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Amazing Stories, le numéro 13 de avril 1927Feu vert livre / BD

Amazing Stories #013 (1927)
Titre complet : Volume 2, avril 1927, numéro 1.
Traduction : Histoires étonnantes.

Numéro précédent <> Numéro suivant.

Publicités toxiques.

Pour adultes et adolescents.

Présumé sorti en kiosque aux USA le 5 mars 1927 daté de avril 1927, prix 25 cents, soit 4.51 dollars 2024 en tenant compte de l'inflation (4,33 en Euro du 23 janvier 2025).

De Hugo Gernsback, F. R. S. (rédacteur en chef), Dr. T. O'Conor Sloane, M. A., Ph. D. (directeur de publication), Wilbur C. Whitehead, rédacteur littéraire, C. A. BRANDT, rédacteur littéraire.

Pour adultes et adolescents.

(revue littéraire de Science-fiction) La foule tournait et retournait et le professeur Farnham et ses hommes se sentaient nauséeux et au bord de l'évanouissement à la vue de la meute -- un homme ou une femme haletante jaillissait de la foule, et sautant sur l'un des cadavres piétinés, déchirait et dévorait la chair...

Alpheus Hyatt Verrill, avril 1927, récit apparemment inédit à la date de parution de ce numéro d'Amazing Stories.

Une petite chronologie (non exhaustive) du genre s'impose.

Lazare dans Le nouveau testament, 175 après J.C, dans la Bible (humain relevé, aucune pulsion cannibale).
Frankenstein (roman, 1818) de Mary Shelley (golem assemblé à partir de cadavre, pulsion homicide mais pas cannibale, n'hérite pas clairement de la conscience des morceaux des cadavres)
Dracula (roman, 1897) de Bram Stocker, (zombie de type vampire loup-garou)

Selon la wikipédia (qui ne mentionne pas Merill, ni à l'article Zombie, ni à l'article Mort Vivant qui est pourtant la traduction littérale d'une partie du titre de la nouvelle de Merrill).

The Magic Island (roman, 1929), par W. B. Seabrook (zombie de type voodoo haïtien).
I Am Legend (roman, 1954), Richard Matheson (zombie de type vampire incapable de changeur de forme)
Night of the Living Dead (film, 1968), George A. Romero.
Dawn of the Dead (1978)
The Return of the Living Dead (1985)
Resident Evil (jeu vidéo , 1996)
The Walking Dead (bande-dessinée, 2003)

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Les numéros de pages imprimés à l'intérieur ne tiennent pas compte des quatre pages de couverture.

p. 3 = 2 : sommaire.

"Amazing Stories est publié le 5 de chaque mois. Il y a 12 numéros par année. L'abonnement est de 2.50 dollars (44.56 dollars 2024 idem euro) par an aux USA et possessions, 2,50 dollars (53.47 dollars 2024, idem en euro) au Canada et à l'étranger. Les pièces et timbres Etats-Uniens sont acceptés (pas les pièces et timbres étrangers, un exemplaire d'échantillon sera gratuitement envoyé à la demande... Toutes les contributions acceptées sont payées à publication. Amazing Stories est en vente dans tous les kiosques des Etats-Unis et du Canada. Agents européens S. J Wise et Cie 40 place verte, Antwerp, Belgique. Imprimé aux U. S. A."

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p.5 = 483 : Ours et Edito de Hugo Gernsback, F. R. S.

De la fiction extravagante aujourd'hui... à la froide réalité de demain.
LA CHOSE LA PLUS ÉTONNANTE.
(Dans le style d'Edgard Allan Poe, par HUGO GERNSBACK)

Assis sur son trône, taillé dans un pur cristal de Carborundum, reposait le tout puissant Suprémental,-- lequel dans d'autres univers aurait peut-être été appelé le Roi.

Devant lui apparut l'un de ses distingués explorateurs, qui venait juste de revenir d'une excursion à travers d'autres mondes. L'antenne de l'explorateur toucha celles du Suprémental, par lesquelles le discours suivant fut tenu :

"Il intéressera peut-être votre Majesté de savoir que lors de notre visite sur la Troisième Planète du Sixième Univers, nous avons découvert une race de créatures dès plus étonnantes. Une exploration de la planète montra qu'ils n'étaient pas fabriqués à partir des produits naturels de leur sol, ou de leurs sous-sols, comme par exemple nous le sommes. En lieu de cela, ces créatures sont faites d'une substance molle, ressemblant à du caoutchouc. Leur forme est des plus grotesque et ils ont un mouvement tressautant, mécanique, semblable à celui de certaines de nos propres machines. Au lieu de flotter dans l'espace comme nous le faisons, ils se déplacent le long d'une surface avec une espèce de sautillement. Leurs corps informes, si l'on puisse les dénommer de corps, sont couronnés d'un appendice ovale, totalement incapable de rivaliser avec le reste de leurs corps."

