Number Six #11 (1987)
Traduction : Numéro Six.
Présumé sorti en Angleterre le 1er avril 1987.
De Howard Foy, avec Liz Caldwell, Arabella McIntyre Brown, Bruce Clark, Bill Faupel, Steven Maher, Carl H. Weiner.
Pour adultes et adolescents.
(bulletin et fanzine associatif) Le Prisonnier est à ce jour la meilleure série de Science-fiction (prospective) à ce jour, et si le support télévisé ou filmique n'était pas si éphémère, elle resterait un témoignage crucial dans l'Histoire de l'Humanité toute entière - à supposer encore que le public soit encore en mesure de la comprendre, malgré la désinformation médiatique y compris des magazines spécialisés et des fanzines. Foisonnant d'informations et de sociabilité, je dirais que le Number Six représente le meilleur du fanzine associatif et d'organisateurs de conventions, typiquement anglais. The Six of One, "fan-club" du Prisonnier est en théorie une garantie de conversations de qualité et de civilité. Et si la délicatesse et l'équité sont très loin d'être garantis dans le milieu des conventions et des fanzines, peu importe de quelles nationalités, le Six Of One semble échapper à plusieurs des vices majeurs du fandom et répondre aux attentes de ses lecteurs, dans la forme comme dans le fond. Les 1ère à 4ème de couvertures sont des photographies pleines pages probablement rare, la troisième de couverture est dédicacée.
p. 3 (numérotée 1) Sommaire et Edito de Howard Foy : "Avec 10 ans désormais à notre actif, 1987 s'est ouvert sans baisse d'intérêt pour Le Prisonnier et le Six of One. Pas moins de quatre magazines indépendants sur papier glacé ont publiés des dossiers sur la série et notre société au cours des trois derniers mois : LM (Janvier), Video Today et possiblement de manière très appropriée, No.1 (Février) et Starburst (Mars) -- tandis que plusieurs autres publications ont mentionné nos commémorations. Dans le même temps, quatre épisodes de plus (deux cassettes ) ont été éditées en vidéo par Channel 5 aux Royaumes Unis. Channel 5 a fait un merveilleux travail en matière de publicité ciblée et leur foi dans la série a payé généreusement avec le montant des ventes des deux cassettes approchant les 20.000 (NDT Livres Sterlings) à la fin du mois de mars (1987). Et chacune de ces boîtiers vidéos portent l'adresse du Six Of One. Mais ce n'est pas tout. Il y a de cela à peine quelques semaines, Channel 4 a diffusé leur Spécial Prisonnier si longtemps attendu, en majorité filmé à Portmeiron en janvier dernier..."
p. 4-5 (numérotées 2-3) Information.
Génial mais en retard : le numéro du 10ème anniversaire entièrement en couleur a été envoyé en retard à cause de difficulté à l'impression, le numéro couleur ayant été livré le vendredi 13 février (NDT 1987), les bénévoles ont remplis les enveloppes le dimanche 15 février.
Global Village (Village Global) : les membres de l'étranger (à la Grande-Bretagne) ne peuvent toujours pas payer par carte de crédit : "Nous ne sommes pas si importants, pas encore"
Just The Ticket! (Juste le ticket!) : pour se rendre à la convention à Portmeiron du Six Of One, le voyage par train au tarif ordinaire seconde classe coûte 65,80; avec réduction le vendredi sur un nombre de trains limités : 32,70 livres sterlings, mais il existerait un tarif spécial conférence de 20 livres jusqu'à Mindford. Tous les tarifs sont susceptibles d'avoir augmenté après le 1er avril. Pour obtenir le tarif le moins cher, une adresse pour s'inscrire à la convention tandis que le Six Of One fait enregistrer la convention en tant que "conférence".
Birthday Trek (Balade anniversaire / Gâteau d'anniversaire) : l'après-midi d'avant la fête du 10ème anniversaire, 50 membres du Six Of One se sont donnés rendez-vous dans le centre de Londres pour un tour des lieux de tournages du Prisonnier, par "un vent froid et mordant".
Double entendre (double-sens) : deux membres français du Six Of One ont répondu à l'appel et listé les titres français des épisodes du prisonnier (liste bilingue reproduite dans l'article).
Convention Appeal (Appel / Attrait de la convention) : invitation à s'inscrire pour participer aux différents évènements mais surtout à l'organisation de la convention de Portmeiron 1987.
