Les rescapés du Futur, le fim de 1976Feu vert cinéma

FutureWorld (1976)

Sorti aux USA le 13 août 1976.
Sorti en Angleterre le 24 octobre 1976.
Sorti en France le 19 janvier 1977.
Sorti en blu-ray américain le 26 mars 2013 (région A, pas de version française, Anglais DD 2.0, pas de sous-titres, pas de bonus, transfert peu détaillé et légèrement viré)

De Richard T. Heffron ; sur un scénario de Mayo Simon et George Schenck, d'après le film Mondwest (1973, WestWorld) de Michael Crichton ; avec Peter Fonda, Blythe Danner, Arthur Hill, Stuart Margolin, John Ryan, Yul Brynner.

Pour adultes et adolescents.

Le 20 juin 1985, dans un futur proche. Dans la scène finale d'un jeu télévisé, le Gros Paquet (The Big Bundle), le candidat - Ron - et le présentateur bondissent de joie après un dernier lancer de gros dés sous les applaudissements frénétiques du public venu assister au tournage de l'émission. Une hôtesse remet à l'heureux candidat un chèque géant de 150.000 dollars - mais le vrai cadeau, selon le présentateur, c'est un séjour d'une semaine dans le parc d'attraction le plus fantastique du monde : Ron va à Délos. Sur les écrans de télévision s'affichent alors des clips - le Monde Romain où de merveilleuses femmes robots seront à sa disposition, tandis que des gladiateurs-robots mourront à la pointe de son épée ; le Monde Médiéval, une reconstitution de l'Europe du 13ème siècle, où il pourra vivre comme un roi absolu et visiter les jardins des plaisirs ; le Monde Futur où il pourra traverser le système solaire et commander à sa propre fusée entouré de beautés robots et flotter dans l'Espace comme un astronaute : tout cela et plus encore est au nouveau gagnant du Gros Paquet !

Chuck Browning est un journaliste du City Days (?). Il commence sa journée en saluant un ouvrier travaillant à la presse avec lequel il discute de ses articles et fait des paris. Arrivé en salle de rédaction, son chef l'interpelle sans même lui dire bonjour, pour lui demander si Chuck serait en retard dans le paiement de ses dettes, car un inconnu appelle toutes les cinq minutes depuis les deux dernières heures le journal pour le joindre. Chuck demande si l'inconnu a laissé son numéro, mais non. C'est alors que le téléphone du bureau de Chuck sonne et Chuck décroche et se présente : l'inconnu lui demande immédiatement s'il est bien le même Chuck qui a écrit un article sur les problèmes survenus à WestWorld deux années auparavant et Chuck confirme. L'inconnu répond qu'il a un tuyau pour lui, et un gros, mais refuse de donner ses informations pour rien : il a des ennuis et il a besoin d'argent. Chuck lui demande combien, mais l'inconnu n'en sait rien, il veut seulement que Chuck le rencontre quelque part : il lui dira ce qu'il a, et Chuck lui paiera ce que cela vaut. Chuck demande alors le nom de son correspondant téléphonique et l'autre répond qu'il s'appelle Frenchy Lefort (?). Chuck Browning lui donne alors rendez-vous dix minutes plus tard sur la passerelle du High Regency, et lui demande à quoi il ressemble. Frenchy répond qu'il a vu la photo de Chuck et que c'est lui qui le reconnaîtra. Puis Frenchy raccroche.

Le rédacteur en chef de Chuck demande au journaliste s'il tient quelque chose et Chuck répond en se levant que c'est son jour pour les tuyaux crevés. Chuck se rend au point de rendez-vous qui est une galerie couverte en haut d'un gratte-ciel. Comme il attend, il aperçoit un homme à lunettes hagard qui tient une grosse enveloppe jaune contre lui. Chuck le rejoint et demande s'il est bien Frenchy. L'homme, trempé de sueur, ne répond pas, et Chuck lui demande ce qui ne va pas. L'homme s'effondre, le dos ensanglanté. Chuck le retourne et lui demande ce qui s'est passé. Frenchy, dont les verres de lunettes sont fêlés, expire alors en répétant le mot "Delos".