"Des plus étonnants !" s'exclama le Roi.

"Dans cet appendice ovale, nous avons découvert deux remarquables mécanismes de télévision, avec un système optique unique..."


Gernsback est définitivement à court d'inspiration pour ses éditos, et apparemment voudrait bien avoir le temps de redevenir auteur. Ce faisant, il prête certainement le flanc aux genres de critiques de bon sens que sa section "commentaires" appelle. Par exemple comment ces explorateurs pourraient juger le système optique humain "unique" alors qu'il est partagé par un très grand nombre d'espèces sur la planète, et un grand nombre de machines, tout simplement parce qu'il est impossible de discerner un champ visuel sans passer par une chambre noir et un orifice par laquelle la lumière peut être projeté sur un écran sensible (la fovea au fond du globe oculaire, dont les cellules réagissent à l'intensité de la lumière, les couleurs et aux mouvements ).

Tout le principe de la nouvelle consiste à enchaîner une description tout à fait ordinaire de notre monde, en remplaçant les mots pertinents par du jargon, ce qui est la base pour renseigner le lecteur sur qui est le narrateur, à quelle époque ou civilisation il appartient, ses préjugés, ses humeurs etc.

Donc ce n'est pas être mauvais écrivain d'être au moins conscient de cela. Le problème vient que, outre son incapacité à aller plus loin que le saupoudrage incohérent pour décrire le monde étrange de ses protagonistes et narrateurs, Gernsback ne va pas plus loin que le vocabulaire, alors qu'il aurait pu imaginer, par exemple, que ses protagonistes aient découvert son magazine dans un kiosque et se soient mis à en commenter les illustrations (notamment de couverture), puis aient résolu de s'en épancher, par exemple dans la section commentaire du même magazine.

Patience cependant, si Gernsback s'abstient de faire de son récit un méta-commentaire (un récit qui fait référence à la réalité du monde du lecteur), d'autres auteurs de Science-fiction ne se gêneront pas. Et si les extraterrestres existent et visitent la Terre, certainement eux non plus.

Il existe déjà de très nombreux exemples de récits du point de vue autre qu'humain, et cela depuis l'invention de l'écriture : le monde des humains est par exemple commenté par les animaux, les revenants, les dieux, les monstres et les démons.

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Amazing Stories, le numéro 13 de avril 1927
p.7 = 6 : The PLAGUE of the LIVING DEAD ("La peste de la Mort Vivante") de A. Hyatt Verrill.

Les étourdissants évènements qui se déroulèrent sur l'île d'Abilone plusieurs années auparavant, et qui culminèrent avec le plus dramatique et le plus remarquable évènement dans l'histoire du monde, n'ont jamais été rendus publics. Même les vagues rumeurs de ce qui était arrivée dans l'île-république furent considérés comme de la fiction, ou le fruit de l'imagination, car la vérité avait été de la manière la plus zélée et la plus soigneuse, dissimulée. Toute l'affaire était bien trop horrible et bien trop terrifiante pour qu'elle soit révélée, jusqu'à ce que toute crainte de la menace résultante soit éteinte. Et familiariser le public avec les faits n'aurait causé qu'un malaise global et possiblement la panique. Même la presse de l'île coopéra avec les officiels quant à leur désir de maintenir un secret absolu à propos de ce qui se déroulait alors, et au lieu de faire des gros titres de l'affaire, les journaux annoncèrent seulement --- à l'instar de ce que le gouvernement leur avait demandé de faire --- que l'épidémie d'une maladie contagieuse inconnue avait commencé sur l'île, et que la plus stricte des quarantaine devait être imposée.

Mais même si les nouvelles incroyables avaient enflammé le monde, je doute que le public les aurait eu admises comme la vérité. Tout compte fait, à présent que tout cela appartenant au passé, il n'y a pas de raison pour que cette histoire ne soit pas racontée dans tous ses détails.

