Les survivants de l'infini, le blu-ray allemand de 2015Feu orange Blu-ray / DVD

This Island Earth / Metaluna 4 antwortet nicht, le blu-ray allemand de 2015

Ici l'article de ce blog sur le film Les survivants de l'Infini de 1955.

Région B, pas de version française, pas de sous-titres anglais.

Sorti en Allemagne le 30 octobre 2015 chez OSTALGICA sous licence UNIVERSAL.

C'est effectivement la première fois au monde que ce film sort en blu-ray et c'est à saluer. La restauration est incomplète mais la qualité d'image fait un bond en avant par apport à ce que j'avais pu voir avant, et le son semble repiqué d'un DVD. L'éditeur a la réputation de juste balancer le transfert qu'on lui concède, mais le film est bien au format d'origine, l'étrange 2.00 qui remplit confortablement votre écran 16/9, ce qui peut étonner si vous n'avez connu le film que au format carré - et peut vous choquer quand vous constaterez qu'il y a peut-être plus d'image de tous les côtés dans la version 4:3 fournie en bonus du blu-ray dans une définition standard, en allemand seulement et avec davantage de dégâts à l'image (sans doute également gerbée depuis le DVD sur le blu-ray).

Les survivants de l'Infini,le blu-ray allemand de 2015

L'éditeur n'est déjà pas vraiment au point avec le boîtier et la jaquette : le livret offert dans la version "de luxe" n'est pas au bon format et est donc forcé dans le boitier, tandis que le marque page publicitaire est correctement dimensionné. La jaquette ne mentionne pas clairement les caractéristiques du transfert ou les bonus. Noter que les uniformes oranges sur la jaquette ne sont pas orange dans le film. Autrement dit, celui ou celle qui a fait la colorisation de la photo noir et blanc d'origine n'a pas vu le film et/ou s'en fichait.

Les survivants de l'Infini, le blu-ray allemand de 2015.

Sur le film : visuellement et scénaristiquement c'est la totale. Si les trucages sont datés, la production n'hésite pas une seule seconde à tourner les scènes les plus improbables avec les moyens du bord. Le film est tellement archétypal que c'en est stupéfiant - vous y retrouvez les couvertures des magazines et romans de SF des années 1940-50, le récit d'une majorité d'enlèvements extraterrestres des années 1950 à 1980 probablement très inspirés par le film. Vous y retrouvez les modèles de complot à la Docteur Who ou de Star Trek, des bribes de tas de récits bandes dessinées à la Krypton qui n'en finit plus d'exploser. Le héros est le savant-ingénieur-pilote d'essai-intellectuel soldat et séducteur-type année 50 - pratiquement le portrait craché de Dan Dare époque sourcils en point d'interrogation. On voit que le film est un brin trop court faute de budget après avoir tout dépensé sur le vrai avion à réaction du début et les explosions du milieu, et que le scénario est un peu trop léger et ne maîtrise pas le techno-baratin ou la science malgré de très bonnes intentions. Certain qu'aujourd'hui les producteurs de séries télévisées nous en moulineraient facilement dix saisons de 13 à 22 épisodes.

Image : 1080p, 2,00:1, médiocre à bonne. L'image est plutôt belle dans toutes les scènes sans trucage optique, mais il y a de l'abus d'anti-bruits dans l'air, car les détails fins tels les cils et les textures fines des vêtements se voient, sans sauter aux yeux non plus - tandis que les textures de peau sont pratiquement toujours brouillées (et je ne parle pas d'un maquillage épais type haut-du-front extraterrestre). Il y a aussi des traces d'accentuation (liseré clair artificiel dans les scènes non truquées), quelques coups à l'image, tâches ou fines rayures sur une seule image qui auraient pu être facilement nettoyés et l'image peut être légèrement instable sur certains plans et un peu virée fushia à partir du coin en haut à droite.

