Have Space Suit — Will Travel (1958)
Traduction du titre original : J’ai une combinaison spatiale, je voyagerai.
Titre français : le vagabond de l’espace.
Autres titres : le jeune homme et l’espace
Paru en août, septembre, octobre 1958 aux USA dans The Magazine Of Fantasy & Science-fiction ;
en grand format américain en 1958 chez Charles Scribner's Sons ;
traduit en français en décembre 1960 par Michel Deutsch pour le magazine Fiction n° 85, 86 et 87 OPTA FR ;
réédité en grand format en 1977 chez LAFFONT, Collection l’âge des étoiles ;
réédité en poche en janvier 1983 chez POCKET, réédité en 1989 chez POCKET ;
réédité en grand format traduction de Michel Deutsch révisée par Stéphane Guillot et Xavier Mauméjan chez TERRES DE BRUME,
réédité en poche en juin 2011, traduction de Deutsch révisée par Estelle Blanquet en plus des deux précédents, au LIVRE DE POCHE.
De Robert Anson Heinlein.
Pour adultes et adolescents.
(Space Opera, prospective juvénile, presse) Dans un futur proche, la Terre a établi des bases lunaires. Clifford "Kip" Russell, élève de terminale, est déterminé à se rendre sur la Lune, mais le prix d'un billet est bien trop élevé pour lui. Son père lui propose de participer à un concours d'écriture de slogans publicitaires ; le premier prix est un voyage tous frais payés vers la Lune. Au lieu de cela, il gagne une combinaison spatiale d'occasion. Kip remet la combinaison (qu'il nomme "Oscar") en état de marche.
Kip décide à contrecœur de rendre sa combinaison spatiale en échange d'un prix en espèces pour l'aider à payer l'université, mais il l'enfile pour une dernière promenade. Alors qu'il s’amuse à brancher sa radio à ondes courtes, une personne s'identifiant comme Piwi répond et demande d’émettre un signal pour la guider. A sa grande surprise, une soucoupe volante atterrit pratiquement sur lui. Une jeune fille de onze ans et un extraterrestre s'en échappent, mais tous trois sont rapidement capturés et emmenés sur la Lune.
Un modèle du genre de la Science-fiction juvénile années 1950, à une époque où n’importe quel jeune pouvait s’amuser à construire une radio ou une voiture de toutes pièces, et l’économie autant que l’instruction et les loisirs étaient tournés sur le progrès et l’épanouissement personnel. Ecriture limpide, bon sens, merveilleux scientifique, personnages et dialogues efficaces. Jamais adapté pour la télévision ou le cinéma. Très bon souvenir d’enfance quand j’ai emprunté à la bibliothèque l’édition de l’Âge des étoiles.
*
Le texte original de 1958 de Robert Heinlein, pour The Magazine Of Fantasy & Science-fiction et Charles Scribner's Sons .
Chapter 1
You see, I had this space suit.
How it happened was this way:
"Dad," I said, "I want to go to the Moon."
"Certainly," he answered and looked back at his book. It was Jerome K. Jerome's Three Men in a Boat, which he must know by heart.
I said, "Dad, please! I'm serious."
This time he closed the book on a finger and said gently, "I said it was all right. Go ahead."
"Yes ... but how?"
"Eh?" He looked mildly surprised. "Why, that's your problem, Clifford."
Dad was like that. The time I told him I wanted to buy a bicycle he said, "Go right ahead," without even glancing up-so I had gone to the money basket in the dining room, intending to take enough for a bicycle. But there had been only eleven dollars and forty-three cents in it, so about a thousand miles of mowed lawns later I bought a bicycle. I hadn't said anymore to Dad because if money wasn't in the basket, it wasn't anywhere; Dad didn't bother with banks-just the money basket and one next to it marked "UNCLE SAM," the contents of which he bundled up and mailed to the government once a year. This caused the Internal Revenue Service considerable headache and once they sent a man to remonstrate with him.
First the man demanded, then he pleaded. "But, Dr. Russell, we know your background. You've no excuse for not keeping proper records."
"But I do," Dad told him. "Up here." He tapped his forehead.
"The law requires written records."
"Look again," Dad advised him. "The law can't even require a man to read and write. More coffee?"
The man tried to get Dad to pay by check or money order. Dad read him the fine print on a dollar bill, the part about "legal tender for all debts, public and private."
In a despairing effort to get something out of the trip he asked Dad please not to fill in the space marked "occupation" with "Spy."
"Why not?"
"What? Why, because you aren't-and it upsets people."
"Have you checked with the F.B.I.?"
"Eh? No."
"They probably wouldn't answer. But you've been very polite. I'll mark it 'Unemployed Spy.' Okay?"
