War of The Worlds (2005), le blu-ray belge de 2010.
Sorti en Belgique (?) le 3 juin 2010 (multi-région, mauvais transfert à l'image bruitée et délavée).
Sur le film : Rempli d'images chocs dont la pluie de cendres blanches directement inspirée de la chute des tours de New-York du 11 septembre, War of the World est donc la nouvelle production de Steven Spielberg – autrement dit le block-buster de l'été – traduisez la machine à faire du fric (normal) et à nous en mettre plein les mirettes (merci). Nous voilà donc embarqué dans un trip à la Roland Emmerich, époque Independence Day... Et tentant cette route, Spielberg et ses scénaristes trahissent complètement les idées du roman original d'H. G. Wells, quand bien même Wells est cité au début et à la fin du film.
En effet, dans un récit d'invasion épouvantable, Wells mettait en scène un scientifique (figure intelligente et éclairée de l'époque), assistant à la destruction de sa civilisation par les monstres utilisant toute arme de destruction massive à leur disposition. Ces monstres n'ayant d'autre but que d'élever et de consommer l'être humain comme des bestiaux – ce qui scientifiquement n'avait rien d'inspiré puisque l'élevage des bestiaux est beaucoup plus rentable. En comparaison, le film de Spielberg met en scène un honnête ouvrier (l'américain moyen ?) qui va tout faire pour protéger les deux gamins qu'on lui a confié. L'attaque est brutale, hallucinante, dirigée uniquement sur des cibles civiles innocentes, et des flots de réfugiés... Bref il ne manque que les scènes de tortures dans les prisons aliens avec des demoiselles extraterrestres qui se font prendre en photo avec des terriens humiliés et tenus tout nus en laisse.
Alors oui, c'est du grand spectacle spectacle, avec des images chocs et des sensations fortes (et de belles incohérences, comme le camescope qui résisterait à l'effet EMP même débranché - quelqu'un n'a pas compris comment fonctionne l'effet EMP) et je comprends que Spielberg ait pu y céder, mais compte tenu de la gravité de ce qui arrive à l'intérieur et à l'extérieur des États-Unis, j'aurais apprécié que le film ne servent pas directement et aveuglément la pire propagande des années 2000. Enfin, il est simplement impardonnable d'avoir récupéré l'image des victimes du 11 septembre couvertes des centres tombées après la chute des tours, pour faire du fric et manipuler les émotions des spectateurs. Il est également impardonnable d'avoir glissé la propagande de la secte scientologiste dans le film, le truc de l'espace quand la petite fille fait sa crise de nerfs, qui ne marche absolument pas dans la réalité soit-dit en passant.
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Sur l'image : médiocre. Couleurs délavées, image bruitées aux aplats grouillants et pulsants, noirs bouchés, détails fins manquants dans une majorité de plan, y compris les plans sans agitation, de jour et par temps clair. Ce n'est pas le film que j'ai vu au cinéma à sa sortie, et c'est la compression qui est en cause, ainsi que probablement le transfert, certainement pas réalisé à partir d'un négatif d'origine, ou bien quelqu'un a vraiment bâclé le boulot, ou bien un sous-fifre a voulu "améliorer" l'allure du film en salissant volontairement l'image. En effet, le prétendu grain - bruit pulsant grouillant dans un plan fixe n'est pas naturel, et ne correspond pas à la taille de la pellicule. Je parierai cependant sur le studio qui a envoyé à l'éditeur un scan d'une copie de qualité limité au lieu de faire un travail propre plus couteux, voire a utilisé un transfert HD destiné au DVD, insuffisant pour un blu-ray.
Sur le son : anglais DTS-HD Master Audio 5.1 - très bon. L'action n'est pas dans votre salon, mais pas loin, et cela reste spectaculaire, avec des bonnes basses, bien détaillé, avec un réalisme des effets sonores qui varie selon la scène mais peut interpeller, mais une activité arrière constante, qui peut cependant devenir bizarre, quand l'action se retrouve dans la bulle avant et l'orchestre joue derrière vous (et il n'y a évidemment aucun orchestre dans la scène). Il y a donc deux problèmes, le premier à la source avec des choix de la production contestable (comme les violons ou l'orgue synthétique qui prennent le dessus sur l'immersion dans la scène où les héros rejoignent le champ de bataille à 1 heure 08 par exemple). Peut-être que sur un autre système audio, cela choque moins car mes hauts-parleurs arrières ne sont pas baissés par rapport aux hauts-parleurs avants, afin d'obtenir une véritable immersion dans l'espace sonore du film. L'autre problème est que la compression du son est encore trop forte pour un réalisme maximum, et là, vous pouvez parier que les éditions blu-ray américaines seront de meilleure qualité que les éditions européennes, parce que les éditeurs français tendent à compresser davantage l'image et le son du film plutôt que de s'organiser autrement.
