One, le numéro hors-série 4 de 2003 Feu vert livre / BD

One HS #4 (2003)

Sorti en kiosque le 5 décembre 2002 - 36 pages plus les 8 "méga" posters et les 8 cartes postales : 3€80 (28F50) .

De Laurent Hopman, Nicolas Toutain, Isabelle Reffas, Arnaud Bringer.

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Très peu de publicités, un rédactionnel honnête avec un vrai effort pour présenter l'univers du seigneur des Anneaux. Certes, ce n'est clairement pas le niveau d'un vrai fanzine consacré à la Fantasy selon Tolkien, mais pour un magazine censé exploiter les jeunes filles qui craquent sur Orlando Bloom, c'est quand même remarquable, d'autant que l'impression tout comme la sélection des photos est de qualité. Pas sûr que le collector supporte encore dix ans d'âge dans les dents cependant.

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En couverture

Le Seigneur des Anneaux numéro spécial édition collector

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Edito

"Lorsque John Ronald Reuel Tolkien s'est lancé dans l'écriture du "Seigneur des Anneaux", son ambition première était de raconter une longue histoire en réussissant à tenir le lecteur en haleine tout le long..." Ce n'est pas tout à fait ce que j'ai lu dans sa biographie. Cependant l'éditoraliste anonyme retombe plus ou moins sur ses pieds en conseillant de lire le livre - qui comporte quelques longueurs, donc ne tient pas en haleine tout le long de sa lecture, mais surtout qui est très mal traduit en français dans sa première traduction, et dont la traduction est encore discutable dans ses éditions corrigées.

Je conseillerai donc pour ma part de lire Le Seigneur des Anneaux en version originale. Et si vous ne savez pas lire l'anglais, c'est l'occasion d'apprendre une langue plutôt utile à notre époque.

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Hot News

Alamo (de Ron Howard, avec Viggo Mortensen), jamais tourné.

King Kong, Universal s'intéresse à nouveau remake sur lequel Peter Jackson travaillait en 1997, n'envisage pas de le tourner avant 2006 : sorti en 2005.

Exposition de 120 tableaux de John Howe, l'illustrateur et artiste conceptuel sur les films Le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson du 10 décembre 2002 au 11 janvier 2003 au centre culturel canadien de Paris (5 rue Constantine, Paris 7).

READ, Campagne d'affiches américaine pour encourager les enfants à lire avec les images d'Arwen (Fantasmez de nouveaux mondes), de Gandalf (découvrez la magie) et de Frodo (faites en votre hobbitude) occupés à lire.

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Interviews (courtes)

p.7 Elijah Wood "Je collectionne tout ce qui a un rapport avec le Seigneur des Anneaux"

p.9 Liv Tyler "Lorsque mon père a vu La Communauté de l'Anneau... il s'est endormi."

p.11 Orlando Bloom "Je me suis découvert une nouvelle famille en Nouvelle-Zélande"

p.13 Viggo Mortensen "J'ai dévoré les trois tomes du Seigneur des Anneaux en deux jours".

p.15 Dominic Monaghan "il ne se passe pas un jour sans que j'ai des nouvelles des acteurs du film."

p.16 Billy Boyd "jouer un hobbit m'a complètement transformé"

p.20 Ian McKellen "mon travail est apprécié par des jeunes qui ne seraient jamais venus me voir jouer au théâtre"

p.21 John Rhys-Davis "je voulais interpréter Demethor, le père de Boromir"

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Dix choses que vous ignoriez sur Le Seigneur des Anneaux

Christopher Lee est un monstre sacré du cinéma (fantastique)

Les Beatles voulaient adapter Le Seigneur des Anneaux en comédie musicale. Tolkien a refusé.

Pour éviter les fuites sur Internet, le script était intitulé "Jamboree, un conte émouvant sur les scouts"

Peter Jackson a dû se battre pour que Les deux tours ne s'ouvre pas sur un résumé des épisodes précédents.

John Rhys-Davies joue à la fois le nain Gimli et l'Ent (arbre-animé) Sylvebarbe.

