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L'orphelin de Perdide, le roman de 1958Feu vert livre / BD

L'orphelin de Perdide,
Egalement paru sous le titre de l'adaptation animée : "Les maîtres du Temps."

Paru en français dans la collection Fleuve Noir Anticipation aux éditions Fleuve Noir PARIS FR.
Réédité en 1978 et en avril 1982 au FLEUVE NOIR avec le visuel et le titre Les Maîtres du Temps 1981, de l’adaptation animée de René Laloux,
Réédité dans la collection Présence du Futur chez DENOEL FR en avril 1998.
Compilé en omnibus chez LEFRANCQ BE en juin 1996.
Compilé dans Stefan Wul intégrale tome 3 chez BRAGELONNE FR en juillet 2014.
Réédité en poche chez CASTELMOREle 15 avril 2015.

Adapté en dessin animé sous le titre Les Maîtres du Temps 1982 par René Laloux.

De Stefan Wul, alias Pierre Pairault, alias Lionel Hudson.

Pour adultes et adolescents.

(Space Opera, presse) Sur la dangereuse planète Perdide, un père et son fils de quatre ans, Claude tentent d’échapper à des monstres. Epuisé, le père parvient à envoyer un message de détresse à son ami Max mais sans parvenir à le joindre de vive voix, il donne l’instruction à son fils de vite s’enfoncer dans la forêt sur la colline. Avant de mourir, le père donne son transmetteur à Claude et lui dit de faire ce que le transmetteur dira. Le garçon se retrouve seul avec pour seul compagnon l’objet en forme d’œuf de petite taille.

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PREMIÈRE PARTIE
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CHAPITRE PREMIER.


L'homme et l'enfant couraient dans l'herbe de la prairie mauve. Leurs ombres démesurées par le couchant couraient devant eux.
Quoique grand et d'apparence athlétique, l'homme titubait de fatigue et butait tous les dix pas. Il avait toutes les peines du monde à suivre les gambades de son fils. La mort dans l'âme, il se forçait à rire, pour simuler un jeu. Quand l'enfant s'arrêtait pour cueillir une fleur de sa petite main, une espèce d'angoisse tirait les traits de son père.
— Cours, petit ! cours vite ou bien je t'attrape !
Et l'enfant repartait en riant aux éclats. Suant et barbu, la chemise en lambeaux, l'homme faisait mine de s'amuser. Il clopinait lourdement à la poursuite du fils qu'il voulait sauver. De temps en temps, il jetait un regard inquiet par-dessus son épaule. Il voulait atteindre les collines avant la nuit.
Il tomba soudain sur les genoux, la tête dodelinante penchée en avant, les cheveux dans la figure.
— Je n'en peux plus, murmura-t-il.
Il était épuisé, vidé de toute sa force. Il avait tout le jour porté sur ses épaules son enfant endormi. Malade, il sentait une fièvre maligne courir dans ses veines. Il savait qu'il allait mourir. Mais il aurait tant voulu atteindre les collines. C'était son ultime espoir.
Ses lèvres tremblantes n'avaient plus la force de retenir sa salive. Un fil de bave reliait sa tête au sol de la prairie. Des larmes de rage impuissante traçaient des sillons dans la poussière de ses joues. Il fit un effort terrible pour relever la tête. Elle lui parut peser des tonnes. Le regard trouble, il vit l'enfant revenir sur ses pas.
— Non, non..., gémit-il. Va-t'en, fils !
L'enfant riait, croyant toujours à un jeu. L'énergie fouettée par le danger, son père se redressa, à gestes lents et pénibles.
Il fut debout, les jambes écartées dans l'herbe, maintenant son équilibre à grand-peine. Il avait l'air d'un ivrogne ou d'un épouvantail. Il tourna la tête vers le grand soleil rouge qui mourait au bord du monde. Son visage hirsute se colora de la lumière du couchant. Cette lumière sanglante accusa les détails de ses traits, sculpta les méplats de ses joues barbues, fit miroiter une salive fiévreuse sur ses dents découvertes. Il cligna ses yeux cernés de mauve, tendit l'oreille...
Un bourdonnement sinistre paraissait naître de l'horizon même.
— Ils arrivent, murmura l'homme sur un ton désespéré.
— Joue encore, Papa, dit l'enfant en s'agrippant à sa jambe de pantalon déchirée.
Il faillit faire tomber son père qui trébucha de côté, se maintint de justesse.
— Ils arrivent, répéta l'homme.
Il ajouta d'une voix fatiguée, trop basse et trop rauque pour être perçue par l'enfant :
— Je n'ai pas sauvé ta mère et je ne me sauverai pas moi-même. Mais toi, petit, toi..., je te sauverai.
— Pourquoi tu parles dans ta barbe ? dit l'enfant en secouant la jambe de son père. Tu es drôle
A l'horizon se précisait le bourdonnement. Quelque chose comme le bruit de mille ruches géantes.

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.

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