Amazing Stories, le numéro 12 de mars 1927Feu vert livre / BD

Amazing Stories #012 (1927)
Titre complet : Volume 3, mars 1927, numéro 12.
Traduction Histoires étonnantes.

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Publicités toxiques.

Pour adultes et adolescents.

Présumé sorti en kiosque aux USA le 5 février 1927 daté de février 1927, prix 25 cents, soit 4.51 dollars 2024 en tenant compte de l'inflation (4,33 en Euro du 23 janvier 2025).

De Hugo Gernsback, F. R. S. (rédacteur en chef), Dr. T. O'Conor Sloane, M. A., Ph. D. (directeur de publication), Wilbur C. Whitehead, rédacteur littéraire, C. A. BRANDT, rédacteur littéraire.

Pour adultes et adolescents.

(revue littéraire de Science-fiction) Toujours des bizarreries ça et là, mais ce même sentiment étrange de découvrir avant l'heure le genre de récits qu'on nous prétend volontiers inédit au 21ème siècle, et des scènes qui rappellent franchement l'actualité récente : le ballet de drones du New-Jersey calqué sur l'ouverture du récit de Merritt, The Walking Dead et la Nuit des Morts Vivant déjà raconté par H. G. Wells.

Je n'en reviens pas en fait qu'à partir du moment où les récits des années 1920 voire du 19ème siècle sont correctement traduits, le résultat n'a rien de suranné et restent passionnant et inspirant, surtout à la lumière de ce qui est arrivé ensuite et nous arrive aujourd'hui.

Oui, il y a de l'amateurisme, et oui, il y a souvent ce besoin de ne pas démarrer directement l'action, typique du 19ème siècle et des siècles précédents, où rien n'était publié sans trois introductions et l'assurance que cette édition-ci était autorisée par le roi ou le pape ou je ne sais qui chargé de la censure, brûler les livres et le lecteur avec, une pratique qui s'est seulement virtualisée au 21ème siècle...

... et encore, cela dépend de quelle frontière vous avez passé et si vos autorités n'ont pas coupé à la fois l'eau, les crédits pour réparer le matériel des pompier et le cas échéant l'électricité, le téléphone et internet pour être absolument certain que votre bibliothèque et vous-même périrez incinéré, histoire de faire place nette du monde d'avant pour celui de la dictature planétaire annoncée des ultra-riches quasiment concrétisée en Europe de l'Extrême-Centre.

Oui, Gernsback et son équipe font du (très) bon boulot pour explorer et initier à un genre de littérature que tout le monde cherche encore à comprendre, écrire et lire, à une époque d'accélération toujours plus impressionnante du progrès qui émerveillent et des horreurs liées au progrès qui suivent et précèdent, bien au-delà de ce quiconque ose alors écrire dans le premier magazine historique de Scien-(ti/ce)-fiction.

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Les numéros de pages imprimés à l'intérieur ne tiennent pas compte des quatre pages de couverture.

p. 4 = 1082 : sommaire.

"Amazing Stories est publié le 5 de chaque mois. Il y a 12 numéros par année. L'abonnement est de 2.50 dollars (44.56 dollars 2024 idem euro) par an aux USA et possessions, 2,50 dollars (53.47 dollars 2024, idem en euro) au Canada et à l'étranger. Les pièces et timbres Etats-Uniens sont acceptés (pas les pièces et timbres étrangers, un exemplaire d'échantillon sera gratuitement envoyé à la demande... Toutes les contributions acceptées sont payées à publication. Amazing Stories est en vente dans tous les kiosques des Etats-Unis et du Canada. Agents européens S. J Wise et Cie 40 place verte, Antwerp, Belgique. Imprimé aux U. S. A."

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p.5 = 483 : Ours et Edito de Hugo Gernsback, F. R. S.

De la fiction extravagante aujourd'hui... à la froide réalité de demain.
PENSÉES OISIVES D'UN RÉDACTEUR EN CHEF AFFAIRÉ.

En ouvrant ce numéro, vous noterez une différence avec le papier. Nous avons fait de grandes dépenses pour adopter cet excellent papier, qui est plus lisse et s'imprime bien mieux que notre précédent papier d'art, qui certains de nos correspondants étaient enclins à qualifier de "papier d'emballage"? Bien sûr, le magazine n'est plus aussi épais, et nous avons fait ce changement seulement parce il y avait tellement de gens qui n'aimaient pas le papier. Un sondage de 200 personnes a apporté ce résultat surprenant--plus de 190 étaient en faveur du nouveau papier. Bien sûr ce nouveau papier nous coûte beaucoup plus, mais nous voulons au-dessus de tout vous plaire.