Christopher Lee est le seul de toute la production à avoir rencontré Tolkien en personne... dans un pub.

Les acteurs ont été blessés sur le tournage (chute de cheval pour Bloom, dent cassée pour Mortensen, doigt cassé pour Boyd, qui a caché son accident de peur de retarder le tournage).

Le fan-club officiel du Seigneur des Anneaux a, contre le versement de l'inscription, fait inscrire des noms au générique dvd version longue de la Communauté. Elijah Wood s'est inscrit.

Andy Serkins s'est inspiré de ses chats pour jouer la voix de Gollum.

Étaient d'abord pressentis pour jouer...

Gandalf > Sean Connery (pas le temps)

Aragorn > Stuart Townsend (trop jeune)

Eowyn > Kate Winslet (pas le temps)

J'ajouterais que Patrick Stewart a aussi refusé le rôle de Gandalf, toujours par crainte d'être trop longtemps éloigné par le tournage.

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p. 22 Carte de la Terre du Milieu avec un court descriptif de 11 pays - La Comtée, Bree, Isengard, Fondcombe, les Monts Brumeux, La Moria, la LothLorien, la forêt de Fangorn, Gondor, Rohan, Mordor.

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Cultures et créatures

Un paragraphe sur les Hobbits, les Hommes, les Nains, les Elfes, les... Magiciens ? Les Ents...
Et de l'autre côté les créatures maléfiques : Les orques (!!! Orc, du latin Orcus !!!), les trolls, les Uruk-Hais, les esprits survivants de l'Anneau.

La magie des effets spéciaux

Histoire d'un défi colossal

Biographie : John Ronald Reuel Tolkien

Test : Humain, Hobbit ou Elfe...

Selon vous, quelle est l'arme la plus efficace pour combattre un Orque (!!! Orc !!!) ?
a) Un arc et des flèches ; b) une épée ; c) Aucune, vous préférez prendre la fuite.

La Maxi-Boutique

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Publicités

Le Seigneur des Anneaux 2 : Les deux tours, annoncé pour le 18 décembre 2002

Retrouvez les acteurs du Seigneur des Anneaux dans le numéro 19 de One, actuellement chez votre marchand de journaux.

 

Chapeau Melon et Bottes de Cuir, la saison 4 de la série télévisée de 1961Feu vert télévision

The Avengers S04E15: Castle De'Ath (1966)
Traduction du titre original : Chateau De Lamort.

Épisode précédent <> Épisode suivant

Ici l'article de ce blog sur la série télévisée Chapeau Melon et Bottes de Cuir (1961)

Noter que cet épisode est aussi numéroté S04E05

Quatrième saison noir et blanc.
Diffusée en Angleterre le 30 octobre 1965 sur ITV1.
Diffusée en France le 3 juillet 1991.
Sorti en blu-ray anglais région B coffret 7 BR (image excellente 1080p format original 1:33; anglais et allemand sous-titré anglais, LPCM 2.0 correct, nombreux bonus)
Sorti en coffret blu-ray français le 20 octobre 2015 (commentaires des épisodes manquants, petits problèmes de vitesse et de portions manquantes dans les versions françaises).

De Brian Clemens ; avec Patrick Macnee, Diana Rigg.

Pour adultes et adolescents.

Un air de cornemuse résonne au-dessus d’un lac écossais alors que le soleil se couche. Le vent souffle le long des murs de pierre du château d’époque qui se dresse face au lac. Le long des couloirs déserts décorés d’armures et d’armes, et jusqu’en bas du grand escalier, l’air de la cornemuse résonne plus fort. Dans le grand hall, une porte est entrouverte : elle donne sur escalier de bois, qui descend aux cachots – où sont exposés divers instruments de torture médiévale, dont une estrapade – à laquelle un plongeur torse nu est attaché. Quelqu’un pousse alors le levier pour étirer le corps du malheureux… dont les hurlements de souffrance sont couverts par le chant de la cornemuse, sous le regard souriant d’une Vierge de Nuremberg.

