- Détails
- Écrit par David Sicé
Nineteen eighty-four (1949)
Traduction du titre : mille-neuf-cent-quatre-vingt-quatre.
Sorti en Angleterre le 8 juin 1949 chez SECKER & WARBURG ;
Sorti aux USA en juillet 1950 chez SIGNET / New American Library US.
Traduit en français en mai 1950 par Amélie Audiberti pour GALLIMARD FR,
Réédité en 1956 au CLUB DES LIBRAIRES DE France, en novembre 1969 au LIVRE DE POCHE FR, en novembre 1972 chez FOLIO FR, réédité en 1973 et 1975, en 1986 dans la collection Mille Soleils chez GALLIMARD FR, en octobre 1989 chez FOLIO FR ; réédité le 13 mai 2021 chez FOLIO SF ;
Nouvelle traduction de Josée Kamoun en mai 2018 pour GALLIMARD, de Celia Izoard du 23 janvier 2019 pour EDITIONS DE LA RUE DORION et le 14 janvier 2021 pour AGONE ;
Nouvelle traduction de Philippe Jaworski le 8 octobre 2020 pour LA PLEIADE, en poche le 7 janvier 2021 collection FOLIO CLASSIQUE .
De George Orwell aka Eric Arthur Blair.
Pour adultes.
(Dystopie, presse, violent) En 1984, le monde est en guerre perpétuelle. La Grande-Bretagne, désormais connue sous le nom de Airstrip One, est devenue une province du super-État totalitaire Oceania, dirigé par Big Brother Winston Smith, est un employé de niveau intermédiaire du ministère de la Vérité qui déteste secrètement le Parti et rêve de rébellion. Il tient un journal intime interdit et entame une relation avec sa collègue Julia, et ils apprennent l'existence d'un groupe de résistance obscur appelé la Fraternité…
*
Le texte original de George Orwell aka Eric Blair pour SECKER & WARBURG UK & SIGNET US.
PART ONE
Chapter 1
It was a bright cold day in April, and the clocks were striking thirteen. Winston Smith, his chin nuzzled into his breast in an effort to escape the vile wind, slipped quickly through the glass doors of Victory Mansions, though not quickly enough to prevent a swirl of gritty dust from entering along with him.
The hallway smelt of boiled cabbage and old rag mats. At one end of it a coloured poster, too large for indoor display, had been tacked to the wall. It depicted simply an enormous face, more than a metre wide: the face of a man of about forty-five, with a heavy black moustache and ruggedly handsome features.
Winston made for the stairs. It was no use trying the lift. Even at the best of times it was seldom working, and at present the electric current was cut off during daylight hours. It was part of the economy drive in preparation for Hate Week.
The flat was seven flights up, and Winston, who was thirty-nine and had a varicose ulcer above his right ankle, went slowly, resting several times on the way. On each landing, opposite the lift-shaft, the poster with the enormous face gazed from the wall. It was one of those pictures which are so contrived that the eyes follow you about when you move. BIG BROTHER IS WATCHING YOU, the caption beneath it ran.
Inside the flat a fruity voice was reading out a list of figures which had something to do with the production of pig-iron. The voice came from an oblong metal plaque like a dulled mirror which formed part of the surface of the right-hand wall. Winston turned a switch and the voice sank somewhat, though the words were still distinguishable. The instrument (the telescreen, it was called) could be dimmed, but there was no way of shutting it off completely. He moved over to the window: a smallish, frail figure, the meagreness of his body merely emphasized by the blue overalls which were the uniform of the party. His hair was very fair, his face naturally sanguine, his skin roughened by coarse soap and blunt razor blades and the cold of the winter that had just ended.