Quand le professeur Gordon Farhham, biologiste de réputation mondiale, annonça qu'il avait découvert le secret de prolonger la vie indéfiniment, le monde réagit à la nouvelle de différentes manières. Beaucoup de gens affichèrent leur mépris, et déclarèrent que le Professeur Farnham soit devait être sénile, soit ses propos avaient été déformés. D'autres, plus familiers des accomplissements du professeurs et de son penchant pour les propos conservateurs, déclarèrent croire que, pour aussi incroyable que cela pouvait sembler, cela devait être vrai ; cependant, la majorité était enclin à traiter le sujet comme une plaisanterie ou un attrape-nigauds. C'était l'attitude de presque tous les journaux quotidiens. D'une manière humoriste, sarcastique ou burlesque, ils imprimèrent des articles confus et exagérés, et publièrent des caricatures du savant ; les suppléments du Dimanche étaient remplis d'anecdotes soigneusement illustrées mais sans aucune base et complètement ridicules censées rapporter le point de vue du professeur et des témoignages sur le sujet.

Dans un seul journal, le fiable, conservateur et quelque part suranné Examinateur, trouva convenable d'imprimer le communiqué de presse du biologiste au mot près et sans commentaire. A partir de là, les cabarets, ainsi que les radios mirent à la mode les gags basés sur la prétendue découverte du professeur Farnham, tandis qu'une chanson populaire dont les thèmes principaux étaient l'immortalité et le savant lui-même fut entendue partout, et longuement. Par pur désespoir, le professeur Farnham fut contraint de faire un nouveau communiqué de presse détaillé de sa découverte. Dans celui-ci, il insista sur le fait qu'il n'avait jamais revendiqué avoir appris le secret de prolonger la vie humaine indéfiniment, car, pour prouver qu'il l'eût fait, il aurait été nécessaire de maintenir un être humain vivant plusieurs siècles durant, et même alors, cela aurait seulement prouvé que le traitement aurait prolongé la vie durant une certaine période et non à jamais. Ses expériences, déclara-t-il, s'était de ce fait limité aux animaux inférieurs, et par son traitement appliqué à ceux-ci, il avait été capable de multiplier par quatre à huit fois leur espérance de vie ordinaire. En d'autres termes, si ce traitement fonctionnait aussi bien avec les êtres humains, un homme pourrait vivre cinq cents à huit cents années-- assez longtemps pour correspondre à l'idée que se faisait le plus grand nombre de l'immortalité...


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Amazing Stories, le numéro 13 de avril 1927
p.22 = 21 : The REMARKABLE CASE of DAVIDSON'S EYES ("Le cas remarquable des yeux de Davidson") de H. G. Wells.

CHAPITRE I (NDT premier)

L'aberration mentale transitoire de Sidney Davidson, suffisamment remarquable en elle-même, est encore plus remarquable si l'on devait porter crédit à l'explication de Wade. Elle installe le rêve de l'un comme la possibilité la plus curieuse d'intercommunication future, la possibilité de passer cinq minutes intercalées à l'autre bout du monde, ou d'être espionné lors de nos opérations les plus secrètes par des regards impossibles à suspecter. Il arriva que je fus le témoin direct de la crise d'épilepsie de Davidson, et il m'incomba tout naturellement de coucher ce récit sur papier.

Quand je dis que j'ai été le témoin direct de sa crise d'épilepsie, je veux dire que j'ai été le premier arrivé sur la scène. La chose se produisit à l'Université Technique de Harlow, juste sous l'Arche du Grand Portail. Il était seul dans le vaste laboratoire quand la chose arriva. J'étais dans une plus petite salle, où les instruments de pesée se trouvaient, à rédiger quelques notes. L'orage avait complètement désorganisé mon travail, bien entendu. Ce ne fut qu'après l'un des plus violents fracas que je crus avoir entendu du verre se briser dans la salle d'à côté. Je m'arrêtai d'écrire et me retournai pour écouter. Pendant un instant, je n'entendis rien ; la grêle faisait un tam-tam di Diable sur le zinc rouillé du toit. Puis se produisit un autre son, une chute-- il ne pouvait y avoir aucun doute cette fois. Quelque chose de lourd venait de tomber de la table. Je sautais de ma chaise aussitôt et alla ouvrir la porte qui donnait sur le grand laboratoire.

