ImageFeu vert cinéma

Alice in Wonderland (1933)

Sorti en Angleterre le 18 décembre 1933.
Sorti aux USA le 22 décembre 1933.
Sorti en France le 15 mars 1934.

De Norman Z. McLeod ; sur un scénario de Joseph L. Mankiewicz et William Cameron Menzies, d'après les romans de Lewis Carroll ; avec Charlotte Henry, William Austin, Richard Arlen, Gary Cooper , W.C. Fields, Cary Grant.

Pour tout public.

La neige tombe drue sur la maison d’Alice, tandis qu’un feu crépite joyeusement dans la cheminée du salon. Renversée dans un fauteuil trop grand pour elle, la jeune fille feuillette un grand livre relié (avec des grandes images une page sur deux !), sa chatte Dina sous le bras et un chaton blanc à ses pieds. Alice semble cependant s’ennuyer profondément, et demande soudain d’une voie lasse, à une certaine Miss Simpson, si elle peut sortir à présent, et si la neige s’est arrêtée de tomber. La vieille Miss Simpson lui répond que pas vraiment, mais peut-être que ce sera le cas quand la grande sœur d’Alice rentrera à la maison, et peut-être celle-ci l’emmènera dehors.

Alice soupire, se lève et cherche à embêter le chaton blanc. Puis passant derrière la chaise de Miss Simpson, Alice demande ce qui se passera si la neige ne s’arrête jamais de tomber, si l’homme qui en est responsable là-haut a tout simplement oublié de l’arrêter. En guise de réponse, Miss Simpson demande si Alice n’aurait pas mieux à faire à travailler son crochet. Alice se détourne, boudeuse et répond que non merci. Elle fait le tour de la table du salon, puis soupire à nouveau. Puis elle s’arrête devant l’aquarium, salue et fait la révérence à la tortue qui flotte à la surface et au poisson rouge.

Puis Alice revient du côté de son fauteuil et avise la table voisine avec sa lampe à pétrole et son magnifique échiquier. Elle s’empare de la reine blanche et, l’appelant « Votre Majesté », commence à la sermonner : Alice lui dit qu’elle doit arrêter cela, et le répète. Comme Miss Simpson s’étonne, Alice explique : la reine blanche vient juste de renverser le roi blanc (en fait, c’est Alice qui vient de le faire) – et Alice a l’impression que la reine ne sait pas où elle va... Miss Simpson rappelle à l’ordre la jeune fille : Alice sait bien qu’elle ne doit pas toucher à l’échiquier de son père ! Avec aplomb, Alice répond qu’elle ne jouait pas : c’est délibérément que la reine blanche a bousculé son roi et l’a fait tomber...

Miss Simpson demande alors à Alice si celle-ci est certaine que ce qu’elle vient de dire est vrai. Alice répond qu’elle l’a vu. Miss Simpson rappelle la jeune fille une nouvelle fois à l’ordre. Alice baisse les yeux et répond qu’elle va obéir – mais aussitôt elle retourne et se penche sur l’échiquier pour à nouveau sermonner la reine blanche, se proposant au passage de la recoiffer. Puis comme Alice lève les yeux vers le portrait au-dessus de l’échiquier – un couple en pied, elle leur fait à eux aussi la révérence. Puis elle va grimper au divan pour regarder par la fenêtre, et là, dans le jardin où la neige continue de tomber, elle aperçoit un lapin blanc très ordinaire qui traverse le terrain de croquet. Alors Alice s’écrit qu’elle a vu un lapin blanc tout habillé avec son cache-col et son grand costume de laine, et qui s’en va rentrer dans son gentil et chaud terrier !