Outside, even through the shut window-pane, the world looked cold. Down in the street little eddies of wind were whirling dust and torn paper into spirals, and though the sun was shining and the sky a harsh blue, there seemed to be no colour in anything, except the posters that were plastered everywhere. The blackmoustachio'd face gazed down from every commanding corner. There was one on the house-front immediately opposite. BIG BROTHER IS WATCHING YOU, the caption said, while the dark eyes looked deep into Winston's own. Down at street level another poster, torn at one corner, flapped fitfully in the wind, alternately covering and uncovering the single word INGSOC. In the far distance a helicopter skimmed down between the roofs, hovered for an instant like a bluebottle, and darted away again with a curving flight. It was the police patrol, snooping into people's windows. The patrols did not matter, however. Only the Thought Police mattered.
Behind Winston's back the voice from the telescreen was still babbling away about pig-iron and the overfulfilment of the Ninth Three-Year Plan. The telescreen received and transmitted simultaneously. Any sound that Winston made, above the level of a very low whisper, would be picked up by it, moreover, so long as he remained within the field of vision which the metalplaque commanded, he could be seen as well as heard. There was of course no way of knowing whether you were being watched at any given moment. How often, or on what system, the Thought Police plugged in on any individual wire was guesswork. It was even conceivable that they watched everybody all the time. But at any rate they could plug in your wire whenever they wanted to. You had to live--did live, from habit that became instinct--in the assumption that every sound you made was overheard, and, except in darkness, every movement scrutinized.
Winston kept his back turned to the telescreen. It was safer, though, as he well knew, even a back can be revealing.
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La traduction au plus proche.
Partie un
Chapitre 1
C'était une journée froide et lumineuse d'avril, et les horloges sonnaient treize heures. Winston Smith, le menton rentré dans la poitrine pour échapper à l'infâme vent, se glissa rapidement à travers les portes vitrées de Victory Mansions, mais pas assez vite pour empêcher un tourbillon de poussière granuleuse d'entrer avec lui.
Le couloir sentait le chou bouilli et les vieux tapis de chiffon. À l'une de ses extrémités, une affiche colorée, trop grande pour être exposée à l'intérieur, avait été punaisée au mur. Elle représentait simplement un visage énorme, de plus d'un mètre de large : le visage d'un homme d'environ quarante-cinq ans, avec une lourde moustache noire et des traits d'une beauté rude.
Winston se dirigea vers les escaliers. Il était inutile d'essayer l'ascenseur. Même dans les meilleures périodes, il fonctionnait rarement, et actuellement, le courant électrique était coupé pendant la journée. Cela faisait partie de l'effort d'économie en préparation de la Semaine de la Haine.
L'appartement était situé au septième palier, et Winston, qui avait trente-neuf ans et un ulcère variqueux au-dessus de la cheville droite, monta lentement, se reposant plusieurs fois en chemin. Sur chaque palier, en face de la cage d'ascenseur, l'affiche au visage énorme se détachait du mur. C'était l'une de ces images si peu naturelles que les yeux vous suivent lorsque vous bougez. GRAND FRERE VEILLE SUR VOUS, la légende s’étalait en dessous.
À l'intérieur de l'appartement, une voix fruitée lit une liste de chiffres qui ont trait à la production de fonte. La voix provenait d'une plaque métallique oblongue, semblable à un miroir terni, qui faisait partie de la surface du mur de droite. Winston tourna un interrupteur et la voix s'affaiblit quelque peu, bien que les mots fussent encore distincts. L'instrument (l’écran-télé, comme on l'appelait) pouvait être atténué, mais il n'y avait aucun moyen de l'éteindre complètement. Il s'approcha de la fenêtre : une petite silhouette frêle, dont la maigreur n'était que soulignée par la salopette bleue qui était l'uniforme du parti. Ses cheveux étaient très clairs, son visage naturellement sanguin, sa peau rendue rugueuse par le savon grossier, les lames de rasoir émoussées et le froid de l'hiver qui venait de se terminer...
