The Northman, le film de 2022
Traduction du titre : l’homme du Nord.
Noter que ce film n'est pas fidèle à la légende qu'il prétend adapter.
Sorti en Norvège le 13 avril 2022,
Sorti en Angleterre le 15 avril 2022, aux USA le 22 avril 2022,
Sorti en France le 11 mai 2022.
Sorti en blu-ray 4K américain pour le 7 juin 2022,
Annoncé en blu-ray 4K allemand pour le 7 juillet 2022,
Annoncé en blu-ray 4K allemand pour le 18 juillet 2022.
Annoncé en blu-ray en France le 21 septembre 2022.
De Robert Eggers (également scénariste et producteur), sur un scénario de Sjón, d’après la légende de Amleth (Hamlet) de Saxo Grammaticus ; avec Alexander Skarsgård (également producteur), Nicole Kidman, Claes Bang, Anya Taylor-Joy, Ethan Hawke, Björk, Willem Dafoe.
Pour adultes.
(saga woke) « Entends-moi Odin, père de tous les dieux, évoque les ombres des âges passés quand les Nornes fileuses gouvernaient le destin des hommes (et des femmes, et des enfants). Entendez la soif étanchée de vengeance d’un prince aux portes embrasées de Hel (NDT : la déesse de la Mort, apparemment confondue avec l’Enfer chrétien dans sa vision la plus limitée et non celle de Dante – dans la mythologie le monde de Hel est congelé, et non embrasé), un prince destiné au Wahalla (le paradis des guerriers). Entends-moi. » Puis nous entendons un éternuement sans doute dû au courant d’air.
L’Atlantique nord. La neige tombe à petits flocons sur un vol de corbeaux très au-dessus des vagues. Quatre drakkars voguent en un losange parfait à destination d’une île ou d’une péninsule surmontée d’une ville fortifiée viking aux toits fumants, le tout sous un ciel bas, mais une éclaircie semble se profiler derrière la forteresse. Une jeune fille ou un jeune garçon à toque de fourrure, cape de laine, broche en argent et tunique rouge relevée de galons dorés brodés de serpents rouge, déclare enthousiaste à la caméra qu’ « il » est là. Puis, cillant parce que ce n’est pas évident de garder les yeux ouverts avec un ventilo qui vous envoie quelques flocons de neige artificielle dans la rue, elle répète qu’ « il » est là, parce que l’on ne se répète jamais assez quand on joue la montre.
A l’intérieur du palais (incidemment désert et non gardé), le ou la sale mioche court en criant à sa mère que son père est là. Lui porte aussi une cape (personne n’enlève rien en entrant et je parie qu’il ou elle ne s’est même pas essuyé les pieds), une tunique possiblement grise, des braies bleues et une toque de fourrure à la calotte assortie. Il se précipite sur la porte et la repousse violemment, alors que sa mère avait besoin de deux servantes pour enfiler une longue chemise, juste à temps pour voir les très jolies fesses et jambes de sa mère. Je me demande combien de fois le jeune acteur a demandé à refaire la prise.
La reine se précipite alors en regardant droit dans la caméra (le gamin est plus petit et à gauche de l’écran) pour ordonner, un peu tard, de ne jamais entrer dans sa chambre sans invitation tandis que les deux servantes semblent discrètement se marrer. Réponse du berger à la bergère, ne laisse jamais ta porte sans garde ni moyen de la verrouiller quand tu comptes te mettre à poils à moins que tu veuilles allumer la compagnie, inclus tes petits garçons.
Le ou la mioche persiste sans s’excuser : le roi, ma Dame, le roi. En fait, la gamine c’est Hamlet lui-même, donc un gamin. La reine, c’est Gudrun qui faisait vaguement mine de le frapper, mais qui au son des trompes, finalement lui caresse la joue, et elle emmène le mioche en le prenant par la main en déclarant qu’Odin a ramené le roi à la maison.
Les soldats ouvrent la porte de la muraille-palissades au roi et à ses chariots et ses prisonniers esclaves enchaînés. Ils franchissent une seconde palissade, puis le roi entre à cheval dans la grand-salle alors que la reine et son fils vont à sa rencontre passant devant un rang alternant hommes brandissant chacun un bracelet d’or et femmes ne faisant rien de particulier. Les courtisans assemblés saluent d’une seule voix leur roi : « salut à toi, Roi Aurvandil Corbeau de guerre ! Salut ! »
Le roi descend de son cheval puis déclare à sa reine, que comme un chien de guerre revenant à son maître, il vient recevoir la caresse des boucles blondes de sa reine. A) je ne suis pas certain que la reine ait bien fait de prendre un bain ce jour-là. B ) Je ne savais pas que les vikings étaient à ce point woke. C) étonnamment il tend sa main debout au lieu de se présenter à quatre pattes. La reine prend la main du roi et fait une petite révérence pour déclarer en lui baisant la main qu’il n’a pas lavée à notre connaissance depuis son retour, pour déclarer qu’ils sont liés à jamais.
