Génération Protéus, le film de 1977 Feu vert cinéma

Demon Seed (1977)
Traduction du titre original : la semence du démon.

Sorti aux USA le 8 avril 1977.
Sorti en France le 8 février 1978.
Sorti en blu-ray américain (Warner Bros Archives) le 14 mars 2017 (possiblement région A, anglais sous-titré anglais seulement ; image et son bons, pas de bonus à part la bande annonce)

De Donald Cammell ; sur un scénario de Robert Jaffe et Roger O. Hirson ; d'après le roman de Dean R. Koontz ; avec Julie Christie, Fritz Weaver, Gerrit Graham, Robert Vaughn, Michael Dorn.

Pour adultes et adolescents.

Après tout, cela fait seulement huit années que le projet a été lancé. Ce n’est pas beaucoup. Mais c’est ce secret, cette paranoïa, qui aura donné l’impression que tout cela avait duré plus longtemps. Ce matin-là, à exactement cinq heures dix-huit du matin, dans les sous-sols de l’institut Icon pour l’analyse des données ils ont installé le module final du système d’Intelligence Artificielle qu’ils appellent le Proteus IV. Ce jour-là, une nouvelle dimension a été ajoutée au concept de calculateur. Ce jour-là, Proteus IV va commencer à penser. Et il pensera avec une puissance et une précision qui rendra obsolète beaucoup des fonctions du cerveau humain.

Le professeur Alex Harris achève de dicter son rapport sur son dictaphone en vue de sa présentation au conseil d’administration d’Icon, et après un dernier regard admiratif aux colonnes bleues que les techniciens en combinaison environnementale blanche achèvent de vérifier, il quitte le sous-sol. Sa voiture de sport, un coupé blanc, file le long d’une route de campagne ensoleillée, jusqu’au portail automatique d’une splendide résidence au vaste jardin, gardé par des caméras stéréoscopiques. Harris gare à quelques pas de la façade en brique rouge, descend de voiture, récupère un petit sac en papier dans le coffre du véhicule et rejoint tranquillement le perron à colonnade. Devant la porte, il appelle un certain Alfred, lui demandant d’ouvrir – et la porte d’entrée s’ouvre automatiquement.

Dans l’entrée, Harris demande le courrier, et un tiroir s’ouvre sur le côté de la porte : il récupère quelques enveloppes, et ajoute qu’il voudrait une boisson – le truc habituel – et, de la musique.
Puis Harris entre dans la vaste cuisine, également sous l’étroite surveillance d’une caméra stéréoscopique. Harris salue la cuisinière, Maria, une dame rousse en tablier qui s’affaire à préparer un gâteau. Et va poser à côté d’elle la barquette de fraises qu’il a sorti de son sac en papier. Comme Maria ne répond rien, Harris demande si les fraises ne sont pas merveilleuses ? Maria répond sans le regarder que les fraises sont très bien.

Alors Harris demande à Maria ce qui ne va pas. La dame répond que rien, et marche vers les vitrines réfrigérées qui occupent un pan du mur de la vaste salle. Elle appuie sur un bouton sur le côté et les étagères amplement garnies descendent d’un étage pour révéler un emplacement vide dans lequel elle range les fraises. Puis Maria demande toujours sans regarder Harris : qui s’occupera de diriger cette « chose » quand Harris sera parti ? Harris rejoint Maria et la prend par les épaules, pour rappeler gentiment que Maria sait bien que cette « chose » se dirige toute seule : il va programmer des instructions pour les trois prochains mois.

Harris quitte Maria pour récupérer un grand disque souple, puis va vers le coffre en acier étiqueté Système de sécurité Enviromod – avertissement haute tension. Harris déverrouille le coffre qui abrite plusieurs boitiers électroniques dont celui du haut orné d’une lumière rouge. Il retire le disque souple d’un des trois lecteurs du bas, tandis que les caméras stéréoscopiques au plafond se braquent alors sur lui – et remplace l’ancien disque souple par un nouveau. Puis Harris va à une trappe à l’autre bout de la cuisine, sous le téléphone mural. La trappe s’ouvre et sort un plateau avec un verre à pied rempli d’un cocktail. Harris récupère son cocktail et dit à Maria de dire à Mme Harris qu’il sera dans son laboratoire.