Chuck traverse un hall d'accueil imposant. La secrétaire lui fait remarquer qu'il est en retard, et Chuck lui répond qu'elle a raison. Chuck pousse la porte d'une salle de réunion dotée d'une grande table ovale avec un centre surélevé équipé de multiples écrans de télévision. M. Duffy, l’homme qui préside la conférence de presse, commence son discours en rappelant que deux ans auparavant commençait le pire jour de l’histoire de Delos – il n’y avait alors aucun signe évident que quoi que ce soit tournerait mal : les robots se conformaient à leur programmation et quand bien même il pouvait y avoir la preuve de quelques mauvais fonctionnements, les paramètres demeuraient nominaux… Chuck rejoint alors sa place, voisine de celle de Tracy Ballard, une blonde journaliste de la télévision qui s’indigne immédiatement de le voir à cette table. Chuck lui souffle qu’ils en discuteront plus tard. L’intervenant confirme alors que le chaos qui frappa Delos s’étendit bien à tous les mondes robotisés de l’île, et non pas seulement dans le Monde de l’Ouest Américain, comme les articles de Chuck Browning ont pu le laisser croire à ses lecteurs.

C’est alors que Tracy Ballard demande à Duffy pourquoi sa société n’a pas tout simplement coupé l’énergie des robots de Delos une fois ceux-ci détraqués. Duffy lui répond que c’est ce qu’ils ont fait, mais les robots ont continuer de fonctionner sur batteries de réserve, causant les plus gros dégâts : plus de cinquante touristes tués, auquel il faut bien sûr ajouter les 95 membres du personnel technique blessés ou tués. Au-delà des pertes humaines, ce fut un désastre financier et de relations publiques. Les concepteurs et investisseurs de Delos furent comme tous très choqués, mais ils ne perdirent pas confiance : depuis ces deux dernières années, ils ont investi plus de un milliard et demi de dollars pour reconstruire le site. Ils ont remplacé tous les circuits, tous les programmes, tous les robots : le nouveau Delos est non seulement le parc d’attraction le plus fantastique de l’Histoire Humaine, il est également parfaitement sécurisé.

Or, le mois dernier, comme tout le monde le sait autour de la table, ils ont rouvert Delos. La réponse du public a été bonne mais pas autant qu’elle aurait dû l’être. Leur problème est le souvenir du désastre du Monde de l’Ouest Américain. Voilà pourquoi les responsables de Delos ont tenu à rencontrer les journalistes du réseau IMC auxquelles ils réserveront l’exclusivité de ce reportage : toutes les étapes du fonctionnement de Delos leur seront ouvertes. Tout ce que Duffy demande en retour est que les sujets concernant Delos soient traités équitablement et d’une manière positive.

Juste après la conférence de presse, Tracy Ballard fait éruption dans le bureau de son chef, Arthur Holcombe… où se trouve déjà Chuck : Holcombe lui avait promis l’exclusivité du reportage sur Delos, exclusivement pour la télévision. Holcombe l’admet, alors Tracy exige de savoir pourquoi Chuck Browning l’accompagne. Holcombe répond tranquillement que Browning a un point de vue sur le sujet de Delos qu’il veut voir développé. Chuck précise qu’ils n’ont qu’à appeler cela une intuition. Tracy réplique que lorsque les gens de Delos découvriront qu’il essaie de les piéger en leur collant Monsieur Mauvaise Nouvelle lui-même, ce sera la fin de leur exclusivité.

Les rescapés du Futur, le fim de 1976

Les rescapés du Futur, le fim de 1976

Les rescapés du Futur, le fim de 1976

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L'âge de cristal, le film de 1976Feu vert cinéma

Ici la page Amazon.fr du DVD français de l'Age de cristal (1976)

Logan's Run (1976)

Sorti aux USA le 23 juin 1976.
sorti en Angleterre le 30 septembre 1976.
Sorti en France le 22 décembre 1976.
Sorti en blu-ray américain le 10 novembre 2009 (multi-régions, sous-titres et versions français inclus).

