Bob Morane #001: La Vallée infernale, le roman de 1953.Feu vert livre / BD

Bob Morane #001: La Vallée infernale (1953)

Sorti Belgique collection poche Marabout Junior chez HENRI GIRARD BE le 16 décembre 1953. Réédité en 1954, 1960, 1962, 1965, 1966, 1970.
Altéré pour la Bibliothèque Verte chez HACHETTE FR en mai 1982, réédité en 1983.
Réédité en texte original chez LEFRANCQ BE en 1992, 1993.
Compilé en omnibus chez LEFRANCQ BE en 1996, réédité octobre 2001.
Réédité en roman chez LEFRANCQ en 1999.
Réédité et adapté en roman + bande dessinée chez ANANKE en 2004.
Réédité en omnibus chez ANANKE le 12 mai 2011 ;
Réédité avec les deux épisodes suivants chez ANANKE le 5 juin 2013 ;
Réédité le roman édition du 60e anniversaire chez PERRO, 2 décembre 2013.
Réédité en grand format le 6 octobre 2023 chez ANANKE / RIPLE.

De Henri Vernes aka Charles-Henri Dewisme.

Pour adultes et adolescents.

(Aventure, éditeur) Les mains crispées sur les commandes de son bimoteur de transport, Bob Morane lutte contre les éléments. Ses ennemis : la montagne et la jungle de la Nouvelle-Guinée… les plus dangereux qu’il ait eu à combattre !

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Le texte original de Henri Vernes de 1953.

_____Bob Morane_____
LA VALLÉE INFERNALE

Chapitre 1


La montagne, couverte d’une jungle épaisse semblable à un tapis de caoutchouc en mousse, glissa sous le ventre brillant du Mitchell. Derrière l’avion, les constructions blanches de Tamini n’étaient déjà plus qu’une agglomération de cubes minuscules à laquelle un grouillement humain conférait une vie de fourmilière.

Ses mains nerveuses crispées sur les commandes, son visage osseux tendu en avant mais sa large poitrine gonflée cependant par une sourde allégresse, Robert Morane pointait vers le ciel le nez de plexiglas de son appareil, tentant d’éviter le contact de la montagne. Cette lutte de l’homme et de l’avion unis pour former un seul être lui rappelait l’époque où, Flying Commander de la Royal Air Force, il menait son escadrille de chasse au combat. Mais à présent, au lieu d’un Spitfire, Morane pilotait un bimoteur de transport. Ses ennemis étaient la montagne et la jungle, et il était seul à les affronter. Une panne de moteur, une erreur de manœuvre et ce serait la chute dans cette forêt hostile hantée par les serpents, les crocodiles et les Papous coupeurs de têtes.

Après sa démobilisation et son retour en France libérée, où il avait achevé ses études d’ingénieur, Morane s’était senti repris par la nostalgie des vastes horizons. Cela l’avait poussé à s’engager dans l’aviation civile, en Nouvelle-Guinée Britannique, où son ancien chef de la Royal Air Force, le coriace major Gibbs, dirigeait la Papoua Airline. Cette compagnie aérienne était surtout spécialisée dans les transports vers l’intérieur montagneux de la grande île du Pacifique. Ses pilotes devaient être capables de décoller un avion lourdement chargé de terrains d’atterrissage guère plus grands que des mouchoirs de poche et de le transporter sans même avoir le temps de prendre de la vitesse, au-dessus des montagnes. Si, en cas de chute dans la forêt, le pilote voulait regagner sa base, il devait en outre posséder de solides qualités d’explorateur et d’alpiniste. Depuis sa plus tendre enfance, le Français avait possédé un goût marqué pour l’aventure, et cette vie dangereuse comblait aujourd’hui tous ses désirs.

Frôlant un bouquet de palmiers, le Mitchell avait à présent franchi la crête de la montagne et, tel un oiseau libéré, bondissait en plein ciel. Morane se détendit. L’étreinte de ses mains sur les commandes devint plus molle et ses yeux clairs perdirent leur fixité. Il passa les doigts dans ses cheveux noirs et drus, coupés en brosse. Derrière lui, la voix sonore de William Ballantine, le mécanicien, retentit :
— Encore gagné la partie de saute-mouton pour cette fois, n’est-ce pas, commandant ?

