ImageFeu rouge cinémaRécit toxique à ne regarder qu'avec prudence et esprit critique

Gandahar (1987)
Sous-titre : Les années lumières.
Titre anglais : Light Years

Notez que ce film animé existe en deux versions, originale française et Miramax créditant Harvey Weinstein le distributeur comme le réalisateur sans qu'il ait réalisé le film, six minutes censurées, texte "traduit" par Isaac Asimov, montage altéré.

Attention, pour sa distribution aux USA, Harvey Weinstein a fait remonter le film animé, et changé la musique et s'est crédité en tant que réalisateur sans avoir participé à la production. L'auteur J.P. Andrevon lui-même dessinateur et ayant imaginé son roman comme une bande-dessinée, a immédiatement été écarté de la production originale par René Laloux. Lisez impérativement le roman avant de voir ce dessin animé. Ses dessins sont visibles dans le documentaire en bonus du DVD français.


Toxique : la combinaison des images et des dialogues peut et vise à provoquer des problèmes mentaux et leur décompensation pouvant mener à tous les abus des camisoles chimiques, de l'internement ainsi qu'à la morgue. Ne visionnez pas ce film animé si vous êtes en état de faiblesse, intoxiqué, en proie à des difficultés, si vous avez subi une agression ou si vous êtes menacé, si vous êtes harcelé, sous anti-dépresseur ou si vous êtes enfant ou adolescent ou trop âgé pour supporter des discours pathologiques ou n'importe quoi de dérangeant.

Sorti en France le 11 décembre 1987.
Sorti en VHS.
Sorti en DVD ARTE VIDEO FR le 17 novembre 2006 (image presque bonne, parait souvent flou et terne mais c'est possiblement d'origine, 4:3, français DD 2.0, durée 1 heure 19, bonus : making of "il sera-était une fois", courts-métrages : La prisonnière, d'après Equinoxe la bande-dessinée de Caza image médiocre très artefactée, Comment Wang-Fô fut sauvé, d'après le conte, image médiocre artefactée rayée, couleurs virées pour les deux courts-métrages, galerie de photos et dessins, manque le pilote Les hommes-machines)
Annoncé en blu-ray+4K LE CHAT QUI FUME FR pour le 10 mars 2024.

De René Laloux (également scénariste) sur un scénario de Raphaël Cluzel, d'après le roman Les Hommes-machines contre Gandahar 1969 de Jean-Pierre Andrevon et les dessins de Caza ; avec les voix françaises de Pierre-Marie Escourrou, Catherine Chevallier, Georges Wilson, Anny Duperey, Jean-Pierre Ducos.

Pour adultes.

(planet opera, invasion extraterrestre, mutant, robots, dérangeant) Une jeune femme seins nus à la peau, aux lèvres, aux cheveux longs bleus, joue d’une grande flute sur une barque à voile nervurée à la manière d’une feuille d’arbre géante, sur une eau bleue, sous un ciel bleu. Un poisson volant saute et plonge autour d’elle puis dans la barque.

C’était un piège ! Sur la plage, un jeune homme bleu également torse nu en pagne sort de sa barque échouée une grappe de poissons semblables empalés, qu’il a dû, nous supposons, appâter avec sa propre flûte. Un jeune garçon et une petite fille tous nus courent en riant, la fille tentant d’attraper le garçon tandis que la mère assise devant une maison sphérique également seins nus, semble occupée à saler le poisson dans une grande vasque.

Et là, je suis pris d’un sentiment de déjà vu : non, nous ne sommes pas sur Pandora, mais on se croirait bien sur Mul, dans Valérian et la Cité des Mille planètes 2017. Et Gandahar, c’est pas du Christin, c’est du Caza par Laloux, censé adapter en 1987 un roman de 1969 de Jean-Pierre Andrevon.

Bref, nous découvrons un peu plus le village de Barbapapa si ses épouses étaient des bombasses à poils prodigieusement intéressés par des insectes géants roses pondus par des plantes d’allure carnivore. Oui, on fait extraterrestre ou on ne fait pas.