De Michael Anderson, sur un scénario de David Zelag Goodman, d'après le roman de William F. Nolan et George Clayton Johnson "Logan's run" // "Quand ton cristal mourra". Avec Michael York, Jenny Agutter, Richard Jordan, Roscoe Lee Browne, Farrah Fawcett, Michael Anderson Jr., Peter Ustinov.

Au cours du 23ème siècle, les survivants de la guerre, de la surpopulation et de la pollution vivent dans une grande cité sous dôme, isolé du monde extérieur oublié. Là, dans un monde en équilibre écologique, l’Humanité ne vit que pour le plaisir, libéré par les servo-mécanismes qui leur procurent tout. Il n’y a qu’un seul problème : la vie doit s’achever à 30 ans, par la renaissance lors du l’ardent rituel du manège.

Un bébé qui vient de naître dort avec son cristal blanc dans la paume de sa main gauche. Ravi, Logan 5 essaie de réveiller celui qu’il considère comme Logan 6, son successeur, un nouveau Marchand de Sable, en tapotant contre la vitre de la nurserie. Dans la paume de Logan 5 brille un cristal rouge. Son collègue de travaille doute cependant que le bébé en question devienne un marchand de sable. De toute manière, pour lui, cela n’a pas d’importance : le bébé n’est même pas de Logan 5. Comme Logan 5 continue de tapoter du doigt contre la vite, le collègue propose de réveiller lui-même le bébé : il frappe alors violemment de la crosse de son pistolet mitrailleur la vitre et une alarme se déclenche, tandis qu’une voix féminine leur demande de s’identifier. Logan répond qu’ils sont Logan 5 et Francis 7, en service autorisé dans le quadrant, et que l’intrusion est accidentelle. En attendant, tous les bébés sont réveillés et pleurent. Les deux marchands de sable quittent alors la nurserie.

Ils descendent d’un petit véhicule sur rail pour pénétrer dans un hall où il y a une foule de jeunes gens, certains habillés de vert, d’autres de rouge, d’autres de rose. Les marchands de sable sont cependant habillés en noir. Francis avoue cependant qu’il y aura bien quelques marchands de sable parmi les bébés de la nurserie car ce soir plusieurs camarades de leur service seront sur le Manège ce soir-là. Logan ajoute que les marchands de sable sont toujours renouvelés en nombre, il le sait. Francis le corrige : Logan ne le sait pas, il le préjuge. Logan insiste : un pour un, un meurt l’autre arrive. Puis Francis reproche à Logan de trop se poser de questions : selon lui, ce n’est pas une bonne chose pour un marchand de sable. Quand on se pose une question, ça les ralentit. Et comme Logan lui demande s’il a déjà vu Francis 8, Francis lui demande pourquoi Logan se pose la question : saurait-il qui est la mère d’insémination ? Logan répond que bien sûr que non, il n’est pas psychopathe.

En fait ils se rendent au Manège, et il y a foule, dans laquelle se mêle des adolescents en tenues jaunes. La voix féminine désincarnée de la nurserie s’élève alors à l’entrée du Manège et annonce que c’est le dernier jour, le 15 Capricorne de l’an 2274, et que c’est le début du Manège. La foule , joyeuse, s’installe dans les gradins d’une arène, avec un grand cristal rouge au centre. Puis la voix féminine désincarnée appelle les 15 Capricorne nés en 2244, et des silhouettes encapuchonnées de blanc entrent dans l’arène, en quatre files indiennes, car c’est le moment du renouvellement.