Miss Simpson commence par lever les yeux au ciel, mais quand Alice ajoute que le lapin a l’air si drôle ainsi habillé, Miss Simpson finit par répondre : elle est certaine qu’Alice sait très bien que ça n’existe pas, les lapins habillés d’un cache-col et d’un costume de laine : Alice ne doit pas dire ce qui n’est pas vrai ! Alice répond qu’en fait ce n’était pas exactement pas vrai. Miss Simpson répond qu’Alice ferait mieux de finir son thé, et il y a un autre œuf à manger pour la jeune fille. Alice corrige : elle a déjà mangé les deux œufs, mais elle les a reconstruit et remis à leur place dans leurs coquetiers.

Miss Simpson s’indigne, Alice s’excuse, et va à la cheminée, surmontée d’un grand miroir. Alice est trop petite pour voir autre chose que le haut de son visage, et elle se hausse sur la pointe des pieds pour regarder dans le miroir. Alice murmure : le salon du miroir. Comme sa chatte Dinah se met à miauler sur le fauteuil, Alice la ramasse et la hausse à son tour pour que la chatte voit à son tour dans le miroir – et explique : comme Dinah peut le voir, aussitôt qu’Alice l’a haussée devant le miroir, une autre petite fille a haussé une autre chatte juste comme Dinah – et Dinah n’aimerait-elle pas voir à quoi ressemble une maison dans le miroir ?

Pour toute réponse, Dinah miaule encore et encore. Alice va se rasseoir, et reprend : il existe une maison dans le miroir – d’abord il y a le salon que l’on peut voir à travers la vitre, qui est comme leur salon à elles, mais qui va dans la direction opposée... Dinah adorerait être là-bas. Bien sûr, Alice ne sait pas si le lait du miroir serait bon à boire... De toute manière, elles iraient ensuite dans l’entrée, qui ressemble beaucoup à leur entrée d’aussi loin qu’elles peuvent voir, seulement, cela pourrait être assez différent au-delà.

Alice a fermé les yeux, et caressant machinalement Dinah et d’une voix toujours plus assoupie, remarque que ce serait vraiment agréable si elles pouvaient passer de l’autre côté... Remarquant que la jeune fille a fermé les yeux et sommeille, Miss Simpson se lève, replie son crochet, ramassent quelques petits objets et quitte le salon. Au bruit de la porte du salon qui se referme, Alice rouvre les yeux et sourit, puis regarde le miroir, se lève, pousse le fauteuil jusqu’au manteau de la cheminée. Grimpe sur le fauteuil, escalade le manteau, et se retrouvant debout en équilibre face à son reflet, déclare qu’elle peut tout voir du salon du miroir de là où elle se trouve, tout sauf un tout petit morceau, juste derrière l’âtre.

Et de demander à Dinah si la chatte pense que si elle poussait très fort et regardait droit vers le bas... Alice s’étonne : le verre ne résiste plus. Elle enjambe et traverse son reflet, et se retrouve de l’autre côté, debout sur le manteau de la cheminée du salon du miroir ! Très fière d’elle, Alice regarde autour et déclare qu’elle savait que cette pièce ne serait pas différente de son salon à elle – puis regardant vers le bas à droite, elle constate qu’elle aurait cependant souhaité que le fauteuil du miroir se soit déplacé comme elle l’avait déplacé chez elle. Remarquant qu’il ne semble pas y avoir d’autres moyens, Alice attrape les pans de ses jupons et saute du manteau... pour atterrir aussi légère qu’une plume sur le tapis – et de déclarer émerveillée, : si seulement elle pouvait tomber comme ça tout le temps !

***

Alice au Pays des Merveilles, le film de 1933

Alice au Pays des Merveilles, le film de 1933

***

Donnez votre avis sur ce film en nous rejoignant sur le forum Philippe-Ebly.fr

***

L'homme invisible, le film de 1933Feu orange cinéma

The Invisible Man (1933)

Sorti aux USA le 31 octobre 1933.
Sorti en Angleterre le 30 novembre 1933.
Sorti en France le 2 mars 1934.