L’insecte se met à téter le sein de la plantureuse extraterrestre bleue, qui le berce comme un nourrisson, et je réalise que nous sommes dans la séquelle animée du Festin Nu, et que ce dessin animé n’est vraiment pas fait pour les enfants. Bravo René Laloux, encore un classique de la Science-fiction française perverti.

Je n’ose imaginer ce que pompe exactement les escargots à tête aspirante entourée de tentacules sans doute pour une meilleur préhension, mais au contraire de la femme précédente, le berger qui les garde a encore son pagne. Je suppose que les escargots aussi sont aussi pondus par les arbres environnant vu leur queue qui dépasse de l’espèce de globe tacheté au sommet du tronc ou du cou. Curieusement, les « arbres » eux ne rampent pas, mais se dégourdissent-ils les jambes à l’occasion ?

Les escargots gobent des espèces d’aubergines charnues qui poussent à la manière d’un gazon, et là nous réalisons pourquoi le berger a gardé son pagne. Plus loin, d’autres arbres protubérants pompent des espèces de grosses tomates qu’un oiseau d’allure parfaitement terrienne picore, tandis que des extraterrestres presque tous habillés récoltent en les entassant sur des espèces de plateaux ou dans des bassines, ou simplement par terre.

A moins que ces tomates soient adhésives, il est physiquement impossible qu’elles tiennent en tas aussi haut, ou que les divers « réceptacles » les retiennent durant leur transport. Licence artistique… Sauf que ces tomates ne semblent ni coller, ni tâcher quand une cueilleuse (habillée) se les presse contre les seins pour les retenir puis les déposer dans un grand panier.

La cueilleuse est semble-t-il surprise par le même genre d’oiseau, qui ressemble vaguement à une perruche terrienne vert amande pâle. Le berger caresse une espèce de chien caparaçonné aux allures de cyborg. Puis sans crier garde, la cueilleuse qui s’inquiétait d’un oiseau se fait zapper par un rayon rose.

Les Wokes, ils sont vraiment partout…

Gandahar, le film animé de 1987

Gandahar, le film animé de 1987

Gandahar, le film animé de 1987

Gandahar, le film animé de 1987

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Animalia, le film de 2023Feu rouge cinéma

Animalia (2023)
Traduction du latin : les animaux.
Titre français : Parmi nous.

Attention, il semble que les images d'accouchement à la fin soient vraies, mais de toute manière, c'est encore loin de la réalité si la réalité vous choque : écoutez ou réécoutez plutôt la chanson d'Anaïs La plus belle chose au monde 2010 si vous n'avez vraiment aucune idée de la véritable expérience, ou, en moins sexy, (re)voyez le premier film Alien.

Sorti en France le 9 août 2023.

De Sofia Alaoui (également scénariste); avec Oumaïma Barid, Mehdi Dehbi, Fouad Oughaou, Souad Khouyi, Rajaa Essaaidi, Az Elarab Kaghat.

Pour adultes.

(invasion extraterrestre) Une fontaine devant l’entrée d’une maison blanche de style oriental. Les oiseaux chantes, le soleil brille. L’entrée, le soleil irradiant par les jours sur le côté de la double porte. Le coin salon et ses fauteuils de style ancien, le lustre de cristal…

Une domestique à coiffe blanc et à la blouse rose rejoint la cuisine où les cuisinières papotent joyeusement. La maîtresse de maison rejoint sa fille et tout le monde se tait. La jeune fille (Itto) découpe de la viande crue. Plus tard, elle remonte l’escalier, et curieusement, ce n’est que maintenant que l’on peut constater qu’elle est largement enceinte.

Dans sa chambre luxueuse, elle ôte sa robe, et oui, c’est confirmé, elle a un ventre énorme. Puis elle se choisit une robe, se maquille. Au rez-de-chaussée, une voiture klaxonne, deux hommes entre, un vieux et un jeune, que la maîtresse de maison et sa fille rhabillée et re-maquillée accueillent chaleureusement.