Tous les capricornes 15 de 2244 se mettent en cercle autour du cristal géant, puis la voix annonce que s’ils ont du courage, ils seront renouvelés. Puis la voix leur demande de s’identifier. Les 15 Capricones retirent leurs capuches mais sont complètement masqués de blanc avec un masque quelque part entre la tête de mort et le masque de hockey. Puis ils lèvent la main gauche, et le cristal rouge qui s’y trouve clignote. Puis la voix leur demande de s’élever. La foule applaudit, et du cristal blanc qui les surplombent descend un halo. La plate-forme sur laquelle le cercle se trouve se met à tourner, et la foule applaudit sans interruption. Les 15 capricornes, qui ont laissé leur bure à terre, commencent à s’élever dans les airs, tandis que la foule crie « plus haut, plus haut ». Dès qu’ils sont suffisamment haut, suffisamment proche du cristal blanc, les corps des Capricornes explosent dans une gerbe d’étincelles.

L’enthousiasme de Logan 5 et de Francis 7 est interrompu par un appel : ils ont un 15 Capricorne qui a préféré fuir plutôt que se faire publiquement incinéré dans le Manège… D’humeur à plaisanter, les deux marchands de sable rattrapent l’homme, le cernent et jouent à le faire courir, tirant volontairement à côté, en riant.

L'âge de cristal, le film de 1976

L'âge de cristal, le film de 1976

L'âge de cristal, le film de 1976

L'âge de cristal, le film de 1976

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 Entretien avec un vampire, le roman de 1976Feu vert livre / BD

Interview With A Vampire (1976)

Ici l'article de ce blog sur le film Entretien avec un vampire (1994, Interview With A Vampire)

Sorti aux USA le 12 avril 1976 chez KNOPF US (grand format cartonné et broché).
Sorti en France en 1978 chez LATTES (grand format, traduction de Tristan Murail).
Sorti en France en octobre 1990 chez POCKET FR (poche)
Sorti en France le 10 juin 2004 chez POCKET FR (nouvelle traduction de Cyrielle AYAKATSIKAS et Suzy Borello) 

De Anne Rice.

Un jeune journaliste de San Francisco se rend à un rendez-vous avec un soit-disant vampire pour l'interviewer. Pour le journaliste, ce n'est qu'un interview d'un original parmi d'autres, mais lorsque le "vampire" qui l'attendait dans une salle obscure allume le plafonnier, plus aucun doute n'est permis : l'être que le journaliste a devant lui n'est pas humain. Ou plus exactement, ne l'est plus.

Entretien avec un vampire, le roman de 1976 Entretien avec un vampire, le roman de 1976

Entretien avec un vampire, le roman de 1976 Entretien avec un vampire, le roman de 1976

 Entretien avec un vampire, le roman de 1976 Entretien avec un vampire, le roman de 1976

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(Traduction au plus proche)

PARTIE I

"Je vois..." dit le vampire pensivement, et lentement il traversa la pièce jusqu'à la fenêtre. Pendant longtemps, il resta là debout, en contre-jour de la lumière de la Rue Divisadero et des phares des véhicules qui passaient. Le jeune homme pouvait voir l'ameublement de la pièce un peu plus clairement à présent, la table ronde en chêne, les chaises. Un éviter était accroché sur un mur, avec un miroir. Il posa sa mallette sur la table et attendit.

"Mais combien de bobines vous avez avec vous ?" demanda le vampire, se tournant à présent afin que le jeune homme puisse voir son profil. "Suffisamment pour le récit d'une vie ?"

"Sûr. Si c'est une vie bien remplie. Parfois j'interviewe jusqu'à trois ou quatre personnes par nuit si j'ai de la chance. Mais il faut que ce soit une bonne histoire. C'est honnête, non ?

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(texte original)

PART I

“I see …” said the vampire thoughtfully, and slowly he walked across the room towards the window. For a long time he stood there against the dim light from Divisadero Street and the passing beams of traffic. The boy could see the furnishings of the room more clearly now, the round oak table, the chairs. A wash basin hung on one wall with a mirror. He set his briefcase on the table and waited.

“But how much tape do you have with you?” asked the vampire, turning now so the boy could see his profile. “Enough for the story of a life?”