Le lendemain matin, le soleil se lève sur le lac. Comme les oiseaux chantent, deux hommes en kilt traversent d’un pas rapide la cour et entre dans le hall. Le plus âgé et gros, McNab, s’indigne : l’autre ne doit pas laisser les gens se balader partout dans le domaine. Le plus jeune et mince, blond-roux et barbu répond qu’il y songe. McNab lui demande où est passé la dignité de ce dernier : il doit maintenir son rang. Le jeune barbu rétorque qu’il a aussi un château à tenir debout – rien n’est bon marché de leurs jours. McNab réplique qu’il vaut mieux être pauvre que de laisser les étrangers zieuter et forcer le passage. Le jeune homme demande alors avec colère à McNab s’il croit que c’est ce qu’il veut. Ils sont interrompu par le vrombissement d’une voiture – la décapotable de Madame Peel, qui franchit en échappement libre la porte d’entrée de la cour. Celle-ci gare sa voiture, descend, regarde autour d’elle, et sort une valise blanche. Puis elle entre à son tour dans le hall, tout sourire et, s’excusant brièvement, demande où elle peut trouver Monsieur De’Ath. Le barbu blond répond, ici exactement.

Mme Peel se présente et pose sa valise. Ni De’Ath, ni McNab ne répondent quoi que ce soit, aussi elle fait immédiatement le tour du Hall en complimentant : c’est un joli endroit, très joli – elle appréciera son séjour. De’Ath s’étonne : son séjour ? Mme Peel confirme : son travail prendra bien un jour ou deux – elle pensait que sa lettre était claire sur ce point. De’ath s’étonne à nouveau : quelle lettre ? Mme Peel répond : sa réponse à la sienne. De’ath s’étonne : sa lettre ? Mme Peel croise les bras et demande alors si De’ath est bien Angus De’ath. De’ath répond que non : il est Ian De’ath, le 35ème laird (seigneur) précise McNab à ses côtés. Ian De’ath explique alors que l’homme qui a écrit à Mme Peel est son cousin – et il demande de quoi il s’agit.

Tout sourire, Mme Peel présente ses excuses : c’est de sa faute. Et d’expliquer que le cousin de Ian De’ath a embauché sa compagnie comme consultant. Ian De’ath demande alors de quelle compagnie il s’agit, et Mme Peel répond : le BCRCDSCAT – le Bureau de Conseil sur la Réfection des Châteaux et Demeures Seigneuriales Comme Attraction pour Touristes. Et de présenter sa carte à Ian De’ath. Mme Peel reprend : le cousin de Ian De’ath leur a dit que le château allait être ouvert au public, et leur dossier consistait à le conseiller sur les différentes choses à faire pour attirer les visiteurs. À ces mots, McNab s’emporte : à ses yeux, le cousin Angus De’ath a vraiment du toupet. Ian reprend la parole : en tant que Laird en titre du Clan De’ath, c’est à lui de prendre les décisions concernant le futur du château. Et quand il verra Angus…

C’est alors qu’un carreau d’arbalète vint se planter dans le cadre d’une porte juste derrière eux. Et du haut de l’escalier, brandissant l’arbalète, le cousin Angus crie « Dans le mille ! ». Ian tance Angus : il n’est qu’un imbécile – il aurait pu tuer quelqu’un ! Angus répond sans se troubler qu’il ne l’a pas fait. Mme Peel demande alors quel sera le prochain numéro d’Angus : couper une pomme en deux au sommet de la tête de McNab ?

Angus vient alors serrer la main de Mme Peel, lui souhaitant la bienvenue au Château De’eath. Mme Peel le remercie mais remarque qu’elle a déjà trébuché sur le paillasson. Et Ian De’ath interpelle alors son cousin : s’il pouvait avoir la courtoisie de lui faire savoir exactement ce qu’il mijote ? D’abord des historiens écossais et à présent des consultants publicitaires ? Angus s’excuse : cela a dû lui échapper. Mme Peel propose alors de s’en aller, mais Ian De’ath refuse : Angus l’a invitée – et il ne laissera personne accuser les De’ath d’inhospitalité. Mais qu’ils s’en souviennent, tous les deux : quand le temps viendra de prendre une décision, quelle qu’elle soit, c’est lui qui décidera ce qu’ils feront ou ce qu’ils ne feront pas. Puis Ian De’ath souhaite une bonne journée à Mme Peel et invite McNab à le suivre à l’étage…

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Ici la page de l'épisode du site dissolute.com avec tous les détails de production.

