Un jour une bergère, le film musical de 1934Feu orange cinéma

Babes In Toyland (1934)
Traduction du titre original : Des enfants au Pays des Jouets.
Autres titres : March Of The Wooden Soldiers (La marche des soldats de bois)

Sorti aux USA le 14 décembre 1934.
Sorti en blu-ray américain le 14 septembre 2010 (multi-régions, pas de version ou sous-titres français, version noir et blanc et couleur, pas de détails fins).

De Gus Meins et Charley Rogers, sur un scénario de Frank Butler, Nick Grinde et Anna Alice Chapin ; avec Stan Laurel, Oliver Hardy, Virginia Karns.

Pour tout public.

Stannie Dum (l'idiot) et Ollie Dee habitent (et surtout dorment) au pays des jouets, un grand village fortifié au milieu de la montagne dans lequel tous les jours il y a une fête d'où la police doit chasser les enfants pour que ceux-ci daignent se rendre à l'école. Tous les personnages de contes de fées y vaquent à leurs affaires et élèvent leurs familles nombreuses, avec pour voisins des bêtes humaines - les trois "petits" cochons, le chat violoneux. Ce matin-là comme tous les matins, la petite vieille dame - Mère Beep - qui vit dans une chaussure envoie la jolie Mademoiselle Bo-Beep garder ses moutons.

Immédiatement après le départ de la jeune fille arrive Monsieur Silad Barbaby, l'homme le plus méchant de la ville, qui vient demander à la voir. La petite vieille envoie Barnaby au pré et là-bas, Barnaby la demande en mariage. Comme Bo-Beep refuse, Barnaby la menace. Le vieil homme revient alors frapper chez la mère de Bo-Beep pour lui annoncer que l'hypothèque qu'elle lui doit est exigible le jour-même, parce que c'est comme cela.

Barnaby parti, Stannie Dum et Ollie Dee descendent de leur chambre - l'un par l'escalier, l'autre par la fenêtre, et comme la Mère Beep leur remet leur sandwich pour la journée, Ollie lui demande pourquoi elle pleure, et Mère Beep leur annonce qu'ils devront trouver une autre chambre, car sa maison-chaussure va être saisie par Barnaby si elle ne parvient pas à le payer ce jour. Ollie propose de lui reverser la totalité de ses gages. Sauf que la boite censée contenir l'argent ne contient qu'une reconnaissance de dettes de Stannie de 1$48, Stannie ayant emprunté l'argent pour fabriquer des Pee-Wees. Ollie promet alors qu'il obtiendra l'intégralité de son salaire de leur employeur à Stannie et Ollie - le Fabriquant de Jouets.

Devant la porte de Mère Beep, Ollie exige de savoir ce que sont les Pee-Wees que Stannie fait fabriquer, et Stannie fait une démonstration : un simple petit bout de bois taillé de manière à rebondir et voler quand on lui donne un coup de bâton d'une certaine manière. Au cours de la démonstration, un Pee-Wee fait tomber le chapeau de Monsieur Barnaby, qui punit Ollie en brisant son bâton et en lui arrachant la moitié de sa moustache. Stannie lui propose de lui recoller ses poils, mais Ollie et refuse, et quand Stannie demande à aller acheter un autre Pee-Wee après le travail, Ollie le pousse en direction de leur travail.

Ollie et Stannie trouvent leur employeur d'une humeur massacrante car ils sont en retard. Alors qu'ils sont à l'établi, s'en suit un débat sur lequel des deux leur patron aime le plus - Stannie, selon Ollie - afin que celui-ci aille demander l'avance pour aider Mère Beep. Stannie appelle alors leur patron en prétendant que Ollie a une question à lui poser, mais leur patron refuse de lui parler car ils doivent rattraper leur retard. Leur employeur ponctuant sa réponse d'un coup de gros marteau sur la table, la voiture jouet sur laquelle Stannie travaillait démarre en trombe et va frapper un pot de peinture... qui se renverse sur le grand livre que lisait le patron.

Du côté de la jolie Bo Beep, celle-ci a encore perdu ses trois moutons, distraite par la sérénade de Tom-Tom. Elle et Tom-Tom s'en vont donc demander des nouvelles au village, ameutant la population toute entière. Les moutons retrouvés, Tom-Tom annonce son prochain mariage avec Bo-Beep. Pendant ce temps, Ollie et Stannie présentent la commande qu'ils ont fabriqué pour le père Noël : cent soldats de bois de six pieds (1m80) de haut qui sortent tout seul de leur boite quand on presse le bouton dans leur dos. Sauf que le père Noël avait commandé 600 soldats d'un pied (33 cm) de haut.