Dehors, même à travers la vitre fermée, le monde semblait froid. Dans la rue, de petits tourbillons de vent faisaient tourbillonner la poussière et le papier déchiré en spirales, et bien que le soleil brillât et que le ciel fût d'un bleu intense, rien ne semblait avoir de couleur, à l'exception des affiches placardées partout. Le visage noir et moustachu regardait de tous les coins imposants. Il y en avait une sur la façade de la maison juste en face. GRAND FRERE VEILLE SUR VOUS, disait la légende, tandis que les yeux sombres regardaient profondément dans ceux de Winston. Au niveau de la rue, une autre affiche, déchirée à l'un des coins, bat au vent, couvrant et découvrant alternativement le mot SOCANG. Au loin, un hélicoptère se faufilait entre les toits, planait un instant comme un ballon bleu, puis s'éloignait à nouveau dans un vol courbe. C'était la patrouille de police, qui fouillait dans les fenêtres des gens. Les patrouilles n'avaient pas d'importance, cependant. Seule la Police de la Pensée comptait.
Dans le dos de Winston, la voix du l’écran-télé continuait à parler de fer brut et du sur-filmage du neuvième plan triennal. L’écrantélé recevait et transmettait simultanément. Tout son que Winston émettait, au-dessus du niveau d'un très faible murmure, était capté par l’appareil, de plus, tant qu'il restait dans le champ de vision que la plaque de métal commandait, il pouvait être vu aussi bien qu'entendu. Il n'y avait bien sûr aucun moyen de savoir si vous étiez surveillé à un moment donné. La fréquence à laquelle la Police de la Pensée se connectait sur un câble individuel, ou le système qu'elle utilisait, n’étaient que conjectures. Il était même concevable qu'elle surveille tout le monde en permanence. Mais en tout cas, ils pouvaient se brancher sur votre câble quand ils le voulaient. Il fallait vivre — vivre, par habitude devenue instinct — dans l'hypothèse que chaque bruit que vous faisiez était entendu et, sauf dans l'obscurité, que chaque mouvement était scruté.
Winston gardait le dos tourné à l’écran-télé. C'était plus sûr, mais, comme il le savait bien, même un dos peut être révélateur....
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La traduction d’Amélie Audiberti pour GALLIMARD de 1950.
PREMIERE PARTIE,
(CHAPITRE) I
C’était une journée d’avril froide et claire. Les horloges sonnaient treize heures. Winston Smith, le menton rentré dans le cou, s’efforçait d’éviter le vent mauvais. Il passa rapidement la porte vitrée du bloc des « Maisons de la Victoire », pas assez rapidement pour empêcher que s’engouffre en même temps que lui un tourbillon de poussière et de sable.
Le hall sentait le chou cuit et le vieux tapis. A l’une de ses extrémités, une affiche de couleur, trop vaste pour ce déploiement intérieur, était clouée au mur. Elle représentait simplement un énorme visage, large de plus d’un mètre : le visage d’un homme d’environ quarante-cinq ans, à l’épaisse moustache noire, aux traits accentués et beaux.
Winston se dirigea vers l’escalier. Il était inutile d’essayer de prendre l’ascenseur. Même aux meilleures époques, il fonctionnait rarement. Actuellement, d’ailleurs,le courant électrique était coupé dans la journée. C’était une des mesures d’économie prises en vue de la Semaine de la Haine.
Son appartement était au septième. Winston, qui avait trente-neuf ans et souffrait d’un ulcère variqueux au-dessus de la cheville droite, montait lentement. Il s’arrêta plusieurs fois en chemin pour se reposer. A chaque palier, sur une affiche collée au mur, face à la cage de l’ascenseur, l’énorme visage vous fixait du regard. C’était un de ces portraits arrangés de telle sorte que les yeux semblent suivre celui qui passe. Une légende, sous le portrait, disait : BIG BROTHER VOUS REGARDE.