Un peu plus tard, Mme Harris vient rejoindre son mari : Alex Harris vient de réparer une monture de lunettes à l’aide d’un bras robot programmé pour se faire, à l’abri d’une chambre aux parois de verre. Mme Harris soupire : tout cela est ridicule. Alex Harris répond qu’en tout cas, c’est réparé – presque comme neuves… Susan Harris proteste : elle parlait de l’idée qu’Alex déménage. Le professeur s’étonne : Susan ne veut plus qu’il s’en aille ? Susan explique : c’est sa maison à lui – cela parait dingue que ce soit lui qui s’en aille. Alex s’indigne : ils ont pris la décision – que Susan fasse ce que bon lui semble, mais lui s’en va. Susan soupire : c’est tellement affreux. Alex répond que c’est comme ça. Et puis 70% des couples qui se séparent sont heureux de l’avoir fait après un an passé. Et 80% après le divorce.

Susan s’agace de sa réponse. Alex lui demande ce qui pose problème à son épouse : il l’ennuie ; préfèrerait-elle qu’il lui hurle dessus ? Alex pose la paire de lunette qu’il a réparé sur la boite de métal à côté de Susan. Celle-ci se retourne et répond en donnant d’un coup de poing sur la boite que oui ! La paire de lunettes tombe à cause du coup de poing et va s’écraser sur le sol en béton... Susan a l’air navré. Alex ramasse la paire de lunettes, soupirant sans s’émouvoir que cela fera davantage de casse. Puis, il ajoute, faisant mine de vérifier l’état de la monture, que le problème est que lui et son épouse ont des visions différentes du monde : si elle le trouve ennuyeux, Alex le trouve plutôt intéressant. Susan s’assoie puis finit par répondre : Alex ne l’ennuie pas – elle a peur pour lui. Pour lui et son institut pompeux adossé à la montagne. C’est tout ce projet déshumanisant qu’est Proteus – qui a congelé le cœur de son époux.

Cette fois, Alex devient tout rouge : ce qui est déshumanisant, c’est voir un petit enfant perdre la vie parce que l’on n’a pas su le guérir de sa leucémie ! Susan proteste mais Alex continue de parler sans l’écouter, pour finalement conclure que son rêve s’est avéré être le cauchemar de Susan. Puis il s’approche de son épouse et murmure : est-il vraiment si froid ? Susan soupire qu’elle ne le sait pas. Pour ajouter qu’elle sait cependant qu’à l’intérieur, il a bien des sentiments forts. Alex s’écarte : des sentiments ? Non, ça il ne fait pas dans le sentiment ! Susan a des sentiments, les autres gens ont des sentiments… Alex marche jusqu’à un engin recouvert d’un drap – en fait une chaise roulante avec un bras électronique greffé sur l’un des accoudoirs – qu’Alex a baptisé Joshua : Joshua, lui, a aussi des sentiments, même s’il n’est qu’une vieille expérience abandonnée, mais il a des sentiments.

Et Alex d’allumer le tableau derrière la chaise roulante et d’ordonner à Joshua de montrer ce qu’il ressent à Susan. La caméra stéréoscopique surmontant la chaise s’allume d’une lumière rouge et la chaise roule jusqu’à Susan. Alex ordonne alors à Joshua qu’il montre seulement son respect. Le bras articulé se tend puis esquive un salut en portant la main de métal à ses « yeux ». Susan se lève vivement de sa propre chaise et va à la porte. Levant sa propre main à côté de la caméra sur le côté, elle déclenche l’ouverture de la porte blindée, et sort, sans un mot.

Génération Protéus, le film de 1977

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