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Fear The Walking Dead, la saison 3 de 2017 de la série de 2015 Feu orange télévision

Fear The Walking Dead S03E05: Burning Water, Drowning In Flame (2017)
Traduction du titre original : Redoutez la Mort qui marche, Eau brûlante, noyé de flammes.

Épisode précédent <> Épisode suivant.

Ici l'article de ce blog sur la série Fear The Walking Dead (2015)

Diffusé aux USA le 25 juin 2017 sur AMC US.

De Robert Kirkman et Dave Erickson, d'après la bande dessinée de Robert Kirkman et la série télévisée The Walking Dead du même ; avec Kim Dickens, Cliff Curtis, Frank Dillane, Alycia Debnam-Carey, Colman Domingo.

Pour adultes.

Au milieu de la nuit, sur les terres du ranch Otto. Dans une petite maison sur la colline, un vieil homme se réveille, entend du bruit. Il réalise que son épouse n’est plus à ses côtés, aussi il craque une allumette et allume la lampe à pétrole sur la table de chevet. Il appelle alors son épouse, Martha, qui en chemise de nuit, de dos, remue des objets posés sur une table.

Le vieil homme demande alors à son épouse si elle va bien. Celle-ci se retourne lentement, en tremblant. Le vieil homme se lève, et demande si elle cherche quelque chose. Puis comme Martha avance, hésitante, la lumière du lampadaire à l'extérieur de la maison tombe sur le visage hagard de la vieille femme.  Et comme elle fait un pas de plus vers son mari, Martha se met à racler sa gorge faiblement. Alors son mari comprend et soupire : « Mon amour… »

Dans son dortoir, Madison est réveillée en sursaut tandis que l’on crie « Au feu ». Son fil, Nick, enfile un pantalon tandis que son amie Luciana lui demande en espagnol ce qui se passe. Nick répond qu’il va le découvrir. Madison réalise alors que le lit de sa fille Alicia est vide, et demande à Nick où Alicia se trouve. Nick répond laconiquement : à l’étude biblique. Comme Nick sort en courant, les deux femmes lui demandent de les attendre : elles veulent venir avec lui. Nick ne les attend pas : comme beaucoup d’autres du ranch, il court vers la colline dont le sommet semble s’être embrasé…

Fear The Walking Dead S03E05: Eau brûlante, noyé de flammes (2017)

Fear The Walking Dead S03E05: Eau brûlante, noyé de flammes (2017)

Fear The Walking Dead S03E05: Eau brûlante, noyé de flammes (2017)

Fear The Walking Dead S03E05: Eau brûlante, noyé de flammes (2017)

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Le portrait de Dorian Gray, le film de 1945 Feu vert cinéma

The Picture of Dorian Gray (1945)

Sorti aux USA le 3 mars 1945.
Sorti en blu-ray américain le 18 novembre 2014 (région A et B, anglais sous-titré anglais, image excellente).

Ne pas confondre avec le film Le portrait de Dorian Gray (2009, Dorian Gray)

De Albert Lewin (également scénariste) ; d'après le roman de 1890 de Oscar Wilde ; avec George Sanders, Hurd Hatfield, Donna Reed, Angela Lansbury, Peter Lawford, Cedric Hardwicke.

Pour adultes et adolescents.

J’ai envoyé mon Âme à travers l’Invisible,
Déchiffrer quelque lettre de la Vie après la Mort :
Et peu à peu mon Âme me revint,
Et me répondit : « Je suis moi-même à la fois Paradis et Enfer. »

(Le Paradis n’est que la vision de désirs exaucés
Et l’Enfer l’ombre d’une Âme embrasée
Projetée sur les Ténèbres desquelles,
Si tard nous nous sommes extirpés, si tôt nous replongerons.)


Les quatrains (Rubâyât) de Omar Khayyâm (Mage persan du 11ème siècle).