Je fus surpris d'entendre une sorte de ricanement dérangé, et vit Davidson debout, vacillant, au milieu de la salle, avec un regard ébahi au visage. Ma première impression fut qu'il était saoul. Il ne me remarqua pas. Il semblait vouloir lacérer de ses ongles quelque chose à 1 yard (NDT, presque 1 mètre) de son visage. Il tendait sa main, lentement, plutôt avec hésitation, et après, n'agrippait rien du tout. "Qu'en est-il ?" il disait. Puis il plaqua ses mains sur son visage, les doigts écartés : "Grand Scott !" (NDT Dieu) il s'écria. Cela faisait trois à quatre années déjà que cette manière de jurer n'était plus à la mode. Puis il commença à lever maladroitement ses pieds, comme s'il s'était attendu à ce qu'ils restent collés au sol.

"Davidson !" je criais. "Qu'est-ce qui vous arrive ?" Il se retourna vers moi et regarda autour, me recherchant. Il regarda derrière moi, sur moi, et de chacun de mes côtés, sans donner le moindre signe de m'apercevoir. "Des vagues, il déclara : et un voilier remarquablement entretenu. Je jurerai que c'était la voix de Bellows. Hallo !" Il s'était mis à héler à tue-tête.

Je pensais qu'il avait en tête un genre de plaisanterie. Puis je vis à ses pieds étalés les débris de l'un de nos meilleurs électromètres. "Qu'est-ce qu'il y a, vieux ?" j'appelais : "Vous avez cassé l'électromètre ?"

"Encore Bellows !, il dit : "Amis à gauche, si mes mains ont disparu. Quelque chose à propos d'électromètre ! Dans quelle direction êtes-vous, Bellows ?" Soudain il se mit à tituber dans ma direction : "Ce maudit truc coupe comme dans du beurre !" disait-il. Il marcha droit à la table et s'affaissa : "Rien à voir avec du beurre !" il dit encore, et resta là à se balancer.

Je me sentis effrayé. "Davidson, je répondais, par le Ciel, qu'est-ce qui vous arrive ?"

Il regardait dans toutes les directions : "J'aurais juré que c'était Bellows. Montre-toi si tu es un homme, Bellows !?!"

Je réalisais alors qu'il avait dû se retrouver subitement aveugle...


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Amazing Stories, le numéro 13 de avril 1927
p.26 = 25 : JOHN JONES'S DOLLAR ("Le dollar de John Jones") de Harry Stephen Keeler.

Le 201ème jour de l'an 3221 après Jésus-Christ, le professeur d'Histoire à l'Université de Terra, s'asseya devant le Visaphone et se prépara à donner la leçon quotidienne à sa classe, dont les membres résidaient en différentes parties de la Terre.

Les instruments devant lesquels il s'était installé ressemblaient tout à fait à un châssis de fenêtre, étant donné qu'il y avait de visible près de trois ou quatre cents carreaux dépolis. Dans un vide au centre inoccupé par ces carreaux de verre, se trouvait une zone allongée et un rebord retenant un bout de craie. Et au-dessus de la zone se trouvait un grand cylindre de cuivre ; en direction de ce cylindre de cuivre, le professeur ne tarderait pas à adresser ses remarques subséquentes.

Afin de s'assurer qu'il était temps de presser le bouton qui notifierait les membres de la classe d'Histoire du moment où se rapprocher de leur Visaphones locaux, le professeur retira de la poche de sa veste un petit accessoire qu'il porta à son oreille. En relevant un minuscule interrupteur attaché à l'instrument, une voix métallique, semblant venir de quelque part autour, répéta mécaniquement : "Quinze heures et une minute-- quinze heures et une minute -- quinze heures et une min..." Rapidement, le professeur replaça l'instrument sans la poche de sa veste et pressa le bouton sur le côté du Visaphone.

Comme répondant à la convocation, les carreaux de verre dépoli commencèrent, un par un, à montrer le visage et les épaules d'un type particulier de jeunes hommes ; des jeunes hommes avec des front proéminents, chauves, édentés, et portant d'immenses lunettes à montures taillées dans de la corne. Un des carreaux, cependant, restait vide. Alors qu'il le remarquait, une expression irritée passa sur le visage calme du professeur.

Mais, voyant que tous les autres carreaux étaient occupés, il commença à parler.

