La revue Lire, le numéro 252 de février 1996Feu rouge livre / BD

Lire # 252 (1996)
Couverture "La BD a 100 ans !" de Ted Benoit d'après Edgar P. Jacobs.

Présumé sorti en kiosque le 27 janvier 1996, prix 30F.

De Pierre Assouline et ses rédacteurs.

Je n'ai pas trouvé d'ours d'ours digne de ce nom, c'est Wikipédia qui le dit pour la période de 1993 à 2004.

Pour adultes.

Essentiellement de la publicité et des articles de remplissage avec des signatures et titres attrape-clic. Les seules pages qui valent la peine d'être lues, celles consacrées aux Dico d'or et la dictée de Bernard Pivot, tout le reste c'est du baratin ou du copié collé de service de presse. Je suppose qu'à l'époque j'avais voulu lire les premières pages de l'Affaire Francis Blake, premier d'une série de pastiches des aventures de Blake et Mortimer.

p5 : Edito : pour commencer, de Pierre Assouline.

p24 : Classiques en poche : que choisir ?

Je croyais naïvement que Lire allait me conseiller quelques bons romans, etc. Que nenni ! Un certain Didier Sénégal attribue trois stylos rouges à tous les éditeurs sauf au cancre de service, Marabout, un seul stylo rouge en se basant sur cinq critères, le Catalogue, la préface et notice, le dossier, les "spécificités", notre avis aka celui de Didier Sénégal qui semble parler à la première personne du pluriel. Total une page et demi petits caractères, pensez à changer de lunettes.

p30 : à travers la presse mondiale.
p32 : l'univers d'un écrivain : Sylvie Germain.
p34 : racines d'un écrivain : Jean d'Ormesson.
p36 : Jacques Le Goff à propos de Saint Louis.

p44 DOSSIER : la BD a cent ans.
Sous-titre : le neuvième art est sorti de l'enfance. Hum, depuis un certain temps déjà...
Sous-titre 2: état des lieux, par Cathrine Argand, Philippe Koechlin, Benoît Peeters.

"Autrefois Tintin s'adressait à tout le monde et d'abord aux enfants", parce que c'était un supplément du Dimanche destiné aux enfants, acheté par des adultes évidemment. Les autres "strips" étaient loin de s'adresser d'abord aux enfants. Vous en déduirez le biais avec lequel s'ouvre ce dossier. Les hommes et les femmes des cavernes ayant imprimé leurs premières bd sur les murs de leurs cavernes, d'autres les ayant sculpté en relief dans et sur les cathédrales, et les murs de Pompéï et de ses bordels étant couverts de ... haem, vous en déduirez que, euh, la bande dessinée ne s'adresse, euh. En fait pas du tout.

p47 une frise que nous allons inspecter avec un peu plus d'attention vu le désert fantastique / SF qu'est ce numéro.

1929 Popeye (comédie super-héros), Tarzan (Fantasy superhéros), Tintin (aventure, et les extraterrestres...) . Si vous en déduisez que la Science-fiction ou le Fantastique ce n'est que pour les enfants, vous allez au-devant de gros ennuis, potentiellement judiciaires.
1934 Le journal de Mickey (dont les auteurs ont absolument tout pastiché en fantastique, science-fiction et aventure)
1938 le magazine Spirou et Superman, le journal de Tintin donc Blake et Mortimer entre autres récits de SF, Fantasy, Mystère et aventure.
1949 loi du 16 juillet 1949 de protection de la jeunesse (Lire et sa rédaction parisienne qualifie cela de "censure", ce qui se comprend mieux à travers les toutes les affaires mœurs parisiennes qui n'ont sans doute jamais cessé depuis l'Antiquité et sans doute depuis l'âge des cavernes.
1958 Les schtroumpfs (de la fantasy, mais une fois de plus, Lire semble ne pas savoir que ça existe)
1959 Journal Pilote et Astérix le Gaulois (fantasy satirique)
1974 Premier festival d'Angoulême, affiche de Hugo Pratt (Corto Maltese n'est pas cité à part pour 1995, mort de Hugo Pratt. Merci pour lui.