Un jour une bergère, le film musical de 1934

Un jour une bergère, le film musical de 1934

Un jour une bergère, le film musical de 1934

Un jour une bergère, le film musical de 1934

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Le Chat Noir, le film de 1934Feu vert cinéma

The Black Cat (1934)
Autre titre : The Vanishing Body (le cadavre disparu).

Sorti aux USA le 7 mai 1934.
Sorti en France le 13 mars 1936.
Ressortie aux USA le 19 août 1938.
Sorti en Angleterre le 10 mars 1939.
Sorti en blu-ray américain le 18 juin 2019.
Sorti en blu-ray français le 25 juin 2019 (blu-ray + DVD Elephants Film)

De Edgar G. Ulmer, sur un scénario de Edgar G. Ulmer, Peter Ruric et Tom Kilpatrick : inspiré d'un récit d'Edgar Allan Poe ; avec David Manners, Julie Bishop, Bela Lugosi, Boris Karloff.

Pour adultes

(horreur fantastique) La cohue des passagers à la sortie de la gare Grand Central de New-York City, le départ d’un autre train de nuit cette fois de Paris : à bord de l’Orient Express, la police contrôle passeport de jeunes mariés, Monsieur Peter Alison et Madame Joan Alison, deux jeunes mariés tout à leurs câlins. Madame demande à Monsieur s’il a faim. Pas vraiment, répond Monsieur, mais ils éclatent de rire. Madame avoue qu’elle meurt de faim. Puis le chef de wagon vient s’excuser, il y a eu une terrible erreur : quelqu’un d’autre va voyager avec eux dans le même compartiment. L’intrus en question survient, et propose de se débrouiller dans un autre wagon, mais Monsieur affirme qu’il n’y a pas de problème l’intrus s’installe. L’arrivé de l’inconnu a jeté un froid, et ce n’est que lorsqu’un choc fait tomber un bagage que Monsieur Alison et le nouveau venu rattrape précipitamment que les présentations se font et que l’inconnu — le docteur Vitus Werdegast — explique qu’il fait le voyage pour visiter un vieil ami.

Comme le jeune couple s’est endormi, Werdegast commence à caresser les cheveux de la jeune femme. Surpris par le réveil intempestif du mari, il demande l’indulgence explique qu’il y a 18 ans il a quitté une jeune fille qui ressemblait tellement à Joan Alison. Pour aller à la guerre. C’était son épouse à lui. Puis il parle d’une prison où beaucoup d’hommes sont allés, mais bien peu en sont revenu. Lui en est revenu, après quinze années. Le train s’arrête dans la nuit et par une pluie battante. Quelques passagers descendent, dont le jeune couple et l’inconnu. Ils embarquent dans le bus de leur hôtel tandis que les éclairs et le tonnerre se succède. Le chauffeur joue les guides (en oubliant de regarder la route).

D’un coup, le bus quitte la route et se renverse dans un ravin. Monsieur Alison constate que le chauffeur est mort et les passagers survivants gravissent, valises à la main et Mme Alison évanouie et blessée dans les bras du quatrième passager, le plus fort. La route qui mène à une demeure moderne au sommet du colline, celle que l’inconnu venait visiter. Le maître des lieux, sinistre et anormalement pâle, Hjalmar Poelzig, vient visiter Joan Alison et constater que ses blessures sont légères. Werdegast complimente alors Poelzig : les années l’ont épargnées. Mais une fois seul dans le bureau de Poelzig, Werdegast annonce qu’il est venu tuer Poelzig, et surtout tuer son âme, l’accusant de l’avoir fait emprisonné. Mais avant de le tuer, Werdegast veut savoir ce que sont devenus son épouse et sa fille.

Le Chat Noir, le film de 1934

Le Chat Noir, le film de 1934

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Four Frightened People, le film de 1934Feu vert cinéma

Four Frightened People (1934)
Traduction : Quatre personnes effrayées.

Sorti aux USA le 26 janvier 1934 ;
Sorti en Angleterre le 27 février 1934.
Sorti en DVD américain.
Annonce en blu-ray américain le le 3 août 2021.

De Cecil B. DeMille, sur un scénario de Bartlett Cormack et Lenore J. Coffee ; d’après le roman de E. Arnot Robertson. Avec Claudette Colbert, Herbert Marshall, Mary Boland, William Gargan. Pré-code, tourné en décors naturels.

Pour adultes et adolescents.

