Le blu-ray français sorti le 1er octobre 2014.
Sur le film : moins bon que le roman, mais le film Fahrenheit 451 fait partie de ces œuvres qui prennent dramatiquement davantage de sens aujourd'hui qu'à l'époque où ils avaient été d'abord projetés. La première fois que j'avais vu le film je croyais naïvement que c'était un truc de la nouvelle vague que de faire jouer faux les acteurs et les voix et de mettre en scène des situations aussi abstraites et vides de sens. Même si je persiste aujourd'hui à ne pas croire à la conclusion du film (simplement parce que je doute que l'on puisse survivre à un seul hiver dans des conditions de vie pareille, je sais que c'est censée être une métaphore pour redonner l'espoir mais c'est raté), plus le film avançait, plus j'étais horrifié de reconnaître notre époque, et surtout la France actuelle - son élite qui cherche à former des gens bêtes et à faire monter en grades les gens bêtes pour mieux les utiliser, l'héroïne qui veut devenir institutrice mais qui s'inquiète de ne pas obtenir le poste étant donné qu'elle parle avec enthousiasme et se montre curieuse de tout, et ne pourra jamais enseigner parce qu'elle risquerait d'inspirer les enfants à se montrer à leur tour passionnés et curieux.
L'épouse gobe-prozac, la présentatrice interchangeable, la télé qui fait participer le spectateur en lui faisant croire que ce qu'il dira (le vote payant d'un télé-crochet) comptera alors que tout est truqué et joué d'avance, et tous ces gens qui ne supportent plus le stress d'une société qui taxe tout, paralyse tout - et à qui le pouvoir livre des boucs-émissaires à longueur de journée... . Tout ces personnages me paraissaient impossibles et outrés lorsque j'avais vu le film pour la première fois à la télévision. Aujourd'hui, nous les croisons tous les jours dans la rue ou nous les voyons tous les jours au JT. Et il n'y a pas à chercher bien loin pour trouver ceux qui aujourd'hui détruisent les livres à tour de bras : la prochaine mise à jour de votre liseuse ou la prochaine mise à jour Windows, qui vous interdira l'accès à vos documents, la prochaine loi sur le droit à l'oubli qui censurera votre navigateur, les bibliothèques qui "désherbent" à tout va et qui finissent désherbées à leur tour (cf.la "crise" actuelle des bibliothèques en Angleterre - fermées parce qu'elles coûtent trop cher et que toute manière plus personne ne lit - ne sait lire, serait plus exact).
Profitez donc d'urgence de ce film avant qu'à son tour il ne soit brûlé, d'une manière ou d'une autre - ou que vous le soyez, d'une manière ou d'une autre, puisque c'est désormais quelque chose qui arrive si facilement en France.
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Sur l'image : bonne mais limitée. La copie n'est pas miraculeuse, mais les détails fins y sont jusqu'au cil. IL y a au début le très mauvais choix d'utiliser un écran bleu pour simuler le paysage défilant par les fenêtres du monorail. La production aurait mieux fait de filmer dans le monorail, peu importait le paysage par les fenêtres. Plus sur de nombreux plans en mouvement, la mise au point est parfois approximative - tout cela ne sort pas toujours magnifiquement en haute définition. Enfin les chairs n'ont pas l'air très naturelles.
Sur le son : DTS HD MA 2.0. Très correct. La projection est agréable, il manque tous les effets d'immersion sonore qui auraient décuplé le pouvoir du film. Les instruments de la musique ne sont pas localisables clairement, pas plus que les voix des dialogues - on est loin du relief et de la profondeur qu'offre le véritable son incompressé, même mono.
Sur les bonus : essentiellement le journal de tournage du réalisateur lut par un acteur et illustré par des extraits du film. C'est déjà bien même s'il est bien triste et bien curieux qu'il n'existe aucune archive d'interview de Truffaut ou de son équipe pour compléter, et encore moins de commentaire ou de conférence cinéphile alors que le film a dû tourner dans les festivals et quantité de rétrospectives avec invités. Encore un problème de budget limité pour cette édition, je suppose.
En conclusion : un transfert honnête, mais au budget sans doute trop limité pour offrir une véritable jeunesse retrouvée du film, sublimée par la technologie d'aujourd'hui. Et ça a mégoté au niveau de son mais cela reste propre.
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