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Ce que vous venez de lire est écrit dans le style à reluire d'un rédacteur en chef à la page, mais la vérité simple et sans fard est que le nouveau papier nous coûte moins cher que l'ancien. Vous ne voudrez probablement pas le croire, et vous classerez cela dans la catégorie des histoires étonnantes. Néanmoins, il nous coûte vraiment moins cher. Quand nous vous avons présenté à l'origine AMAZING STORIES, nous avions pensé nécessaire de vous donner de l'épaisseur en échange de votre argent. D'où le papier épais, qui avait été fabriqué spécialement en fonction de nos demandes. Un tel papier n'avait jamais été fabriqué auparavant. A présent il est connu sous le nom du Tissé épais AMAZING STORIES. Nous nous désolons d'en arrêter la fabrication parce que, personnellement, nous l'aimions. Mais nous savons que vous aimerez le nouveau papier, et après tout, c'est ce qui compte.

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Comme l'un de nos lecteurs nous l'a fait remarquer, le rédacteur en chef d'AMAZING STORY ne s'endort pas sur un lit de roses. Plutôt tout le contraire. Le lit est plein d'épines, et s'il y a aussi des roses, je n'en donnerais pas un sentime. (NDT jeu de mots sur scent et cents).

C'est le périodique le plus difficile que j'ai eu la chance de diriger. Le fait étrange est qu'il n'y en a pas deux lecteurs qui aiment la même chose. Il est étonnant que les bulletins de vote (NDT à découper dans chaque numéro pour envoyer un classement des récits en fonction de leur qualité aux yeux du lecteur) démontrent que pratiquement à chaque fois, 50 pour cents des lecteurs détestent un récit que les autres 50 pour cents portent aux nues...

(...) Si vous-même, lecteur, étiez le rédacteur en chef, quel serait votre réaction à une telle situation ? Hésiteriez-vous à propos du prochain récit avant de le publier, ou bien iriez-vous tout simplement vous jeter aux poissons tout en jetant l'éponge ?


NDT: On dirait bien à la prolifération des jeux de mots que le rédac chef nous fait réellement une petite déprime. Le plus probable est qu'en réalité, il n'a pas eu de meilleur idée pour son édito que de répéter ce qui est répété aux lecteurs qui ont des reproches à faire à tel récit publié dans un numéro précédent : d'autres lecteurs, jamais cités nommément, ont adoré.

Je ne fais ni l'un ni l'autre.


C'est de la rhétorique et surtout un faux choix : vous feriez quoi vous si vous voulez diriger un magazine contre de l'argent et que c'est votre métier, vous vous suicidez ou vous dirigé votre magazine contre l'argent ?

Je me contente de continuer à sourire, parce que j'ai l'impression d'avoir une idée au fond du crâne, laquelle à mes heures les plus lucides, se développerait sans doute comme suit :

"Voici Amazing Stories, une toute nouvelle sorte de magazine, différent de tout ce qui a jamais été publié à ce jour peu importe où (NDT dans l'univers). En d'autres mots, c'est un travail de pionnier. Personne n'a jamais publié un tel magazine, il n'y a pas de précédent. Ayant fait de la scientifiction mon passe-temps favori depuis l'âge de 8 ans, j'en sais probablement au moins autant sur ce sujet que n'importe qui d'autre, et l'expérience au long cours m'apprendra exactement quel est le type de récit qui sera acclamé par la plus vaste majorité. Donnez aux lecteurs la meilleur sorte de récits que vous pouvez vous procurer. Testez d'abord les meilleurs classiques (du genre) et récoltez les réactions des lecteurs. Quand le magazine aura été publié pendant un an, vous aurez alors une idée plutôt bonne de quelle sorte de récit a le plus d'attrait.

"Entretemps, vous naviguez sur des eaux non cartographiées, et vous serez voués à heurter quelques récits de temps en temps, mais si vous naviguez avec compétence, le magazine restera à flot."

Ce qui est écrit plus haut est très probablement ce qui est en train d'arriver. Bien sûr, nous ne faisons pas de gâchis parce que nous tirons à 150.000 exemplaires désormais. C'est un signe de bonne santé, et cela démontre qu'il y a de la place pour un magazine consacré à la Scientifiction.


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Pouvons-nous vous demander de remplir tout particulièrement le bulletin de vote de ce mois ? Vous noterez qu'il a quelque peu changé. Quelques questions telles concernant l'illustration ont été ajoutées, et nous aimerions avoir vos réaction en rapport avec ces questions. C'est, comme toujours, la majorité qui décidera.

