The King's Daughter (2016)
Traduction du titre original : La fille du roi.
Autre titre : The Moon and the Sun (La Lune et le Soleil, le titre original du roman dont le film est adapté).
Sortie annoncée aux USA le 7 octobre 2016, repoussée sans date.
Sortie effective au Canada et aux USA le 21 janvier 2022.
Sorti en blu-ray américain et canadien le 19 avril 2022.
Sorti en blu-ray allemand le 23 juin 2022.
De Sean McNamara ; sur un scénario de Ronald Bass, Barry Berman, Laura Harrington, Bill Mechanic et James Schamus ; d'après le roman La Lune et le Roi-Soleil (1997, The Moon and the Sun) de Vonda N. McIntyre ; avec Pierce Brosnan, William Hurt, Benjamin Walker, Kaya Scodelario, Bingbing Fan, Ben Lloyd-Hughes, Paul Ireland, Pablo Schreiber, Crystal Clarke, Rachel Griffiths, Virginia Bowers, Kasia Kaczmarek, Kaya Blocksage, Jorja j Lindsay, Jessica Clarke.
Pour adultes et adolescents.
(Fantasy anachronique) Il était une fois une belle jeune fille qui avait grandi dans un couvent au bord de la mer (plus exactement au bord d’une falaise). Elle avait un secret, c’était la fille du roi Louis XIV, et elle avait l’habitude de se baigner non pas toute nue dans la mer comme c’était l’usage alors, mais en robe vaporeuse qui tout en entravant ses mouvements et facilitant la noyade, permettait de cacher ses formes et tout détail vaguement érotique — en toute ignorance des marées et autres courants parce que c’est un film de Fantasy et tant pis si les jeunes spectatrices se noient en cherchant à l’imiter plus tard.
Depuis l’âge le plus tendre, elle était attirée par l’eau (de mer, je précise, pas par les eaux minérales), ce qui contrariait beaucoup les nonnes du couvent, beaucoup trop strictes quant à laisser leurs protégées de sang royal se noyer chaque matin juste pour faire sa mijaurée. Incidemment la baignade devrait être suivie d’un plan détaillant la jeune fille en question se rinçant à l’eau douce, parce que le sel de l’eau de mer, ça gratte et ça brûle, bonjour le teint écailleux et les cheveux qui tombent.
Et les nonnes faisaient de leur mieux pour la protéger du monde. Pas vraiment de leur mieux, puisque la mère supérieure demande à la jeune fille (au lieu de la faire fouetter aussitôt après la baignade, ce qui aurait été plus vraisemblable et aussi plus proche de la logique d’une cure thermale) combien de fois elle s’est déjà échappée du couvent pour aller nager dans la mer.
Très souvent répond fièrement la donzelle (et du coup elle connait tous les jeunes et moins jeunes pêcheurs du coin ?). Il se trouve que la mère supérieure semble avoir épuisé son imagination en matière de punition : elle a déjà privé la pimbêche de son matériel d’écriture (et le martinet ?), brûlé ses affaires (et le chat à neuf queues ?), rien n’a empêché jusqu’ici la vilaine d’aller patauger et faire des châteaux de galets, même pas la falaise vertigineuse et le fait qu’il n’y ait qu’un seul chemin pour y descendre ou que les portes d’un couvent, ça se ferme à double barre en général et personne n’en sort sans être illico dénoncé, chacune des bonnes sœurs dénonçant les autres, sauf quand il s’agit de se faire trousser par le prêtre venu les confesser, bien sûr.
Et d’accuser que c’est Satan qui appelle la jeune fille à rejoindre la mer impie. Et c’est vrai que la fille du roi avec ses cheveux roux même pas attachés ou couverts, son rouge à lèvre et son petit air de défi a clairement l’air d’une sorcière d’époque (ou d’une p.te d’époque) — la punition est donc toute trouvée, surtout que les bonnes sœurs ont déjà fait le test de savoir si elle flottait ou pas quand on la jette à l’eau.
L’indomptable héroïne rétorque que c’est une simple joie naturelle, un peu comme le sexe, sortir danser la nuit en forêt toute nue avec des boucs, et se goinfrer à chaque repas. La mère supérieure lui crie plusieurs fois de se taire, mais apparemment l’éducation au couvent laisse beaucoup à désirer dans cet univers de pur fantasy. Et la mère supérieur de se retenir de frapper la jeune fille.
Historiquement, c’était précisément pour que les filles soient frappées à l’abri des regards qu’on les envoyait au couvent. Et aussi pour éviter qu’elles ne perdent leur petite fleur en allant se baigner sans surveillance au pays des ploucs, parce qu’il fallait offrir une dot plus coûteuse si le mari devait hériter d’une épouse seconde main, voire élever un coucou, ce qui devait être plus rare vu l’extraordinaire dévouement des bonnes sœurs à enterrer les « enfants du péché » en bas-âge dans le terrain derrière le couvent.
Pendant ce temps, au palais de Versailles, le père de Marie-Joseph (tient quelqu’un s’est rappelé que l’héroïne avait un nom ? à 2 minutes trente du début du film, c’est cependant un record battu, dans les films précédents on apprenait le nom des héros ou des héroïnes seulement après une heure de projection), le roi de France revient victorieux d’une guerre coûteuse… qu’il semble avoir entièrement mené depuis son palais ?
Le roi en question en effet trotte à la rencontre d’une foule massée à un portail du palais donnant directement sur la cour d’honneur du palais – pas un seul soldat ni aucun garde à l’horizon, juste un autre cavalier, et des torches. Pour retourner à son palais, le roi de France (et sa troupe) auraient dû passer devant le bon peuple bien avant, et s’il s’agissait d’un défilé triomphal, il aurait été organisé de jour et dans les formes ? Et depuis quand le roi de France rend-il compte au peuple de ses campagnes militaires ? Où sont ses ministres ? Où sont les députés ? Où est-ce que les auteurs de ce film ont-il appris l’histoire de France ?
Toujours est-il que le roi de France fait un discours au bon peuple, qui semble plus nombreux à l’ovation qu’ils ne sont à l’image, et très bien nourris — à moins qu’il ne s’agisse du petit personnel du château réunis à la hâte pour faire genre devant les caméras de BFM TV et TF1 ? Il déclare que ses troupes se sont bien battues (et on bien crevé aussi ?) et ce fut un grand honneur pour lui de se tenir derrière elles. C’est alors que quelqu’un lui tire dessus à l’arquebuse et le roi chute de cheval.
Les deux seuls soldats postés à l’entrée s’élance pour maîtriser le quidam qui a tiré, mais étrangement la foule ne s’élance pas immédiatement pour lyncher le droit et piller le palais : pourtant, tout cet or est à portée, et il n’y a absolument aucun autre soldat ni garde à l’horizon, et n’importe qui peut approcher le roi pour le découper en rondelle et/ ou le brûler vif avec toutes ces torches.
Mais le roi avait encore des ennemis, remarque la narratrice. Louis XIV, le roi de France, champion de l’absolutisme, destructeur absolu de l’économie française, gros consommateur de lettres de cachets pour enfermer et torturer quiconque, sa devise : un pays, une religion, une langue (oui, la même que le petit Adolphe mais en français)… des ennemis ? comment serait-ce possible ? Et la narratrice de renchérir : ce soir-là, le roi-soleil appris que même lui ne serait pas toujours de ce monde, pour toute l’éternité. Ahem, n’est-ce pas une leçon que Louis XIV apprit on ne peut plus jeune lorsqu’il dut fuir la Fronde avec sa mère Anne d’Autriche ?
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce film.
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