À bord d’un vapeur colporteur fumant le long de la côte malaise, se trouvent beaucoup de manœuvres chinois — les coolies —, des passagers de toutes les races dont quatre qui se sont rencontrés par hasard : Steward Corder, un correspondant de presse et de radio d’un journal fameux à qui la civilisation a tout donné ; Mrs Mardick, l’épouse d’un officier britannique stationné en Malaisie, qui à travers ses activités associatives, détourne la civilisation à des fins personnelles, et cette saison, c’est diminuer le nombre de naissance ; Arnold Ainger, un chimiste sans importance spécialisé en caoutchouc , trop sensible et trop timide pour dégager son cou de la botte que la Vie a posé dessus ; et Judy Jones une institutrice de Chicaho, si peu importante que la Vie elle-même ne l’a pas remarquée. À l’esprit de chacun d’eux, il n’y a rien d’autre que la nécessité de parvenir à New-York City d’ici une certaine date — quand soudain le Destin mélange leurs cartes, et...

Dans la nuit, à bord du vapeur, deux coolies emballent l’un des leurs décédés et l’emporte sur le pont, tandis que le radio frénétiquement transmet en morse le message suivant : Appelons Singapour — peste à bord — peste bubonique — morts et mourants — ne pouvons pas garder secret longtemps — équipage et coolies se rebelleront — craignons mutineries — passagers ignorent situation — ...

À l’insu du capitaine, quatre passagers ont déjà sauté dans une barque malaise : tandis que Ainger le chimiste empêche l’institutrice de crier, ils se tiennent baissés pour ne pas être vus du pont, et le meneur tient sous la menace d’un pistolet le coolie qui conduit la barque. Comme la barque glisse le long du vapeur, ils sont éclaboussés par le cadavre que l’on balance du haut du pont : Corder estime qu’ils se sont échappés juste à temps, et Mrs Mardick traduit l’ordre de Corder de les emmener jusqu’à la rive. Comme enfin, on permet enfin à Judy de protester, Corder explique à nouveau pourquoi ils devaient absolument quitter le bord — les coolies mourants, ils seraient confinés à bord et mourraient à leur tour. Comme Mrs Mardick (et son petit chien) veut chaperonner Judy Jones, Corder la retient : les filles du genre de Judy se chaperonnent toutes seules.

Ils aperçoivent la côte : un grand feu derrière le rideau des cocotiers et des tambours. Ils débarquent et envoient le coolie en éclaireur. Le grand feu est tout proche, sûrement une cérémonie religieuse d’après Corder. Il y a aussi des chants. Soudain Judy poussent un hurlement : elle vient d’apercevoir une armée de cannibales qui se glissent furtivement entre les arbres à leur rencontre. Corder envoie Mrs Mardick et son chien parlementer, et elle retourne vite, épouvantée. Mais leur chef, un anglophone fort urbain qui porte la cravate d’un club anglais, les invite fort aimablement à les suivre afin qu’il les ramène à la civilisation...

Four Frightened People, le film de 1934

Sonya La Rousse, la nouvelle de 1934Feu orange livre / BD

The Shadow Of The Vulture (1934)
Traduction du titre original : L’ombre du Vautour.
Titre français : Sonia La rousse.

Sorti aux USA en janvier 1934 dans The Magic Carpet Magazine.
Traduit en français par François Truchaud en juillet 1985 dans Sonya La Rousse, traduction du recueil The Sowers of the Thunder (les semeurs de tonnerre) — le titre de la nouvelle de 1932 joint au recueil avec The Lion of Tiberias de 1933 aux éditions NEO FR.
Réédité au Fleuve Noir en 1992.
Retraduit par Patrice Louinet, compilé dans Le Seigneur de Samarcande, en juillet 2009 chez BRAGELONNE FR.

"Adapté" en film en 1985 sous le titre anglais Red Sonja, et le titre français Kalidor.

De Robert E. Howard.

Pour adultes et adolescents.

(presse, Fantasy historique, aventure) À Istanbul, le sultan ottoman Soliman le Magnifique renvoie chez eux les membres d'un envoyé diplomatique du Saint Empire qu'il a gardé emprisonné pendant neuf mois. Il reconnaît cependant l'un des membres, un chevalier du nom de Gottfried Von Kalmbach, qui l'avait grièvement blessé lors de la bataille de Mohács. Le grand vizir ottoman Pargalı Ibrahim Pasha confie au soldat très redouté, Mikhal Oglu, le soin de traquer Von Kalmbach et de récupérer sa tête.

Mikhal Oglu et ses guerriers font un raid dans la campagne entre l'Empire ottoman et Vienne pour préparer l'attaque de Soliman sur la ville. Ils attaquent un petit village danubien, dans lequel Von Kalmbach s'est endormi après avoir bu la nuit précédente. Il se bat pour se libérer et se rend à Vienne, où les habitants se préparent à l'arrivée de Soliman.