Londres, 1886.

Un fiacre avance sur la rue pavée le long des hôtels particuliers. À l’intérieur, Lord Henry Wotton, distingué barbichus en haut de forme et jabot, lit les Fleurs du Mal de Beaudelaire, le porte-cigarette au bec.
Lord Henry Wotton avait décidé très tôt de consacrer sa vie à l’étude ô combien sérieuse de l’art magnifique artistocratique de ne faire absolument rien : il ne vivait que pour le plaisir – mais son plus grand plaisir était d’observer les motions de ses amis, tandis que lui-même n’en expérimentait aucune. Il se divertissait en exerçant une influence subtile sur la vie des autres. Le fiacre s’arrête, et le cocher soulève la petite trappe dans le toit de l’habitacle par laquelle il peut s’adresser à son client – le cocher demande alors à Lord Henry si c’est bien au numéro 18 qu’il voulait être déposé. Lord Henry descend sans répondre, alors le cocher lui demande s’il doit l’attendre, et Lord Henry confirme – et lance au cocher « Les Fleurs du Mal », qui rattrape le petit volume relié, surpris.

Le numéro 18 est un hôtel particulier de brique avec une porte blanche. Lord Henry pousse la petite grille en fer forgée qui défend la courte allée menant au seuil… Parmi les amis de Lord Henry, figurait le peintre Basil Hallward. Ce dernier avait été étrangement secret quant au sujet de ce qu’il peignait alors – et Lord Henry, détectant quelque mystère, était déterminé à découvrir ce que son ami souhaitait cacher. Lord Henry frappe à la porte. Immédiatement, un digne majordome âgé ouvre et se déclare désolé : Monsieur Hallward n’est pas chez lui. Lord Henry entre quand même. Le Majordome insiste : Monsieur Hallward ne veut pas être dérangé. Lord Henry se rend directement à l’atelier, entre sans frapper, et découvre Hallward en train de peindre…

Lord Henry s’arrête, fasciné, tandis qu’Hallward s’est lui aussi presque figé. Puis Lord Henry déclare que c’est la plus belle œuvre que Hallward ait jamais peinte… Bien sûr, il ne peut pas croire qu’il puisse exister quelqu’un aussi beau que sur ce portrait. Puis Lord Henry commence son interrogatoire : qui est ce garçon, quel est son nom ? Et pourquoi Hallward tient tant au secret à son sujet ? Hallward ne répond pas. Lord Henry va se servir à une petite table, et suggère que Hallward fasse exposer le portrait au Grosvenor. Mais Basil Hallward lui répond qu’il n’exposera le portrait nulle part. Lord Henry demande pourquoi, Hallward répond qu’il s’est trop investi dans ce portrait, et Lord Henry ricane. Hallward réplique qu’il savait que Lord Henry rirait, mais cela reste la vérité.

Lord Henry revient à la charge : il n’y a certainement aucune ressemblance entre Hallward et le jeune Adonis du portrait – Hallward a une figure intelligente, et l’intelligence détruirait la beauté de n’importe quel visage… Que Hallward ne se fasse pas d’idée : il n’est en rien semblable au jeune homme du portrait. Sans se retourner, Hallward répond que bien sûr il ne lui ressemble pas, et il en est heureux. Pendant ce temps, Lord Henry a ramassé un petit livre et soupire, dédaigneux : la Sagesse de Bouddha… Puis il remarque que Hallward s’est toujours passionné pour la Vertu. Il interroge à nouveau : pourquoi Hallward est heureux de ne pas être comme le jeune homme du portrait ?

Hallward répond : ils souffrent pour tous les dons que Dieu leur accorde. Hallward craint donc que Dorian Gray payera chèrement sa splendide apparence. Lord Henry demande alors confirmation : Dorian Gray est-il bien le nom du garçon sur le portrait ? Hallward confirme. Et le peintre confirme aussi qu’il n’avait pas l’intention de le révéler à Lord Henry. Lord Henry sirote le petit verre d’alcool qu’il s’est servi. Puis il répond que s’il doit encore visiter Hallward, il devra lui faire livrer du bon sherry. Puis il interroge à nouveau : pourquoi Hallward n’avait-il pas l’intention de révéler le nom de son modèle. Hallward répond en gardant la tête baissée : il ne peut pas l’expliquer – en vieillissant, il s’est pris à apprécier le secret, et il suppose que cette explication sonne stupide aux oreilles de Lord Henry.