"Je suis heureux, Messieurs, de constatez que vous vous trouvez tous devant vos Visaphones cet après-midi. J'ai préparé ma leçon d'aujourd'hui sur le thème d'un sujet, qui peut-être est d'un intérêt plus économique qu'historique. Contrairement aux leçons précédentes, ma conférence ne se limitera pas aux évènements de quelques années, mais couvrira graduellement le cours de dix siècles, les dix siècles qui de fait ont conclu les trois cent années d'avant notre présent. Ma leçon sera un exposé sur les effets du Dollar de John Jones, déposé à l'origine à l'aube de la civilisation, ou, pour être plus précis, en l'année 1921-- il y a exactement treize cent années. Ce John Jon-----"

A ce point de la leçon du professeur, le carreau qui jusqu'alors n'avait montré aucune image, s'illumina. Sévèrement, le professeur braqua son regard sur la tête et les épaules qui venaient d'apparaître. "B262H72476Mâle, vous êtes à nouveau en retard pour la classe ; quelle excuse avez-vous à présenter aujourd'hui ?"

Du cyclindre creux jaillit une voix stridente, tandis que les lèvres de l'image sur le carreau de verre bougeaient synchronisée avec les mots : "Professeur, vous percevraient en consultant votre annuaire de la classe que j'ai récemment emménagé au Pôle Nord. Pour une raison quelconque, la communication sans fil entre la Station Centrale d'Energie et tous les points au nord des 89 degrés a été coupée il y a quelque temps, ce qui explique pourquoi de fait je ne pouvais apparaître sur le Visaphone. Donc..."

"Cela suffira, rugit le professeur. Vous avez toujours une excuse, B262H72476Mâle. Je vérifierai immédiatement vos fariboles."


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Amazing Stories, le numéro 13 de avril 1927
p.31 = 30 : The WHITE GOLD PIRATE ("Le pirate à l'or blanc") de Merlin Moore Taylor.

CHAPITRE I (NDT premier)
Une offre suspecte par téléphone, pour vendre du platine au gouvernement.

Robert Goodwin, scientifique, inventeur et directeur des grands laboratoires et usines expérimentales de Chicago qui portaient son nom, fixa le téléphone sur sa table de travail. La sonnerie de sa cloche l'avait interrompu au beau milieu de la solution réfléchie à un problème et cela l'avait irrité. Dans un état d'esprit déplaisant, il décrocha le combiné et gronda "Allo."

"Êtes-vous intéressé par l'achat de platine ?" s'enquit une voix d'homme, sans préliminaires.

Goodwin sursauta, et se redressa dans son fauteuil. Cela faisait des mois que lui, tout comme plusieurs milliers d'autres personnes aux Etats-Unis, avait été dans l'attente calme, mais néanmoins pressée, de quelqu'un qui leur poserait cette question-même.

Il n'y avait ni agitation ni surprise dans sa voix, toutefois, quand il répondit : "Sans doute aucun nous serions intéressé par la chose que vous mentionnez, il répondit, cela dit, si c'est de bonne qualité, et sans risque."

Plutôt facile et intrigant, il pensa, que son correspondant téléphonique soit effectivement l'homme qu'il suspectait d'être, le téméraire et débordant de ressources pirate du platine que lui et tous ses co-observateurs attendaient si patiemment, l'homme qui avait mis sur les dents tous les chasseurs du Département de Justice.


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Amazing Stories, le numéro 13 de avril 1927
p.44 = 43 : The MAN in the ROOM ("L'homme dans la chambre") de Edwin Balmer et William B. MacHarg.

"Etonnant, Trant."
"Bien davantage que simplement étonnant ! Confrontez-vous au fait, Dr. Reiland, et c'est stupéfiant, incroyable, honteux ! Après cinq mille ans de civilisation, notre police et nos juges reconnaîtraient qu'il n'existe pas de connaissance plus avancée que celles que premier Pharaon mit pratique en Egypte avant la construction des pyramides !"

Le jeune Luther Trant repousssa avec impatience la table du petit-déjeuner de Reiland et croisa une jambe musculaire sur l'autre non sans difficulté. Tout aussi maladroitement et avec la même impatience rebelle, il enfonça ses doigts dans ses épais cheveux roux. Ses yeux bizarrement dépareillés - l'un davantage gris que bleu, l'autre davantage bleu que gris -- lancèrent des éclairs outrés à son compagnon plus âgé.