Seaside Sci-fi (Science-fiction du bord de la mer) : le Six of One tiendra un stand à la 45ème convention mondiale de Science-fiction à Brighton du 27 août au 1er septembre 1987.
p. 6-7 (numéroté 4-5) Cavern Capers (caprices de caverne), compte-rendu de l'après-midi du samedi 21 mars au Cavern's Club à Liverpool incluant projections du montage vidéo Portmeiron 1986, la projection sur grand écran de l'épisode Liberté Pour Tous avec soucis techniques, qui auront fait basculer la projection en vidéo, comme celles d'autres documents et l'épisode A, B & C.
Well Scored (bien marqué) : Le Six of One a pu retrouver et archiver la partition originale pour orchestre du générique du Prisonnier par Ron Grainer, autographiée en 1966, présumée détruite dans un incendie ; également archivé un exemplaire du générique en 45 tours vinyle de 1967 dont la version est différente de celle à l'écran. En revanche, la partition éditée dans le commerce du générique du Prisonnier a disparu des archives du Six Of One.
p. 8-9 (numérotée 6-7) On the track of the tube (sur les traces du tube (cathodique) / du métro) "Alors que ce numéro était mis sous presse à la mi-mars (1987) les patrons de la télévision annonçaient que l'émission de rock (live) de Channel 4 serait arrêtée. Un grand point d'interrogation pendait au-dessus de la série depuis la mi-janvier quand le co-présentateur (et membre honoraire du Six Of One) Jools Holland avait été suspendu pendant plusieurs semaines pour avoir fait une remarque obscène au cours d'une bande-annonce live pour leurs programmes sur ITV. Sa suspension signifiait que l'épisode spécial Prisonnier du Tube à Portmeiron ne pourrait être diffusé le 27 février 1987.... le special fut finalement diffusé vendredi 3 avril et rediffusé le dimanche 5 avril 1987..." Suit le compte-rendu du tournage de l'émission par Liz Caldwell.
p.10-11 et 23 (numéroté 8-9, reprend en page 23) Feedback (Information en retour) Les réflexions des lecteurs sur le 10ème anniversaire du Six Of One et à propos des articles du numéro précédent.
Par exemple, sous le titre Anarchy and Anarchism, Peter Relton de Bradford conteste l'affirmation de Roger Langley dans son article : "en aucun cas les principes moraux et l'anarchisme du Numéro 6 ne sont contradictoires - l'anarchie est un principe philosophique profondément moral. Croire que la façon dont certaines personnes imposent leur volonté à d'autres est malfaisant et qu'en conséquence tout ordre établi, tout gouvernement est par nature mauvais est peut-être naïf, mais certainement pas infondé... Roger Langley ne semble pas avoir la moindre idée que l'anarchisme implique autre chose que simplement faire exploser des trucs."
Et du coup, Roger Langley exerce un droit de réponse, et le rédacteur en chef Howard Foy y ajoute son point de vue. Langley affirme avoir le même point de vue que Peter Relton mais estime ne pas avoir été cité correctement. Pour lui, et j'ai dû mal à le suivre, la définition stricte de l'Anarchie comme les clichés d'aujourd'hui impliquent "une contradiction entre une posture passive et une posture active."
Donc en ce qui me concerne, il n'y a effectivement pas de contradiction entre moralité et anarchisme, surtout que le gouvernement (du village fictif, du monde d'alors et du monde d'aujourd'hui) abuse largement de son autorité. Par ailleurs tout part de l'épisode Le général où Le prisonnier est présenté comme avoir fait exploser quelque chose au nom de ses principes anarchiques, alors que ce n'est pas du tout le cas dans l'épisode : il cherche à sauver son allié et prouver que le Général (à la fois dans l'épisode et métaphoriquement, une figure d'autorité dictatoriale) ne peut pas répondre à tout.
Howard Foy enchaîne sur le droit de réponse de Langley par une réponse plus longue, semblant tenter un "et en même temps" typique des modérateurs d'hier et aujourd'hui préférant ménager la chèvre et le chou au nom de la paix au sein d'une association ou d'un forum, et tant pis pour la réalité et la santé mentale générale : "J'ai bien peur que Roger (Langley) n'ai pas répondu au point soulevé par la lettre de Peter, mais peut-être Peter n'a-t-il pas bien compris ce que Roger (Langley) voulait dire..."
