I am legend (1957)
Traduction du titre : Je suis légende.
Titre français : je suis une légende.
Sorti aux USA en juillet 1954 chez Gold Medal Books US (poche).
Traduit en 1955 par Claude Elsen pour DENOEL FR (poche, numéro 10), réédité en 1958,1969, 1972, 1973 (illustré par Jean-Martin Bontoux), février 1977, 1979, 1981, avril 1983, novembre 1987, avril 1990, mai 1991, avril 1993, mars 1995, mars 1998, février 1999.
Traduit par Nathalie Serval en avril 2001 pour GALLIMARD FOLIO SF FR, réédité octobre 2003, juillet 2004 (FRANCE-LOISIR) décembre 2007, janvier 2008, juin 2009, 2 avril 2010, septembre 2019.
Compilé dans Légendes de la nuit, 6 novembre 2003 DENOEL LUNE D'ENCRE FR.
Compilé en omnibus, décembre 2013 FRANCE LOISIR FR.
Compilé Par delà la légende, 9 octobre 2014, GALLIMARD FOLIO SF FR.
Adapté en film The Last Man On Earth en 1964 (Je suis une légende), avec Vincent Price.
Adapté en film The Omega Man 1972 (Le survivant), avec Charlton Heston.
Adapté en film I Am Legend 2007 (Je suis une légende), avec Will Smith.
De Richard Matheson.
Pour adultes et adolescents.
En 1976 à Los Angeles, après une guerre mondiale apocalyptique, Robert Neville se barricade nuit après nuit après une épidémie dont les survivants sont désormais des vampires repoussés par l'ail et les crucifix, imperméables aux balles...
***
Le texte original de Richard Matheson de 1954 pour GOLD METAL US.
Chapter One
ON THOSE CLOUDY DAYS, Robert Neville was never sure when sunset came, and sometimes they were in the streets before he could get back.
If he had been more analytical, he might have calculated the approximate time of their arrival; but he still used the lifetime habit of judging nightfall by the sky, and on cloudy days that method didn't work. That was why he chose to stay near the house on those days.
He walked around the house in the dull gray of afternoon, a cigarette dangling from the corner of his mouth, trailing threadlike smoke over his shoulder. He checked each window to see if any of the boards had been loosened. After violent attacks, the planks were often split or partially pried off, and he had to replace them completely; a job he hated. Today only one plank was loose. Isn't that amazing? he thought.
In the back yard he checked the hothouse and the water tank. Sometimes the structure around the tank might be weakened or its rain catchers bent or broken off. Sometimes they would lob rocks over the high fence around the hothouse, and occasionally they would tear through the overhead net and he'd have to replace panes.
Both the tank and the hothouse were undamaged today. He went to the house for a hammer and nails. As he pushed open the front door, he looked at the distorted reflection of himself in the cracked mirror he'd fastened to the door a month ago. In a few days, jagged pieces of the silverbacked glass would start to fall off. Let' em fall, he thought. It was the last damned mirror he'd put there; it wasn't worth it. He'd put garlic there instead. Garlic always worked.
He passed slowly through the dim silence of the living room, turned left into the small hallway, and left again into his bedroom.
Once the room had been warmly decorated, but that was in another time. Now it was a room entirely functional, and since Neville's bed and bureau took up so little space, he had converted one side of the room into a shop.
A long bench covered almost an entire wall, on its hardwood top a heavy band saw; a wood lathe, an emery wheel, and a vise. Above it, on the wall, were haphazard racks of the tools that Robert Neville used.
He took a hammer from the bench and picked out a few nails from one of the disordered bins. Then he went back outside and nailed the plank fast to the shutter. The unused nails he threw into the rubble next door.
For a while he stood on the front lawn looking up and down the silent length of Cimarron Street. He was a tall man, thirtysix, born of EnglishGerman stock, his features undistinguished except for the long, determined mouth and the bright blue of his eyes, which moved now over the charred ruins of the houses on each side of his. He'd burned them down to prevent them from jumping on his roof from the adjacent ones.
After a few minutes he took a long, slow breath and went back into the house. He tossed the hammer on the livingroom couch, then lit another cigarette and had his midmorning drink.
Later he forced himself into the kitchen to grind up the fiveday accumulation of garbage in the sink. He knew he should burn up the paper plates and utensils too, and dust the furniture and wash out the sinks and the bathtub and toilet, and change the sheets and pillowcase on his bed; but he didn't feel like it.