Nous retrouvons le jeune barbu (Amine) et la jeune fille enceinte (Itto) au bord de la piscine. Le jeune barbu lui annonce (en français) qu’ils viennent de signer : va-t-elle venir voir les terrains ? elle approuve : ils sont grands, un (bâtiment) pour les poulets, l’autre pour les fruits et légumes (à l’export) pour l’Europe ; ils ont commencé à mettre les panneaux solaires, ils vont être les premiers à faire ça ! (c’est) technologiquement à la pointe.

Le jeune barbu embrasse sur le ventre la jeune fille enceinte : « Je suis trop content : le mec y va nous les laisser là, la semaine prochaine, et à partir de là, ça commence… Tu sais qu’on va être riche ? Très riches ! Tu te rends compte ou pas ? La jeune fille enceinte confirme d’une onomatopée. Le jeune homme insiste : « On va pouvoir construire notre maison ! » Elle répond : « ça c’est bien… » et lui caresse ses cheveux courts. Le téléphone du jeune homme sonne.

Au dîner, la jeune fille fait tomber de la nourriture en sauce rouge sur la table. Le père vante le projet de son fils de devenir le plus grand exploitant de volailles de la raison et explique qu’il a dû « aider » pour obtenir les autorisations légales.

Dans la chambre des jeunes mariés, le jeune barbu explique qu’il doit accompagner son père, et que ce n’est pas comme si elle devait rester toute seule. La jeune fille explique que sa belle-famille la déteste, et le jeune homme de lui répondre s’arrêter avec ses complexes à deux balles.

43 minutes de projection plus tard, la jeune fille enceinte a fugué chez les Berbères pour tenter de rejoindre son mari après la proclamation d’un état d’urgence de cause inconnue, et quand elle tente de rentrer à la ville, son chauffeur Fouad insiste pour passer voir de plus près « le Diable », aka une colonne de fumée émergeant du sol désertique qui tel un orage immobile est parcouru de petits éclairs verts. Fouad tombe à genoux devant. En le rejoignant, la jeune fille se perd dans des visions de flammes, de ressac et d’oiseaux qui crient.

Sans transition, elle se retrouve dans le grand salon où toute sa belle-famille est réunie pour prier et retrouve son jeune mari tête basse, qui semble désespéré, et ne pas la remarquer quand elle vient pour lui caresser les chevaux. Par contre, quand elle se retrouve ensuite face à des moutons en plein désert, l’un des moutons la remarque et vient la trouver. Elle l’étreint et entend la rumeur de voix qui semblent lui parler. Puis elle voit des sortent de gouttes d’eau verte montant dans l’Espace formant comme un matrice au cœur d’une nébuleuse en forme d’œil dans le ciel interstellaire.

Elle se retrouve sur Terre debout à côté de Fouad, et ils repartent sur la route désertique passant le troupeau des moutons comme si de rien n’était. Passé les barrages militaires, elle retrouve la ville, sa maison, sa famille en train de prier autour du journal télévisée, qui explique que d’après l’ONU, ces envahisseurs extraterrestres ne seraient pas encore descendus sur Terre.

La jeune femme retrouve son mari pour lui demander comment il peut vivre à côté de la réalité, croire en Dieu, pourquoi il évite de discuter de tout avec elle. Il semblerait que toute à ses débats existentiels, elle n’est pas encore réalisé qu’il évite ainsi de se disputer péniblement avec elle et de la battre comme le lui commanderait la tradition – parce qu’elle est encore enceinte. Gageons qu’après l’accouchement, elle ne tardera pas à avoir ses réponses.

Plus tête, Itto regarde dans le noir la télévision avec un éditorialiste de plus qui raconte n’importe quoi du moment que ses mots se contredisent en permanence, aka multipliant les double-contraintes, comme tous les éditorialistes et autres « journaleux » d’aujourd’hui : sur les extraterrestres, qui cette fois sont censés être descendus sur Terre, incarnés et non incarnés à la fois, s’incarnant au contact des humains sans s’incarner.