Puis comme la reine se relève et recule, le roi s’adresse au mioche : « Prince Hamlet, vous avez trop grandi pour être salué comme un enfant. » (depuis quand un roi viking salue ses enfants en bas âge ? ah oui, il doit se rouler par terre puis faire le beau). Le mioche s’incline sans poser un genou à terre, pose sa paume sur le dos de la main du roi, ce qui à ma connaissance devrait être le signe qu’il soumet publiquement le roi à sa volonté.
Le gamin se redresse et le roi s’approche pour ajouter : « mais un père ne vieillit jamais assez pour un bon étouffement ! » et de soulever le jeune garçon pour l’embrasser, euh, sur la bouche ? « Combien tu m’as manqué mon fils ? » (il n’y avait pas de petits garçons dans les villes qu’il a pillé ?). Il repose le gamin qui rigole bêtement parce que c’est comme ça que l’on se conduit en public à la cour d’un roi viking dont on est le fils, et le roi prend le bras de la reine, qui lui demande si le frère du roi viendra.
Le roi lui répond de ne pas penser à Fjonir, il sera bientôt avec eux (et dans le lit de la reine, nous supposons, vu qu’elle sait si bien cacher son empressement). Puis comme le mioche, le cocu et la reine se sont assis sur leurs trônes respectifs, quatre serviteurs amènent deux gros coffres remplis d’objets en or, et un serviteur en apporte un plus petit ouvert au roi, mettant un genou à terre pour qu’il choisisse un collier bling-bling, et le montre à l’assistance, collier à médaille prétendument porté par un prince à son cou lorsqu’il l’a trouvé — le cou, le prince et le collier tout à la fois, ce qui est assez logique. Le roi se tourne alors vers son fils pour continuer « mais il était destiné à ce prince-là… » et d’ordonner que son fils le porte toujours avec amour.
Le fi-fils à son papa répond enthousiaste « merci Père, mon roi ». Mais les touchantes promesses des regards sont interrompu par un chien de guerre, un vrai cette fois, aboyant, car Fjonir vient de faire son entrée non annoncée parce qu’il n’allait tout de même pas acclamer son roi avec les autres. On murmure que la brute vient s’arriver. En gros, Fjonir est le portrait craché de Raspoutine — et porte l’inévitable barbiche noir du grand méchant de tous les films d’aventure parce que les spectateurs sont si c.ns qu’ils risqueraient de le rater sinon.
Bref, le roi veut porter un toast à son massacreur en chef, sauf que c’est la reine qui offre sa coupe (symbolisme transparent) au frérot pour qu’il se binge à main. Le bouffon intervient aussitôt pour souligner l’obscénité du geste : « Regardez comme la coupe de la reine mouille pour davantage d’hommes que son roi. » Sûr que la métaphore de la coupe de la reine est son vagin risquait d’échapper à quelqu’un dans la salle du cinéma mais franchement à cette époque et dans la cour, je ne vois pas comment. Les gags-métaphoriques du bouffon s’enchaînent, et quelque part je trouve ça trop sophistiqué pour un bouffon de cette époque.
Fjonir hurle alors « Silence, chien ! » avant d’ajouter qu’au nom de Freyr, le bouffon dénigre son seigneur et sa maitresse (la sienne ou celle du roi ?). Le roi prend la peine de se lever au lieu de rire à gorge déployé, et pose sa main sur l’épaule de son frère, le priant de ne pas s’énerver : ce n’est qu’un bouffon. Et de répéter parce que… euh, vous connaissez le truc : un bouffon. Un bébé se met à pleurer, parce qu’il est tout à fait logique d’emmener les bébés à ce genre de cérémonie : leurs glapissements sont si mélodieux et ils sont si faciles à rôtir ou bouillir compte tenu de leur petite taille ! Et le roi de préciser lourdement parce qu’il doit prendre son frère ou la cour ou le public du cinéma pour un débile profond, expliquant presque syllabe à syllabe que son bouffon se montre peut-être grossier… euh, c’est-y-pas son métier au bouffon ? — mais que le roi le garde à ses côtés en tant qu’ami profondément juré. Et je commence à m’inquiéter sérieusement sur la signification exacte de tous ces faux-pas dialogués.
Et voilà-t-y pas qu’une vieille servante apporte le bébé qui braille au plus près de la conversation, ou du massacre selon le degré de patience des uns comme des autres, parce que c’est ce qu’on fait habituellement quand on insulte la reine et le frère du roi et procède au « partage » anticipé du trésor ? Je ne savais pas que la salle du trône faisait aussi nurserie à l’époque des vikings, sans doute l’habitude de tous vivre dans ou sous un bateau. Et de porter un toast à son frère le Corbeau de Guerre. Et le jeune Hamlet de crier à son tour, au Royaume de Hrafnsey, et moi de me demander comment un prince peut se permettre de changer le toast public de son oncle alors qu’il n’est pas à une soirée Banga, Quick ou MacDo pour fêter son propre anniversaire. Et la foule de lui répondre « Skaaaal », que ces vikings si authentiques auraient dû, il me semble, prononcer « skoool » (skál). Quelqu’un de la production n’a pas dû consulter la wikipédia.
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