Sorti en blu-ray anglais coffret 8 blu-rays Universal Monsters le 1 octobre 2012.
Sorti en blu-ray américain et français coffret 8 blu-rays Universal Monsters multi-régions, version française incluse le 2 octobre 2012.
Sorti en blu-ray français le 1er mars 2016.
Sorti en blu-ray français édition limitée le 17 octobre 2017.
Sorti en blu-ray américain complete legacy collection 28 août 2018.
Sorti en blu-ray 4K anglais le 4 octobre 2021.
Sorti en blu-ray 4K américain coffret Universal Monsters limité à Dracula, Frankenstein, The Invisible Man et The Wolf Man le 5 octobre 2021.
Sorti en blu-ray 4K français le 6 octobre 2021.

De James Whale, sur un scénario de R. C. Sherriff, d'après le roman de 1897 de H. G. Wells avec des emprunts au roman The Murderer Invisible de 1931 de Philip Wylie, avec Gloria Stuart, Claude Rains, William Harrigan, Dudley Digges, Una O'Connor, Henry Travers, Forrester Harvey.

(horreur, science-fiction) Par une nuit de blizzard, un homme en gabardine et chapeau mou vissé sur son visage bandé lutte pour avancer sur une route sinueuse enneigée jusqu’à ses chevilles. Le vent siffle, les flocons de neige tourbillonne, et arrivé à un panneau indicateur, il doit le nettoyer de la manche pour pouvoir lire clairement d’une certaine bourgade nommée Iping n’est plus qu’à un demi mile. Il bifurque donc sur une route possiblement plus étroite mais toujours balisée par deux rails de bois qui sont le seul moyen de la distinguer à présent que tout est enneigé, et se dirige vers les lumières au bout de la route.

L’enseigne de l’auberge La Tête du Lion est décoré avec imagination d’une tête de lion rugissant de profil. A l’intérieur tout le monde est resté en manteau et chapeau, fume la pipe et boit tandis que le piano joue et que les joueurs de fléchettes font du tapage. A chaque fois que la porte s’ouvre, un nuage de flocons de neige s’engouffre dans la salle, et recouvre la sciure déjà répandue sur le sol.

Accoudé au bar, un homme à casquette cigarette au bec écoute un moustachu à chapeau mou lui raconter la triste histoire du petit Willy de Madame Mason que celle-ci envoya à l’école et qu’elle retrouva enterré sous dix pieds de neige à cause d’une congère. Comment l’en ont-ils sorti, demande l’homme à la casquette ? Ils ont amené le camion des pompiers, enfoncé le tuyau dedans, pompé à l’envers et l’ont aspiré à la surface ! Les deux clients et la serveuse se mettent alors à rire bruyamment, le rire de la servante ressemblant plus ou moins au cri de la hyène.

Ils en rient encore alors que le pianiste achève son récital et se retourne souriant sous les applaudissements nourris des clients. L’homme qui était assis à côté du piano glisse alors dans la fente une pièce de monnaie, tourne la molette pour faire jouer plus vite, et une nouvelle musique commence à jouer. Le pianiste émérite se retourne alors précipitamment pour agiter ses mains à nouveau au-dessus des touches, jetant un regard furieux à celui qui a glissé la pièce sans l’attendre. Toute la salle éclate à nouveau de rire.

Alors qu’un lanceur de fléchette vient de marquer cinquante points, quelqu’un frappe à la porte et l’ouvre et tout le monde se retourne et se tait : c’est l’homme en gabardine noire, chapeau mou, gant et valise, avec des grosses lunettes noires, le visage entièrement bandé et un cache-nez achevant de lui dissimuler la face. Il contemple un temps la salle et les clients debout dans l’embrasure et la tempête de neige. Puis il entre et marche le long du comptoir jusqu’à la hauteur du patron, tandis que les clients les plus proches se reculent avec leurs chopes pour aller s’asseoir plus loin.

L’étranger baisse alors son cache-nez et réclame au patron une chambre avec un feu. Pas plus impressionné que cela, le patron se retourne vers la cuisine pour appeler une certaine Jenny – une dame aux allures de vieille chouette qui passe la tête par sa porte : il y a un gentleman ici qui veut une chambre et un feu.