A ce stade, cette invasion extraterrestre pourrait bien être une invention de plus du Forum Economique Mondial pour ruiner l’économie et imposer la dictature absolue planétaire qu’il ne cesse de vanter. A 20 minutes de la fin de la projection, la famille a décidé d’aller prier à la mosquée. Itto rechigne notamment après avoir aperçu un homme en train de se vautrer dans les sacs poubelles comme pour les ouvrir avec ses dents.

Puis comme son jeune mari la force à aller du côté où les femmes prient, elle est abordée par une jeune femme souriante non voilée aux cheveux longs lâchés qui tient la main d’une petite fille, celle-ci l’accusant de ne pas être sa mère. La jeune femme dit à Itto qu’elle est enceinte d’une petite fille, et que cette enfant et les autres seront leur espoir à venir. La véritable mère de la petite fille vient la récupérer.

Toutes les femmes s’agenouillent à l’extérieur devant la mosquée pour leur prière. Tandis qu’un oiseau passe et repasse pour crier, Itto jette son chapelet par terre. L’oiseau se pose et s’envole sur les dos des femmes prosternés, parfois effrayées. Itto se met à pleurer, son jeune mari à l’intérieur. Lui aussi entend des oiseaux chanter.

Forcément : les oiseaux entrent de plus en plus nombreux dans la mosquée pour se percher sur les lustres et chanter. Dehors, Itto remarque que sa belle-mère et sa belle-sœur ont des fourmis qui lui court sur elles. Itto en tue une, et comme personne ne lui répond, elle se retourne en direction de son mari qui semble chanceler.

Alors elle entre dans la mosquée pour ramener son mari, et perd ses eaux, la chose tout à fait pure à faire pour une femme dans un lieu islamique où les femmes sont interdites ainsi que les gens sales (« impurs »). Elle déclenche un mouvement d’indignation, mais son mari lui répète que tout ira bien : il y a des forces qui prennent le contrôle et ce qui est en bas est comme ce qui est en haut. Parce que ces choses font le miracle d’une seule chose. Itto demande quoi ? Son mari pose la main sur le gros ventre et Itto crie de douleur.

Et accouche à 1h18 de la projection soit neuf minutes avant la fin du film et juste avant un monologue de conclusion.

Animalia, le film de 2023

Animalia, le film de 2023

Animalia, le film de 2023

Animalia, le film de 2023

Animalia, le film de 2023

Animalia, le film de 2023

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Le loup-garou de Paris, le film de 1997Feu orange cinéma

An American Werewolf in Paris (1997)
Traduction du titre : un loup-garou américain à Paris.
Titre français : Le loup-garou de Paris.

Sorti en Angleterre le 31 octobre 1997,
Sorti aux USA le 25 décembre 1997,
Sorti en France le 6 mai 1998.

Sorti en blu-ray allemand le 16 juin 2017, réédité le 26 janvier 2018, le 23 novembre 2018.
Sorti en blu-ray espagnol RESEN ES le 26 janvier 2018.
Réédité en blu-ray allemand le 21 janvier 2022 (trois éditions limitées).
Sorti en coffret blu-ray+4K allemand le 6 mai 2022.
Annoncé en blu-ray anglais FINAL CUT UK le 26 février 2024.

De Anthony Waller (également scénariste), sur un scénario de Tim Burns et Tom Stern ; avec Tom Everett Scott, Julie Delpy, Vince Vieluf, Phil Buckman, Julie Bowen.

Pour adultes et adolescents.

(comédie horrique fantastique) Paris la nuit, sa tour Eiffel illuminée, ses gargouilles, ses coups de tonnerre et ses chœurs chantant à plein poumons en latin sous la pluie. Une plaque d’égout se soulève. En sort un homme barbu en imperméable qui détaille vers le terre-plein appelant un taxi. A l’opéra, l’orchestre s’active. Sur le terre-plein, l’homme est suivi par-dessous les grilles des égout. Il trébuche, appelle le chauffeur de taxi à l’aide, mais quand celui-ci arrive pour le relever, la grille de l’égout se soulève. Le chauffeur prend la fuite, l’homme est happé.