For he was a man and he was alone and these things had no importance to him.
It was almost noon. Robert Neville was in his hothouse collecting a basketful of garlic.
In the beginning it had made him sick to smell garlic in such quantity his stomach had been in a state of constant turmoil. Now the smell was in his house and in his clothes, and sometimes he thought it was even in his flesh.
He hardly noticed it at all.
*
La traduction au plus proche.
Chapitre Un
Ces jours nuageux, Robert Neville n'était jamais sûr de quand viendrait le coucher du Soleil, et parfois ils étaient dans les rues avant qu'il puisse être de retour.
S'il avait eu un peu plus d'esprit d'analyse, il aurait pu calculer l'heure approximative de leur arrivée ; mais il utilisait encore cette habitude d'une vie de juger de la tombée de la nuit en fonction du ciel, et les jours nuageux, cette méthode ne fonctionnait pas. C'était pourquoi il avait choisi de rester près de la maison ces derniers jours.
Il marchait autour de la maison dans le gris terne de l'après-midi, une cigarette pendouillant du coin de sa bouche, laissant échapper comme un fil de fumée par-dessus son épaule. Il scrutait chaque fenêtre pour voir si les planches avaient été déclouée. Après les attaques violentes, les planches étaient souvent cassées ou en partie arrachée, et il devait les remplacer complètement; un boulot qu'il détestait. Ce jour-là, il n'y avait qu'une planche de perdue. N'est-ce pas étonnant ? il pensa.
Dans l'arrière-court, il vérifia la serre et la citerne. Parfois la structure autour de la citerne pouvait être fragilisée ou les gouttières tordues ou cassées. Parfois ils envoyaient des pierres par-dessus la haute clôture autour de la serre, et à l'occasion elles déchireraient le filet au-dessus et il lui faudrait remplacer des carreaux.
La citerne comme la serre étaient intact ce jour-là. Il alla chercher dans la maison un marteau et des clous. Comme il ouvrait en la poussant la porte d'entrée de devant, il vit son propre reflet distordu dans le miroir craquelé qu'il avait fixé à la porte un mois auparavant. D'ici quelques jours, les pièces acérées du verre argenté commenceraient à tomber. Qu'ils tombent, il pensa. Ce serait le dernier maudit miroir qu'il mettrait là ; cela n'en valait pas la peine. Il mettrait plutôt de l'ail à la place. L'ail, ça marchait toujours.
Il traversa lentement le silence ténu du salon, tourna à gauche dans le petit couloir, et à gauche à nouveau pour arriver à sa chambre à coucher.
Autrefois, la pièce avait été décorée chaleureusement, mais c'était une autre époque. Désormais, c'était une pièce entièrement fonctionnelle, et puisque le lit de Neville et son bureau prenaient si peu de place, il avait convertit un côté de la pièce en atelier de menuiserie.
Un long établi occupait presque un mur entier, et sur sa table en bois dur, une lourde scie à ruban; un tour à bois, une roue à poncer et un étau. Au mur, surplombaient un râtelier chargé au hasard des outils dont Robert Neville se servait. Il prit un marteau sur l'établi et piocha quelques clous dans l'un des casiers sans ordre. Puis il retourna dehors et cloua la planche contre le volet. Les clous inutilisés, il les jeta dans le tas d'à côté.
Un temps il resta debout sur la pelouse de devant à inspecter de haut en bas la rue de Cimarron sur toute sa longueur silencieuse. Il était un homme de haute taille, trente-six ans, d'origine anglo-germanique, ses traits sans caractéristiques particulières sinon les lèvres minces, aux plis déterminés et le bleu clair de ses yeux, qui s'étaient à présent portés sur les ruines calcinés des maisons qui flanquaient la sienne. Il les avait brûlées pour empêcher qu'ils ne sautent sur son toit depuis les toits voisins.
Après quelques minutes, il prit une longue, lente inspiration et repartit dans la maison. Il jeta le marteau sur le canapé du salon, puis s'alluma une autre cigarette, et prit son verre d'alcool de la mi-matinée.