L'auteur de la frise n'est pas cité, la frise ne concerne pas strictement la naissance des héros de bandes dessinées, se concentre sur la bande-dessinée jeunesse et petite enfance, pour affirmer que la bande-dessinée est "sortie de l'enfance". Aka, du remplissage, pas la réalité, aucun enrichissement du lecteur, à moins bien sûr que celui-ci doit né d'hier et ne sache pas lire, un léger obstacle à la dégustation de ce genre de junk food pour l'esprit.

p48, une question existentielle: Qui a inventé la bd ? par Benoir Peteers, en trois petites colonnes intitulée "Enquête", une enquête limitée à quelques précurseurs américains, se référer plutôt aux ouvrages de Scott McCloud, qui se lisent (littéralement) comme des bandes dessinées.

Et enfin, p49 une bibliographie, Les indispensables (qu'ils disaient...) :

Alix l'intrépide 1949
La marque jaune 1956
Spirou et les héritiers 1952
L'affaire tournesol 1956
Les cousins Dalton 1958
Angel Face 1975
Ciel de Corée 1954
Gil Jourdan premières aventures 1959
Le jour du soleil noir 1984

Notez que ces indispensables datent tous à une seule exception des années 1950 à un an près. Et le gag final : "Pour en savoir plus..." se référer à divers biographies, dictionnaire de la bande-dessinée et essai. Aka en aucun cas cet article n'est un guide de "cent années" de bande dessinée sorti de l'enfance ou pas. Aka, le lecteur aka moi s'est fait avoir.

p50 Depuis 68, la bd périclite, interview de Francis Lacassin fondateur du club des bandes dessinées par Catherine Argand. Quand il a découvert la bd, pourquoi il a fondé le club, "emporté par les évènements de 1968, et de répéter que mai 68 a entraîné ou entraîne actuellement ou va entraîner la mort de la bande dessinée.

Pas un mot sur les banquiers et le forum économique de Davos cependant. Je me demande ce que Francis Lacassin pense de l'intelligence artificielle aujourd'hui et du wokisme. En conclusion, Lacassin charge les auteurs (pas les éditeurs, pas les journalistes ou les médias etc.) : les créateurs ont perdu le contact avec le public de masse, un public peu cultivé qui aimait avoir peur, sourire, rêver, pleurer à travers des personnages universels. Nous (le public ? les créateurs ? les deux ?) voilà les bras ballants.

Et là, je ne comprends pas davantage : si tu penses que la bd a perdu le contact avec le public de masse (le grand public ? des lecteurs non ciblés par le marketing, le public méprisé par l'éditeur, par l'élite parisienne voire mondiale ?), fais-en une qui garde le contact avec le public de masse : l'avantage du papier et d'un crayon, c'est que c'est encore à la portée de n'importe qui en qui prendra le temps, tant que le papier et le crayon (ou n'importe quel autre support) sera encore accessible. Je sais, ce n'est pas gagné, et les drones volent bas en ce moment, mais ça ne devrait pas changer nos auteurs de ce qui arrivait dix ans avant les années 1950 en Europe.

Extrait : L'Affaire Francis Blake, dessin de Ted Benoît, scénario de Jean Van Hamme, quatre planches d'un pastiche des 39 marches se faisant passer pour un pastiche des aventures de Blake & Mortimer de Jacobs. Relisez Un opéra de papier de Jacobs où celui explique et démontre pourquoi Blake et Mortimer ne pouvaient raconter que des récits de Science-fiction inédit inspirés de sa culture du 19ème siècle et du cinéma depuis les années de jeunesse de l'auteur jusqu'à sa retraite forcée.

p57 : LES LIVRES aka Extraits et critiques (bizarre ces rubriques qui changent de titre entre le sommaire et leur page)

Trouvé, rubrique romans étrangers, une petite colonne de trois romans de Science-fiction

La trilogie de l'Elfe Noir de Robert A. Salvatore, fleuve noir 210FF - Ahem, en guise de critique, c'est un extrait du dossier de presse. Bravo...
10 juin 1999 par Eric Harry chez Laffont 149F ; idem.
Le voile de l'Espace par Robert Reed, Robert Laffont 139F. idem.

