The Portable Door (2003)
Ce roman est le premier des six de la série J. W. Wells & Co.
Sorti le 3 mars 2003 chez Orbit UK,
Sorti le 3 avril 2008 chez Paw Print US.
Adapté en film en 2023.
De Tom Holt.
Pour adultes et adolescents.
(Fantasy urbaine, magie, presse) Paul Carpenter et Sophie Pettingel sont d’humbles stagiaires qui débutent dans la mystérieuse société londonienne J.W. Wells & Co. Ils se rendent peu à peu compte que leurs employeurs sont tout sauf conventionnels. »
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Le texte original de Tom Holt pour Orbit UK paru en mars 2003.
CHAPTER ONE
After a very long time, the door opened, and the tall, Aryan-looking bloke came out. He was smiling, and shaking hands with the grim-faced man. Not a good sign, by any stretch of the imagination. But then, Paul told himself, as the grim-faced man called out another name and the girl with the Pre-Raphaelite hair stood up and followed him into the interview room, I wouldn’t have wanted this rotten job anyhow.
The Aryan took his coat from the rack and left, leaving Paul alone in the waiting room with the thin girl. Pointless, he told himself; we might as well both go home now and save ourselves the humiliation. If someone had offered to bet home money on which of the ten candidates who’d passed though the door since he’d arrived was going to get the job he’d have refused to play, since there wasn’t a lot to choose between the eight who’d already been called. They were all, as far as he could tell, perfect: superbeings, almost certainly with superhuman powers and quite possibly from the planet Krypton. The only dead certainty on which he’d have been tempted to wager was that he didn’t stand a chance; and the only consolation was that the thin girl probably didn’t, either.
He glanced at her out of the corner of his eyes. She was small and dark, with a drawn, bony face and enormous eyes, like one of the small, quick moving animals at the zoo that have to be kept in subdued lighting. It was saying something that even he hadn’t been tempted to fall in love with her at first sight. Not that she wasn’t attractive, in a sort of a way (to Paul, all females under the age of forty and still alive were attractive in a sort of a way, and also unspeakably terrifying); what had put him off was the chilling aura of hostility that she contrived to project. You could cut yourself to the bone on someone like that, he decided, and she wouldn’t even notice.
Nevertheless, he glanced again. She was perched on her chair at an angle, cleaning under her fingernails with the cap of a ballpoint pen. Earlier she’d picked her nose and reamed out her left ear with her little finger. Her hands were tiny, like little claws, poking out from the sleeves of her suit jacket. She reminded him of a bat.
‘I know,’ she said suddenly, not looking up as she wiped the pen cap on the knee of her skirt. ‘Disgusting habit.’
He winced. ‘No, that’s fine,’ he said, looking away immediately. ‘You carry on.’
Dead silence. Paul fixed his eyes on the toecaps of his shoes (scuffed and in need of polishing) and tried to think about something else. All right, he said to himself, so which of them would you choose? He considered the question for a moment or so, narrowing it down to the Pre-Raphaelite, Intense With Glasses, Young Indiana Jones and the Dog Boy. On balance, he decided, he’d have to plump for the Dog Boy, simply because he’d hated him most of all, and so it was inevitable that he’d be the one to succeed. Not that he’d ever know the outcome. Not that he cared. If he had any sense, he’d get up right now and walk out ; with luck and a following 75 bus, he’d be back in Kentish Town in time for the second half a Buffy.
But he stayed where he was, while the thin girl excavated the talons of her hand, like Carter and Caernarvon questing for dead Pharaohs. He couldn’t hear anything though the interview room door — like all the other fixtures and fittings in this place it was solid, chunky and antique — but it didn’t take much imagination to picture the Pre-Raphaelite smiling demurely as she gave concise, intelligent answers to the panel’s well-chosen questions. Maybe he’d change his bet and go for her instead; after all, if it was up to him he’d hire her like a shot, for any post up to and including President of the UN or Queen of the Elves.
‘You’re probably right,’ the thin girl said without warning. ‘Specially if the interviewers are men.’
This time he couldn’t help staring straight at her. She grinned sardonically at him.
‘Oh, it’s obvious what you were thinking,’ she said, ‘from that soupy expression on your face, and the way your shoulders are sagging. Like someone had sat you down in front of a radiator, and you’re beginning to melt.’
He couldn’t think of anything to say to that, so he said, ‘Oh,’ instead. She pulled the grin back into a little wry frown, like someone reining in an unruly terrier, and scratched under her right armpit.
‘I wish I could do that,’ Paul said.
‘What, scratch? It’s easy, look.’
‘No, ‘ he replied, ‘guess what people are thinking just by looking at them. It’d come in handy, being able to do that.’
She shrugged. ‘Not really,’ she said.
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La traduction française au plus proche.
CHAPITRE UN
Au bout d'un très long moment, la porte s’ouvrit et le grand type à l'allure aryenne sortit. Il souriait et serrait la main de l'homme à la mine renfrognée. Pas un bon signe, loin s'en faut. Mais alors, se dit Paul, tandis que l'homme au visage sinistre appelait un autre nom et que la fille aux cheveux préraphaélites se levait et le suivait dans la salle d'entretien, je n'aurais pas voulu de ce travail pourri de toute façon.