L’avion survolait à présent un paysage chaotique. À l’infini, ce n’étaient que d’étroites vallées séparées l’une de l’autre par des crêtes en lames de couteaux. Parfois, au fond d’un cañon, on apercevait la coulée argentée d’une rivière et, dans le lointain, un pic solitaire découpait sur le ciel sa masse rébarbative couronnée de nuages.

Morane se tourna vers son mécanicien.
— Pour une partie de saute-mouton c’en était une, mon vieux Bill. Une partie de saute-mouton avec le diable en personne. Tamini est bien le plus satané champ d’atterrissage que j’aie vu dans mon existence. J’ai chaque fois l’impression de m’envoler du fond d’une bouteille.

Le mécanicien se mit à rire.
— Depuis six mois, commandant, vous réussissez à vous envoler de cette bouteille deux fois par semaine sans casser de bois. C’est un record. Tous vos prédécesseurs…

Le Français lui coupa la parole.
— Cesse de parler de malheur, Bill. Nous autres pilotes sommes superstitieux tu le sais. Et cesse aussi de m’appeler commandant. La guerre est finie et je ne commande plus rien du tout.

— Ce sera comme vous voudrez, commandant, dit Bill avec une grimace comique qui fit se froncer son large visage barré par d’épais sourcils couleur de feu.
William Ballantine était un géant écossais d’une force herculéenne. Le personnel de la Papoua Airline plaisantait volontiers sur sa chevelure rousse qui, en cas de chute dans la jungle ne manquerait sans doute pas d’éveiller la convoitise des coupeurs de têtes.

— Dans dix minutes, nous serons à Téléfomin, dit Morane, et nous pourrons nous détendre un peu. Le coucou a, lui aussi, besoin d’un peu de repos. Il date quand même de la guerre et j’ai peur qu’un jour ou l’autre ses moteurs ne nous lâchent au mauvais endroit. Je n’ai jamais été un partisan acharné de la marche forcée.

De sa large main, Ballantine tapota la paroi métallique de l’appareil.
— N’ayez crainte, commandant, je le soigne. Écoutez comme les moteurs tournent rond…

Les moteurs tournaient rond en effet et Morane savait que Bill ferait l’impossible pour qu’ils continuent à tourner de la sorte.

Au flanc d’une colline, dans une étroite clairière défrichée sur la jungle, les toits coniques d’un village indigène se révélèrent. Les aviateurs pouvaient voir les silhouettes noires des Papous, la tête levée vers l’avion, fascinés par le grand balus, le grand pigeon obéissant à l’homme blanc.

*

Bob Morane #001: La Vallée infernale, le roman de 1953.

Le texte altéré de Henri Vernes pour la Bibliothèque Verte HACHETTE 1982.

HENRI VERNES
Bob Morane


LA
VALLÉE
INFERNALE

I


La montagne, couverte d’une jungle épaisse semblable à un tapis de caoutchouc en mousse, glissa sous le ventre brillant du vieux Douglas. Derrière l’avion, les constructions blanches de Tamini n’étaient déjà plus qu’une agglomération de cubes minuscules grouillant comme une fourmilière.

Ses mains nerveuses crispées sur les commandes, son visage osseux tendu en avant mais sa large poitrine gonflée par une sourde allégresse, Bob Morane pointait vers le ciel le nez de plexiglas de son appareil, tentant d’éviter le contact de la montagne. Cette lutte commune de l’homme et de l’avion lui rappelait l’époque où il commandait une escadrille dans l’armée de l’Air française. Mais à présent, au lieu d’un chasseur, Morane pilotait un bimoteur de transport. Ses ennemis étaient la montagne et la jungle. Une panne de moteur, une erreur de manoeuvre et ce serait la chute dans cette forêt hostile hantée par les serpents, les crocodiles et les derniers Papous coupeurs de têtes.