Lord Henry invite alors Hallward à l’accompagner dans le jardin, l’assurant cyniquement que cela ne sonne pas du tout stupide, en ce qui le concerne : Hallward oublie que Lord Henry est marié, et que le seul charme du mariage est de rendre absolument indispensable une vie de mensonge pour les deux partis. Hallward répond ironiquement qu’il croit que Lord Henry est un très bon mari, mais qu’il a honte de ses propres vertus – son cynisme n’est qu’une attitude. Lord Henry s’assied à une petite table et rétorque qu’être naturel n’est qu’une attitude – et la plus irritante à sa connaissance. Puis il insiste : Hallward n’a pas répondu à sa question – Lord Henry veut savoir la vraie raison pour laquelle Hallward n’exposera pas le portrait de Dorian Gray.

Hallward répond qu’il n’y a presque rien à en dire – et qu’à côté, il craint que Lord Henry aura beaucoup de difficulté à le croire. Lord Henry répond du tac au tac qu’il peut tout croire pourvu que cela soit du genre assez incroyable. Hallward assure alors Lord Henry que ce sera le cas : il y a quelque chose qu’il ne peut guère comprendre. Hallward s’assied à son tour : il y a quelque chose de mystique au sujet du portrait. Lord Henry est surpris : mystique ? Hallward reprend : il ne saurait pas expliquer comment, mais chaque fois que Dorian pose pour lui, il semble au peintre qu’une puissance à l’extérieur de lui guide sa main – comme si la peinture avait une vie propre, indépendante de Hallward. Voilà pourquoi il ne l’exposera pas : la peinture appartient de plein droit à Dorian Gray et il lui en fera don.

Lord Henry se détourne et souffle qu’il souhaite rencontrer ce jeune homme extraordinaire : il pense qu’ils devraient devenir amis : Lord Henry choisit toujours ses amis pour leur belle apparence, et ses ennemis pour leur bel intellect – un homme n’est jamais assez trop prudent dans le choix de ses ennemis.

Hallward répond qu’il méprise les principes de Lord Henry, mais qu’il apprécie la manière dont il les énonce. Lord Henry répond qu’il préfère les gens aux principes, et les gens sans principes à tout le reste au monde. Puis il s’arrête : maintenant il s’en souvient.

Hallward demande de quoi. Lord Henry répond de où il entendu le nom de Dorian Gray. Hallward semble inquiet, et demande d’où ? Lord Henry s’en amuse : c’était chez sa tante Agatha – elle lui avait dit qu’elle avait découvert un merveilleux jeune homme, qui l’aiderait pour ses galas de charité, et que son nom était Dorian Gray. Lord Henry s’était imaginé quelqu’un avec des lunettes et des cheveux raides et ternes, piétinant avec de grands pieds. Aussi Lord Henry avait-il évité de le rencontrer…

Et d’enchaîner sur une remarque méprisante au sujet d’un papillon, Limenitis Sibylla, trop commun pour se poser sur le feuillage du jardin d’un gentleman. Hallward répond qu’il est heureux que Lord Henry n’ait jamais rencontré Dorian Gray. Lord Henry demande pourquoi. Hallward répond qu’il ne veut pas que Lord Henry rencontre Dorian Gray. Quelqu’un se met alors à jouer du piano dans la maison – un air romantique.

Lord Henry demande qui joue du piano – puis il se lève et va à la porte-fenêtre du salon : un jeune homme élégant en noir joue sur le piano à queue, et Hallward entre dans le salon, remarquant que Dorian est arrivé tôt ce jour-là. Sans se retourner, le jeune homme répond que Hallward devrait lui prêter les partitions qu’il est en train de déchiffrer : il veut apprendre ces morceaux de musique. Hallward répond que cela dépendra de la manière dont Dorian posera l’après-midi.

