The Earth Stood Still)

The Beast from Twenty Thousand Fathoms

Planète interdite (1956, Forbidden Planet)

Vingt mille lieues sous les mers (1954, Twenty Thousand Leagues Under The Seas)

The Quatermass Experiment

Le village des damnés (1960, Village Of The Damned)

The Magazine Of Fantasy and Science Fiction (magazine, 1949)

Galaxy Science Fiction (Magazine, 1950)

La chose d'un autre monde (1951, The Thing From Another World)

Who Goes There? (nouvelle, 1938)

Farewell To The Master (nouvelle, 1940)

 

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4. Stop the world! We want to get off!

Arrêtez le monde! On veut descendre!

Destination Moon

Rocketship XM

Rocketship Galileo (roman, 1947)

Le choc des mondes (1951, When Worlds Collide)

When Worlds Collide (roman, 1934)

La Conquête de l'Espace (1955, Conquest of Space)

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5. The sky is full of ships

Le ciel est plein de vaisseaux.

Le jour où la Terre s'arrêta (1951, The Day The Earth Stood Still)

Farewell To The Master (nouvelle, 1940)

Astounding Stories (magazine)

La chose d'un autre monde (1951, The Thing From Another World)

La guerre des mondes (1953, War Of The Worlds)

It Came From Outer Space (1953)

Les envahisseurs de la Planète Rouge 1953 (Invaders From Mars)

L'invasion des profanateurs de sépultures (1956, Invasion Of The Bodysnatchers)

I Marriend A Monster From Outer Space (1958, J'ai épousé un monstre de l'Espace Profond)

Quatermass 2 (minisérie, 1955)

Le monstre (1955, The Quatermass Experiment, The Quatermass Xperiment, The Creeping Unknown)

Quatermass And The Pit (minisérie, 1958)

Les soucoupes volantes attaquent (1956, Earth Vs The Flying Saucers)

Le village des damnés (1960, Village Of The Damned)

Les monstres de l'Espace (1967, Quatermass And The Pit, Five Million Years To Earth)

Le mystère Andromède (1971, The Andromeda Strain)

2001, l'odyssée de l'espace (1968, A Space Odyssey)

Rencontre du Troisième Type (1977, The Close Encounter Of The Third Kind)

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The Metaphor that ate Tokyo: monster movies of the fifties

La métaphore qui mangea Tokyo: les films de monstres des années 1950.

Le monstre des temps perdus (1953, The Beast from Twenty Thousand Fathoms)

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Article en cours de rédaction.