A l’intérieur de l’appartement de Winston, une voix sucrée faisait entendre une série de nombres qui avaient trait à la production de la fonte. La voix provenait d’une plaque de métal oblongue, miroir terne encastré dans le mur de droite. Winston tourna un bouton et la voix diminua de volume, mais les mots étaient encore distincts. Le son de l’appareil (du télécran, comme on disait) pouvait être assourdi, mais il n’y avait aucun moyen de l’éteindre complètement. Winston se dirigea vers la fenêtre. Il était de stature frêle, plutôt petite, et sa maigreur était soulignée par la combinaison bleue, uniforme du Parti. Il avait les cheveux très blonds, le visage naturellement sanguin, la peau durcie par le savon grossier et le froid de l’hiver qui venait de prendre fin.
Au-dehors, même à travers le carreau de la fenêtre fermée, le monde paraissait froid. Dans la rue, de petits remous de vent faisaient tourner en spirale la poussière et le papier déchiré. Bien que le soleil brillât et que le ciel fût d’un bleu dur, tout semblait décoloré, hormis les affiches collées partout. De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. Il y en avait un sur le mur d’en face. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston. Au niveau de la rue, une autre affiche, dont un angle était déchiré, battait par à-coups dans le vent, couvrant et découvrant alternativement un seul mot : ANGSOC. Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C’était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n’avaient pas d’importance. Seul comptait la Police de la Pensée.
Derrière Winston, la voix du télécran continuait à débiter des renseignements sur la fonte et sur le dépassement des prévisions pour le neuvième plan triennal. Le télécran recevait et transmettait simultanément. Il captait tous les sons émis par Winston au-dessus d’un chuchotement très bas. De plus, tant que Winston demeurait dans le champ de vision de la plaque de métal, il pouvait être vu aussi bien qu’entendu. Naturellement, il n’y avait pas moyen de savoir si, à un moment donné, on était surveillé. Combien de fois et suivant quel plan, la Police de la Pensée se branchait-elle sur une ligne individuelle quelconque, personne ne pouvait le savoir. On pouvait même imaginer qu’elle surveillait tout le monde, constamment. Mais de toute façon, elle pouvait mettre une prise sur votre ligne chaque fois qu’elle le désirait. On devait vivre, on vivait, car l’habitude devient instinct, en admettant que tout son émis était entendu et que, sauf dans l’obscurité, tout mouvement était perçu.
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Autres traductions plus récentes à venir.
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.
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- Écrit par David Sicé
Voici la liste des articles de ce blog consacrés aux films de Science-fiction, Fantasy, Fantastique et Aventure annoncé pour l'année 1948. Cette liste sera mise à jour au fur et à mesure de la rédaction des articles.
Ici le calendrier cinéma pour 1949.
Ici le calendrier cinéma pour 1947.
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Annoncés en novembre 1948
Aux USA
Le petit garçon aux cheveux verts (16 novembre, The Boy With Green Hair)
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Annoncés en mai 1948
En France
L'aventure de Madame Muir (26 mai 1948, The Ghost And Mrs. Muir)
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- Écrit par David Sicé
What Mad Universe (1949)
Traduction du titre original : Quel univers de fou ?
Sorti aux USA en 1948 dans Startling Stories ;
Sorti en 1949 chez E.P Dutton US.
Traduit en français par Jean Rosenthal en novembre 1953 pour HACHETTE GALLIMARD FR collection Le Rayon fantastique.
Réédité en poche chez DENOEL FR présence du futur en 1970, 1975, février 1979, 1981, 1984, mars 1987, septembre 1995, août 1998.
Réédité en poche traduction de Jean Rosenthal révisée par Thomas Day chez FOLIO SF FR en août 2002, mai 2007, juin 2016.
De Fredric Brown.
(monde parallèle, uchronie, space opera, comédie horrifique) 10 juin 1954. Les USA lancent une fusée en direction de la Lune. Pour prouver qu'ils ont atteint leur objectif, ils ont équipé la fusée d'un dispositif accumulant l'électricité statique durant le vol, ce qui aura pour effet de libérer une énorme décharge électrique, dont le flash sera aussi visible qu'une explosion atomique. Le même soir, Keith Winston, le rédacteur en chef d'une revue de Science-fiction appartenant à un grand groupe de presse, passe la soirée dans la luxueuse villa de M. Borden, le propriétaire du dit groupe. Winston a le coup de foudre pour la jolie Betty Hadley, la rédactrice en chef d'un magazine féminin récemment entré dans le groupe, et il a osé l'embrasser sur la bouche, avec succès, avant que la belle ne s'en aille faire un discours pour lors d'un dîner d'anciennes camarades de classe - exclusivement féminin.