The tax man almost forgot his brief case. Nothing fazed Dad, he meant what he said, he wouldn't argue and he never gave in. So when he told me I could go to the Moon but the means were up to me, he meant just that. I could go tomorrow-provided I could wangle a billet in a space ship.
But he added meditatively, "There must be a number of ways to get to the Moon, son. Better check 'em all. Reminds me of this passage I'm reading. They're trying to open a tin of pineapple and Harris has left the can opener back in London. They try several ways." He started to read aloud and I sneaked out-I had heard that passage five hundred times. Well, three hundred.
I went to my workshop in the barn and thought about ways. One way was to go to the Air Academy at Colorado Springs-if I got an appointment, if I graduated, if I managed to get picked for the Federation Space Corps, there was a chance that someday I would be ordered to Lunar Base, or at least one of the satellite stations.
Another way was to study engineering, get a job in jet propulsion, and buck for a spot that would get me sent to the Moon. Dozens, maybe hundreds, of engineers had been to the Moon, or were still there-for all sorts of work: electronics, cryogenics, metallurgy, ceramics, air conditioning, as well as rocket engineering.
Oh, yes! Out of a million engineers a handful got picked for the Moon. Shucks, I rarely got picked even playing post office.
*
La traduction au plus proche.
Chapitre 1
Vous voyez, j’avais cette combinaison spatiale.
Comment ça arriva fut de cette manière.
« Papa, j’ai dit, je veux aller sur la Lune.
— Certainement, » il répondit et replongea dans sa lecture. C’était Trois hommes dans un bateau de Jérôme K. Jérôme, qu’il doit connaître par cœur.
J’ai dit : « Papa, s’te plait ! j’suis sérieux. »
Cette fois, il referma le livre sur son doigt et répondit gentiment : « J’ai dit que c’était d’accord. Vas-y !
— Oui… mais comment ?
— Hein ? Il avait l’air un peu surpris. Eh bien, c’est tout problème, Clifford. »
Papa était comme ça. La fois où je lui avais dit que je voulais acheter une bicyclette, il m’avait répondu : Vas-y, fonce, sans même me jeter un coup d’œil alors j’étais allé droit au panier à monnaie dans la salle à manger, avec l’intention de prendre ce qu’il fallait pour une bicyclette. Mais il n’y avait que onze dollars et quarante-trois centimes dedans, alors, environ mille six cent kilomètres de pelouse tondue plus tard, j’ai acheté une bicyclette. Je n’avais rien dit de plus à Papa parce que si l’argent n’était pas dans le panier, il ne pouvait être nulle part ; Papa ne s’embêtait pas avec les banques, juste avec le panier à monnaie et celui d’à côté marqué « ONCLE SAM », le contenu duquel il empaquetait et postait au gouvernement une fois par an. Ce qui occasionait au Service des Revenus Interne une migraine considérable et une fois, ils lui envoyèrent un homme pour lui faire la remontrance.
D’abord l’homme exigea, puis il supplia. « Mais, professeur Russell, nous connaissons vos antécédents. Vous n’avez pas d’excuse pour ne pas tenir en ordre vos comptes.
— Mais c’est ce que je fais, Papa réppliqua : là dedans. » Et il tapota son front.
« La loi exige une comptabilité par écrit.
— Relisez, Papa lui conseilla: La loi n’exige même pas d’un homme qu’il sache lire et écrire. Encore du café ? » (…)
Le percepteur en oublia presque sa malette. Rien ne troublait Papa, il voulait dire ce qu’il disait, il n’en débattrait pas et il ne cédait jamais. Alors quand il m’a dit que je pouvais aller sur la Lune mais que les moyens dépendraient de moi, il voulait seulement dire cela. Je pouvais partir dès demain, si je réussissais à obtenir mon billet à bord d’un astronef.
Mais il ajouta, méditativement : « Il doit y avoir une multitude de façon d’arriver à la Lune, fiston. Tu ferais bien d’y réfléchir à toutes. Ça me rappelle ce passage que je suis en train de lire. Ils essaies d’ouvrir une conserve d’ananas et Harris a oublié son ouvre-boîte à Londres. Ils essaient plusieurs moyens. » Il commença à lire à voix haute et je m’échappais discrètement — j’avais entendu ce passage cinq cents fois. Ou peut-être trois cents.
Je suis allé à mon atelier dans la grange et j’ai réfléchi aux façons. Une façon était d’aller à l’Académie des Airs de Colorado Springs, si je décrochais un rendez-vous, mon diplôme, si j’arrivais à être recruté dans le Régiment Spatial de la Fédération, alors il y avait une chance pour qu’un jour on m’envoie sur la Base Lunaire ou au moins l’une des stations secondaires.