Jenny sort, l’air très étonnée : il veut une chambre ? L’inconnu répète qu’il a bien demandé une chambre. Jenny secoue la tête : ils n’en ont pas de prête, pas en cette période de l’année : les gens ne s’arrêtent pas d’habitude ici, seulement en été. Mais l’inconnu en déduit calmement qu’elle peut en préparer une. Jenny hésite brièvement, et répond que certainement. Et d’appeler une certaine Minnie – la serveuse au rire de hyène, qui passe à son tour la tête depuis la porte de la cuisine.

L’inconnu ajoute qu’il veut aussi un salon privé avec. Jenny répond que certainement, oui. Puis elle fait signe à Minnie de la suivre par l’autre porte tandis qu’elle soulève l’extrémité du comptoir pour sortir de derrière celui-ci, le nez en l’air, et demande à l’inconnu de la suivre, soulevant au passage une seconde planche qui défendait l’accès à la porte d’un escalier permettant de passer de la salle à l’étage, escalier donnant directement sur la cuisine d’où Minnie sort.

Au bas de l’escalier, c’est en fait la table des dames âgées qui frileusement dégustent leurs propres chopes de bière à l’abri du regard des hommes de la salle. Comme Minnie semble hésiter à monter l’escalier, Jenny lui donne une tape sur l’épaule et monte juste derrière elle, tandis que l’inconnu leur emboite le pas. Toutes les femmes à la table sur le côté de l’escalier dévisagent en vain l’inconnu.

A l’étage, Minnie entre dans la chambre avec salon privé : c’est une sorte d’appartement. Minnie allume une lampe, Jennie va à la cheminer préparer le feu et fait la conversation : c’est l’hiver le plus froid qu’ils n’aient jamais eu ici depuis des années — les hommes ont rassemblés toutes les vaches et les moutons pour deux semaines, les pauvres chéries ne pourraient même pas trouver un brin d’herbe verte.

Fort impoliment, l’inconnu ne répond rien : il est resté debout à scruter la nuit par la grande fenêtre. Jenny grommelle : son client est peut-être bigleux, mais il n’est certainement pas en même temps sourd et idiot. Ayant allumé le feu, Jenny se relève puis va trouver l’inconnu à la fenêtre pour lui proposer fort obligeamment de prendre son manteau et son chapeau afin de les faire sécher à la cuisine. L’inconnu répond fermement, en se détournant d’elle : Non, il préfère les garder sur lui. Jenny fait les gros yeux, mais répond professionnellement : très bien, la chambre sera vite réchauffée.

Puis l’inconnu déclare qu’il a laissé des bagages à la station, quand est-ce qu’il peut les faire chercher ? Jenny répond qu’elle les fera chercher demain, et de demander à l’inconnu s’il compte rester longtemps. L’inconnu confirme. Puis demande s’il n’y a pas moyen de les faire venir cette nuit. Jenny répond que non et l’inconnu semble s’en contenter. Puis il réclame de la nourriture, et Jenny lui répond « immédiatement, Monsieur ». Jenny retire un dernier drap qui protégeait un fauteuil et sort. L’inconnu tire le rideau, baisse le store.

En bas, les clients jasent au bar. De l’avis de l’homme qui racontant l’histoire de Willy, l’inconnu est un criminel en cavale. Son camarade proteste : le nouveau venu a été aveuglé par la neige, il porte les lunettes noires pour préserver ses yeux. Mais le jaseur n’en démord pas et conseille à l’aubergiste d’être prudent et de mettre son argent sous clé. Pendant ce temps Jenny sort de la cuisine avec le plateau repas et réclame une bouteille de vin, monte les escaliers, frappe et dépose le plateau sur la table dont elle a déplié la rallonge. L'inconnu lui demande si la porte de son salon a une chambre, mais Jenny craint qu'il n'y en ait pas. Puis Jenny redescend à la cuisine et Minnie lui dit qu'elle a oublié la moutarde. Jenny remonte l'escalier en soupirant : Minnie ne veut pas monter le plateau et la fait déranger deux fois le client qui ne veut pas être déranger. Elle frappe, entre - et se fige, horrifiée : elle a surpris son client, le haut du visage entièrement bandé, et apparemment, il n'a pas de mâchoire inférieure.