L'armée ottomane au complet arrive, et le siège commence. Von Kalmbach combat les soldats turcs qui envahissent les murs. Il rencontre une femme belliqueuse aux cheveux roux qui se bat aux côtés des hommes - la "Rouge" Sonya de Rogatino, qui se révèle être la sœur de la fille du harem préférée de Soliman, Hurrem Sultan. Lorsqu'un combat contre un certain nombre de Turcs s'avère insurmontable, elle vient en aide à Von Kalmbach.

*

Sonya La Rousse, la nouvelle de 1934

Le texte original de Robert E. Howard dans The Magic Carpet Magazine de Janvier 1934, illustré par M. Brundage.

1

“Are the dogs dressed and gorged?” — "Aye, Protector of the Faithful!” — "Then let them crawl into the Presence.”

So they brought the envoys, pallid from months of imprisonment, before the canopied throne of Suleyman the Magnificent, Sultan of Turkey, and the mightiest monarch in an age of mighty monarchs. Under the great purple dome of the royal chamber gleamed the throne before which the world trembled—gold- panelled, pearl-inlaid. An emperor’s wealth in gems was sewn into the silken canopy from which depended a shimmer¬ ing string of pearls ending a frieze of emeralds which hung like a halo of glory above Suleyman’s head. Yet the splendor of the throne was paled by the glitter of the figure upon it, bedecked in jewels, the aigret feather rising above the diamonded white turban. About the throne stood his nine viziers, in attitudes of humility, and warriors of the imperial bodyguard ranged the dais—Solaks in armor, blade and white and scarlet plumes nod¬ ding above the gilded helmets.

The envoys from Austria were properly impressed—the more so as they had had nine weary months for reflection in the grim Castle of the Seven Towers that overlooks the Sea of Marmora. The head of the embassy choked down his choler and cloaked his resentment in a semblance of submission—a strange cloak on the shoulders of Habordansky, general of Ferdinand, Archduke of Austria. His rugged head bristled incongruously from the flaming silk robes presented him by the contemptuous Sultan, as he was brought before the throne, his arms gripped fast by stalwart Janizaries. Thus were foreign envoys presented to the sul¬ tans, ever since that red day by Kossova when Milosh Kabilovitch, knight of slaughtered Serbia, had slain the conquer or Murad with a hidden dagger. (…)

4

(…)Bullets glanced from the crenelles and whined off venom¬ ously into space. One flattened against Gottfried’s hauberk, bringing an outraged grunt from him. Turning toward the abandoned gun, he saw a colorful incongruous figure bending over the massive breech.

It was a woman, dressed as von Kalm- bach had not seen even the dandies of France dressed. She was tall, splendidly shaped, but lithe. From under a steel cap escaped rebellious tresses that rippled red gold in the sun over her compact shoulders. High boots of Cordovan leather came to her mid-thighs, which were cased in baggy breeches. She wore a shirt of fine Turkish mesh-mail tucked into her breeches. Her supple waist was confined by a flowing sash of green silk, into which were thrust a brace of pistols and a dagger, and from which depended a long Hungarian saber. Over all was carelessly thrown a scarlet cloak.

This surprizing figure was bending over the cannon, sighting it in a manner betokening more than a passing famil¬ iarity, at a group of Turks who were wheeling a carriage-gun just within range.

''Eh, Red Sonya!” shouted a man-at- arms, waving his pike. "Give ’em hell, my lass!”
"Trust me, dog-brother,” she retorted as she applied the glowing match to the vent. “But I wish my mark was Roxelana’s-”

A terrific detonation drowned her words and a swirl of smoke blinded every one on the turret, as the terrific recoil of the overcharged cannon knocked the firer flat on her back.

*

Traduction au plus proche

1

« Les chiens sont-ils habillés et gavés ?" — "Oui, Protecteur des Fidèles !" — "Alors laissez-les ramper jusqu'à la Présence. »

Ils amenèrent donc les envoyés, blêmes après des mois d'emprisonnement, devant le trône à baldaquin de Soliman le Magnifique, Sultan de Turquie, et le plus puissant monarque d'une époque de puissants monarques. Sous le grand dôme pourpre de la chambre royale brillait le trône devant lequel le monde tremblait — lambrissé d'or, incrusté de perles. La richesse en pierres précieuses d'un empereur était cousue dans le dais de soie d'où pendait un chatoyant collier de perles terminant une frise d'émeraudes qui pendait comme un halo de gloire au-dessus de la tête de Suleyman. Cependant, la splendeur du trône était atténuée par le scintillement du personnage qui y était assis, paré de bijoux, la plume d'aigrette s'élevant au-dessus du turban blanc diamanté. Autour du trône se tenaient ses neuf vizirs, dans des attitudes d'humilité, et les guerriers de la garde du corps impériale étaient alignés sur l'estrade - des Solaks en armure, lames et plumes blanches et écarlates nichant au-dessus des casques dorés.