Et son œil droit (le plus bleu), une petite cicatrice de naissance, d'ordinaire pratiquement indiscernable, rosit vaguement de l'intensité de son regard. Sur son genou, Trant tenait le Record-Herald de Chicago (NDT : le Hérault des Chroniques de Chicago), et comme il poursuivait, son doigt suivait les paragraphes.

"Ecoutez ! 'Le cadavre d'un homme découvert dans Jackson Park' ; six suspects vu dans les alentours ont été arrêtés. 'L'enlèvement de Shlaack ou son meurtre" ; trois hommes en l'état d'arrestation pour cela depuis Mercredi dernier. 'Le procès Lawton progresse'; avec la probabilité que le jeune Lawton soit déclaré innocent ; dix-huit moius durant il est resté emprisonné-- dix-huis mois d'association indélébile avec des criminels ! Et voici le plus gros : 'Seize hommes sont retenus en tant que suspect de conmplicité dans le meurtre du procureur Bronson.' N'avez-vous jamais entendu parlé d'un tel carnaval d'arrestation ? Et cela en mettant de côté le fait que dans quatre-vingt-treize pour cent des homicides , personne n'est jamais puni !"

Le vieux professeur tourna patiemment son visage ridé surmonté du dôme dégarni de son crâne vers son jeune compagnon. Depuis quelque temps, le professeur Reiland avait remarqué avec malaise l'agitation grandissante de son brillant mais vite échauffé jeune assistant. Mais le professeur Reiland comptait bien le garder dans son laboratoire de psychologie jusqu'à la fin de son contrat.

"Cinq mille ans de civilisation, explosa Trant, et nous en somme encore à commettre des crimes de sang ! Nous continuons de confronter un suspect, en espérant qu'il crachera le morceau, perdra ses moyens, n'osera plus rien dire ou bégayera. Et lorsqu'à la lumière de ce test barbare nous le découvrons préparé et dur à cuir à tel point qu'il peut s'empêcher de rougir ou de pâlir trop notablement, s'il sait gonfler ses poumons correctement et contrôler sa langue quand il parle, nous sommes déjà prêt à le qualifier d'innocent. N'est-ce pas le cas, Monsieur ?"

"Oui" Le vieil homme hochait la tête patiemment. "C'est bien le cas, je le crains. Et donc, Trant ?"

"Quoi, professeur Reiland ? Pourquoi vous-même et moi-même et tous les psychologues de tous les laboratoires de psychologie de ce pays et de l'étranger nous sommes-nous contenté de tourner autour du pot pendant toutes ces années ? Pendant des années nous avons été à mesurer l'effet de chaque pensée, chaque pulsion et chaque acte de l'être humain. Quotidiennement, j'ai été à prouver, avec de simple expériences de laboratoire qui n'impressionne qu'une rangée d'étudiants en seconde année, lesquelles, -- mises en pratique devant les cours de justices et en prison--- prouveraient définitivement en cinq minutes qu'un homme est innocent, ou le condamnerait en tant que criminel sur la preuve de ses réactions incontrôlables. Et bien davantage, professeur Reiland ! Apprenez à n'importe quel inspecteur ce que vous m'avez appris à moi, et s'il a ne serait-ce que la moitié de la persévérance qu'il montre à relever des marques sur des choses, il pourra facilement résoudre la moitié des affaires qui remplissent les prisons en trois jours."

"Et l'autre moitié dans la semaine, je suppose, Trant ?" Le vieil homme souriait à l'enthousiasme de l'autre.
"Professeur Reiland, répliqua Trant, plus sobrement, vous m'avez enseigné l'utilisation du cardiographe grâce auquel l'effet sur le cœur de n'importe quel agissement et n'importe quelle passion peut se lire, comme un médecin lit l'évolution du poul d'un patient sur un graphe, le pneumographe, qui trace la plus minuscule des variations parlantes de la respiration, le galvanomètre, ce merveilleux instrument qui, même si un homme tenait chacun de ses traits et muscles aussi inerte que s'il était mort, le trahira via les glandes sudoripares de la paume de ses mains. Vous m'avez appris -- en tant qu'expérience scientifique--- comment un homme qui s'avère ne pas bégayer ou hésiter, et en contrôle parfait de son langage et de ses facultés, sera forcé par les associations d'idées dont il ne peut pas savoir si celles-ci le trahissent, les marques de n'importe quel agissement d'importance et de tous les crimes s'impriment indélébiles dans son esprit----"

"Les associations ?" Le professeur interrompit, avec soudain moins de patience. "C'est seulement la méthode de médecins allemand-- la méthode de Freud-- utilisée par Jung à Zurich pour diagnostiquer les causes de la folie à l'adolescence."