Sans vraiment comprendre ce qu'elle vient de voir, Jenny s'excuse et redescend pour déclarer aux clients qu'elle n'a pas vu de sang, mais que l'inconnu doit avoir eu un horrible accident.

L'homme invisible, le film de 1933L'homme invisible, le film de 1933L'homme invisible, le film de 1933L'homme invisible, le film de 1933

***

Donnez votre avis sur ce film en nous rejoignant sur le forum Philippe-Ebly.fr

***

Shambleau, la nouvelle de 1933

Shambleau (1933)

Publié dans le numéro de novembre 1933 dans le magazine Weird Tales.
Traduit en français en avril 1957 Georges H. GALLET sous le titre L'Aventurier de l'espace au Rayon fantastique (n° 46) chez HACHETTE / GALLIMARD FR,
Réédité chez J’ai Lu en février 1972 et novembre 1973, réédité en janvier 1979 et octobre 1987, réédité le 1er décembre 1994.

De Catherine L. Moore.

Pour adultes et adolescents.

Sur Mars, Northwest Smith, un contrebandier coriace, rencontre une jeune femme poursuivie par une bande. Instinctivement, il décide de la protéger. La foule l'identifie comme "Shambleau", mais Smith ne reconnaît pas ce nom. Il est surpris de constater que la foule se disperse sans violence lorsqu'il la réclame comme sienne. À son grand étonnement, il ressent du dégoût, et non de la haine, à son égard…

*

Shambleau, la nouvelle de 1933

Le texte original de Catherine L. Moore pour Weird Tales, volume 22, numéro 5 de novembre 1933. Illustration Jeyem Wilcok (?).

ʃhambleau

MAN has conquered space before. You may be sure of that. Somewhere beyond the Egyptians, in that dimness out of which come echoes of half-mythical names—Atlantis, Mu— somewhere back of history's first beginnings there must have been an age when mankind, like us today, built cities of steel to house its star-roving ships and knew the names of the planets in their own native tongues—heard Venus' people call their wet world "Sha-ardol" in that soft, sweet, slurring speech and mimicked Mars' guttural "Lakkdiz." from the harsh tongues of Mars' dry-land dwellers. You may be sure of it. Man has conquered Space before, and out of that conquest faint, faint echoes run still through a world that has forgotten the very fact of a civilization which must have been as mighty as our own. There have been too many myths and legends for us to doubt it. The myth of the Medusa, for instance, can never have had its roots in the soil of Earth. That tale of the snake-haired Gorgon whose gaze turned the gazer to stone never originated about any creature that Earth nourished. And those ancient Greeks who told the story must have remembered, dimly and half believing, a tale of antiquity about some strange being from one of the outlying planets their remotest ancestors once trod.

"Shambleau! Ha ... Shambleau!" The wild hysteria of the mob rocketed from wall to wall of Lakkdarol's narrow streets and the storming of heavy boots over the slag-red pavement made an ominous undernote to that swelling bay, "Shambleau! Shambleau!"

Northwest Smith heard it coming and stepped into the nearest doorway, laying a wary hand on his heat-gun's grip, and his colorless eyes narrowed.

*

La traduction au plus proche.