Ne pouvant la suivre, Winston renonce à participer au reste de la soirée, ce qui l'arrange car il doit boucler le courrier des lecteurs de son magazine. Il s'abîme donc dans le courrier d'un de ses plus grands fans, un certain Joe Dooppelberg, auquel il a posé un lapin lors de sa visite à New-York, puis s'installe pour admirer le flash annoncé de la fusée, l'esprit encore préoccupé par le courrier de Joe Dooppelberg, qui résume en fait assez correctement l'opinion de l'ensemble de ses lecteurs sur les couvertures de ses magazines. Keith Winston ne se doute pas alors qu'il va pouvoir observer l'impacte de la fusée de beaucoup plus près qu'il ne l'imaginait... Si près que l'on ne retrouvera même pas son corps sur les lieux de l'impact de la fusée, retombée sur la Terre ! Cependant, de son point de vue, il n'y a que le banc qui était sous lui qui a disparu, et puis aussi la grande villa de son patron, et il se trouve à chercher la route la plus proche pour arrêter un vieux tacot. Le conducteur, un paysan, accepte de l'emmener à Greeneville, la ville la plus proche, d'où il espère prendre le train pour New-York... Mais des tas de petits détails clochent, et le comportement des gens commence à devenir franchement dérangeant...
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Le texte original de Fredric Brown de 1949
CHAPTER I
The Moon Rocket.
The first attempt to send a rocket to the moon, in 1952, was a failure. Probably because of a structural defect in the operating mechanism, it fell back to Earth, causing a dozen casualties. Although not containing any explosives, the rocket — in order that its landing on the moon might be observed from earth — contained a Burton potentiometer set to operate throughout the journey through space to build up a tremendous electrical potential which, when released on contact with the moon, would cause a flash several thousand times brighter than lightning — and several thousand times more disruptive. Fortunately, it came down in a thinly populated area in the Catskill foothills, landing upon the estate of a wealthy publisher of a chain of magazines. The publisher and his wife, two guests and eight servants were killed by the electrical discharge, which completely demolished the houose and felled trees for a quarter of a mile around. Only eleven bodies were found. It is presumed that one of the guests, an editor, was so near the center of the flash that his body was completely disintegrated. The next — and first successful — rocket was sent in 1953, almost a year later.
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Keith Winton was pretty well winded when the set of tennis was over but he tried not to sow it. He hadn’t played in years and tennis — he was just realizing — is definitely a young man’s game. Not that he was old by any means — but at thirty-one you get winded unless you’ve kept in condition. Keith hadn’t. He’d had to extend himself to win that set.
“Another set? Got time?”
Betty Hadley shook her blond head.
“Fraid not, Keith. I’m going to be late now. I couldn’t have stayed this long except that Mr. Borden promised to have his chauffeur drive me to the airport at Greeneville and have me flown back to New York from there. Isn’t he a wonderful man to work for ?
“Uh-huh,” said Keith, not thinking about Mr. Borden at all.”You’ve got to get back?”
“Got to,’ she said emphatically. “It’s an alumnae dinner. My own alma mater and, not only that, but I’ve got to speak. To tell them how a love story magazine is edited’
“I could come along,” Keith suggested, « and tell them how a science-fiction book is esited. Or a horror book, for that matter — I had Bloodcurdling Tales before Borden put me on Surprising Storis. That job used to give me nightmares…”
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La traduction au plus proche
CHAPITRE I
La fusée lunaire.