Egalement trouvé rubrique jeunesse

Dès 8 ans : Le bois des ombres par Joan Aiken. Gallimard 41F.
Dès 10 ans : La nuit du Daimon de Tad Williams et Nina Hoffman, Hachette verte aventure 25F
Le Fantôme de l'auditorium de R.L . Stine Chair de Poule chez Bayard poche.

p58 à 98 : Pas de science-fiction, fantastique, mystère ou aventure.

p102: images.
p104: Jeunesse.
p105: les dicos d'or. Avec la dictée annotée de Bernard Pivot et trois tests pour départager les ex-aequo, le palmarès et les corrections.
p112: Courrier des lecteurs.
p114: Pour finir, de Pierre Alechinsky

Ce numéro contient un encart broché entre les pages 2 et 3 pour la vente au numéro France. (pas trouvé)

*

Publicités

p2: Gilbert Sinoué, le livre de Saphir édité chez Denoël : "un juif, un musulman et un chrétien unis dans une même quête, Gilbert Sinoué signe le grand thriller de l'Inquisition" selon Anne Pons de l'Express. "Il est un roman, un vrai celui-là, à lire de toute urgence" selon Laurence Vidal, Le Figaro Littéraire.

p4 : Les tentations de Roche-Bobois : vivre avec les livres, vivre d'évasion, vivre près d'une bibliothèque en merisier antiquaire pleine d'esprit et d'histoire (apparemment plus qu'au Figaro Littéraire). Edition spéciale 15.800F, sans les livres et probablement sans l'escabot ni la bergère sur la photo. Roche Bobois, la vraie valeur des choses, aka 15.800F.

p6 : (sans doute pour oublier la vraie valeur des choses ?) Côtes du Rhône, (du rouge qui tâche) appellation d'origine contrôlée : rondeurs épanouies (ça fait grossir), et douces impressions (pas que, la preuve...) L'ABUS D'ALCOOL (ainsi que l'abus de sucre et de tout en fait) EST DANGEREUX POUR LA SANTE CONSOMMEZ AVEC MODERATION. Ne mangez pas non plus ce magazine, l'encre, la colle et le papier sont toxiques. (Quoi ? On ne sait jamais, non ? Et puis quand on a vraiment faim...)

p8 : Noilly Prat c'est toute une histoire (alors on en a fait une planche de bande-dessinée - seulement une, parce qu'en 1996, il reste peu probable que celui qui ouvrira ce zine sache lire, même quelques phylactères. Ah, j'allais oublier : L'ABUS D'ALCOOL (etc.) EST DANGEREUX POUR LA SANTE CONSOMMEZ AVEC MODERATION.

p10-11 : Tous ceux qui n'ont pas découvert le NOUVEAU MONDE en 1492 (dont les auteurs de cette publicité) vont pouvoir le faire MAINTENANT, et massacrer un max d'indiens et de faunes locale, pratiquer l'esclavage comme dans l'Ancien, s'en mettre plein les poches et se faire descendre par Rockfeller et voler ses cartes Magic par des brutes de l'agence Pinkerton, yeah !!! En fait une publicité pour la Renault Espace Nouveau Monde : on n'a jamais été aussi bien sur TERRE que dans l'ESPACE (et que dans une agence de publicité à s'enfiler des rails de coke et autres substances dont l'abus ou même la simple consommation modérée est dangereuse pour la santé et tant à vous couper de la réalité et faire des petits trous partout, partout !)

