

El Eternauta (1957)
Sorti en feuilleton en Argentine à partir du premier numéro du magazine de bande-dessinée Hora Cera (l’heure zéro) du 4 septembre 1957 à 1959.
Traduit en France en trois tomes tome 1 décembre 2008 chez VERTIGE GRAPHIC, réédité le 4 juillet 2009 à partir du scan des planches originales, tome 2 juillet 2009, tome 3 janvier 2010.
Adapté en série télévisée diffusée sur NETFLIX INT/FR à partir du 30 avril 2025.
Scénario de Héctor Francisco Oesterheld, dessin de Solano Lopez.
Pour adultes et adolescents.
(Post-Apocalyptique, invasion extraterrestre, voyage dans le Temps) Juan Salvo, un voyageur temporel venu du futur, se matérialise subitement chez Oesterheld, un scénariste de bandes dessinées, pour lui raconter son histoire. Tout a commencé pour lui à Buenos Aires un soir où avec ses amis et en compagnie de sa femme et de sa fille, quand soudain la radio leur annonça une explosion dans l’océan Pacifique. Soudain, c’est la panne générale d’électricité et un grand silence. Par la fenêtre, ils découvrent la ville sous une neige fluorescente, et les passants tombés raides morts, et les épaves des voitures accidentées là.
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Bande dessinée phare de l’Histoire de la Bande-dessinée tout pays confondus, L’éternaute n’aura été édité en France dans sa version originale de 1957 qu’en 2008 dans une édition cependant très soignée, tant au niveau des scans des planches originales que de la traduction française qui m’a parue de qualité. L'Eternaute connaîtra un remake jusqu'à ce que le scénariste original soit été enlevé et exécuté par la junte militaire au pouvoir en Argentine, tout comme ses trois filles et bébé à naître. D'autres auteurs écriront le scénario des suites du remake.
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Le texte des trois premières planches parues le 4 septembre 1957 dans Hora Cera avec le texte original de Osterheld.

Horacero #1 planche 1.
UNA CITA CON EL FUTURO
el ETERNAUTA
MEMORIAS DE UN NAVEGANTE DEL PORVENIR.
Guión : OSTERHELD — Díbujos : SOLANO LOPEZ.
Era de madrugada, apenas las tres. No había ninguna luz en las casas de la vecindad : la ventana de mi cuarto de trabajo era la unica luminada. Hacía frío, pero a veces me gusta trabajar con la ventana abierta : mirar las estrellas descansa y apacigua el animo, como si uno escuchara una melodía muy vieja y muy querida. El unico rumor que turbaba el silencio era el leve rozar de la pluma sobre el papel. De pronto…
De pronto un crujido. Un crujido en la silla enfrente mío, la silla que siempre ocupan los que vienen a charlar conmigo. ¡Y eso ! Qué ruido mas raro… cruaio igual como si alguien se hubiera sentado… « Pero… »
« Es como para créer en fantasmas… ! » Pero no, aquel hombre no tenía nada de fantasmal… Aquellas manos de piel algo rugosa, con las venas netamente marcadas, eran bien reales, bien de este mundo. También la ropa que vestía era algo concreto, tangible. Aunque de un material como nunca vi ; no se parecía ni a la lana ni al algodon, ni al nylon ni a nigún otro plastico.
Alcé los ojos, y mi mirada encontró la suya. Apartó los ojos, y por un momento miró los mueble, los libros, las fotos en la pared. « Estoy en la tierra, supongo… » No atiné a contestarle.. Tan extraña había sido su aparición. Pero volvió a mirarme y no sé porqué, me sentí raramente reconfortado.
No he visto nunca mirada semejante. La mirada de un hombre que había visto tanto que había llegado a comprenderlo todo. « No necesitas contestarme, ya sé que estoy en la tierra. A mitad del siglo XX, alrededor del 1957. »
Esto ultimo lo dijo mirando los libros sobre la mesa. Y las revistas : había un magazine de actualidad con la foto de Krushchev en la tapa. « Veo que escribes mucho… ¿ Qué haces ? — Este… Soy guionista… guionista de historietas… — Guionista de historietas… Esto sí que es una casualidad… entre tantas otras casas, venir a dar justamente con esta… »
« Este… ¿ Quién eres tú ? — Hum… no es fácil de contestar esa pregunta… Podría darte centenares de nombres, y no te mentería : todos han sido míos. Pero quizá el que te resulte más comprensible sea el que me puso una especie de filósofo, de fines del siglo XXI… El ‘Eternauta’ me llamó él… para explicar, en una sola palabra mi condición de navegante del tiempo, de viajero de la eternidad. Mi triste y desolada condición de peregrino de los siglos… »
“He tenido suerte al llagar aquí…. Presiento que, después de tanto tiempo podré descandar un poco… ¡ me darás un lugar, verdad ! no necesito otra cosa que un rincón para reponerme… Porque estoy candado, terriblemente candado. Y necesito descansar, para poder seguir buscando… Porque eso es lo que hago siempre, buscar, buscar, buscar… »
Había ahora angustia en la voz antes tan serena. Pero mis pensamientos estaban concentrados en el problema que se me presentaba. Mi casa es pequeña, y no tendo lugar para huéspedes. « Sé lo que estás pensando. Antes de recharzarme, antes de decirme que no, déjame contarte mi historia. Cuando te la cuente todo se te explicará, incluso esta extraña forma mía de aparecer. Y estoy seguro que querrás aydarme… Escucha… »
Escuché ; todo el resto de aquella noche no hice otra cosa que escuchar. Tal como él lo dijo, cuando concluyó ya todo estaba claro. Tan claro como para llenarme de pavor. Tan claro como para sentir por él una enorme piedad. Pero no adelantaré nada : ¡ quiero dar a conocer la historia del Eternauta tal como él me la contó !