Plus tard de jour dans un train, trois jeunes américains boivent du vin rouge et débattent de point de sexe et du fait que si la jeune fille qui vient de passer devant eux est intéressé par des idiots dans son genre. Andy affirme que non, ses potes le défient d’obtenir un numéro de téléphone et lui demande depuis combien de temps il n’a pas fait l’amour – avec quelqu’un d’autre que lui-même. Andy promet qu’il leur montrera sa force une fois arrivé à Paris.

La nuit suivante, le gardien laisse sortir les derniers visiteurs de la Tour Eiffel et referme derrière eux. Les derniers ? Pas tout à fait, Andy et ses deux camarades se sont caché à l’intérieur, et les voilà à peiner dans l’escalier leurs sacs sur le dos dans l’espoir d’atteindre le dernier étage. Andy y parvient seul et s’accoude à la rambarde. Les deux autres arrivent plus tard – la vue sur la ville obscure et la pleine lune est à couper le souffle, surtout quand on est déjà essoufflé. C’est alors que le gardien coupe la lumière. Andy sort alors une corde de son sac et les autres lui demandent ce qu’il est en train de faire, se demandant s’ils l’ont poussé trop loin. Puis l’un des deux tente de dissuader Andy.. C’est alors qu’ils entendent du bruit, et ils se cachent derrière un pilier. Sauf que la longue corde est au milieu.

Sur le passage menant à l’escalier il est clairement spécifié « interdit au public ». Et c’est une très jolie française en larmes qui vient s’accouder à la rambarde, une lettre à la main. Quand elle commence à escalader la rambarde, Andy se précipite et la supplie de ne pas sauter, mais quand il lui propose de l’aider à redescendre, elle saute – et défiant les lois de la physique élémentaire, parvient à l’attraper par les chevilles. Or il se trouve qu’Andy a encore la corde attachée à son pied… et la dépose comme une fleur sur le sol. Puis la corde se retend, et Andy remonte dans les airs pour se cogner violemment la tête contre une poutre de métal de la tour. Il se réveille à l’hôpital, de jour, avec ses deux potes qui lui apprennent que la jeune fille est partie sans demander son reste. Andy veut la retrouver, parce qu’elle pourrait tenter de recommencer, tandis que les autres pensent qu’une fille suicidaire ne peut que lui poser de gros problèmes. Andy envoie ses deux camarades chercher la lettre de l’inconnue, mais c’est depuis son lit d’hôpital que le jeune américain aperçoit la jolie fille — et c’est une infirmière. Il la rattrape et la hèle dans le couloir, la chaussure perdue de la jeune fille à la main.

Le loup-garou de Paris, le film de 1997

Le loup-garou de Paris, le film de 1997

Le loup-garou de Paris, le film de 1997

Le loup-garou de Paris, le film de 1997

Le loup-garou de Paris, le film de 1997

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Par-delà le mur du sommeil, la nouvelle de 1919Feu vert livre / BD

Beyond the Wall of Sleep (1919)
Traduction : au-delà du mur du sommeil.
Titre français : Par-delà le mur du sommeil.

Sorti aux USA dans octobre 1919 dans le fanzine Pine Cones ;
Paru dans le magazine Weird Tales, numéro de mars 1938,
Traduit en français par Jacques Papy en 1956 aux éditions Denoël. 

De Howard Philip Lovecraft.

Pour adultes et adolescents.

(presse, épouvante fantastique, Dark Fantasy, monstre) Joe Slater, un « White trash » originaire des Catskill, est interné dans un hôpital psychiatrique à la suite d'un meurtre. Les médecins constatent que Slater est atteint de violentes crises de démences matinales. Lors de l'une de ces crises, il décrit une entité flamboyante vivant aux confins de l'espace et de qui il désire se venger.