L'Aryen ôta son manteau du portemanteau et partit, laissant Paul seul dans la salle d'attente avec la jeune fille mince. Inutile, se dit-il, autant qu’ils rentrent chez eux tous les deux et s'épargnent cette humiliation. Si quelqu'un lui avait proposé de parier de l'argent sur qui, des dix candidats qui avaient franchi la porte depuis son arrivée, obstiendrait le poste, il aurait refusé, car il n'y avait pas grand choix entre les huit qui avaient déjà été appelés. Ils étaient tous, à sa connaissance, parfaits : des êtres superbes, presque certainement dotés de pouvoirs surhumains et très probablement originaires de la planète Krypton. La seule certitude sur laquelle il aurait été tenté de parier était que lui, n'avait aucune chance, et la seule consolation était que la fille mince n'en avait probablement aucune non plus.
Il la regarda du coin de l'œil. Elle était petite et brune, avec un visage osseux et tiré et des yeux énormes, comme l'un des petits animaux du zoo qui se déplacent rapidement et qui doivent être maintenus sous un éclairage tamisé. Le fait que même lui n'ait pas été tenté de tomber amoureux d'elle au premier regard n'était pas anodin. Non pas qu'elle ne soit pas attirante, d'une certaine manière (pour Paul, toutes les femmes de moins de quarante ans encore en vie étaient attirantes d'une certaine manière, mais aussi indiciblement terrifiantes) ; ce qui l'avait découragé, c'était l'aura glaçante d'hostilité qu'elle s'ingéniait à projeter. Vous pourriez vous couper jusqu'à l'os sur quelqu'un comme ça, décida-t-il, et elle ne s'en apercevrait même pas.
Néanmoins, il jeta un nouveau coup d'œil. Elle était perchée de biais sur sa chaise, nettoyant le dessous de ses ongles avec le capuchon d'un stylo à bille. Plus tôt, elle s'était curé le nez et s'était alésé l'oreille gauche avec son petit doigt. Ses mains étaient minuscules, comme de petites griffes, dépassant des manches de sa veste de tailleur. Elle lui fait penser à une chauve-souris.
« Je sais, dit-elle soudain, sans lever les yeux pour essuyer le capuchon de son stylo sur le genou de sa jupe. C'est une habitude dégoûtante. »
Il grimace. « Non, ce n'est pas grave, dit-il en détournant immédiatement le regard. Continuez. »
Silence absolu. Paul fixa ses yeux sur le bout de ses chaussures (éraflées et à polir) et essaya de penser à autre chose. D'accord, se disait-il, lequel des deux choisirais-tu ? Il réfléchit à la question pendant quelques instants et réduisit son choix au Préraphaélite, à l'Intense avec des lunettes, au Jeune Indiana Jones et à l'Enfant Chien. Tout compte fait, il opta pour le Dog Boy, tout simplement parce qu'il l'avait détesté plus que tout autre, et qu'il était donc inévitable que ce soit lui qui réussisse. Non pas qu'il en connaissât l'issue. Il s'en moquait. S'il avait eu un peu de bon sens, il se serait levé tout de suite et serait parti ; avec de la chance et un bus de la 75 qui suivrait, il serait de retour à Kentish Town à temps pour la deuxième partie de Buffy.
Mais il resta là où il était, tandis que la fille mince fouillait les serres de sa main, comme Carter et Caernarvon à la recherche de pharaons morts. Il ne pouvait rien entendre à travers la porte de la salle d'interrogatoire — comme tous les autres équipements de cet endroit, elle était solide, épaisse et antique — mais il n'avait pas besoin de beaucoup d'imagination pour imaginer la préraphaélite souriant d'un air modeste tandis qu'elle donnait des réponses concises et intelligentes aux questions bien choisies du panel. Après tout, s'il n’en avait tenu qu'à lui, il l'engagerait sans hésiter pour n'importe quel poste, jusqu'à celui de président de l'ONU ou de reine des Elfes.
« Tu as sans doute raison, dit la jeune fille sans crier gare. Surtout si les recruteurs sont des hommes. »
Cette fois, il ne put s'empêcher de la regarder droit dans les yeux. Elle lui adressa un sourire sardonique.
« Oh, c'est évident ce que tu pensais, dit-elle, avec cette expression sentimentale sur ton visage et la façon dont tes épaules s'affaissent. Comme si quelqu'un t'avait assis devant un radiateur et que tu commençais à fondre.
Il n'a rien trouvé à répondre à cela, alors il a dit « Oh ! » à la place. Elle retira son sourire en un petit froncement de sourcils, comme quelqu'un qui dompte un terrier indiscipliné, et se gratta sous l'aisselle droite.
« J'aimerais bien pouvoir faire ça, dit Paul.
— Quoi, se gratter ? C'est facile, regarde.
— Non, il répondit, deviner ce que pensent les gens rien qu'en les regardant. Ce serait bien pratique de pouvoir faire ça. »
Elle haussa les épaules.
« Pas vraiment, » elle répondit.
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Ici la page du forum Philippe-Ebly consacrée à ce roman.
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