La première tentative d'envoyer une fusée sur la lune, en 1952, fut un échec. Probablement à cause d'un défaut structurel du mécanisme de pilotage, elle retomba sur Terre, faisant une douzaine de victimes. Bien que ne contenant pas d'explosifs, la fusée — afin que son atterrissage sur la Lune puisse être observé depuis la Terre — contenait un potentiomètre Burton réglé pour fonctionner tout au long de son voyage dans l'espace afin d'accumuler un énorme potentiel électrique qui, lorsqu'il serait libéré au contact de la Lune, provoquerait un éclair plusieurs milliers de fois plus brillant que la foudre — et plusieurs milliers de fois plus destructeur. Heureusement, il tomba dans une zone peu peuplée des contreforts de Catskill, sur la propriété d'un riche éditeur d'une gamme de magazines. L'éditeur et sa femme, deux invités et huit domestiques furent tués par la décharge électrique, qui détruisit complètement la maison et abattit les arbres sur un quart de mile à la ronde. Seuls onze corps furent retrouvés. On suppose que l'un des invités, un directeur de publication, se trouvait si près du centre de l'éclair que son corps fut complètement désintégré. La fusée suivante — et la première réussite — fut lancée en 1953, presque un an plus tard.
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Keith Winton était plutôt très essoufflé à la fin de la partie de tennis, mais il essaya de ne pas le montrer. Il n'avait pas joué depuis des années et le tennis — il venait de s'en rendre compte — était définitivement un sport de jeune homme. Non pas qu'il fût vieux, mais à trente et un ans, on s'essouffle si on n'est pas en bonne condition physique. Ce n'était pas le cas de Keith. Il avait dû se dépasser pour gagner ce set.
« Un autre set ? Tu as le temps ? »
Betty Hadley secoua sa tête blonde.
« J'ai peur que non, Keith. Je vais être en retard maintenant. Je n'aurais pas pu rester aussi longtemps sauf que M. Borden a promis que son chauffeur me conduirait à l'aéroport de Greeneville et que prendrai l'avion pour New York de là. N’est-il pas un homme merveilleux pour qui travailler ?
« Uh-huh", répondit Keith, en ne pensant pas du tout à M. Borden. Tu dois vraiment rentrer ?
— Vraiment, je le dois", répondit-elle avec emphase. "C'est un dîner d'anciennes élèves. Ma propre alma mater et, en plus de cela, je dois faire un discours. Pour leur raconter comment on édite un magazine d'histoires d'amour.
— Je pourrais venir avec toi", suggera Keith, et leur raconter comment un livre de science-fiction est édité. Ou un livre d'horreur, d'ailleurs — j'avais Contes à glacer le sang avant que Borden ne me mette sur Histoires surprenantes. Ce travail me donnait des cauchemars..."
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La traduction de Jacques Papy pour Denoël de 1970
LE GRAND ECLAIR
La première tentative pour envoyer une fusée sur la Lune, en 1954, se solda par un échec. Par suite sans doute d’un défaut de construction de l’appareil, la fusée retomba sur la Terre, tuant douze personnes. Pour permettre en effet d’observer depuis la Terre son arrivée sur la Lune, la fusée était munie, non pas d’une charge explosive, mais d’un potentiomètre Burton qui devait fonctionner durant tout le voyage à travers l’espace et accumuler un formidable potentiel électrique qui, en se déchargeant au contact de la Lune, produirait un éclair plusieurs milliers de fois plus brillant que celui de la foudre, et d’une force destructrice plusieurs milliers de fois supérieure.
Par bonheur, la fusée retomba dans une région faiblement peuplée des Catskill, dans la propriété d’un riche directeur de journaux. Celui-ci, sa femme, deux invités et huit domestiques furent tués par la décharge électrique qui anéantit totalement la maison et abattit les arbres à cinq cents mètres à la ronde. On ne retrouva que onze corps. On suppose qu’un des invités, un journaliste, se trouvait si près du centre de la déflagration que son corps fut complètement désintégré.
Une autre fusée, qui arriva à bon port, celle-là, fut lancée un an plus tard, en 1955.