(Continuará)
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Horacero #1 planche 2.
Le texte des trois premières planches parues le 4 septembre 1957 dans Hora Cera avec la traduction du texte au plus proche.
UN RENDEZ-VOUS AVEC LE FUTUR
L’ETERNAUTE
SOUVENIRS D’UN NAVIGATEUR DE L’AVENIR.
Scénario : OSTERHELD — Dessin : SOLANO LOPEZ.
Il était à peine trois heures du matin. Il n’y avait aucune lumière dans les maisons du voisinage. : la lumière de mon bureau était la seule éclairée. Il faisait froid, mais j'aime parfois travailler la fenêtre ouverte : regarder les étoiles calme et apaise l'humeur, comme si l'on écoutait une très vieille et très chère mélodie. Le seul murmure qui troublait le silence était le léger bruissement de ma plume sur le papier. Soudain…
Soudain un bruissement, un bruissement dans et sur la chaise en face de moi, la chaise que toujours occupaient ceux qui venaient bavarder avec moi. Ah ça ! Quel drôle de bruit... ça grince comme si quelqu'un s'était assis... « Mais… ! »
« C’est comme se mettre à croire aux fantômes ! » Mais non, cet homme n'avait rien de fantomatique... Ces mains à la peau rugueuse, aux veines clairement marquées, elles étaient bien réelles, bien de ce monde. De même les vêtements qu'il portait étaient du concret, du tangible. D'une matière que je n'avais jamais vue auparavant : elle ne ressemblait ni à de la laine, ni à du coton, ni à du nylon, ni à aucun autre plastique.
J'ai levé les yeux, et mon regard a rencontré le sien... Il détourna les yeux, et pendant un temps regarda les meubles... Les livres, les photos au mur. (Mon visiteur déclara alors) « Je suis sur la Terre, je suppose… » Je ne suis pas parvenu à lui répondre. Mais il m'a regardé à nouveau et je ne sais pas pourquoi, je me suis senti étrangement réconforté.
Je n'avais jamais vu un tel regard. Le regard d'un homme qui a vu tant de choses qu'il a fini par les comprendre. « Pas nécessaire de me répondre : Tu n'as pas besoin de me répondre, je sais que je suis sur la Terre. Au milieu du 20ème siècle, vers 1957. »
C’est ce qu’il a dit rien qu’en regardant les livres sur la table. Et les revues : il y avait un magazine d’actualité avec la photo de Khrouchtchev en couverture. « Je vois que tu écris beaucoup… — « C’est que… Je suis scénariste… scénariste de bandes dessinées. — Scénariste de bandes dessinées… C’est une sacré coïncidence… D’entre toutes les autres maisons, de tomber justement sur celle-ci... »
C’est que… Qui es-tu ? — Hum… ce n’est pas facile de répondre à cette question… Je pourrais te donner des centaines de noms, et je ne te mentirais pas : ils ont tous été les miens. Mais peut-être que celui que tu trouveras le plus compréhensible est celui que m'a donné une sorte de philosophe, de la fin du 21ème siècle... L’éternaute, il m'a appelé, lui… Pour expliquer en un seul mot ma condition de navigateur du temps, de voyageur de l'Eternité. Ma triste et désolante condition de pèlerin des siècles... »
« J'ai eu de la chance d'arriver ici... J'ai le sentiment qu'après tant de temps, je vais pouvoir me reposer un peu... Je n'ai besoin de rien d'autre que d'un endroit pour récupérer... Parce que je suis fatigué, terriblement fatigué... et j'ai besoin de me reposer, pour continuer à chercher, parce que c'est ce que je suis toujours à chercher, chercher, chercher... »
Sa voix était angoissée à présent, alors qu’elle était auparavant si serine. Cependant mes pensées étaient concentrées sur le problème qui se présentait à moi. Ma maison est petite et je n'ai pas de place pour les invités. « Je sais ce que tu es en train de penser. Avant de me refuser l’hospitalité, avant de me dire non, laisse-moi te raconter mon histoire. Quand je te l'aurai racontée, tout s’expliquera pour toi, même cette étrange façon que j'ai d'apparaître, et je suis sûr que tu voudras m'aider... Ecoute... »
J'ai écouté ; tout le reste de la nuit, je n'ai fait qu'écouter. Comme il l'a dit, lorsqu'il avait terminé, tout était clair. Suffisamment clair pour me remplir d'effroi. Tellement clair pour que j'éprouvai la plus grande pitié pour lui. Mais je n’anticiperai pas : je veux raconter l'histoire de l'Eternaute telle qu'il me l'a racontée !