Les envoyés d'Autriche furent impressionnés comme il se doit, d'autant plus qu'ils avaient eu neuf mois de réflexion épuisante dans le sinistre château des Sept Tours qui domine la mer de Marmora. Le chef de l'ambassade étouffa sa colère et dissimula son ressentiment sous un semblant de soumission — un étrange manteau sur les épaules de Habordansky, général de Ferdinand, archiduc d'Autriche. Sa tête robuste se hérissait de façon incongrue des robes de soie flamboyantes que lui présentait le sultan méprisant, alors qu'il était amené devant le trône, ses bras étant fermement saisis par de robustes janissaires. C'est ainsi que les envoyés étrangers étaient présentés aux sultans, depuis ce jour rouge de Kossova où Milosh Kabilovitch, chevalier de la Serbie massacrée, avait tué le conquérant Murad avec un poignard caché. (...)

4

(...) Les balles jaillissaient des créneaux et s'échappaient dans l'espace avec un gémissement venimeux. L'une d'elles s'écrasa contre le haubert de Gottfried, lui arrachant un grognement outré. Se tournant vers le canon abandonné, il vit une silhouette incongrue et colorée se pencher sur la culasse massive.

C'était une femme, habillée comme von Kalmbach n'avait jamais vu les dandys de France s'habiller. Elle était grande, de forme splendide, mais souple. De sous une casquette d'acier s'échappaient des tresses rebelles qui ondulaient au soleil sur ses épaules compactes. De hautes bottes en cuir de Cordoue lui arrivaient à mi-cuisses, qui étaient enveloppées dans une culotte ample. Elle portait une chemise en fine maille turque rentrée dans sa culotte. Sa taille souple était délimitée par une ceinture fluide de soie verte, dans laquelle étaient glissés une paire de pistolets et un poignard, et d'où partait un long sabre hongrois. Par-dessus le tout était jeté négligemment un manteau écarlate.

Cette surprenante figure se penchait sur le canon, le regardant d'une manière qui dénotait plus qu'une familiarité passagère, sur un groupe de Turcs qui faisaient rouler un canon de charrette juste à portée.

"Eh, Sonya la Rousse !" cria un homme d'armes en agitant sa pique. "Envoie-les en enfer, ma fille !"
"Fais-moi confiance, frère de chien", rétorqua-t-elle en frottant l'allumette rougeoyante sur la bouche d'aération. "Mais j'aimerais que ma marque soit celle de Roxelana..."

Une terrible détonation étouffa ses paroles et un tourbillon de fumée aveugla tout le monde sur la tourelle, alors que le terrible recul du canon surchargé a fait tomber la tireuse sur le dos.

*

Sonya La Rousse, la nouvelle de 1934Sonya La Rousse, la nouvelle de 1934

La traduction française de François Truchaud de 1985 pour NEO (Nouvelles éditions Oswald)

« Hé, Sonya la Rouge ! cria un homme d'armes. Envoie-les en enfer, ma fille !
— Fais-moi confiance, camarade ! rétorqua-t-elle en approchant la mèche enflam­mée de l'orifice de la culasse.

Une détonation terrifiante recouvrit ses paroles. Un tourbillon de fumée aveugla tous ceux qui se trouvaient sur la tourelle. La femme qui s'appelait Sonya la Rouge poussa un hurlement de joie sincère. Le boulet de canon avait frappé de plein fouet les artilleurs turcs. Ils gisaient sur le sol, le crâne réduit en bouillie et le corps déchiqueté.

Gottfried von Kalmbach s'approcha, lorgnant avec une admiration non dissimulée le splendide renflement des seins de la jeune femme sous la cotte de mailles souple, la courbe de ses hanches pleines et ses membres ronds. Elle se tenait à la façon d'un homme, fièrement campée, jambes écartées et pouces glissés dans sa ceinture. Pourtant, tout proclamait la femme en elle. »

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Sonya La Rousse, la nouvelle de 1934

La traduction française de Patrice Louinet, de juillet 2009 pour BRAGELONNE FR.

... à venir.

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à cette nouvelle.

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