Un bébé pour Rosemary, le film de 1968.Feu vert cinéma

Rosemary's Baby (1968)
Traduction : Le bébé de Rosemary.

Sorti aux USA le 12 juin 1968.
Sorti en France le 17 octobre 1968.
Sorti en Angleterre le 24 janvier 1968.

Sorti en blu-ray américain le 30 octobre 2012 CRITERION US le 30 octobre 2012.
Sorti en blu-ray français le 6 février 2013, réédité le 26 mai 2021 (multi-régions).
Sorti en coffret américain br+4K PARAMOUNT US (55e anniversaire) le 10 octobre 2023, VF incluse, multi-régions.
Sorti en coffret français br+4K PARAMOUNT FR le 11 octobre 2023.
Annoncé en coffret allemand br+4K PARAMOUNT DE le 10 octobre 2024, VF incluse, multi-régions.

De Roman Polanski (également scénariste) adapté du roman d'Ira Levin de 1967, avec Mia Farrow, John Cassavetes, Ruth Gordon, Sidney Blackmer, Maurice Evans, Ralph Bellamy.

Pour adultes.

New-York, ses barres d’immeubles de pierres assez laides en fin de compte entre Central Park et l’Hudson, à toits plats et de l’autre côté du parc, une résidence cossue aux murs de brique avec cour intérieure, aux toits biscornus, clochetons grimaçants, tourelles, et porte cochère du siècle précédent où on livrait encore à cheval.

Sous la porte-cochère, un jeune couple – une jeune femme blonde-rousse (Liz) à courte robe blanche et un jeune homme brun (Guy) à veste bleu ciel et pantalon crème, est accueilli par un homme au crâne dégarni en costume cravate sous la porte cochère que garde un affable mais âgé planton ganté de blanc en uniforme à casquette.

Le costume cravate fait signe au couple d’entrer et ils passent devant deux imposantes fontaine où des lys de céramique sortis d’une vasque grumelé vert sombre pissent depuis leur cœur dans un bassin glauque. La blonde a l’air charmée par les fontaines d’allure lovecraftienne, le vendeur en costume trace en regardant droit devant lui. Le jeune homme demande si le vendeur est diplômé, et le vendeur répond que oui. La blonde précise : « Il est acteur. » et le vendeur remarque : « On a beaucoup d’acteurs ici. Est-ce que, euh, je vous ai vu dans quelque chose ? »

Ils sont entrés dans une des ailes de l’immeuble et gravissent les quelques marches d’un escalier aux rampes de bois vernis pour arriver à un palier avec coin salon, lampe avec abat-jour flanquée d’une chaise aux coussins de cuir rouge. Le jeune homme précise au costume-cravate : « A-ah, voyons : j’ai dû jouer Hamlet il y a un certain temps déjà, n’est-ce pas Liz ? Puis nous avons fait The Sandpiper (NDT Le Chevalier des Sables)… »

Liz la blonde corrige : « Il plaisante : il était dans Luther et Personne n’aime un albatros, et dans un grand nombre de pièces de théâtre télévisée et de publicités. » Le costume-cravate, qui portait un trousseau de nombreuses clés, appelle l’ascenseur sur le premier palier, face à l’escalier et la sortie sur la cour intérieure. Le costume-cravate se retourne brièvement pour commenter : « Eh bien c’est là où il y a de l’argent, n’est-ce pas ? Dans la publicité… » Le jeune homme surenchérit, faisant mine d’en rire mais grimaçant : « Et aussi les grands frissons artistiques ! »

L’ascenseur lambrissé a également un planton souriant, qui très scrupuleux une fois le costume-cravate et le couple entré, vérifie bien avant de refermer la porte qu’il n’y a personne d’autre qui arrive par les deux côtés. « Le septième, Diego… » commande le costume-cravate. Puis tandis que la cabine se met en branle, le costume cravate commente : « à l’origine, le plus petit des appartements étaient un neuf (NDT pièces) ; ils ont été divisés en quatre, cinq et six (pièces). Le 7-E est un quatre, à l’origine la section arrière d’un dix. Il a la salle-à-manger originale en guise de salon, une autre chambre pour la chambre (de maître)… »

Le planton (Diégo) regarde le couple d’un regard entre pitié et mépris. « Et deux chambres de domestiques jointent pour une salle à manger ou une chambre d’amis. Avez-vous des enfants ? »
« Non, répond l’acteur. — Euh, fait Liz, nous en avons prévus. » Ils sont arrivés au septième et le planton ouvre la grille qui défend du vide la cage de l’ascenseur, pour laisser passer dans un couloir cossu lambrissé. Le costume-cravate sort en dernier, faisant remarquer : « Il faudra huiler cette grille, Diego. »

Depuis un appartement, les gammes d’un pianiste résonnent dans le couloir. Un ouvrier un peu gras en débardeur blanc et djinns visse une poignée de cuivre à une porte et le costume-cravate rappelle à l’ordre Liz qui s’en allait vers la fenêtre du fond du couloir : « Par ici, s’il vous plait! » Au mur, à côté de la porte sur laquelle travaille l’ouvrier, les lettres de cuivre 7B.