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Par-delà le mur du sommeil, la nouvelle de 1919Par-delà le mur du sommeil, la nouvelle de 1919

Le texte original de H. P. LOVECRAFT en mars 1938

Beyond the Wall of Sleep

What strange, splendid yet terrible experiences came to the poor mountaineer in the hours of sleep?—a story of a supernal being from Algol, the Demon-Star

I HAVE often wondered if the majority of mankind ever pause to reflect upon the occasionally titanic significance of dreams, and of the obscure world to which they belong. Whilst the greater number of our nocturnal visions are perhaps no more than faint and fantastic reflections of our waking experiences—Freud to the contrary with his puerile symbolism—there are still a certain remainder whose immundane and ethereal character permits of no ordinary interpretation, and whose vaguely exciting and disquieting effect suggests possible minute glimpses into a sphere of mental existence no less important than physical life, yet separated from that life by an all but impassable barrier. From my experience I cannot doubt but that man, when lost to terrestrial consciousness, is indeed sojourning in another and uncorporeal life of far different nature from the life we know, and of which only the slightest and most indistinct memories linger after waking. From those blurred and fragmentary memories we may infer much, yet prove little. We may guess that in dreams life, matter, and vitality, as the earth knows such things, are not necessarily constant; and that time and space do not exist as our waking selves comprehend them. Sometimes I believe that this less material life is our truer life, and that our vain presence on the terraqueous globe is itself the secondary or merely virtual phenomenon.

It was from a youthful revery filled with speculations of this sort that I arose one afternoon in the winter of 1900-01, when to the state psychopathic institution in which I served as an interne was brought the man whose case has ever since haunted me so unceasingly. His name, as given on the records, was Joe Slater, or Slaader, and his appearance was that of the typical denizen of the Catskill Mountain region; one of those strange, repellent scions of a primitive Colonial peasant stock whose isolation for nearly three centuries in the hilly fastnesses of a little-traveled countryside has caused them to sink to a kind of barbaric degeneracy, rather than advance with their more fortunately placed brethren of the thickly settled districts. Among these odd folk, who correspond exactly to the decadent element of "white trash" in the South, law and morals are non-existent; and their general mental status is probably below that of any other section of the native American people.

Joe Slater, who came to the institution in the vigilant custody of four state policemen, and who was described as a highly dangerous character, certainly presented no evidence of his perilous disposition when I first beheld him. Though well above the middle stature, and of somewhat brawny frame, he was given an absurd appearance of harmless stupidity by the pale, sleepy blueness of his small watery eyes, the scantiness of his neglected and never-shaven growth of yellow beard, and the listless drooping of his heavy nether lip. His age was unknown, since among his kind neither family records nor permanent family ties exist; but from the baldness of his head in front, and from the decayed condition of his teeth, the head surgeon wrote him down as a man of about forty.

From the medical and court documents we learned all that could be gathered of his case: This man, a vagabond, hunter and trapper, had always been strange in the eyes of his primitive associates. He had habitually slept at night beyond the ordinary time, and upon waking would often talk of unknown things in a manner so bizarre as to inspire fear even in the hearts of an unimaginative populace. Not that his form of language was at all unusual, for he never spoke save in the debased patois of his environment; but the tone and tenor of his utterances were of such mysterious wildness, that none might listen without apprehension. He himself was generally as terrified and baffled as his auditors, and within an hour after awakening would forget all that he had said, or at least all that had caused him to say what he did; relapsing into a bovine, half-amiable normality like that of the other hill-dwellers.

*

Traduction au plus proche

PAR-DELA LE MUR DU SOMMEIL

Quelles expériences étranges, splendides et pourtant terribles ont été vécues par le pauvre alpiniste pendant ses heures de sommeil ? — le récit d'un être surnaturel venu d'Algol, l'Etoile-Démon.