ʃhambleau

L'HOMME a déjà conquis l'espace auparavant. Vous pouvez en être sûr. Quelque part outre les Égyptiens, dans cette obscurité d'où sortent les échos de noms à moitié mythiques - Atlantide, Mu -, quelque part dans les premiers balbutiements de l'histoire, il a dû y avoir un âge où l'humanité, comme nous aujourd'hui, construisait des villes d'acier pour abriter ses vaisseaux parcourant les étoiles et connaissait les noms des planètes dans leur propre langue maternelle - où les habitants de Vénus appelaient leur monde humide "Sha-ardol" dans leur langue douce, sucrée et bredouillante et où ils imitaient le "Lakkdiz" guttural de Mars. "des langues rudes des habitants des terres arides de Mars. Vous pouvez en être sûr. L'homme a déjà conquis l'espace et des échos très faibles de cette conquête courent encore dans un monde qui a oublié l'existence même d'une civilisation qui a dû être aussi puissante que la nôtre. Il y a eu trop de mythes et de légendes pour que nous en doutions. Le mythe de la Méduse, par exemple, ne peut avoir pris racine dans le sol de la Terre. Le conte de la Gorgone aux cheveux de serpent dont le regard transformait le spectateur en pierre n'a jamais eu pour origine une créature que la Terre aurait nourrie. Et les anciens Grecs qui ont raconté cette histoire ont dû se souvenir, vaguement et à moitié en y croyant, d'un conte de la plus haute antiquité sur un être étrange venu d'une des planètes périphériques que leurs ancêtres les plus lointains ont un jour foulées.

"Shambleau" ! Ha ... Shambleau !" L'hystérie sauvage de la foule se propageait d'un mur à l'autre des rues étroites de Lakkdarol et le bruit des lourdes bottes sur la roche volcanique rouge du pavé ajoutait une rumeur sinistre à ces aboiements qui enflaient, "Shambleau ! Shambleau !"

Northwest Smith les entendit arriver et s’embusqua dans l'embrasure de la porte la plus proche, posant une main inquiète sur la crosse de son pistolet thermique, tandis que ses yeux incolores se rétrécissaient.

*

Shambleau, la nouvelle de 1933Shambleau, la nouvelle de 1933Shambleau, la nouvelle de 1933Shambleau, la nouvelle de 1933

La traduction française de Georges H. Gallet pour J’AI LU de 1956.

SHAMBLEAU

L’homme a déjà conquis l’espace. Vous pouvez en être sûr. Bien longtemps avant les Egyptiens dans cette obscurité d’où viennent les échos de noms à demi mythiques — Atlantis, Mu —, longtemps avant les premiers débuts de l’Histoire, il dut y avoir un temps où l’humanité construisait des cités d’acier pour loger ses vaisseaux qui voyageaient parmi les étoiles, où elle connaissait le nom des planètes dans leur propre langue, où elle entendait le peuple de Vénus appeler ce monde humide « Sha-ardol » dans son doux et mélogieux langage hésitant, imitait le « Lak-kdiz » guttural de Mars, d’après les rudes dialectes des habitants de ses terres sèches. Vous pouvez en être sûr. L’homme a déjà conquis l’espace, et de cette conquête, courent encore de faibles, faibles échos à travers le monde, bien qu’il ait oublié le fait même d’une civilisation qui doit avoir été aussi puissante que la nôtre. Il y a eu trop de mythes et de légendres pour que nous en doutions. Le mythe de la Méduse, par exemple, n’a jamais pu prendre sa source dans le sol de la Terre. Cette histoire de la Gorgone à la chevelure de serpents, dont les yeux pétrifiaient celui qui la regardait, n’a jamais pu naître d’une créature que la Terre ait nourrie. Et les anciens Grecs, qui la contaient, devaient se souvenir obscurément en y croyant à moitié, d’une très ancienne légende, venue de l’une des lointaines planètes, que leurs ancêtres les plus reculés visitaient jadis.

— Shambleau !... Ah ! Shambleau !...
La clameur sauvage de la foule rebondissait de mur en mur dans les rues étroites de Lakkdarol, et le choc de lourdes bottes sur le pavage de lave rougeâtre accompagnait sinistrement ce hurlement croissant :
— Shambleau ! Shambleau !
Northwest Smith l’entendit, se rapprocha et d’une enjambée, gagna le porche le plus voisin, posant une main méfiante sur la crosse de son pistolet thermique. Ses yeux pâles se rétrécirent…

***

Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à cette nouvelle.