Plus tard, il se força à aller dans la cuisine pour raboter le tas de vaisselle accumulée dans l'évier. Il savait qu'il aurait dû brûler les assiettes en papier et les ustensiles jetables aussi, et épousseter les meubles et laver les éviers et la baignoire et la cuvette des toilettes, et changer les draps et l'oreiller de son lit ; mais il ne se sentait pas de le faire.
Car il était un homme et il était seul et ces choses ne comptaient pas pour lui.
Il était presque midi. Robert Neville était dans sa serre à cueillir un panier plein de gousses d'ail.
Au début, ça le rendait malade sentir l'ail en de telles quantités, et son estomac se trouvait constamment agité. Désormais, l'odeur était dans sa maison et dans ses vêtements, et parfois il pensait qu'elle était même dans sa chair.
C'est à peine s'il la remarquait désormais.
*
La traduction de Claude Elsen de 1955 pour DENOEL FR.
PREMIERE PARTIE
JANVIER 1976
Lorsque le ciel — comme c'était le cas ces jours-ci — était nuageux, Robert Neville ne se rendait pas toujours compte de l'approche du soir, et parfois ils auraient pu envahir les rues avant qu'il ne fût rentré
chez lui.
S'il avait eu l'esprit plus précis, il aurait pu calculer approximativement le moment de leur arrivée ; mais il avait gardé la vieille habitude de s'en remettre à la couleur du ciel. Par temps couvert, cette méthode
n'était pas sûre et c'est pourquoi, ces jours-là, il préférait ne pas s'éloigner de sa demeure...
Il fit le tour de la maison, une cigarette collée au coin de la bouche, et examina chaque fenêtre pour s'assurer qu'aucune planche ne manquait : après certains assauts particulièrement violents, il arrivait que
plusieurs fussent fendues ou à demi arrachées. Il lui fallait alors les remplacer, et il détestait cela. Aujourd'hui, une seule manquait. « Curieux », pensa-t-il...
Dans la cour, derrière la maison, il inspecta la serre et le réservoir d'eau. Il craignait toujours qu'ils ne s'attaquent au réservoir ou ne brisent à coups de pierre les vitres de la serre, auquel cas il devrait aussi
les remplacer. Mais l'un et l'autre étaient intacts.
Il rentra dans la maison pour prendre un marteau et des clous. Comme il ouvrait la porte d'entrée, il jeta un regard à sa propre image dans le miroir lézardé qu'il y avait fixé un mois plus tôt. Quelques
jours encore et ses morceaux tomberaient tout seuls. « Eh bien, qu'ils tombent... » se dit-il. C'était le dernier miroir qu'il mettrait là. Son effet était nul. A sa place, il mettrait de l'ail. L'ail agissait toujours...
Il traversa lentement le living-room silencieux, tourna à gauche dans le petit corridor et entra dans la chambre à coucher. Jadis cette chambre était décorée avec soin — mais c'était en un autre temps. A présent, ce n'était plus qu'une pièce utilitaire, et le lit et le bureau de Neville y tenaient si peu de place qu'il en avait fait également son atelier. Un établi de bois dur occupait presque toute la longueur d'un des murs, portant une lourde scie à ruban, un tour à bois et une meule. Les autres outils dont se servait Neville étaient accrochés au mur, à un râtelier de fortune.
Il prit un marteau, arracha quelques clous à une vieille caisse et ressortit pour réparer la planche endommagée de la fenêtre.
Cela fait, il s'immobilisa un instant devant la maison et laissa son regard parcourir Cimarron Street dans toute sa longueur. La rue était parfaitement silencieuse. De chaque côté de sa demeure s'entassaient les ruines carbonisées des maisons voisines, qu'il avait brûlées pour les empêcher de sauter de leur toit sur celui de sa propre maison... Puis, il aspira une longue bouffée d'air et rentra chez lui.
Il jeta le marteau sur le divan du living-room, alluma une autre cigarette et but un coup. Un peu plus tard, il se résolut à gagner la cuisine pour y mettre un peu d'ordre. Il savait qu'il aurait dû brûler
les assiettes de carton, enlever la poussière qui s'accumulait, nettoyer l'évier, le tub, les toilettes, changer les draps de son lit, mais il n'en avait pas le courage,
parce qu'il était un homme, qu'il était seul, et que ces choses n'avaient plus d'importance pour lui...
Il était près de midi.