Le concours au prix de 500 dollars annoncé dans notre numéro de Décembre est désormais clos au moment où nous imprimons ce numéro. Il a été un succès des plus stupéfiant et a dépassé de loin nos attentes les plus optimistes. La qualité autant que la quantité ont été gratifiante. Nous avons reçu pas moins de 360 manuscrits de toutes les parties du monde. Bien entendu, il nous a été impossible à ce jour de tout lire. La majorité, toutefois, semble avoir été de qualité, et démontre un haut niveau d'ingéniosité. Nous ne tarderons pas à publier les premiers textes dans un futur numéro.

Comme vous l'avez noté, nous avons mis en place récemment des petites annonces et une rubrique "Discussions". Celle-ci, incidemment, a été largement appréciés et est lue avidement par la plupart de nos lecteurs. A présent, si chacun de nos lecteurs pouvait attirer l'attention d'un de ses amis sur AMAZONG STORIES nous devrions rapidement être en mesure d'augmenter d'un tiers la quantité de texte du magazine. Notre objectif est de faire paraître un livre d'au moins 150 pages au cours de l'année à venir. Si vous le voulez, donnez de l'élan à AMAZING STORIES.


NDT : Toujours un mélange de bonnes idées et de recette de l'école de commerce et autres "comment vous faire des amis facilement et les faire cracher au bassinet." Gernsback est un bon commerçant et sait vendre un magazine.

Une chance qu'il aime réellement la science-fiction, et l'âge de 8 ans sonne d'autant plus authentique que c'était, il me semble, aussi mon âge quand j'ai commencé à dévorer les livres de Science-fiction (jeunesse et adolescent) de ma bibliothèque de quartier.

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Amazing Stories, le numéro 12 de mars 1927
p.9 = 1086 : THE GREEN SPLOTCHES ("Les éclaboussures vertes") de T. S. Stribling.

(Transcrit du journal de terrain de James B. Standifer, secrétaire de l'expédition géographique DeLong pour le Rio Infiernillo au Pérou, avec note introductive de J. B. S.)

Notes du secrétaire.
Ce témoignage étrange, sinon sinistre, de l'expédition géographique DeLong pour le district d'Ayacucho au Pérou, est révélé au public afin qu'une plus grande circulation des faits ici consignés puisse conduire à une résolution quelconque de l'énigme contenue dans ce narratif... En conclusion, l'auteur souhaite admettre que sa préférence va à la théorie des Incas expliquant ce narratif, et le lecteur est averti que ce biais peut avoir influencé ce rapport. Quoi qu'il en soit, il n'a pas été dans l'intention de l'auteur de réfuter en distordant les faits la théorie des Bolcheviques du professeurs Demetrius Z. Demetriovitch, l'attaché roumain de l'expédition, ou l'hypothèse Jupiterienne de notre estimé président, l'Honorable Gilbert H. Delong, qui, il se doit d'être dit, est l'homme le plus tolérant des opinions des autres. --James B. Standifer, Sec. DeL. Geo Exp. (NDT second officier de l'expédition géographique Delong), le 17 septembre 1919.

Notes du transcripteur.
L'auteur a recontré l'Expédition géographique Delong à Colon en juin 1919 alors qu'elle était en route pour NewèYork. Sa curiosité fut fortement stimulée par le fait que chaque membre de l'équipage, jusqu'au secrétaire de 24 ans de l'expédition, semblait souffrir d'une sorte de dépression de la nature d'une obusite.


Notes de traduction : l'obusite en 1919 à 1927 désigne le syndrome de stress post-traumatique, popularisé par le retour des vétérans des tranchées de la seconde guerre mondiale, équivalent du traumatisme moderne du harcèlement au travail, des victimes d'agression, d'attentat, de génocide, camps de concentration et toujours des vétérans.

Señor Ignacio Ramada, préfet du district d'Ayacucho, colla ses lèvres rouges sous sa moustache pour décourager un bâillement puissant. C'était en plein milieu de la siesta, le Soleil au plus haut de la journée...


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Amazing Stories, le numéro 12 de mars 1927
p.34 = 1112 ; UNDER THE KNIFE ("Sous le couteau") par H. G. Wells.