Keith Winton était passablement essouflé à la fin du set, mais il fit de son mieux pour ne rien montrer. Il n’avait pas joué depuis des années, et le tennis, il s’en rendait bien compte, était un jeu de jeune homme. Non certes qu’il ne fût vieux, mais à trente et un ans, on s’essouffle si on manque d’entraînement. Et Keith en manquait : il lui avait fallu se surpasser pour enlever ce set.
Il s’imposa un nouvel effort, pour sauter par-dessus le filet et rejoindre la jeune fille qu’il venait de battre. Il haletait un peu, mais réussit à lui sourire.
« Un autre set ? Vous avez le temps ? »
Betty Hadley secoua sa tête blonde. « J’ai bien peur que non, Keith. Je me mettrais en retard. Je n’aurais déjà pas pu rester si longtemps si M. Borden ne m’avait pas promis de me faire conduire jusqu’à l’aéroport par son chauffeur et de m’offrir le retour jusqu’à New-York en avion. Vous ne trouvez pas que c’est merveilleux de travailler pour un homme pareil ?
— Oh ! si, si », dit Keith, qui ne pensait pas du tout à M. Borden. Vous êtes vraiment obligée de rentrer ?
— Absolument. C’est un dîner d’anciennes élèves. Et par-dessus le marché, je dois faire un speech : je vais leur expliquer comment on fait un magazine féminin.
— Je pourrais venir aussi, proposa Keith, et leur dire comment on fait un magazine d’anticipation. Ou un magazine criminel, si vous aimez mieux. C’était moi qui m’occupais d’Histoires Macabres avant que Borden ne me confie Aventures Extraordinaires. Ce travail me donnait des cauchemars.
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- Détails
- Écrit par David Sicé
The Boy With Green Hair (1948)
Sorti aux USA le 16 novembre 1948.
Sorti en Angleterre le 19 juin 1950.
Sorti en France le 10 février 1967.
Sorti en DVD français le 16 septembre 2003 chez Montparnasse (seulement sous-titré français, transfert flou baveux - restauration insuffisante, les trois couleurs sont désalignées) .
Sorti en DVD américain le 16 février 2006 chez Warner (même transfert que le DVD français).
Sorti en DVD anglais le 7 février 2011 chez Odéon (transfert encore moins bon que l'édition française et américaine).
De Joseph Losey, sur un scénario de Ben Barzman, Alfred Lewis Levitt, Avec Dean Stockwell, Pat O'Brien, Robert Ryan, Barbara Hale.
Un commissariat, la nuit. Un petit garçon est interrogé par deux policiers qui essaient de lui faire dire son nom. Le petit garçon refuse de parler. Il a le crâne rasé. Les policiers passent le relais à un homme en costume cravate. Il commence par demander à l’enfant de s’asseoir dans un fauteuil plutôt que le banc. Puis il s’excuse – il n’a pas dîné et prétend mourir de faim, mais c’est à l’enfant qu’il verse une partie de son milkshake. Puis, fouillant dans le paquet des sandwichs, il lui demande avec ou sans. Et l’enfant parle pour la première fois. Il demande avec ou sans quoi, et l’homme répond avec ou sans oignons. Puis comme ils commencent à manger, et l’homme lui demande ce qui est arrivé à ses cheveux. L’enfant répond qu’il les a rasés. Lorsque l’homme, le Docteur Evans, qui lui assure être un médecin ordinaire, demande pourquoi, l’enfant répond que c’est une longue histoire et que l’homme ne voudra pas la croire. Mais le médecin insiste. Au début, tout est décousu, alors il demande à ce que l’enfant raconte son histoire depuis le début.