Un autre moyen était de devenir ingénieur, décrocher un poste dans les moteurs à réaction, et viser une place qui m’enverrai sur la Lune. Des douzaines, peut-être des centaines, d’ingénieurs allaient sur la Lune, ou peut-être y étaient encore, dans toutes sortes de spécialités : électronique, cryogénie, céramiques, climatisation, aussi bien que pour la conception des fusées.
Oh oui ! Mais sur un million d’ingénieurs, seule une poignée était choisie pour aller sur la Lune. Des nèfles ! moi qui n’était presque jamais choisi quand on jouait au Bureau de Poste.
*
La traduction révisée de Michel Deutsch pour TERRE DE BRUMES ?
1
Vous voyez, j’avais cette combinaison spatiale. Voici comment c’est arrivé…
— Papa, je voudrais aller sur la Lune.
— Bien sûr, me répondit mon père en se replongeant aussitôt dans Trois hommes dans un bateau, de Jerome K. Jerome, qu’il devait connaître par cœur.
— S’il te plaît, Papa… Je parle sérieusement…
Cette fois il ferma le livre, se servant de son doigt comme d’un signet.
— Je t’ai dis que j’étais d’accord. Vas-y !
— Oui mais… comment ?
— Hein ? Il parut légèrement étonné. Ça, Clifford, c’est ton problème !
Papa était comme ça. Le jour où je lui avais dis que j’avais envie de m’offrir une bicyclette, il m’avait répondu sans même lever la tête : « Va te l’acheter tout de suite. » Alors moi j’avais bondi sur la boite à billet de la salle à manger , avec l’idée de prélever la somme nécessaire. Seulement la boîte contenait en tout et pour tout onze dollars et quarante trois cents. J’ai donc acheté la bicyclette, mais environ mille kilomètres de pelouse tondue plus tard. Je n’avias rien dit. S’il n’y avait pas d’argent dans la boîte à billets, c’est qu’il n’y en avait nulle part. Papa ne peut pas encaisser les banques ; il ne se sert que de deux boîtes, celle à billets et une autre marquée « ONCLE SAM ». Une fois par an, il rafle le contenu de cette dernière et l’expédie au gouvernement, ce qui provoque des migraines carabinées au Ministère des Finances. Un jour, les Contributions envoyèrent quelqu’un chargé de faire des remontrances à Papa.
L’homme commença par exiger, puis il se fit suppliant :
— Mais voyons, Dr Russell, nous vous connaissons ! Rien ne justifie que vous ne teniez pas votre comptabilité.
— Mais je la tiens, répliqua Papa. Elle est là, dit-il en se tapotant le front.
— La loi exige des documents écrits.
— Relisez-la. La loi ne peut pas réclamer d’un homme qu’il sache lire et écrire. Encore un peu de café ? (…)
L’homme faillit en oublier son porte-documents. Rien ne pouvait avoir raison de Papa : tout ce qu’il disait, il le pensait, refusant d’en discuter, et ne capitulant jamais. Ainsi en alla-t-il lorsqu’il me dit qu’il ne voyait aucun inconvénient à ce que je parte pour la Lune ; mais lorsque Papa ajoutait que c’était à moi de trouver le moyen de m’y rendre, la formule devait être prise à la lettre. Je pouvais prendre le départ dès le lendemain… à condition que je parvienne à me procurer un billet !
Toutefois, il ajouta, songeur :
— Quantité de chemins peuvent mener à la Lune, fils. Le mieux est de les examiner tous. C’est comme dans le passage que je suis en train de lire : ils s’efforcent d’ouvrir un boîte d’ananas et Harris a oublié l’ouvre-boîtes à Londres. Ils essayent différentes méthodes.
Papa entreprit de lire la suite du récit à haute voix et je m’esquivai, ayant déjà entendu cet épisode cinq cents fois.
Je regagnai l’atelier que je m’étais installé dans la grange pour y réfléchir aux chemins qui mènent à la Lune. Un moyen était d’intégrer l’ »Air Academy » à Colorado Springs : si j’obtenais une inscription, si je décrochais le diplôme, si je parvenais à me faire affecter au Corps Fédéral de l’Espace, alors j’avais une petite chance d’être un jourdésigné pour la Base Lunaire — ou du moins pour une des stations satellites.
Une autre solution éventuelle était de prendre la filière mécanique : une fois ingénieur, je pourrais trouver un boulot dans la propulsion à réaction. Il y aurait alors bien une chance pour qu’on m’envoie sur la Lune. Des dizaines — pour ne pas dire des centaines — d’ingénieurs y avaient été ou s’y trouvaient encore. Ils rassemblaient une foule de spécialités : électronique, cryogénie, métallurgie, céramique, climatisation aussi bien que propulsion des fusées.
Oui ! Mais sur un million de techniciens, seule une poignée était choisie pour la Lune. La tuile, c’est qu’il m’arrivait rarement d’être choisi dans la vie, même pour jouer aux gendarmes et aux voleurs.
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.
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