“Sure, if it’s a good life. Sometimes I interview as many as three or four people a night if I’m lucky. But it has to be a good story. That’s only fair, isn’t it?”

“Admirably fair,” the vampire answered. “I would like to tell you the story of my life, then. I would like to do that very much.”

“Great,” said the boy. And quickly he removed the small tape recorder from his briefcase, making a check of the cassette and the batteries. “I’m really anxious to hear why you believe this, why you …”

“No,” said the vampire abruptly. “We can’t begin that way. Is your equipment ready?”

“Yes,” said the boy.

“Then sit down. I’m going to turn on the overhead light.”

“But I thought vampires didn’t like light,” said the boy. “If you think the dark adds to the atmosphere …” But then he stopped. The vampire was watching him with his back to the window. The boy could make out nothing of his face now, and something about the still figure there distracted him. He started to say something again but he said nothing. And then he sighed with relief when the vampire moved towards the table and reached for the overhead cord.

At once the room was flooded with a harsh yellow light. And the boy, staring up at the vampire, could not repress a gasp. His fingers danced backwards on the table to grasp the edge. “Dear God!” he whispered, and then he gazed, speechless, at the vampire.

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(traduction de Tristan Murail)

PREMIÈRE PARTIE

- Je vois... dit le vampire d'un air pensif.

Puis, lentement, il traversa la pièce pour aller se poster à la fenêtre. Il y resta un long moment ; sa silhouette se découpait sur la clarté diffuse qui émanait de Divisadero Street et sur les rayons de phares des automobiles. L'ameublement de la pièce apparaissait maintenant plus clairement au jeune homme: la table de chêne ronde, les chaises. Contre l'un des murs, il y avait un lavabo surmonté d'un miroir. Il posa sa serviette sur la table et attendit.

- De combien de bandes disposez-vous ? demanda le vampire en tournant la tête de manière à offrir son profil au regard du jeune homme. Assez pour l'histoire de toute une vie ?

- Certainement, si c'est une vie intéressante. Quand j'ai de la chance, il m'arrive d'interviewer jusqu'à trois ou quatre personnes le même soir. Mais il faut que l'histoire en vaille la peine. C'est normal, non ?

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Les prédateurs enjolivés, le recueil de 1976 Feu rouge livre / BD

Les prédateurs enjolivés (1976)

Sorti en France en janvier 1976 chez LAFFONT FR (grand format).
Sorti en France le 14 février 1983 chez POCKET FR (poche).

De Pierre Christin.

Pour adultes.

Contient les nouvelles suivantes :

Ce jour-là encore, l'anomie pernicieuse fit 86 511 victimes...

Et, dans la douce chaleur d'un repas de famille

Oui, il s'appelaient Croqbattler et Rackalust

C'est alors que les rats voulurent voir le soleil

Mais qu'elle était donc verte, la vallée des autres

Puis, quand les bourgeois allèrent à l'usine

Enfin vint le temps des prédateurs enjolivés

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Scott Orson Card expliquait lors d'un interview que j'avais réalisé, que souvent les premiers textes que l'on écrivait servaient à purger l'esprit de beaucoup de choses malsaines. Malheureusement, cela ne s'arrête pas aux premiers textes - la purge peut revenir encore et encore au cours de la vie littéraire, et la carte Science-fiction sert trop souvent en France comme ailleurs à se purger au lieu de simplement écrire efficacement.

Dans le cas des Prédateurs Enjolivés, il faut souligner que Pierre Christin en 1976 est déjà le scénariste extraordinaire non seulement des plus belles aventures de la série bande dessinée Valérian Agent Spatio-Temporel. Pilote, le magazine dans lequel ces aventures paraissent va prendre un virage adulte - autrement dit cul et ultra-violence, juste pour ramasser plus de fric en espérant éponger ses difficultés financières. Les difficultés ne disparaîtront pas, le magazine disparaîtra. Les bandes dessinées Valérian sont loin d'être légères - elles ont une âme, une conscience, commentent intelligemment les travers de notre société et font rêver. Christin signe également chez les Humanoïdes Associés quelques que fables politico-futuro-sociales, notamment dessinées par Bilal, impressionnantes et là encore, c'est brillant. Pas drôle, mais brillant, et les idées autant que les images sont encore d'actualité.