Sur les bonus : nombreux, surtout de la publicité noyant le peu d'informations vraiment intéressantes sur la production du film. Clairement pas un travail de passionné. L'image est assez laide, le son un peu étouffé : 4:3 déformée, pas en haute définition.Le premier bonus "Revisiting The Invasion" est un genre de publicité où tout le monde se félicite sans passion ; en résolution standard 4:3 déformé (il faut changer les réglages du téléviseur pour revenir au format normal). Paradoxalement, les images extraites du film de 1953 sont plutôt belles (un master HD non nettoyé de ses coups écrasé en SD ?), tandis que les images du tournages sont de la vidéo SD parfois limite baveuse. Même combat pour The HG Wells Legacy.
Le troisième : Spielberg and the original War of the World est un autre spot publicitaire où Spielberg s'auto-congratule d'avoir fait venir les acteurs du film de 1953 pour une scène à la fin du film, suivi d'interviews brefs et peu intéressants. Le quatrième : The Family Units est une publicité de plus, qui en fait à demi mot souligne que le film a été fait très vite (et donc le travail sur la fameuse famille a été franchement bâclé, et même caviardé sur d'autres films de Cruise). Le cinquième est sur les prévisualisation des plans (storyboard animé) : Spielberg déclare qu'il préfère improviser et qu'il utilise les prévisualisations pour faire plaisir à Lucas ; en réalité il est impossible de faire un tel film sans prévoir qu'il va falloir ajouter les effets spéciaux aux images tournées, et Spielberg avoue ensuite que c'est ILM qui filme d'abord le film virtuellement, avant le tournage - et du coup, il insiste sur le fait qu'il était à ILM au moment de ce travail (encore heureux !).
Sixième bonus : Les journaux de production (en quatre parties) détaille le travail de création du film dans l'ordre chronologique, ponctué d'étranges interventions de gens qui n'y étaient pas (Tom Cruise sur le segment consacré à la préproduction) : encore un bonus bon dans l'idée mais transformé en bête opération publicitaire, brouillant au passage les interviews plus intéressants de ceux qui ont fait le vrai boulot que le titre du bonus annonce. Septième bonus : la conception des créatures ; huitième bonus : la musique orchestrale du film de John Williams (pas la meilleur BO de ce dernier, rien de mémorable, beaucoup de motifs déjà entendus ailleurs). Neuvième bonus : We Are Not Alone ou Spielberg et les extraterrestres - encore de la publicité.
Des galeries pas très fournies : 1°) costumes - au début affreux car en noir et blanc inversé rendant illisible le dessin de mode ; à la fin en couleurs ; 2°) photos de scènes : oh surprise, l'image est beaucoup plus belle et très finement détaillée, au contraire des images du film sur le blu-ray, notez les textures de peau et cils de Tom Cruise, les détails fins de sa veste de cuir - manche, fermeture éclair, les cils et le grain de peau de Dakota Fanning ; les cils de la même dans la scène d'observation de l'orage depuis l'arrière-cour ; observez les noirs des scènes de nuit, comme celle du ferry) ; 3°) tournage et 4°) dessins de productions.
Dernier bonus, le teaser au cinéma en HD, et là, la totale : ce sont bien les mêmes images que le début du film, mais cette fois sans aucun bruit, avec les détails fins. Aucune trace du grain prétendu naturel et propre au film, la preuve que les critiques qui prétendent que le transfert actuel est la vision du réalisateur sont des gros menteurs. Les plans suivants ne proviennent pas du film (des familles regardent l'orage au loin) et ont dû être tournés pour la bande-annonce et sont de qualité inférieure. Il est bien dommage que les deux autres bandes annonces véritables n'aient pas été incluses, mais je suppose que cela aurait prouvé encore davantage si nécessaire, que l'acheteur du blu-ray s'est fait avoir, en montrant de nombreuses scènes du film correctement transférées pour la haute définition.
En conclusion : La guerre des mondes de 2005 est un produit vite ficelé par l'usine Spielberg avec quelques scènes efficaces, piraté pour le pire par Tom Cruise. Le blu-ray escroque celui qui souhaite voir le film dans une haute définition digne de la projection cinéma avec un mauvais transfert de l'image, auquel le critique du site blu-ray.com ose attribuer la qualité d'image maximum (on ne mord pas la main qui vous nourrit ? l'édition américaine aurait une meilleure image ? On ne le dirait pas à la vue des captures du blu-ray illustrant l'article). En ce qui me concerne, il est simplement inadmissible de vendre en blu-ray un film récent moins beau à voir qu'au cinéma lors de la sortie du film.
On peut faire pire, comme par exemple le blu-ray de Blueberry l'expérience secrète, qui carrément vend du mauvais DVD bruité délavé sans aucun détail fin et pour cause aux prix du blu-ray, en prétendant être du blu-ray et en annonçant sur la jaquette du 1920p quand c'est de la mise à échelle 1080p. Le blu-ray de la guerre des mondes a pour lui le fait que c'est la seule édition disponible (la version de 1953 n'est pas disponible à l'heure à laquelle j'écris cet article), que le son n'est pas trop mauvais, et que quelques scènes demeurent spectaculaire malgré le mauvais traitement à l'image.
A priori, passez votre chemin.
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