(à suivre)

Horacero #1 planche 3.
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L'éternaute publié en 2008 chez Vertigo Graphic planche 1.
Les trois premières planches de 2008 publiée chez Vertige Graphic avec leur traduction française d’Elsy Gomez
C’était l’aube, à peine trois heures. Aucune lumière dans les maisons du voisinage : la fenêtre de mon bureau était la seule éclairée. Il faisait froid mais parfois j’aime travailler la fenêtre ouverte : regarder les étoiles repose et tranquillise l’âme, comme si l’on écoutait une mélodie ancienne et aimée. Le seul bruit qui troublait le silence était le léger frottement de la plume sur le papier. Soudain…
Soudain un grincement, un grincement provenant de la chaise en face de moi, la chaise habituellement occupée par ceux qui viennent bavarder avec moi. Qu’est-ce que c’est ? … Quel bruit étrange… Elle a grincé exactement comme si quelqu’un s’était assis… « Mais… »
« C’est à croire aux fantômes… » Mais non, cet homme n’avait rien de fantomatique. Ces mains à la peau un peu rugueuse, aux veines saillantes étaient bien réelles, bien de ce monde..
Je levai les yeux et mon regard rencontra le sien. Il détourna les yeux et pendant un instant regarda les meubles, les livres, les photos sur le mur. « Je suis sur la terre, je suppose... » Je ne parvins pas à lui répondre. Son apparition avait été si étrange. Mais il me regarda à nouveau et je ne sais pas pourquoi, je me sentis étonnamment réconforté.
Je n’avais jamais vu un pareil regard. Le regard d’un homme qui en avait vu tant qu’il était parvenu à tout comprendre. « Pas besoin de me répondre. Je sais que je suis sur la terre, à la moitié du Xxe siècle, aux alentours de 1957. »
Les derniers mots furent dits en regardant les livres et les revues sur la table : il y avait un magazine d’actualité avec la photo de Khrouchtchev sur la couverture. « Je vois que tu écris beaucoup… que fais-tu ? — Je… je suis scénariste de bandes dessinées. —Scénariste de bandes dessinées… Ça, c’est un hasard ! Entre toutes ces maisons… arriver justement dans celle-là… »
Et… qui es-tu ? — Hum… ce n’est pas facile de répondre à cette question. Je pourrais te donner des centaines de noms, et sans te mentir : ils ont tous été les miens. Mais peut-être que celui qui te semblera le plus compréhensible sera celui que m'a donné une espèce de philosophe, de la fin du XXIe siècle... Il m’a appelé ‘L’éternaute’, pour expliquer d’un mot ma condition de navigateur du Temps, de voyageur de l'Eternité. Ma triste et solitaire condition de pèlerin des siècles...
« J'ai eu de la chance d'arriver ici... Je pressens qu'après tout ce temps, je vais pouvoir me reposer un peu... Tu me donneras une place, n’est-ce pas ? Je n’ai besoin que d’un coin pour me reposer... Parce que je suis fatigué, terriblement fatigué. Et j'ai besoin de repos, pour pouvoir reprendre mes recherches… C’est que je fais tout le temps : chercher, chercher, chercher... »
Il y avait maintenant de l’angoisse dans la voix jusqu’ici si sereine, mais mes pensées se concentrèrent sur le problème qui m’était posé. Ma maison est petite et je n’ai pas de chambres d’amis. « Je sais ce que tu penses, mais avant de refuser, avant de me dire non, laisse-moi te raconter mon histoire. Quand je te l’aurai racontée, tout te paraîtra clair, même… cette étrange manière d’apparaître. Et je suis sûr que tu accepteras de m’aider… Ecoute… »
J'ai écouté, tout le reste de cette nuit. Je n'ai fait d’autre qu'écouter. Comme il l'avait dit, quand il en eut fini, erminé, tout semblait clair. Suffisamment clair pour me remplir de frayeur. Suffisamment clair pour ressentir une énorme compassion pour lui. Mais n’anticipons pas : je veux faire connaître l'histoire de l'Eternaute telle qu'il me l'a racontée !
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