Dorian objecte alors qu’il pensait que le tableau serait achevé ce jour-là. Hallward répond que cela sera le cas. Pendant ce temps, Lord Henry est entré et vient se planter juste à côté du jeune homme, qui étonné et quelque peu alarmé, se lève. Lord Henry le regarde de haut et l’encourage à continuer à jouer du piano, car il joue brillamment. Dorian regarde alors Hallward, qui présente : c’est Lord Henry Wotton, un vieil ami de Oxford. Lord Henry ajoute immédiatement que sa tante lui a parlé de Dorian – il est l’un de ses favoris, et l’une de ses victimes… Dorian ne devrait pas faire dans la philantropie.

Hallward interpelle Lord Henry : il veut finir ce portrait ; serait-ce impoli de lui demander de s’en aller ? Lord Henry se tourne vers Dorian : doit-il s’en aller ? Dorian lui demande immédiatement de rester et de lui expliquer pourquoi il ne devrait pas faire dans la philantropie. Lord Henry jubile et demande à Hallward si cela ne le dérange pas vraiment – étant donné qu’il lui avait dit que ses modèles appréciaient d’avoir quelqu’un avec qui bavarder…

Hallward invite alors Lord Henry à s’asseoir, et Dorian à monter sur l’estrade – ajoutant de ne pas faire attention à ce que Lord Henry raconte : ce dernier a une mauvaise influence sur ses amis, Hallward seul excepté. Dorian demande alors à Lord Henry s’il a vraiment une mauvaise influence. Lord Henry répond qu’une bonne influence n’existe pas – alors qu’il examine le papillon qui s’est posé sur le rideau de la porte-fenêtre donnant sur le jardin : toutes les influences sont immorales.

Dorian demande pourquoi. Lord Henry se redresse et rajuste son chapeau haut-de-forme : parce que le but de la vie est le développement indépendant – construire sa propre nature à la perfection. Lord Henry ôte alors son chapeau pour tenter de piéger le papillon : c’est pour cela qu’ils sont là (sur cette Terre) : un homme devrait vivre sa vie à fond, et donner forme à tous ses sentiments, exprimer toutes ses pensées, réaliser tous ses rêves – chaque pulsion que l’on refreine déprime l’esprit et empoisonne l’individu : il n’y a qu’un seul moyen de se débarrasser de la tentation et c’est de lui céder.

Lord Henry a attrapé le papillon, qui s’était posé sur une table, sous son chapeau. Si l’on résiste à la tentation, l’âme devient malade à force de désirer ce qu’elle s’est refusée : rien ne peut guérir l’âme sinon les sens… Lord Henry verse dans une coupelle le contenu d’un produit dont Hallward se sert pour laver ses pinceaux – et place la coupelle sous le chapeau. Exactement comme rien ne peut guérir les sens, sinon l’âme.

Hallward demande alors à Dorian de tourner sa tête un tout petit peu plus à gauche. Le garçon obéit, se tenant debout, en veste noir, gilet et cravate, fleur à la boutonnière, devant un grand fauteuil matelassé, s’appuyant sur une petite table dodécagonale surmontée de la statuette d’un chat. Lord Henry reprend : les Dieux ont été favorables à Dorian. Celui-ci demande alors pourquoi Lord Henry dit-il cela. Lord Henry répond, tandis qu’il soulève son chapeau ; le papillon git mort, asphyxié, dans la coupelle : Dorian a la plus merveilleuse des jeunesses, et la jeunesse est la seule chose qui vaille la peine d’être possédée.

Dorian répond qu’il ne ressent pas cela. Lord Henry remet son chapeau et réplique que Dorian ne le ressent peut-être pas maintenant, mais un jour, il le ressentira terriblement : ce que les Dieux donnent, ils le retirent très vite ; le Temps est jaloux de Dorian Gray. Que Dorian ne gaspille pas l’or de ses jours ; qu’il vive, et qu’il ne regrette rien – qu’il n’ait peur de rien ; il n’y a que très peu de temps à durer pour sa jeunesse – et il ne la récupèrera jamais. Comme les hommes vieillissent, leurs souvenirs sont hantés de tentations exquises auxquelles ils n’ont pas eu le courage de céder – le monde n’est qu’à Dorian que le temps d’une saison ; ce serait une tragédie si Dorian le réalisait trop tard, comme tant d’autres : il n’y a qu’une seule chose au monde qui vaille la peine d’être possédée – et c’est la jeunesse.