Après avoir donné sa démission dans l’armée de l’Air, Morane s’était lancé dans une vie aventureuse. Quelques semaines plus tôt, en compagnie de son ami écossais Bill Ballantine, il s’était engagé dans l’aviation civile en Nouvelle-Guinée. Un ancien officier de la Royal Air Force, le coriace major Gibbs, y dirigeait la Papoua Airline. Une compagnie aérienne spécialisée dans les transports vers l’intérieur montagneux de cette grande île du Pacifique. Ses pilotes devaient être capables de faire décoller un avion lourdement chargé de terrains d’atterrissage guère plus grands que des mouchoirs de poche et de lui faire sauter les montagnes sans même avoir le temps de prendre de la vitesse. En cas de chute dans la forêt, si le pilote voulait regagner sa base, il devait en outre posséder de solides qualités d’explorateur et d’alpiniste. Depuis sa plus tendre enfance, Morane avait toujours fait preuve d’un goût marqué pour l’aventure. Cette vie dangereuse comblait pour le moment tous ses désirs.

Frôlant un bouquet de palmiers, le Douglas avait à présent franchi la crête de la montagne. Tel un oiseau libéré, il bondit en plein ciel. Morane se détendit. L’étreinte de ses mains sur les commandes se fit plus molle et ses yeux clairs perdirent leur fixité. Il passa les doigts dans ses cheveux noirs et drus, coupés en brosse. Derrière lui, la voix sonore de William Ballantine, son mécanicien et ami, retentit :
— Encore gagné la partie de saute-mouton, hein, commandant ?

L’avion survolait un paysage chaotique. À l’infini, ce n’étaient que d’étroites vallées séparées l’une de l’autre par des crêtes en dents de scie. Parfois, au fond d’un cañon, on apercevait la coulée argentée d’une rivière. Dans le lointain, la cime d’un pic solitaire se perdait dans les nuages.

Morane se tourna vers le mécanicien.
— Pour une partie de saute-mouton c’en était une, mon vieux Bill. Une partie de saute-mouton avec le diable, oui ! Tamini est bien le plus satané champ d’atterrissage que j’aie vu dans mon existence. J’ai chaque fois l’impression de m’envoler du fond d’une bouteille.

L’Ecossais se mit à rire.
— Depuis trois mois, vous réussissez à vous échapper de cette bouteille deux fois par semaine et sans casser de bois ! C’est un record. Tous vos prédécesseurs…

Bob Morane lui coupa la parole.
— Cesse de parler de malheur, Bill. Nous autres pilotes sommes superstitieux tu le sais. Et cesse aussi de m’appeler commandant. Depuis que je suis rendu à la vie civile, je ne commande plus rien.
— Ce sera comme vous voudrez, commandant, dit Bill avec une grimace comique qui fit se froncer son large visage barré par d’épais sourcils couleur de feu.

William Ballantine était un géant écossais d’une force herculéenne. Le personnel de la Papoua Airline plaisantait volontiers sur sa chevelure rousse. En cas de chute dans la jungle, elle ne manquerait pas d’éveiller la convoitise des coupeurs de têtes.

— Dans dix minutes, nous serons à Téléfomin, dit Morane. Nous pourrons nous détendre un peu. Le coucou a, lui aussi, besoin d’un peu de repos. Il n’est plus très jeune et j’ai peur qu’un jour ou l’autre ses moteurs ne nous lâchent au mauvais endroit. Je n’ai jamais été un partisan acharné de la marche forcée.

De sa large main, Ballantine tapota la paroi métallique de l’appareil.
— N’ayez crainte, commandant, je le soigne. Écoutez comme les moulins tournent rond…

Les moteurs tournaient rond en effet et Morane savait que Bill ferait l’impossible pour qu’ils continuent à tourner de la sorte.

Au flanc d’une colline, dans une étroite clairière défrichée sur la jungle, apparurent les toits coniques d’un village indigène. On pouvait voir les silhouettes noires des Papous, la tête levée vers l’avion, fascinés par le grand balus, le grand oiseau obéissant à l’homme blanc.

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.

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