S'il y a bien une constante dans la réalité humaine, c'est que ce n'est à personne de supposer ce que quelqu'un a "pensé" en réalité, et d'en parler à sa place. Mais c'est en changeant les définitions des mots employés par les uns et les autres que Howard Foy tente de nous expliquer ce que nous devons penser des positions respectives des deux membres de son club à propos de l'Anarchie et de la moralité du Numéro 6. Il admet que Langley est allé trop vite en besogne dans son affirmation "superficielle" selon laquelle "le numéro 6 pratiquait l'anarchie en faisant sauter Le Général et en cherchant plus tard à détruire le Village"
Le Village qui dans la série est une ignoble prison où l'on torture et tue des prisonniers de manière expérimentale pour prouver que la même dictature et les mêmes méthodes pourront être étendue à la totalité de l'Humanité et de la planète: ne pas chercher à détruire cette expérience ferait de vous un monstre prédateur de l'Humanité, c'est un peu comme si on taxait d'anarchistes les libérateurs des camps de concentrations de n'importe quelle époque.
Howard Foy tente alors de noyer le poisson en déplaçant le débat sur un terrain "purement" philosophique mâtiné de technocratie : le problème avec l'anarchie c'est que ce n'est un système viable que pour une petite communauté. Je ne vois là aucun résonnement scientifique, juste un cliché basé sur des généralités et des narratifs qui sont toujours diffusés par des systèmes politiques opposés à l'anarchie, aka des élites se servant de n'importe quel système politique qui leur permettrait de conserver privilèges et abus et de les transmettre à leurs enfants dégénérés et/ou toute personne pire qu'eux par cooptation ou coup d'état.
Et à ce point de la "discussion", le vice de raisonnement apparaît clairement : à aucun moment Howard Foy ne va dans le même élan rappelé ce que sont les principes moraux du prisonnier, et du coup il se retrouve à justifier les pires dictatures, par la nécessité de préserver la stabilité d'un système (n'importe lequel) par la mise au pas de l'individu, l'exacte opposé du point de vue de McGoohan illustré par la série toute entière. Ce paradoxe, et non cette dichotomie, s'explique tout simplement parce que la Grande Bretagne et ses alliés sont des dictatures (sanguinaires) de fait, dont Howard Foy est le prisonnier bien réel.
Si Foy avait sous-entendu noir sur blanc la thèse selon laquelle l'anarchie du numéro 6 est morale, cela lui aurait valu en France aujourd'hui d'être fichier S, et il l'est sûrement déjà à l'époque, tous les gouvernements fichant depuis toujours les présidents d'association, les directeurs de publication et les rédacteurs en chef -- en particulier s'ils ont des correspondants à travers le monde entier.
p.10 Lecteur et membre du Six Of One, Merle Mason revient sur les progrès du Six Of One depuis 10 ans, dont voici la chronologie :
* Printemps 1977: premier numéro du fanzine Alert, incluant le compte rendu de la première convention à Portmeiron Dimanche 17 avril 1977.
(en cours de rédaction)
* Le fanzine Alert devient Escape et les pages cessent de se détacher, mais le papier de couleur est encore utilisé jusqu'au numéro 5.
* A partir du numéro 6 d'Escape la présentation et le contenu se professionnalisent.
p. 13 (numérotée 11) : trois colonnes pour vérifier à travers les épisodes de la série si le Prisonnier qui ne voulait pas être réduit à des chiffres, ne l'a pas été, notamment en répondant à l'appel de son numéro. La page est complétée par une courte bande-dessinée pastichant les Peanuts.
p. 14 -17 (numérotées 12 à 15) Party of the decade (la fête de la décade) Compte-rendu illustré de nombreuses photos (le numéro est noir et blanc) du 10ème anniversaires du Six Of One le 10 janvier (1987) au restaurant londonien Camden Lock, et incidemment, le jour du 21ème anniversaire de la série Le Prisonnier. Et oui, il y avait des membres de la production originale du Prisonnier mais pas Patrick McGoohan qu'Alexis Kanner avait cependant tenté de convaincre de quitter Los Angeles, et pas seulement pour le dîner anniversaire et le suspens aura duré jusqu'au dernier moment.
p. 18-20 (numérotées 16-19) Lye eezeet zoon : l'histoire de la langue inventée par Patrick McGoohan pour son script de l'épisode Liberté pour tous (Free For All, traduisez gratuit pour tout le monde, et non liberté pour tous comme la traduction officielle française du titre de l'épisode).