"Exactement." Trant suivait de son regard le vieux professeur qui s'était levé et marchait en direction de fenêtre..." (...) "Nous n'avons pas ce genre de problème à résoudre ici, Trant," il répondit. Il regarda dans la rue calme de la ville universitaire. "La plus importante question à laquelle nous pouvons vous demander de répondre est du genre de celle-ci..." Il pointait du doigt : "Pourquoi une jeune fille aussi délicate que Margaret Lawrie cavale jusqu'à la porte d'entrée de sa maison, sans chapeau ni veste ?"

"Et cela aussi, je pourrais l'élucider, répondit Trant, mais ce serait inutile, vu qu'elle semble venir par ici, et elle nous le racontera elle-même."


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Amazing Stories, le numéro 13 de avril 1927
p.53 = 52 : HICKS' INVENTIONS with a KICK: The AUTOMATIC Self-Serving DINING TABLE ("Les inventions de Hicks qui en jettent: la table à manger automatique service compris") de Henry Hugh Simmons.

"O'Keef, mon garçon, que je suis heureux de vous voir :" déclara Hicks, me donnant une tape sur l'épaule d'un tel bon coeur que ma dent artificielle en descendit d'un demi-pouce (NDT : 1,3 cm). Je hais les gens qui ne peuvent s'empêcher de vous toucher. "Je suis heureux de vous voir ! Vous êtes exactement l'homme que je voulais rencontrer ce matin, O'Keefe. Ma maison n'est qu'à quelques pas d'ici. Allons-y et ..."
"Je suis désolé, mon vieux," je répondis sur mon ton le plus glacé, ""mais je crains réellement de ne pas pouvoir vous accompagner ce matin, car j'ai un rendez-vous important à neuf heures, et il est neuf heures moins vingt à présent. Peut-être une autre fois..."

J'eu à peine le temps de me reprocher d'utiliser cette vieille ficelle, que déjà Hicks me coupait la parole. Il est simplement impossible d'achever une phrase avec un tel homme dans le coin. "Alors reportez ce rendez-vous à un autre jour, il répondit, car c'est de la plus haute importance." Et là il fit une pause de quelques secondes pour laisser le temps à ses mots pénétrer. "En fait, il est de la plus grande importance pour moi et pour vous aussi, que vous veniez voir ce que j'ai à vous montrer."

Hicks m'avait déjà accosté une ou deux fois auparavant, alors qu'il se prétendait écrivain, seulement pour me traîner jusqu'à sa tanière et là, me lire des extraits de ses "Essais sur la Philosophie Pratique", pendant des heures à chaque fois, avec une endurance confinant à l'insensibilité. Une fois, il me garda là pendant sept heures d'une seule traite, me lisant son grand livre sur "La nécessité de la régularité dans la nutrition en tant qu'aide à la longévité" tandis que je manquais mon déjeuner et me retrouvais trois heures en retard pour le souper. J'avais alors protesté, déclarant que j'avais d'urgentes affaires à traiter, et tenté de sortir, quitte à en être réduit à violer directement les règles de l'étiquette. Cela n'aida en rien...

(...) "Cette fois, c'est quelque chose d'entièrement différent. J'ai réalisé, O'Keefe, mon garçon, que le progrès de l'Humanité ne pourra jamais être atteint par des mots, et que sont les mots, les livres, la philosophie et toute le reste ?... Mais j'ai perdu foi en eux depuis longtemps : ce sont les actes, et non les mots, qui font tourner le monde. Les inventions, par-dessus tout, ont hissé le Monde Moderne au niveau où il se trouve à présent. Et voyant cela et réalisant dans le même temps à quel point j'étais doté par la nature d'un certain, je dirais même plus, un considérable sinon rare degré d'inventivité, j'ai concentré mes énergies sur l'invention, et, mon garçon, vous jugerez vous-même si je n'ai pas réussi."

Et là Hicks me tapa sur l'épaule et se mit à danser une espèce de gigue enlevée sur le trottoir. D'abord je pensai qu'il avait perdu le peu de raison qu'il aurait jamais eu eu auparavant, mais il cessa alors sa petite danse et reprit :

La plus grande invention de la décennie.