Le premier souvenir de l’enfant, c’est ce Noël où ses parents lui offrirent un petit chien et un cerf-volant pliable. Puis ses parents partirent pour un long voyage, et sa tante Lilian reçut un télégramme. Elle expliqua qu’elle n’était pas équipée pour s’occuper d’un enfant, et le garçon fut envoyé chez une autre tante, puis une autre, puis une autre. Il finit par se retrouver en garde de son grand-père – pas vraiment son grand-père – un acteur célèbre, selon l’enfant. Le premier jour, le grand-père remarque que l’enfant a peur des avions quand ils passent bas. Comme le vieil homme demande si l’enfant a peur d’être seul, celui-ci répond que non, il a même passé trois jours dans une grotte seul avec un lion. Le grand-père lui démontre cependant qu’il n’y a rien de plus dans l’obscurité que ce qu’il y avait dans la lumière en éteignant et en allumant la lumière. Une fois dans le noir, le garçon répète cette formule comme un mantra – et la vérifie en rallumant la lumière et en l’éteignant lui-même. Puis il rallume la lumière et va s’armer d’une batte de base-ball avec laquelle il s’endort.
Le lendemain, le laitier lui conseille de travailler dur à l’école, parce que lui ne l’a pas fait. Et quand le laitier lui demande quel métier l’enfant veut faire plus tard, le garçon répond « laitier ». Puis son « grand-père » l’accompagne à l’école, le présentant à tous les commerçants de la ville en chemin. Le garçon n’apprécie pas vraiment que tout le monde termine la conversation en lui ébouriffant les cheveux. Puis devant le grand bâtiment de l’école, le garçon hésite et avoue qu’il a peur de la grande baguette du professeur. Mais en fait, l’institutrice est charmante, et l’enfant fraternise rapidement avec les autres enfants. Puis son grand-père lui achète une bicyclette, ce qui permet au garçon de devenir livreur. Le soir, il n’a plus peur du noir… mais garde la batte sur le côté du lit.
Jusqu’au jour où l’école organise une collecte de vêtements et de jouets pour les enfants victimes de la guerre. Les enfants doivent alors afficher dans le gymnase des photos d’enfants au milieu de ruine et des posters qui impressionnent beaucoup le garçon. Lorsque l’un de ses camarades trouve qu’un des jeunes hommes sur les photos lui ressemble, le garçon le prend mal : il n’est pas orphelin de guerre, donc il ne peut pas lui ressembler. Alors le camarade lui dit que l’institutrice elle-même, Mademoiselle Brand, le leur a dit. Alors le garçon attaque son camarade, et c’est son grand-père et l’institutrice qui doivent les séparer. Comme le garçon traite l’autre de menteur, le grand-père lui avoue que c’est la vérité : ses parents sont morts dans un bombardement à Londres, et que l’on aurait dû lui dire depuis longtemps. Alors le garçon déclare qu’il le savait déjà, qu’il faisait juste semblant. Le garçon attend que les deux adultes soit parti, et il déchire l’affiche avec le jeune homme qui soit-disant lui ressemblait. Puis comme il entend deux petites filles demander si les enfants victimes de la guerre existent vraiment, il regrette son geste.
Lorsqu’il va préparer une livraison à la librairie, il entend trois clientes parler de la guerre : on ne voit que cela dans les journaux, l’une d’elle a son fils là-bas, et il n’y aura aucun moyen d’éviter que la guerre arrive chez eux, c’est la nature humaine. L’autre répond qu’il faut changer la nature humaine, et chercher à se comprendre les uns les autres : ne parler que de la guerre amènerait la guerre, et une autre guerre signifierait la fin du monde, et la mort d’autres enfants. Trop impressionné, le garçon laisse échapper une bouteille de lait, et les clientes lui sourient. Le soir venu, le garçon demande à son grand-père si la fin du monde est proche, et son grand-père lui répond que sa femme aimait la couleur verte, celle des plantes, du printemps, qui lui donnait de l’espoir. Et de conclure que le monde continuera à tourner encore longtemps, quoi qu’en disent les gens. Puis son grand-père lui annonce une grande surprise le lendemain, mais le garçon a le pressentiment que quelque chose de terrible allait arriver.
Le lendemain, alors qu’il se recoiffe après le bain, le garçon découvre que ses cheveux sont devenus complètement verts. Il trouve cela très drôle. Pas les adultes.
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