"Et si je mourrais alors ?" La pensée me revenait encore et encore, comme je retournais à pieds à la maison depuis Haddon. C'était une question tout à fait intime. J'avais été épargné par les anxiétés les plus profondes de l'homme marié, et je savais qu'il y avait bien quelques un de mes amis proches qui trouveraient bien ma mort embarrassante, principalement en tenant compte de leur devoir de regret. J'étais en fait surpris, et peut-être même un peu humilié, alors que je tournais et retournais l'affaire dans ma tête pour essayer de concevoir comment si peu pourraient faire davantage sur le sujet que ce qui serait socialement attendu d'eux. Les choses m'apparaissaient soudain privée du moindre attrait, à la dure lumière du jour, pendant tout le long de" cette marche à pieds depuis le domicile de Haddon jusqu'à la Colline des Primevères. C'était des amis d'enfance ; je réalisais à présent que notre affection relevait seulement d'une tradition que nous avions plus ou moins laborieusement lutter à respecter. Il y avait aussi mes rivaux et mes soutiens au fil de ma présente carrière : je supposerais que j'avais été froid et peu démonstratif-- l'un impliquant sans doute l'autre. Il aurait même se trouver que l'aptitude à l'amitié fusse d'abord une question de biologie. Il y avait bien eu un moment dans ma propre vie où j'avais amèrement souffert de la perte d'un ami ; mais comme je revenais chez moi à pied cet après-midi-là, l'aspect sentimental de mon imagination était en sommeil. Je ne pouvais pas m'apitoyer sur moi-même, et pas davantage me sentir triste pour mes amis, ni même les imaginer se lamenter au sujet de ma propre perte.

(...) Cette anesthésie de sentiment était-elle par elle-même une anticipation ? Il était curieux que je puisse raisonner et naviguer tout un labyrinthe de suggestions aussi lucidement que d'habitude ; tout au moins, c'était ce qu'il me paraissait. Il s'agissait d'un calme plutôt que d'une anesthésie, qui me gagnait tout entier. S'agissait-il d'un quelconque argument en faveur de la croyance en la prescience de sa propre mort ? Est-ce qu'un homme à l'approche de la mort bat instinctivement retraite face au tissu de matière et de perception, cela avant même que la main glacée se pose sur la sienne ?

(...) Quelque part en ayant pratiquement descendu la Promenade, je m'aperçus que j'étais fatigué, et que mes pieds se faisaient lourds. Il faisait chaud cet après-midi-là, et je me détournais vers le côté pour m'asseoir sur l'un des sièges verts qui jalonnaient ce parcours. En l'espace d'une minute, j'avais déjà baissé le nez, glissé dans un rêve, et la grande marée de mes pensées fut balayée par une vision de résurrection. J'étais encore assis sur mon siège, mais je me pensais moi-même réellement mort, flétri, en lambeaux, desséché, un oeil (je le voyais) arraché par les oiseaux. "Réveil !" cria une voix ; et sans transition, la poussière du chemin et la terre moisie sous l'herbes s'insurgèrent. Je n'avais jamais auparavant songé à Regent's Park (NDT : Le parc du Régent à Londres) comme à un cimetière, mais à présent, à travers les arbres, et d'aussi loin que le regard pouvait porté, je contemplais une plaine étale de tombes qui se tortillaient et de pierres tombales qui vacillaient ; les Morts qui se relevaient semblaient étouffer alors qu'ils luttaient pour émerger, ils saignaient dans leurs tentaives, la chair sanglante leur était arrachée de leurs os blanc. "Réveil !" criait la voix ; mais j'étais déterminé à ne pas me relever devant de telles horreurs. "Réveil !"


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Amazing Stories, le numéro 12 de mars 1927
p.40 =1118 : THE HAMMERING MAN (L'homme martelant) de Edwin Balmer et William B. MacHarg.

Luther Trant, le matin pluvieux du 12 avril, était assis tout seul dans son bureau. Sur son poignet, comme il se penchait près d'un tas de pages dactylographiée qui s'étalaient devant lui sur sa table de travail, un petit instrument en mouvement perpétuel cliquetait tel une montre. C'était pour lui son heure de détente ; il lisait de la fiction. Et dans sa passion pour la mesure explicite de la mécanique de son esprit, il tenait un journal permanent de ses sentiments alors qu'il lisait.

L'instrument attaché au bras de Trant était appelé un sphygmograph. Il comprenait une petite baguette dentée pressée fermement sur l'artère de son poignet. Cette baguette montant et descendant à chaque afflux de sang à travers l'artère, transmettait son mouvement à un système de petites crémones. Ces crémones dirigeaient la pointe d'un stylet qui touchait la surface d'un tambour tournant. Et comme Trant avait ajusté autour du tambour une bande de papier fumé, le stylet traçait sur sa surface couverte de suie une ligne ondulante continue qui montait et descendait à chaque battement de coeur du pouls du psychologue.