"O'Keefe, cela fera ton bonheur, ce matin, d'être le premier observateur de mon prototype fonctionnel à échelle un un de la plus grande invention de la décennie : la table à dîner automatique service compris."


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Amazing Stories, le numéro 13 de avril 1927
p.59 = 58 : THE BALLOON HOAX ("L'imposture en ballon" ; titre français : Le Canard au ballon) de Edgar Allan Poe.

Époustouflantes nouvelles par Express via Norfolk ! -- l'Atlantique traversé en Trois jours ! On signale l'arrivée triomphale de la machine volante de Monsieur Monck Mason sur l'île de Sullivan, près de Charleston, S. C. avec à son bord Monsieur Mason, Monsieur Robert Holland, Monsieur Henson, Monsieur Harrison Ainsworth et quatre autres à bord du ballon dirigeable Victoria, après un voyage de soixante-quinze heures d'un continent à l'autre ! Tous les détails du voyage.

Ce "jeu d'esprit" (NDT en français dans le texte) qui précède fut le gros titre en capitales magnifiques jalonnées de notes d'admiration (NDT point d'exclamation) fut à l'origine publié, en tant que fait authentique par le Sun (NDT soleil) de New York, un quotidien dont la fonction était de fournir de la matière indigeste entre la parution de deux Courriers de Charleston. La ruée vers le "seul journal qui donnait l'actualité" était quelque chose qui allait bien au-delà du prodige ; et, en fait, comme si (ce qu'à l'époque déjà certains prétendaient) le Victoria n'avait jamais accompli le voyage chroniqué, il serait difficile de trouver la raison pour laquelle il n'aurait pas pu l'accomplir.

Le grand problème est enfin résolu ! L'air, tout autant que la terre et l'océan, a été dompté par la Science, et deviendra une route toute aussi ordinaire et pratique pour l'Humanité. L'Atlantique a été réellement traversé en ballon ! Et cela, également, sans difficulté -- sans grand danger apparent --- avec un contrôle complet de la machine --- et en un intervalle de temps inconcevablement bref de soixante-quinze heures d'une rive à l'autre !


*

p.64 = 63 : SUPERSTAR ("L'étoile géante") de Leland S. Copeland.

Alpha d'Orion, mammouth du ciel,
Gouttant d'or le soir, étincelant de rouge et haute ;
Lumière vacillante à des milliards
Plus vaste que des soleils par millions ;
Lointaine parmi les étoiles et riche de sa valeur latente--
Nous te saluons d'un atome solaire, petite Terre fripée.

Gazeuse par ta substance, et pratiquement absente,
Tu fonces follement--pressée d'un rendez-vous secret.
Recouverte de tes gloires
Bercée d'innombrables contes.
La vie et l'espoir et la mort, avec l'amour et le deuil et les larmes
Attendent embrumés, que reviennent les années palpiter.


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Amazing Stories, le numéro 13 de avril 1927
p.65 = 64 : The LAND that TIME FORGOT ("le pays que le temps avait oublié" ; titre français : Caspak, monde oublié) de Edgar Rice Burroughs, troisième partie.

Livre III
Échappé de l'abysse du Temps, le récit de Bradley.


Ceci est le récit de Bradley après qu'il ait quitté Fort Dinosaure sur la côte ouest du grand lac qui occupe le centre de l'île.

Le quatrième jour de Septembre 1916, il s'était mis en marche avec quatre compagnons, Sinclair, Brady, James et Tippet, à la recherche au bas des falaises du point à partir desquels celles-ci pourraient être escaladées.


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p.2 (seconde de couverture manquante ?) : Coyne, la plus grande école électrique.

p. 4 : Un trésor enfoui peut encore être découvert en chimie etc.

p. 6 : Ralph 124C 41+ une romance en l'année 2660 à 700 ans d'aujourd'hui, Straford Company éditeurs, vendu par Experimenter Publishing Inc, au numéro de 230 de la cinquième avenue New York, N.Y.

p. 105 : Lancez votre entreprise à votre compte aujourd'hui-même ; Maintenant, la seconde édition de Magie Populaire est prête, 50 centimes en vente dans tous les kiosques.

p. 106 (troisième de couverture) : Gadgets, comment les fabriquer, en vente dans tous les kiosques.

p. 107 (quatrième de couverture) : Magie, facilement apprise à la maison, ébahissez vos amis ! Gagnez 250 à 1000 dollars par mois.

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce numéro.

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