La colorimétrie est instable car la balance des blancs n'est pas faite de la même manière sur des plans éclairés pourtant de la même manière (ou censés se dérouler au même moment sur le même lieu, type la première scène du héros avec les journalistes, aux couleurs plutôt métalliques bienvenues type vraie photographie couleur restaurée des années 1940 ; et lorsqu'il n'y a plus qu'un journaliste, c'est le même plan mais tout est fade et les températures de couleur ont changé. Il y a des tas d'autres exemples dans les scènes tournées en studio, qui ne peuvent se justifier par la météo ou un trucage optique. Dès qu'il y a des stock-shots, la résolution plonge. De même en cas de trucage optique (par exemple les incrustations de vidéo de l'interociter (un genre de visiophone ou de Skype, si vous préférez), avec les héros dans le laboratoire qui deviennent instantanément flous alors qu'ils étaient en HD dans le plan précédent. Les trucages frustres avec une partie de l'image peinte donnent des résultats variables, souvent assez réussis. Les virages barbares de la couleur pour les effets de champ de force vert sont catastrophiques pour la résolution, mais seulement là où ils sont appliqués. S'il s'agit d'un plan psychédélique en revanche, l'allure HD résiste plutôt bien. Tous les maquillages extraterrestres sont assez réussis sauf celui du dernier, qui parait le plus coûteux, le plus lourd et le plus bâclé, mais à ce stade du film, plus besoin de finesse une fois que l'imagination a pris le relais des effets spéciaux très brutaux.

Son : Anglais DTS HD MA 5.1 médiocre ; Allemand DD 2.0 deux versions médiocres. La version anglaise fait passer certains effets sonores sur tous les canaux, mais la musique comme les dialogues sont bloqués au centre. Dans tous les cas, c'est faiblard, il y a du souffle, cela doit être du mono envoyé dans les trois haut-parleurs central et latéraux pour l'allemand et sur les cinq canaux sur la version anglaise, donc aucune immersion, pas de basse, et ça sonne daté et peu réaliste autant la version anglaise que la version allemande. On peut sans doute beaucoup mieux faire.

Bonus : à peine correct.

Le film en définition standard et format 4:3 en allemand seulement avec une colorimétrie différente et davantage de coups à l'image, sans sous-titres, probablement pas la même cadence d'image. Des bandes annonces super-8 couleur et noir et blanc et la bande annonce originale, très, très flou, son encore plus bas, non restauré. Évidemment, le film restauré en 4:3 en HD et en version anglaise aurait été préférable en bonus, car la version 4:3 a apparemment plus d'image de tous les côtés.

Une très belle galerie photo HD, qui commence par les photos coloriées à afficher au cinéma (lobby cards), puis les affiches, puis des photos (encore colorisées), puis les photos de plateau noirs et blancs et couleurs, affiches internationales, des scans de livres et des photos de tournage, puis quelques jaquettes et couvertures de romans ou magazine. Les photos passent très vite tandis que l'héroïne version pin-up va rester un peu plus longtemps.

Enfin un épisode d'une série documentaire "Trailers From Hell" au cours duquel Joe Dante commente... la bande-annonce, laquelle cette fois est correctement restaurée et presque claire, malgré des rayures verticales nombreuses. C'est très court. Un véritable commentaire intégral du film aurait été préférable. Et encore une fois, la colorimétrie des plans de la bande annonce est différente de celle des autres versions du film.

En conclusion : un transfert plutôt agréable, qui aurait pu être encore plus beau avec un minimum de restauration et un anti-bruit mieux appliqué ou de meilleure qualité. Un son qui aurait pu être restauré et surtout fourni dans un format incompressé. En attendant que quelqu'un se bouge pour livrer un meilleur master, l'unique occasion de voir ce film iconique et sérieusement produit, réalisé et joué à partir d'un scénario correct - ce qui est très rare, même aujourd'hui -, adapté d'un roman paru en trois parties à partir de 1949 dans Thrilling Wonder Stories.

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