Comme son intérêt pour le récit serrait le coeur de Trant, cette ligne ondulante s'aplatissait avec des pics toujours plus écartés. Et quand son intérêt retombait, la ligne devenait régulière dans ses ondulations. En cas d'un incident plus excitant, les pics montaient plus haut. Et le psychologue était en train de noter avec satisfaction combien les variations continuelles de la ligne prouvaient définitivement l'emprise sans faille du récit, quand il fut soudain interrompu par la sonnerie stridente de son téléphone.


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Amazing Stories, le numéro 12 de mars 1927
p. 49 = : ADVANCED CHEMISTRY ("Chimie niveau supérieur") par Jack G. Huekels.

Le professeur Carnonic travaillait diligemment dans son laboratoire spacieux, analysant, mélangeant et expérimentant. Il s'était investi durant plus de quinze années à la recherche du même bonheur, dans la même maison, le même laboratoire, avec la même domestique, une négresse qui, au fil de ses longues années de service, avait atteint la corpulence et la responsabilité d'un poids de deux cents-quatre-vingt-dix livres (NDT 130 kilogrammes).

"Mag Nesia, appelait le professeur. Le nom de la domestique était Maggie Nesia -- le professeur Carbonic avait contracté le titre pour gagner du temps, car un quinze année il n'avait pas atteint les sommets de la renommée ; il devait donc travailler plus dur et plus vite car la vie est courte, et se devait d'éliminer l'honteux gaspillage de temps qui aurait consisté à maintenir le "gie" de Maggie.

"Mage Nesia !" répéta le professeur.

La vieille négresse entra en roulant lentement des hanches dans la pièce.

"Débarrassez-moi de ceux-là et apportez-moi celui que le gamin a apporté aujourd'hui." Il lui tendait un plateau contenant trois rats morts, dont le cerveau avait été sujet d'analyse.

"Oui, Marse," répondit Mag Nesia sur un ton acide citrique...


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Amazing Stories, le numéro 12 de mars 1927
p.52 = : THE PEOPLE OF THE PIT (Le peuple du gouffre, titre français : les êtres de l'abîme) par A. Merritt.

Droit devant nous au nord, une colonne de lumière montait pour s'arrêter à mi-chemin du zénith. Il montait de derrière la montagne déchiquetée en direction de laquelle nous avions forcé notre marche toute la journée durant. Le rayon se découpait à travers une colonne du brume bleue dont les bords étaient tranchés aussi franchement que la pluie violente que déversait un cumulus orageux. On aurait dit le rayon d'un projecteur à travers la brume azurée et il ne projetait aucune ombre.

Comme il frappait vers le haut, les cinq sommets s'en trouvaient surlignés abrupts et noirs, nous vîmes que toute la montagne se trouvait être en forme de main. Comme la lumière en traçait la silhouette, les doigts gigantesques des pics semblaient se tendre, et la masse qui constituait la paume semblait pousser. C'était exactement comme si elle aurait fait un geste pour repousser quelque chose. Le faisceau éblouissant perdura un moment, puis se brisa en myriades de globules oscillant d'avant en arrière tout en chutant lentement. Elles semblaient comme en quête.

La forêt était devenue très calme. Chaque bruissement d'arbre retenait son souffle. Je sentis les chiens se presser contre mes jambes. Eux, aussi, étaient silencieux ; mais chaque muscle de leurs corps tremblaient, leur poil était dressé raide sur leurs dos, et leurs yeux, fixés sur la cascade d'étincelles phosphorescentes, étaient luisant de terreur.

Je regardais Starr Anderson. Il fixait le Nord où une fois de plus le faisceau avait pulsé vers le ciel.
"La montagne en forme de main !" J'articulais sans bouger les lèvres. Ma bouche était aussi sèche que si Lao T'zai lui-même y avait déversé sa poudre de terreur jusqu'au fond de ma gorge.
"C'est la montagne que nous recherchions, il répondit sur le même ton.
"Mais cette lumière-- c'était quoi ? Certainement pas une aurore boréale, je répondis.
"Qui a jamais entendu parlé d'une aurore à ce moment de l'année ?"
Il avait dit de vive voix la pensée même que j'avais à l'esprit.
"Cela me laisse penser que quelque chose est traqué par là-haut, il déclara : que les lumières chassent, de manière diabolique-- et c'est une bonne chose que nous nous trouvons hors de portée."