Alors où est le problème ? Chaque nouvelle du recueil ne va que dans un seul sens, celui de la destruction des personnages, de l'Humanité entière. On va d'horreur en horreur, sans un seul pour rattraper l'autre et c'est le but déclaré du projet, mais quel intérêt pour le lecteur d'endurer un snuff movie permanent ? qui a envie de s'identifier perpétuellement à des personnages qui vont tous crever et méritent apparemment tous de crever ?

Si le problème d'écriture est d'abord celui du scénario dirigiste tirant le lecteur par le bout de son nez du point A (humiliation) au point B (extermination), l'écriture, bien que très fragmentée, m'a semblé du même niveau que les nouvelles des anglais parmi les plus acclamées du magazine Interzone que l'on retrouvera par exemple traduites dans les magazines français de la fin des années 1990 - donc Pierre Christin n'est pas un mauvais écrivain de Science-fiction, au contraire. Il a seulement comme beaucoup d'autre le problème de l'enfermement et du ressassement du lecteur dans les pires bassesses de l'Humanité, ce qui ne permet absolument pas de guérir de ces bassesses, de motiver les foules pour les soigner et élever ce monde, qu'il soit à sa fenêtre ou de l'autre côté de l'écran de l'ordinateur ouvert sur la pire vidéo youtube (ou Périscope ou je ne sais quel autre site ou application faisant commerce de la "purge".

Et je le dis, et je le répète, la catharsis n'existe pas, il n'existe que l'échange des rôles : en s'immergeant dans tant d'horreur, le lecteur / spectateur ne peut qu'être poussé à préférer être dans le rôle du bourreau plutôt que dans celui de la victime. Alors que le seul rôle à tenir est celui qui s'en sort en guérissant et prévenant le mal, au lieu de l'épander sous quelque forme que ce soit.

Surtout n'ouvrez pas ce livre en croyant retrouver le plaisir jubilatoire d'un space opera temporel à la manière des premiers Valérian dont Pierre Christin a été le scénariste chauve souris. Passez plutôt votre chemin.

Les prédateurs enjolivés, le recueil de 1976

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(texte original)

CE JOUR-LA ENCORE, L'ANOMIE PERNICIEUSE FIT 86 511 VICTIMES...

D'une main, Michel retira le casque qui enserrait sa tête et la dernière note du choral-prélude de Buxtehude qu'il travaillait depuis près d'une heure s'écarta de lui. Il posa le casque, repoussa tous les registres et coupa le contact de l'orgue. Ce matin, par extraordinaire, il y avait de l'électricité et il avait pu jouer longuement sans être interrompu.

Il détendit son long corps nu dans l'obscurité presque complète qui régnait au sein de la pièce, pressa ses doigts en ce lieu du front où commençait à poindre la sourde migraine qui l'habitait si souvent depuis quelque temps, laissa courir distraitement sa main sur les cordes d'une cithare incrustée de nacre qui était posée sur son bureau, effleura son petit harmonica favori, puis regarda sa montre machinalement. Dix heures passées...

...et je commencerai par dire que le concept qui nous occupera aujourd'hui a fait son apparition dans "Esquisse d'une morale sans obligation ni sanction" en 1884 pour définir l'absence de loi fixe par opposition à l'autonomie morale kantienne, avant de désigner en sociologie l'absence d'organisation ou de coordination entre les éléments différenciés d'un système social, c'est-à-dire...

Dix heures passées. Il était temps de sortir. Sans bruit, il entrouvit la porte de sa petite salle de musique. Dans la chambre, il faisait déjà chaud et un rayon de soleil, un seul, pénétrait par un interstice des volets. Piétinant dans le désordre des vêtements étalés à terre, Michel cherchait ce qui lui appartenait...

***