***

Déluge, le film de 1933 Feu vert cinéma

Deluge (1933)

Considéré comme perdu, un négatif italien a été retrouvé en 1981, puis c'est le négatif anglais qui a été retrouvé en 2016.

Sorti aux USA le 13 août 1933.
Sorti en blu-ray américain le 21 février 2017 (chez Kino Lorber, donc copie à peine restaurée avec des portions en très bon état et d'autres polluées de nombreux dégâts largement réparables).

De Felix E. Feist ; d'après le roman de Warren Duff, S. Fowler Wright (Sydney Fowler Wright) ; avec Peggy Shannon, Sidney Blackmer, Lois Wilson, Matt Moore, Fred Kohler, Ralph Harold).

Pour adultes et adolescents.

Déluge est un conte fantastique, une aventure spéculative - une mise en image saisissante de l’envol imaginatif d’un auteur. Nous, les producteurs, vous le présentons à présent pour votre seul divertissement, en se rappelant parfaitement du contrat qui lia Dieu à Noé « Et comme je conclus ce contrat avec toi, aucune chair ne sera jamais plu écorchée par les eaux de l’inondation, pas plus qu’il n’y aura désormais d’inondation qui détruira les terres », Génèse 9 :11.

(NDR : quelqu’un n’a pas dû tenir parole)

Dans les bureaux d’un bureau météorologiste à New-York, le professeur Carlysle et son équipe commencent à s’affoler : toutes les stations qu’ils consultent font le même rapport – et pour Carlysle, la situation est inconcevable… Carlysle s’assure que les garde-côtes ont bien été prévenus, puis il demande que les radios diffusent à nouveau l’alerte météo, immédiatement : tous les bateaux doivent entrer au port et demeurer à l’abri – de très violents orages sont attendus. C’est donc toute une flotte qui converge vers les quais enfumés de New-York City, et l’urgence règne à la capitainerie, qui ne veut plus entendre parler du record que voulait tenter de battre une championne de natation, Miss Claire Arlington.

Un officier vient donc trouver la jeune femme en pleine séance de massage pour lui annoncer qu’elle devra reporter son exploit. Comme elle demande ce qui pose encore problème, l’officier lui explique que le baromètre est en chute libre et les bureaux de la capitainerie s’inquiète d’un orage qui arrive sur eux. Résignée, Miss Arlington conclut que les ordres sont les ordres et confirme à son assistante que tout est annulé. Celle-ci propose alors à Miss Arlington de passer les prochains jours à la campagne en attendant que la météo redevienne plus clémente. Miss Arlington accepte.

Pendant ce temps, la radio donne cette fois l’ordre à tous les avions d’atterrir dans l’aéroport le plus proche, de même pour les dirigeables, dont l’USS Macon – et du côté du bureau météorologique, la lassitude gagne Carlysle : il n’arrive rien, alors que quelque chose doit arriver ! Il ne veut plus entendre parler de question, et décide qu’il est temps de prendre du repos. Alors d’un coup le ciel devient noir. Tout le monde se précipite vers la baie vitrée. L’assistant de Carlysle déclare alors que c’est une éclipse. Carlysle dément : c’est impossible. Pendant ce temps, à la société astronomique d’observation du Soleil, on consulte divers instruments, puis le télescripteur qui annonce que la situation est la même à Londres et dans le reste de l’Europe, et que des bruits de fin du monde commence à circuler tandis que la panique gagne les populations. Le message se conclut par la consigne de répondre par toute parole d’encouragement possible, ce qui fait rire le président de l’association astronomique.