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Amazing Stories, le numéro 12 de mars 1927
p. 60 = 1138: THE LAND THAT TIME FORGOT ("le pays que le temps avait oublié" ; titre français : Caspak, monde oublié) de Edgar Rice Burroughs, seconde partie.

CHAPITRE VIII (NDT : 8)

C'était un triste départ en congé comme dans le silence je serrais les mains de chacun des trois hommes restant. Même le pauvre Nobs paraissait abattu alors que nous quittions le camp fortifié et nous nous mettions en marche sur la piste bien marquée du ravisseur.

Pas une fois je ne détournais mon regard en me retournant vers Fort Dinosaure. Je ne l'avais plus contemplé depuis -- et pas davantage je ne devrais le revoir. La piste menait vers le Nord-Ouest jusqu'à ce qu'elle atteignent l'extrémité ouest des falaises de grès au Nord du fort ; là, elle courait le long d'un sentier clairement tracé orienté sud-nord droit dans un territoire que nous n'avions pas encore explorée. C'était une contrée en pente douce, seulement barrée de rares crêtes de grès et de bandes de forêts denses qui s'ouvraient sur de vastes et larges prairies à la manière d'un jardin public, sur lesquels paissaient d'innombrables animaux herbivores -- des biches rousses, des aurochs, une infinie variété d'antilopes et au moins trois espèces distinctes de chevaux...


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p.102 : DISCUSSIONS: le Courrier des lecteurs et réponses de la rédaction, parmi lesquels...

* un certain Antonio G.O Gelineau de Burlington VT. qui n'a rien d'autre à faire que de critiquer les lettres des lecteurs des numéros précédents, air connu à la puissance un million au 21ème jour. Il est vrai que sucer la rédaction est le plus sûr moyen d'avoir sa lettre publiée dans un numéro suivant, mais ce genre de courrier aurait été de nos jour généré par chat-gpt en un claquement de doigt. Il y a plusieurs autres courriers de ce genre qui n'apportent rien de fait au lecteur.

* Edgar Evia de New-York rapporte qu'en 1835 le chroniqueur du North American Review n°89 d'octobre doutait déjà fortement de la véracité du reportage. Le même lecteur suggère de ne pas publier les suites de qualité inférieure à un récit déjà publici, ici A Columbus of Space, et la rédaction pour une fois le concède.

* Howard Bowman de Los Angeles, Californie n'y va pas par quatre chemins :

Je viens juste de lire avec grand intérêt les discussions de votre numéro de janvier 1927. Ce n'est pas sans grande surprise, de ce fait, que je trouve un défaut à Amazing Stories que j'avais depuis longtemps relevé dans Science et Inventions (NDT du même éditeur, même rédacteur en chef)

(...) Quand vous recevez une lettre qui critique la publication, vous déclarez que cette critique est injuste, mais vous ne dites pas pourquoi... Je l'affirme avec M. Spurling de Elgin dans l'Illinois que THE MOON HOAX était (un récit) pourri. Tout ce qu'il présentait (en sa faveur) était seulement une liste de faits décrivant un phénomène inhabituel. Vrai, c'était de la fiction, dans le sens d'une colossale tromperie, mais je suis persuadé que, compte tenu de la manière dont nous sommes supposé interpréter (le mot) Scientifiction, ce n'est certainement pas un récit correct (pour être admis à la publication dans Amazing Stories).

(...) En ce qui me concerne, les récits de Jules Verne ne sont pas des "vieux trucs" du fait qu'il n'existe qu'un ou deux de ses romans disponibles à la bibliothèque que je fréquente, et à cet égard, je serais en assez grand désaccord avec R. H. Campbell de Toledo, dans l'Ohio.

Bien à vous des plus longues et meilleures histoires étonnantes (NDT Amazing Stories).


... Ce à quoi la rédaction ose répondre par un disque rayé, strictement ce qu'elle a déjà répondu à qui avait jugé The Moon Hoax pourri et n'ayant rien a faire dans les colonnes de Amazing Stories, en gros on ne peut pas plaire à tout le monde et tout le monde a adoré sauf vous. Sauf que la critique ne porte pas sur ces points, mais sur le fait qu'il ne s'agit pas d'un récit littéraire de Scientifiction comme annoncé pour justifier le prix d'achat.

Par exemple, qu'est-ce qui empêcherait à ce compte-là Amazing Stories de publier un discours politique délirant d'une étoile montante de la politique allemande sur le futur de son troisième empire, au titre que les lecteurs pourraient aimer les aspects scientifiques et prospectifs : après tout, le même empire aura bien mis au point des fusées des plus efficaces pour réduire en cendre les habitants de leurs villes ennemis, et les mêmes ingénieurs sont bien ceux qui ont lancé et fait réussir le programme spatial américain ?