Free for nothing (gratuit pour rien) Bill Faupel tente brièvement d'analyser l'épisode et y échouant, tente de décourager le spectateur de s'y essayer, tout en brouillant les pistes jusqu'à la conclusion de l'article. J'ai personnellement constaté que McGoohan avait toujours fait l'effort de donner absolument tous les renseignements nécessaires au spectateur. Bien sûr, encore fallait-il voir les épisodes dans le bon ordre, dans de bonnes conditions et jusqu'à la dernière image.
p22-25 (numéroté 20-23) Alcoholic anonymous (alcoolique anonyme) "Numéro six était un homme malade. Non seulement il souffrait d'une forme modéré de diabète, mais il était aussi un alcoolique chronique. Qui l'affirme ? notre membre Steven Maher qui argumente qu'il y a des indices parlant éparpillés à travers toute la série..." (les arguments se tiennent).
p.25 (numéroté 23) Whose side are you on ? (de quel côté êtes-vous ?) "Qui a eu l'idée de la série Le Prisonnier ?" Les arguments juxtaposés de William F. Mollow sont très discutables car non basés sur des faits ou de la logique, et il se contredit plusieurs fois. Et c'est encore un contributeur qui nous dit de ne pas essayer de réfléchir par nous même, histoire de ne pas contredire ses affirmations (gratuites). Rien que le titre : prouver la paternité et la maîtrise créative d'une oeuvre n'est pas la question de se ranger d'un côté ou d'un autre.
p. 28-29 (numéroté 26-27) Seing Stars (observer les étoiles) Carl H. Werner de New-York corrige les erreurs d'un article de Roger Langley paru dans le numéro 9 à propos de comment se repérer et naviguer grâce aux étoiles en utilisant un instrument de mesure appelé le triquetrum, et non il ne s'agit ni de l'os, ni de l'ail, ni du torquetum.
Et comme d'habitude, Roger Langley exerce un court droit de réponse ou il estime qu'il n'a aucune objection quant à l'article de Werner mais maintient qu'il a raison à propos d'un autre point de l'épisode sur la question de si l'explication du triquetrum est une voix off ou une réplique à Nadia visible à l'écran. La scène en question a été coupée au montage, mais Werner l'a apparemment vu avec le son.
Ce point doit être facile à trancher si la réplique à Nadia figure bien dans le script de l'épisode, qui, de mémoire est disponible un peu partout : par exemple le script a été publié en 2005 et peut être emprunté ici. Il me semble aussi que les scripts étaient disponibles en bonus des dvd TF1, voire des blu-rays. Reste à consulter ces scans-là pour s'assurer que les scripts édités en 2005 sont conformes aux originaux.
Le script disponible en ligne contient trois occurrences du mot triquetrum, et sous réserve qu'il ait été correctement reproduit dans le livre en question (car ce n'est pas ainsi que les scripts originaux sont maquettés), la troisième occurrence est bien une ligne de dialogue avec Nadia ; mais il est aussi exact que le prisonnier ne répond pas à Nadia et Nadia ne l'écoute pas non plus. La mention du triquetrum par le numéro 6 ne semble exister que pour informer le spectateur de l'introduction de la scène, qui évidemment n'est pas lue au spectateur qui n'a aucun moyen de la connaître. Nadia de son côté veut savoir quelle raison le numéro 6 a donné au numéro 2 pour la faire habiter chez lui. Bien sûr, le numéro 6 compte tenter une évasion, et se servir de Nadia et de ses relations pour trouver de l'aide une fois navigué depuis le Village, et elle est censée être la nouvelle femme de ménage du numéro 6, ce qui ne semble pas être le cas dans l'épisode disponible en blu-ray.
p.30-31 (numéroté 28-29) A burden ? a prison ? le membre Reg N Allegory avait posé des questions au numéro précédent sur des points énigmatiques des épisodes, défiant les autres membres d'y répondre, et c'est Bruce Goodman de s'y coller. Par exemple : comment le croque-mort introduit le gaz dans l'appartement du prisonnier ? A l'écran, c'est forcément par le trou de la serrure de la porte, et c'est une grande quantité de gaz se répandant à peu de distance du prisonnier. Et à la fin de l'article, Bruce Goodman défie Reg de répondre à ses propres questions, par exemple : comment l'observateur du clocher aperçu à l'arrivée du prisonnier a-t-il pu s'en échapper aussi vite sans croiser le prisonnier ?
p. 32 (numéroté 30) info extra : un paragraphe "Vive la France !" mentionne que Le Prisonnier est rediffusé pour la cinquième fois sur TF1, après 1968, 1971, 1977 et 1983. La date de diffusion de L'arrivée est cette fois le 13 septembre (NDT1986), mais la série reste "maudite" avec les épisodes diffusés dans le désordre et une grève qui fera diffuser certains épisodes à des heures imprévisibles à la dernière minute, du milieu de l'après-midi à une demi-heure après midi.
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacré à ce numéro.
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