Dans la direction opposée à la fenêtre lumineuse, le couloir fait un angle. Le jeune couple s’arrête sur un trou dans la mosaïque du carrelage, comme éclatée par un choc violent, avec encore quelques carreaux blancs à six côtés épars. Pendant ce temps, le costume cravate a repris et le couple lui emboîte le pas rapide : « La locataire précédente, Madame Gardénia, nous a quitté, il y a seulement quelques jours de cela, donc rien n’a encore été déménagé. Son fils m’a demandé de vous dire qu’une partie du mobilier peut-être racheté, pratiquement au prix que vous voulez. »

Plus ils avancent dans le couloir, plus les murs sont abîmés. Il n’y a plus de lambris aux murs, des morceaux de papier peint d’autrefois sont arrachés ou manquent complètement sur la section du couloir. Liz demande : « Est-ce qu’elle est morte dans l’appartement ? Non pas que cela change quelque chose… »

Le costume-cravate est arrivé devant la porte appropriée et rassure : « Non, non, à l’hôpital. » Il déverrouille la serrure : « Elle est restée dans le coma pendant des semaines… » Il ouvre la porte, abaisse le commutateur à gauche à l’entrée et : « Après vous, s’il vous plait. » Liz entre : « Merci. » L’acteur passe à son tour le costume-cravate, qui entre à sa suite : « Elle était très âgées et nous a quitté sans s’être réveillée. » Le costume-cravate referme la porte. Ils sont dans un couloir au mobilier vieillot, avec tapis et bibelots. Le costume-cravate remarque : « Je serait reconnaissant pour ma part de partir ainsi quand l’heure sera venue. »

Liz explore déjà la cuisine lumineuse coquette et équipée, aux armoires et tiroirs blancs, à la petite table avec une nappe à carreaux blancs et verts et quatre chaises de bois clair. La jeune femme est visiblement ravie, et se retourne vers son mari et l’embrasse rapidement sur la bouche, pour lui prendre la main et l’entraîner à la suite du costume-cravate qui bafouille : « Non, pas dans l’appartement, non… Elle est restée de bonne humeur toute sa vie, l’une des premières femmes-avocats de la ville de New-York. »

Liz commente en découvrant le débarras avec ses étagères de plantes flétries en pots : « Et elle faisait aussi un peu de jardinage à côté. » Le concierge surenchérit : « C’était une femme exceptionnelle. Des placards, oh ça oui, plein de placards. »

Liz est allé regarder les livres reliés sur le secrétaire voisin et découvre une lettre inachevée : « Je ne peux plus longtemps m’associer à… » Le costume-cravate poursuit : « Une très belle vue du parc, très belle… Cette chambre par exemple ferait une merveilleuse chambre d’enfants. »

Liz relève la tête et admet : « Oui, du papier peint jaune et blanc l’illuminerait remarquablement… » L’acteur s’inquiète des plantes en pots étiquetées : « C’est quoi, tous ces trucs… » Liz répond « Des aromates, essentiellement. » Le costume-cravate reprend : « … Une belle et grande salle de bain. »

Liz précise : « De la menthe, du basilic… » Son mari demande, un sourire en coin : « Pas de Marie-Jeanne ? » et comme ils passent la salle de pain, il essaie de déclencher la chasse d’eau du cabinet de toilette. Elle fonctionne.

« La chambre de maîtres » présente le costume-cravate, « … et nous voilà de retour dans le couloir. » Il ouvre la porte du grand salon et Liz s’émerveille à nouveau : « Oh, Guy ! » Le costume cravate précise : « La cheminée fonctionne, bien entendu. »

Liz s’extasie : « Oh, c’est un appartement merveilleux : je l’adore ! » Guy se retourne, plaisantant : « Vous voyez ce qu’elle essaie de faire ? Elle essaie de vous faire baisser le loyer. » Le costume cravate se détourne en voulant bien rire de la plaisanterie : « Eh bien, nous le monterions si nous y étions autorisés : des appartements avec ce genre de charme… »

Le costume-cravate s’est subitement interrompu et arrêté face à une imposante armoire à tiroirs au bout du couloir qui se termine juste à l’entrée du salon. « Eh bien, ça c’est étrange ! » Il va à l’armoire, se retourne comme pour prendre à témoin le couple, examine rapidement les côtés : « Il y a un placard derrière ce secrétaire. « J’en… j’en suis certain ! »

Guy remarque en pointant le cadre de porte qui dépasse de derrière le meuble : « Je pense que vous aavez raison… » et Liz de surenchérir : « Elle l’a bougé, il était là avant. » Elle pointe les traces des pieds traînés du secrétaire sur le sol, des débris de plinte au bas du papier peint décollé et le contour clair du meuble sur le mur d’en face l’entrée du salon.

Le costume-cravate inspire brièvement puis se tourne vers Guy : « Donnez-moi un coup de main, voulez-vous ? » Guy fait un geste d’hésitation en direction de son épouse, qui lui fait signe d’obéir, et les deux hommes attrapant le bas du meuble, le déplacent par a-coups avec efforts et soupirs, jusqu’à le replacer contre le mur d’en face l’entrée du salon, sa place originelle supposée. Guy plaisante, tout rouge et essoufflé : « Je vois maintenant pourquoi elle est tombée dans le coma ! » Mais le costume-cravate s’étonne à nouveau : « Elle n’a pas pu le déplacer toute seule : elle avait 89 ans !!! »

Et comme ils se retrouvent face au placard, Liz demande : « Peut-on l’ouvrir ? Peut-être que son fils devrait le faire ? » Le costume-cravate n’hésite qu’un instant : « Je suis autorisé à faire visiter l’appartement. » Et d’ouvrir le placard : en haut des torchons et du linge, en bas, un aspirateur et des balais.

Guy, se tenant les reins et toujours rouge remarque : « Eh bien, qui y était enfermé s’est échappé. » Le costume-cravate suggère, ineptement : « Ou peut-être qu’elle n’avait pas besoin de cinq placards ? » Mais Liz conteste aussitôt : « Mais pourquoi est-ce qu’elle aurait eu besoin de cacher son aspirateur et ses serviettes ? » Le costume-cravate a réponse à tout : « Eh bien, je suppose qu’on ne le saura jamais : peut-être qu’elle était devenue sénile après tout ? »

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce film.

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