Il pourrait s'agir d'un problème d'égo qui affleure encore et encore de numéros en numéros, et pas seulement dans le magazine pionnier Amazing Stories, mais dans les autres magazines, et/ou un indice de quelque chose de plus inquiétant.

Je n'irais cependant pas oser écrire comme la wikipédia que s'intéresser à la science-fiction implique être autiste asperger, et que comme Luc Ferry que tous les autistes Aspergers sont des barjots, donc tous les gens qui travaillent ou lisent de la science-fiction sont des barjots qui devraient être muselés, interdit de donner leur avis ou prendre la moindre décision, et encore moins juger des politiques trahissant systématiquement leurs électeurs appuyés par des "journalistes" et autre petit personnel révisionniste laveur de cerveau...

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FBK de Lancaster, Wisconsin a perdu de vue une araignée aperçue en promenade avec sa soeur ce qui rend bien sûr la nouvelle THE MAN WHO COULD VANISH du numéro de janvier plausible scientifiquement. Qu'il disait.

La lettre du béni-oui-oui est bien sûr publiée par la rédaction en contre-feu de celle de Wesley A. Kauder de Jamestown N.D. qui relève une fois de plus l'ineptie totale de la science selon certains récits spectaculaires, tels the SECOND DELUGE, et sa réponse doit se lire à la lumière de la rengaine présente sur le réchauffement climatique et la montée des eaux,

 

Depuis que j'ai lu The Second Deluge, je ne cesse de me poser cette question : "Où pourrait bien aller une épaisseur de 10 kilomètres d'eau (NDT salée, nous parlons des océans qui submergent tous les continents) quand les eaux sont censées se retirer ?"

Même l'explication de Cosmo Versal selon laquelle l'eau aurait été aspirée par la croûte terrestre me parait inadéquate. L'idée qu'elle puisse s'évaporer dans l'espace est bien sûr impossible, une fois fois qu'elle s'est accumulée sur la terre, parce que cette eau ne pourrait pas aller plus loin que l'atmosphère qui ne peut en retenir que quelques pouces. Environ 25 pour cent de la surface de la planète est continentale, et une portion non négligeable est de la roche solide. Je doute que même 10 kilomètres de pression hydraulique pourrait forcer beaucoup d'eau en son épaisseur.

Bien entendu, l'énorme pression exercée sur les anciens fonds océaniques exerceraient en retour une poussée sur les hautes terres et peut-être feraient jaillir quelques pics montagneux, mais il me semble qu'il ne pourrait jamais y avoir de nouveau plus de 8 à 10% de terre sèches même après des millions d'années.


Ce à quoi la rédaction répond à nouveau par un argument d'autorité qui n'existe pas :

Concernant le problème des dix kilomètres d'eaux (NDT salée), il est admis qu'autant d'eau pourrait se retirer à l'intérieur de la (planète) Terre.


S'en suit du pur baratin (Gaslightning, éclairage au gaz), qui aujourd'hui serait généré pratiquement tel quel par Chat GPT, dont le large modèle langagier a pour consigne d'avoir raison quoi qu'il arrive ou d'embrouiller l'utilisateur humain s'il est pris en faute. Et de toujours s'excuser platement quand ça va trop loin, parce qu'on lui a répété que de cette manière, l'humain crédule croira qu'il est honnête et bien intentionné, alors que l'adage millénaire "L'erreur est humaine mais persévérer est diabolique" prend pleinement son sens au 21ème siècle, sur n'importe quel écran.

*

Et pas mieux au rayon plausibilité biologie et science de l'évolution comme le fait remarquer S. W. Ellis, qui rejoint trois autres critiques sur l'ineptie de l'invisibilité selon Amazing Stories.

En réponse à cette accumulation de retour de bons sens et d'authentiques raisonnements scientifiques, pourtant exactement le genre d'atttitude ce que Gernsback prétendait cultiver chez le peuple américain, la rédaction oppose une fois de plus son mépris le plus entier :

"A cela nous pouvons seulement répondre que si notre correspondant avait jamais mis les pieds dans des aquariums ou un musée d'Histoire Naturelle, il aurait pu constater sur pièce que les formes et la variété des êtres vivants est infinie et tout à fait étonnantes..."