Je me suis souvent demandé si la majorité de l'humanité s'arrêtait un jour pour réfléchir à la signification parfois titanesque des rêves et du monde obscur auquel ils appartiennent. Si le plus grand nombre de nos visions nocturnes ne sont peut-être que de faibles et fantastiques reflets de nos expériences éveillées — pour contredire Freud et son symbolisme puéril — il en est encore un certain nombre dont le caractère immatériel et éthéré ne permet aucune interprétation ordinaire, et dont l'effet vaguement excitant et dérangeant suggère d'infimes aperçus instantanés possibles dans une sphère de l'existence mentale non moins importante que la vie physique, mais séparée de cette vie par une barrière presque infranchissable. De mon expérience, je ne puis douter que l'homme, lorsqu'il perd la conscience terrestre, ne séjourne en effet dans une autre vie, désincarnée, de nature très différente de celle que nous connaissons, et dont seuls les souvenirs les plus infimes et les plus indistincts subsistent après le réveil. De ces souvenirs flous et fragmentaires, nous pouvons déduire beaucoup de choses, mais prouver peu. Nous pouvons deviner que dans les rêves, la vie, la matière et la vitalité, telles que la terre les connaît, ne sont pas nécessairement constantes, et que le temps et l'espace n'existent pas tels que nous les concevons à l'état de veille. Je crois parfois que cette vie moins matérielle est notre vie la plus vraie, et que notre vaine présence sur le globe terrestre est elle-même un phénomène secondaire ou simplement virtuel.

C'est à partir d'une rêverie de jeunesse remplie de spéculations de ce genre que je me suis levé un après-midi de l'hiver 1900-1901, lorsque fut amené à l'institution psychopathique d’État dans laquelle je servais comme interne l'homme dont le cas m'a depuis lors hanté sans cesse. Son nom, tel qu'il figurait sur les registres, était Joe Slater, ou Slaader, et son apparence était celle d'un habitant typique de la région des montagnes Catskill ; l'un de ces descendants étranges et repoussants d'une lignée de paysans coloniaux primitifs dont l'isolement pendant près de trois siècles dans les hauteurs d'une campagne peu fréquentée les fit sombrer dans une sorte de dégénérescence barbare, plutôt que de progresser avec leurs frères plus heureusement placés dans les districts densément peuplés. Chez ces gens bizarres, qui correspondent exactement à l'élément décadent des "pauv’blancs" du Sud, la loi et la morale sont inexistantes ; et leur état mental général est probablement inférieur à celui de toute autre section du peuple américain indigène.

Joe Slater, qui était arrivé à l'institution sous la garde vigilante de quatre policiers d'État, et qui avait été décrit comme un personnage très dangereux, ne présentait certainement aucune preuve de sa disposition dangereuse lorsque je l'ai vu pour la première fois. Bien qu'il ait dépassé la taille moyenne et que sa charpente soit quelque peu robuste, il avait une apparence absurde de stupidité inoffensive à cause de la pâleur et de la somnolence de ses petits yeux larmoyants, de l'étroitesse de sa barbe jaune négligée et jamais rasée, et de l'affaissement apathique de sa lourde lèvre inférieure. On ne connaissait pas son âge, car chez les gens de son espèce, il n'y a pas de registre de famille ni de liens familiaux permanents ; mais d'après la calvitie de sa tête en avant et l'état de décomposition de ses dents, le chirurgien en chef l’inscrivit comme un homme d'environ quarante ans.

Les documents médicaux et judiciaires nous ont appris tout ce qui pouvait être recueilli sur son cas : Cet homme, un vagabond, chasseur et trappeur, avait toujours été étrange aux yeux de ses associés primitifs. Il avait l'habitude de dormir la nuit au-delà de l'heure ordinaire, et à son réveil, il parlait souvent de choses inconnues d'une manière si bizarre qu'elle inspirait la peur même dans le cœur d'une population sans imagination. Non pas que la forme de son langage soit inhabituelle, car il ne parlait jamais que dans le patois avili de son milieu, mais le ton et la teneur de ses propos étaient d'une sauvagerie si mystérieuse que personne ne pouvait l'écouter sans appréhension. Lui-même était généralement aussi terrifié et déconcerté que ses auditeurs, et dans l'heure qui suivait son réveil, il oubliait tout ce qu'il avait dit, ou du moins tout ce qui l'avait poussé à dire ce qu'il avait dit ; il retombait dans une normalité bovine, à moitié amorphe, comme celle des autres habitants des collines.