À New-York, la même panique se répand et le prêtre catholique ponctue son sermon de coups de poing assénés sur sa Bible, tandis qu’un prêtre protestant plus apaisé rappelle à son public qu’ils sont les enfants de Dieu : Dieu les protègera, de tout péril et de tout dommage – il suffira de se placer entre Ses Mains protectrices et de se réjouir dans Son Amour – et de prier. Plus à l’ouest de New-York, l’activité des rues au bas d’un gratte-ciel semble presque ordinaire, quand soudain l’immeuble vertigineux se met à osciller, dans un tonnerre monstrueux. Au même instant, la société astronomique observe la même secousse sur son sismographe. Le président de l’association demande alors à ce que son assistant contacte sur le champ la station de Saint Louis. L’assistant capte alors un message sur une vague qui arrive dans la vallée – et qui ressemble à la fin du monde. Le message est brutalement interrompu.

Puis c’est au tour de la radio publique d’annoncer que la totalité de la côte Ouest des États-Unis a été détruite et submergées – et qu’à cette heure ils n’ont aucun moyen d’évaluer les dommages causés à l’Europe car tous les moyens de communication ont été détruits. Puis le présentateur conclut que bien que des destructions considérables aient été causées ailleurs, il n’y a aucune raison de s’alarmer sur la côte Est. Cependant, il recommande de prendre immédiatement des mesures de prudence : évacuer les immeubles instables, couper le gaz et éviter les mouvements de panique qui peuvent seulement mener à un désastre.

C’est ce bulletin qu’écoute attentivement Martin Webster dans le salon de sa charmante maison de campagne dans la montagne, au milieu de la forêt, tandis que dehors, le vent souffle et l’orage menace. Puis il rejoint à l’étage dans la chambre des enfants où son épouse Helen achève de faire dire à leur petit garçon et à leur petite fille leur prière du soir : « … si je dois mourir avant mon réveil, je prie le Seigneur d’emporter mon âme. » Martin couche la cadette, Mary-Anne dans son lit de sécurité tandis qu’Helen borde l’aîné.

Dès que ce dernier a fermé les yeux, elle se relève et perd instantanément son expression radieuse. Elle éteint la lumière, referme la porte, et dans le couloir étreint son mari, avouant qu’elle est terrorisée. Son mari lui répond qu’il ne faut pas – et qu’il pense que rien n’arrivera – son épouse n’a qu’à aller se reposer. Mais Helen ne peut pas : elle veut rester dans la chambre avec ses enfants. Son mari accepte et annonce qu’il redescend dans le salon attendre le prochain bulletin d’informations. Pendant ce temps, à la société astronomique, on constate que les secousses sismiques progressent en direction de la côte Est et vont atteindre la Floride – balayée au même moment par des vents terribles. Le télescripteur annonce alors que la Louisiane est en train d’être submergée, comme l’a été en totalité Mexico. Le président de l’association astronomique soupire alors : il a bien peur qu’il n’existe aucun moyen d’échapper au cataclysme.

Dans son salon, Martin Webster fait les cent pas, fumant cigarette sur cigarette, tandis que la radio annonce qu’ils n’ont plus vraiment de moyen de vérifier les informations, mais l’océan arctique déferlerait actuellement sur Chicago. Dehors, le vent souffle toujours plus fort. Dans la chambre des enfants, Helen Webster allume la lampe de chevet. Alors la cheminée s’écroule et dans le salon, le feu est étouffé par un nuage de poussière. Martin bondit hors de la pièce pour remonter dans la chambre des enfants où son épouse tente de rassurer leurs petits anges, complètement réveillés. Martin pense en effet que toute la maison va tomber et qu’ils seront plus en sécurité à l’abri des rochers. Son épouse voudrait les habiller, mais Martin pense qu’ils n’auront pas le temps : il prend leurs couvertures et à Helen de récupérer quelques vêtements et de suivre Martin, qui emporte hors de la maison leurs enfants dans ses bras…


Déluge, le film de 1933

Déluge, le film de 1933

Déluge, le film de 1933

Déluge, le film de 1933

***

Donnez votre avis sur ce film en nous rejoignant sur le forum Philippe-Ebly.fr

***