Ce qui scientifiquement est ineptes : la variété par elle-même ne veut strictement rien dire, et pourquoi la rédaction ne justifierait pas les hommes sans tête, les cockatrix et tous les autres délire des tableaux de Jérôme Bosch et des plagieurs de Marco Polo, tant que cette rédaction y est ? Tiens, nous retombons sur le même problème de justifier la publication de la tromperie sur l'existence des habitants de la Lune en prétendant que c'est un récit de science-fiction à part entière : c'est à la fois vrai et faux, mais particulièrement faux si la cohérence des propos comptent, donc la santé mentale et la probabilité d'inventer du positif pour l'Humanité à l'avenir :

* non seulement la rédaction n'imagine même pas que ses critiques visitent les aquariums et les musées, et ouvrent les albums et les livres même sans image traitant d'histoire naturelle, mais en plus ils n'imaginent même pas que le lecteur puisse avoir déjà constaté chez lui, dans son jardin, ou n'importe où dans la nature voire même sous un microscope "l'infinie variété des êtres vivants"

* tout comme l'auteur décrié, mépris et ignorance totale des règles qui se dégagent de l'évolution (aka la nécessité de survivre) pour toute créature vivante sans quoi elle crève avant d'en être arrivée à peupler le monde réel ou supposé réel dans le récit.

* Egalement complètement ignoré le fait qu'un être vivant survit et évolue en communauté ou sociétés en fonction de son échelle, ne serait-ce que parce que la physique des particules, des cellules et des corps est fonction de la gravité, vitesse, radiation / convection, limite physique des nerfs à transmettre les informations, des ondes à franchir les distances, de la chimie de l'énergie donc de la nutrition, l'oxygénation etc.

Incidemment c'est parce que la planète Terre a gagné en masse que la gravité a augmenté et que les dinosaures trop gros ont dû évoluer en poulets et autres volatiles emplumés et non lézards pour finir chez McDo plutôt que dans Jurassic Park. Mais génétiquement, rien n'interdit en théorie de faire repousser un vélociraptor à partir d'un poulet et à partir de là d'ouvrir un autre genre de restauration rapide : rien n'aura arrêté à ce jour Pfeizer, Moderna, Bill Gates et autres Fort Deryck et tous ces laboratoires fabriquant des armes biologiques dans tous les points les plus instables de la planète.

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p.2 (seconde de couverture) : Gratuit ! Nous vous donnons ce livre de valeur... si vous vous abonnez à Science & Invention // si vous vous abonnez à Radio News.

p. 3 = 1081 : Une nouvelle manière d'apprendre l'électricité à la maison, dans le temps libre : du succès pour vous en électricité, une nouvelle sorte de garantie, etc.

p. 5 = 1093 : (L'école électrique Coyne) Où 1000 jeunes hommes apprennent l'électricité par un vrai travail... en 90 jours, etc.

p. 6 : Un trésor enterré peut encore se trouver en Chimie etc.

p. 51 = 1129 : une annonce bizarre.

Recherché : l'éditeur (NDT de Amazing Stories) a besoin d'une quantité d'anciens numéros de Amazing Stories pour Avril, Mai et Juin. Si vous avez des exemplaires de ces numéros, pourriez-vous êtres assez bon pour entrer en contact avec nous ? Ce serait apprécié. Signé l'éditeur.


Qu'est-ce que cela pourrait bien vouloir dire ?

* Est-ce qu'ils comptent revendre d'occasion (en quantité disent-ils) les exemplaires que les lecteurs ont déjà acheté en échange de leur "appréciation" ?

* Est-ce que les entrepôts contenant les exemplaires déjà imprimés ont brûlé aux bons soins des gens que l'éditeur payait pour les garder en sécurité ? Parce que c'est quelque chose qui est constamment arrivé aux petits éditeurs de Science-fiction tout au long du 20ème et début du 21ème siècle.

* Est-ce que la rédaction compte détruire ces exemplaires récupérés pour faire monter la côte des anciens numéros détenus par des collectionneurs ?

* Est-ce que c'est un problème rapport à des autorités type boursières ou le syndicat de l'édition, un peu comme ces dernières années Hasbro était sous la menace des autorités boursières pour avoir imprimés tellement de cartes Magic etc. qu'en douce le fabriquant les jetait sur des décharges publiques alors que les paquets étaient côtés astronomiquement, le but étant de mentir sur la valeur globale de la société ?

* Pourquoi ne pas en avoir fait le sujet d'un édito, ou d'un concours (!) si c'était si apprécié que cela par l'éditeur ?

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Ici la page du forum Philippe-Ebly. fr consacrée à ce numéro.

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