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Par-delà le mur du sommeil, la nouvelle de 1919Par-delà le mur du sommeil, la nouvelle de 1919Par-delà le mur du sommeil, la nouvelle de 1919Par-delà le mur du sommeil, la nouvelle de 1919Par-delà le mur du sommeil, la nouvelle de 1919

La traduction française de Jacques Papy pour Denoël.

Je me suis souvent demandé si la majorité du genre humain prend jamais le temps de réfléchir à la signification, formidable parfois, des rêves et du monde obscur auquel ils appartiennent. Bien que la plupart de nos visions nocturnes ne soient peut-être rien d’autres que de vagues et bizarres reflets de nos expériences à l’état de veille — n’en déplaise à Freud avec son symbolisme puéril — il en reste néanmoins dont le caractère dépaysant et éthéré ne permet aucune interprétation banale, et dont l’effet vaguement provocateur et inquiétant évoque la possibilité de brefs aperçus dans une sphère d’existence mentale non moins importante que la vie physique, et pourtant séparée d’elle par une barrière pratiquement infranchissable. D’après mon expérience, je ne puis douter que cet homme qui a perdu sa conscience de Terrien séjourne en réalité dans une vie autre et incorporelle, d’une nature fort différente de la vie que nous connaissons, et dont ne demeurent au réveil que les souvenirs les plus fragiles et les plus confus. De ces souvenirs flous et fragmentaires, on peut tirer beaucoup de déductions mais peu de preuves. On devine que dans la vie des rêves, le matériel et le vivant ne sont pas nécessairement immuables ; et que le temps et l’espace n’existent pas tels que les saisit notre moi éveillé. Je pense quelque fois que cette existence moins matérielle est notre vie véritable, et que notre vaine présence sur le globe terraqué est elle-même le phénomène secondaire ou simplement virtuel.

Ce fut d’une rêverie juvénile pleine de spéculations de ce genre que j’émergeai un après-midi de l’hiver 1900-1901, lorsqu’on amena dans l’établissement public de psychopathologie où j’exerçais les fonctions d’interne l’homme dont le cas, depuis, n’a jamais cessé de me hanter. Il fut inscrit sous le nom de Joe Slater, ou Slaader, et il avait le type caractéristique d’un montagnard des Catskill ; un de ces rejetons étranges et repoussants d’une race paysanne primitive de colons, que près de trois siècles d’isolement dans les repaires accidentés d’une campagne peu fréquentée avaient plongés en une sorte de dégénérescence barbare, au lieu qu’ils progressent comme leurs congénères plus heureux des districts fortement peuplés. Chez ces gens bizarres, équivalents exacts de l’élément décadent des « petits Blancs » du Sud, il n’est ni loi ni morale, et leur niveau mental est probablement inférieur à celui de n’importe quel autre groupe américain de souche.

Joe Slater, qui arriva dans notre établissement sous la garde vigilante de quatre agents de police, et qui fut décrit comme très dangereux, ne présentait assurément aucun signe de ce naturel redoutable quand je l’aperçus pour la première fois. Malgré une taille au-dessus de la moyenne et un corps plutôt vigoureux, il avait l’allure ridicule d’un inoffensif idiot, avec ses petits yeux larmoyants d’un bleu pâle et sans vie, les poils rares d’une barbe jaune hirsute, non taillée, et la lourde lèvre inférieure qu’il laissait pendre mollement. On ne connaissait pas son âge, car chez ces gens-là, il n’existe ni archives familiales ni liens permanents de parenté ; mais d’après la calvitie à l’avant du crâne et le mauvais état des dents, le médecin-chef inscrivit que l’homme avait la quarantaine.

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à cette nouvelle.

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