Ici la page Amazon.fr du roman La foire des ténèbres
Something Wicked This Way Comes (1962)
Traduction du titre original : Quelque chose de tordu vient par ici.
Sorti aux USA en septembre 1962 chez SIMON & SCHUSTER US.
Sorti en France en 1964 chez DENOEL FR.
Sorti en France en 1979 chez DENOEL FR.
Sorti en France le 5 octobre 2006 chez FOLIO FR.
De Ray Bradbury.
Will et Jim sont deux garçons qui vont bientôt avoir 14 ans. Ils habitent la petite ville de Green Town dans l'Illinois, et tandis qu'un orage gronde au loin, un marchand ambulant nommé Tom Fury sonne à leur porte leur offre un paratonnerre, affirmant que ce sera la maison de Jim sera bientôt frappé par la foudre. Jim installe en hâte le paratonnerre, puis vont voir le père de Will, Charles Holloway, le bibliothécaire. En ville tout le monde ressent des sensations curieuses, ignorant encore que celles-ci annonce l'arrivée en ville pour le 24 octobre de la fête foraine de M. Ténèbres.
***
(Traduction au plus proche)
Arrivées.
1.
Le vendeur de paratonnerre arriva juste avant l'orage. Il descendit la rue de Green Town, dans l'Illinois, tard, un jour nuageux d'octobre, jetant des regards furtifs par dessus son épaule. Quelque part, pas si loin en arrière, de grands éclairs martelaient la terre. Quelque part, un orage telle une énorme bête avec des dents terrifiantes ne pouvait plus être ignoré. Alors le vendeur itinérant faisait sonner et trébucher son gros sac de cuir de pièces détachées de ferraille de grande taille invisibles sinon par la magie de sa langue quand il faisait du porte à porte, jusqu'à ce qu'il arrive enfin à un gazon qui n'allait pas du tout.
Non, pas l'herbe. Le vendeur leva les yeux. C'était plutôt les deux garçons, tout en haut de la douce pente, couchée dans l'herbe. De semblable taille et silhouette, les garçons étaient assis à tailler des brindilles en sifflet, à parler des temps passés et futurs, se réjouissant d'avoir laissé leurs empreintes digitales sur tout objet mobile de Green Town pendant l'été précédent, et leurs empreintes de pied sur tous les sentiers entre ici et le lac, et entre là et la rivière depuis que l'école avait commencé.
"Ho, les garçons!" appela l'homme dont tous les vêtements étaient couleur d'orage. "Vos parents sont là?".
Les garçons secouèrent la tête.
"Z'avez des sous, vous-même ?"
Les garçons secouèrent la tête.
"Hé bien..." Le vendeur avança peut-être de trois pas, s'arrêta et courba les épaules. Soudains, il semblait se rendre compte des fenêtres ou du ciel froid qui regardaient dans son dos. Il se retourna, lentement, reniflant l'air. Le vent secouait les arbres vides. Les rayons du soleil s'engouffraient dans une petite déchirure des nuages, nimbant les quelques feuilles de chênes survivantes tout d'or. Mais le soleil disparut, la petite monnaie était dépensée, l'air soufflait gris; le vendeur frissonna et reprit ses esprits.
Le vendeur remonta à pas lent la pente. "Petit, c'est quoi ton nom?"
Et le premier garçon, dont les cheveux étaient aussi blonds-blancs que le Chardon-Marie, cligna de l'œil, inclina la tête, et regarda le vendeur d'un seul œil aussi ouvert, brillant et clair qu'une goutte de pluie.
"Will, il répondit, William Halloway."
***
(texte original)
Arrivals.
1.
The seller of lightning-rods arrived just ahead of the storm. He came along the street of Green Town, Illinois, in the late cloudy October day, sneaking glances over his shoulder. Somewhere not so far back, vast lightnings stomped the earth. Somewhere, a storm like a great beast with terrible teeth could not be denied. So the salesman jangled and clanged his huge leather kit in which oversized puzzles of ironmongery lay unseen but which his tongue conjured from door to door until he came at last to a lawn which was cut all wrong.
No, not the grass. The salesman lifted his gaze. But two boys, far up the gentle slope, lying on the grass. Of a like size and general shape, the boys sat carving twig whistles, talking of olden or future times, content with having left their fingerprints on every movable object in Green Town during summer past and their footprints on every open path between here and the lake and there and the river since school began.
'Howdy, boys!' called the man all dressed in storm-coloured clothes. 'Folks home?'
The boys shook their heads.
'Got any money, yourselves?'
The boys shook their heads.
'Well - ' The salesman walked about three feet, stopped and hunched his shoulders. Suddenly he seemed aware of house windows or the cold sky staring at his neck. He turned slowly, sniffing the air. Wind rattled the empty trees. Sunlight, breaking through a small rift in the clouds, minted a last few oak leaves all gold. But the sun vanished, the coins were spent, the air blew grey; the salesman shook himself from the spell.
The salesman edged slowly up the lawn. 'Boy, ' he said. 'What's your name?'
And the first boy, with hair as blond-white as milk thistle, shut up one eye, tilted his head, and looked at the salesman with a single eye as open, bright and clear as a drop of summer rain.
'Will,' he said. 'William Halloway.'
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(Traduction de Richard Walters)
Chapitre premier
Le représentant en paratonnerres arriva, précédant de peu l'orage. On le voyait suivre la grande-rue de Green Town, dans l'Illinois, sous le ciel nuageux d'octobre finissant, jetant des regards à la dérobée par-dessus son épaule. Quelque part, pas tellement loin derrière, d'immenses éclairs frappaient la terre. Quelque part, l'orage, bête énorme aux dents affreuses, était déjà une réalité.
Au bout du bras du représentant ferraillait l'énorme marmotte en cuir où les assemblages désassemblés de ferraille étaient entassés, qu'il assemblait en paroles, de porte à porte. Le représentant finit par arriver à un gazon qui lui fit un drôle d'effet.
L'herbe y poussait normalement partout. Le représentant leva les yeux. Deux garçonnets, tout en haut de la pente douce étaient couchés sur l'herbe. Semblable de taille et d'allure, ils étaient occupés à se tailler des sifflets tout en évoquant le passé et à l'avenir, satisfaits d'avoir laissé leurs empreintes digitales sur tous les objets mobiles de Green Town, au long de l'été écoulé et la trace de leurs pas sur tous les sentiers menant d'ici au lac et de là à la rivière, depuis la rentrée des classes.
***