A présent, Neville était dans la serre, et il remplissait un panier d'ail. Au début, l'odeur de l'ail le rendait malade, mais maintenant qu'elle avait envahi la maison, qu'elle imprégnait ses vêtements et même
sa chair, lui semblait-il, il n'y prêtait plus attention.
*
La traduction de Nathalie Serval d'avril 2001 pour GALLIMARD FR.
PREMIERE PARTIE
Janvier 1976
Par temps couvert, Robert Neville se laissait parfois surprendre par la tombée de la nuit ; ils se répandaient alors dans les rues avant qu’il fût rentré.
Un esprit plus analytique aurait pu calculer l’heure approximative de leur arrivée, mais Neville avait gardé l’habitude de s’en remettre à l’aspect du ciel, une méthode que les nuages rendaient inopérante. En conséquence, il préférait ne pas s’éloigner de chez lui ces jours-là.
Il fit le tour de la maison dans la grisaille de l’après-midi, une cigarette au coin des lèvres, traînant derrière lui un mince cordon de fumée. Il inspecta chaque fenêtre, vérifiant qu’aucune planche ne branlait. Les assauts les plus violents les laissaient souvent fendues ou en partie arrachées. Il fallait alors les changer, un travail qu’il détestait. Ce jour-là, une seule avait du jeu. Étonnant, pensa-t-il.
Dans l’arrière-cour, il contrôla la serre et la citerne. Parfois il devait consolider cette dernière, redresser ou réparer ses capteurs d’eau de pluie. Parfois, les pierres qu’ils lançaient au-dessus de la palissade entourant la serre déchiraient le filet protecteur et il lui fallait remplacer les vitres cassées.
Cette fois, ni la serre ni la citerne n’avaient souffert.
Il se dirigea vers la maison pour y cherher un mareat et des clous. En poussant la porte, il vit son image déformée dans la glace fêlée qu’il avait fixée à l’extérieur un mois plus tôt. D’ici quelques jours, les éclats étamés tomberaient d’eux-mêmes ? Eh bien, qu’ils tombent. C’était la dernière fois qu’il fichait un miroir à cet endroit. A quoi bon… A la place, il accrocherait de l’ail. L’ai était toujours efficace, lui.
Il traversa lentement la pénombre du séjour, emprunta le minuscule couloir et tourna à gauche vers sa chambre.
A une époque, celle-ci offrait un cadre chaleureux, mais les temps avaient changé. A présent, elle était purement fonctionnelle : le lit et la commode y tenaient si peu de place que Neville y avait installé son atelier.
Un établi en bois occupait presque tout un mur. Dessus se trouvaient une scie à ruban, un tour à bois, une meule et un étau. Les autres outils dont il se servait étaient accrochés au mur, à des râteliers de fortune.
Il prit un marteau sur l’établi, piocha quelques clous dans un casier. Puis il ressortit et répara le volet en un tournemain. Il balança les clous en trop parmi les gravats de la maison voisine.
Il s’attarda un moment sur la pelouse devant la maison, parcourant du regard l’étendue silencieuse de Cimarron Street. Agé de trente-six ans, d’une taille élevée, Neville était un mélange d’ascendances anglaise et germanique. Ses traits n’avaient rien de remarquable, excepté la bouche, allongée et volontaire, et des yeux d’un bleu vif, qui pour l’heure inspectaient les ruines calcinées des deux maisons encadrant la sienne. Il le avait lui-même incendiées, pour les empêcher de passer par les toits.
Au bout de quelques minutes, il prit une longue inspiration et rentra. Il jeta le marteau sur le canapé du séjour, alluma une autre cigarette et but lepremier verre de la journée.
Plus tard, il se résolut à gagner la cuisine et à broyer les ordures qui s’amoncelaient dans l’évier depuis cinq jours. Pour bien faire, il aurait également dû brûler les assiettes en carton, épousseter les meubles, décrasser l’évier, la baignoire et les toilettes, changer les draps du lit, mais il n’en eut pas le courage.
Parce qu’il était un homme, qu’il était seul et que rien de tout ça n’avait d’importance pour lui.
Il était près de midi. Robert Nevile se trouvaient dans la serre, occupé à remplir son panier d’ail.
Au tout début, l’odeur d’ail à forte dose lui avait retourné l’estomac. Maintenant qu’elle imprégnait sa maison, ses vêtements et même sa peau, lui semblait-il, il n’y prêtait plus guère attention.
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.
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