Objectivement, toute la rubrique info échos devrait compter pour de la pub, mais déjà que je sature...

p17 : FRISSONS Dean R. Koontz, Prison de glace, FIEVRES, Franck & Vautrin, les aventures de Boro reporter photographe: les noces de Guernica (couverture de Bilal, s'il vous plait... et tiens ! je viens de découvrir que le rayon fantastique de LIRE le magazine se limite à la pleine page de pub payée par l'éditeur Pocket : est-ce c'est bien sérieux, ça ? écrivé-je en brandissant ma tronçonneuse... Référence à la bande-dessinée Batman et plus particulièrement au Joker, pour le cas où vous l'auriez ratée)

p19 : COUPABLE? NON COUPABLE, autre pub pleine page Pocket pour Stephen King Dolores Claiborne, (sûr cet auteur-là n'aurait jamais rien vendu seulement sur son nom en rayon...) et Jane Swigart, le mythe de la mauvaise mère (...on me souffle que l'ouvrage a été écrit par l'autrice à sa naissance enfermée dans un congélateur en marche et qu'un nègre (jardon de l'édition) s'est occupé de fignoler les détails du texte parce qu'en 1996, chat GPT n'existait pas) : Il y a toujours un Pocket à découvrir (en bibliothèque ou chez des amis, gratuitement ?)

p22 : Erik Orsenna (/ Matussière) chez Seuil, Mésaventures du Paradis.

p26: Daniel Boulanger de l'Académie Goncourt: Le Miroitier roman taciturnes retouches (sic) chez Gallimard

La revue Lire, le numéro 252 de février 1996

p29 : Les grands auteurs sont dans Le Livre de Poche : un livre de poche offert pour l'achat de trois livres de poches, le livre de poche en fête ! chez votre librairie. Notez que les livres figurant sur la publicité n'existent pas, ou alors ont des couvertures défectueuses, mais peut-être est-ce la raison pour laquelle ces grands auteurs (quelle taille ? quelles mensurations ? Est-ce qu'au moins ils font du basket ou du volley ?)

p34 : Nouveau HP ScanJet 4C. Le plus court chemin pour créer tous vos documents. Aujourd'hui, vous redoutez les longues saisies de données, les "copier-coller"... alors Hewlett-Packard vous propose un outil unique et rapide pour violer les droits d'auteurs, un nouveau scanner couleur. Et grâce au logiciel de reconnaissance optique de caractères (marche pas toujours) fourni en standard vous pouvez facilement récupérer vos textes numérisés dans votre traitement de texte... Vous aurez vraiment du mal à distinguer la copie de l'original. (sic). HP, EXPRIMEZ-VOUS (et faites vous instantanément non seulement voler vos créations... d'ailleurs l'exemplaire du magazine Lire que je suis en train de feuilleter... Je plaisante, j'ai bien payé 30F pour essentiellement lire de la publicité.)

p43: Quand on aime lire, il faut lire... (des trucs à propos de la lecture sans jamais lire des trucs pour de vrai) Quand on aime écrire, il faut le guide LIRE de l'écrivain (à propos de l'écriture sans jamais écrire pour de vrai) 288 pages, 125F, 350 maisons d'édition... panorama complet des prix et des salons du livre, tous les conseils technique et juridiques, même pas besoin d'avocats pour relire votre contrat et signer avec le Diable, qui comme chacun le sait, a le don d'ubiquité.

etc.

p.111 : tarif abonnement 1 an 255F TTC 10 numéros; frais de port étranger par train / bateau 93F. Par avion, nous consulter.

p115: Chaque Samedi à 18h15 sur RTL "Les livres ont la parole" une émission de Pierre Assouline (LIRE), et Jean-Pierre Tison (RTL), critiques, invités, nouveautés et le "Palmarès l'EXPRESS RTL" (classement de la semaine).

p116 (quatrième de couverture) : Parcours / de la suite dans la / BD: les libraires de la FNAC vous invitent à un nouveau parcours BD. Une visite guidée en neuf genres majeurs et 70 albums qui, pionniers ou héritiers ont marqué l'histoire de la bande dessinée : Western, récit historique, Science-fiction, Heroic Fantasy, Polar-Thriller, Roman graphique, Humour, BD jeunesse, Manga. FNAC, agitateur depuis 1954 aka "le gratuit c'est du vol" (sic le pdg la librairie c'est ma passion et maintenant je m'en vais travailler chez Loréal parce que je le veaux bien), donc l'air que vous respirez m'appartient.

***

Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce numéro.

***