Dorian Gray n’avait jamais entendu la folie être si éloquemment vantée : le crédo du plaisir transcendé en philosophie de la vie. Et comme envoûté, Dorian se tenait, apeuré par les idées de Lord Henry, et honteux d’être apeuré. C’était comme s’il apprenait à se connaître lui-même pour la première fois de sa vie, comme si un étranger lui avait révélé ses propres pensées les plus secrètes. Pour la première fois, il devenait conscient de sa jeunesse, et conscient du fait qu’un jour, il la perdrait.

Lord Henry a épinglé le papillon sur un carton blanc et déclare à Dorian qu’il n’a pas perdu son temps à visiter Hallward : il a trouvé un rare et merveilleux papillon – Euvanesse Antiope, peu ordinaire en Angleterre. Et de demander son avis à Dorian : le papillon n’est-il pas magnifique ? Comme Dorian répond que oui, Hallward invite Dorian à s’asseoir, et déclare qu’il est heureux après tout que Dorian ait rencontré Lord Henry. Lord Henry demande immédiatement à Dorian s’il est heureux de l’avoir rencontré. Dorian confirme, en tout cas à présent.

Puis il descend de l’estrade et déclare qu’il se demande s’il sera toujours heureux. Lord Henry s’étonne : toujours ? Toujours est un mot terrifiant pour Lord Henry, il en tremble rien que de l’entendre. Les femmes veulent entendre ce mot, et gâche toute romance en essayant de la faire durer toujours ; la seule différence entre un caprice et la passion d’une vie est que le caprice dure un peu plus longtemps.

Une petite fille, Gladys, fait son entrée, et Lord Henry s’interrompt : leur hôtesse vient d’arriver. Lord Henry tend les bras à la petite fille qui l’embrasse puis va rejoindre son père, Hallward, qui fait remarquer que Gladys arrive juste à temps pour assister à la signature du portrait. La petite fille demande si elle peut signer aussi, et Hallward le lui accorde : après tout, elle n’a pas raté une seule séance de pose. Lord Henry demande alors à la petite fille si elle préfère Dorian Gray ou son portrait. La petite fille répond qu’elle préfère Dorian.

Lord Henry ricane : Gladys préfère Dorian Gray aujourd’hui, mais quand elle sera jeune fille et qu’elle fera tourner toutes les têtes de Londres, elle préfèrera sans doute le portrait, car il aura exactement la même apparence que ce jour-là, tandis qu’eux tous auront changé, et pas en mieux. L’oncle de Gladys, Lord Henry et même Dorian.

Dorian est resté assis, mélancolique. La petite fille se précipite vers lui et assure : Dorian ne changera pas, jusqu’à ce qu’elle ait grandi ! Elle demande à Dorian de confirmer, et celui-ci confirme. Puis Hallward fait sortir Gladys, car sa nounou l’attend. Dorian se lève.

Comme Lord Henry s’indigne de ne pas avoir droit à son bisou, Gladys lui fait la révérence à distance – et comme Lord Henry s’inquiète de sa réputation quand il se saura que depuis que Dorian est arrivé, il n’existe plus aux yeux de Gladys, la petite fille demande à sa nounou à haute et intelligible voix s’il n’est pas vrai qu’un gentleman retire toujours son chapeau en présence d’une dame – alors que Lord Henry n’a pas retiré le sien. Lord Henry éclate d’un rire fort et peu naturel… Comme Hallward fait remarquer que Dorian a aussi volé le cœur de Gladys en ce qui le concerne, Lord Henry félicite le peintre, et fait pivoter le portrait, demandant à Dorian de l’admirer…

Dorian est subjugué : en pied et en couleurs, plus réel que la réalité, le portrait de Dorian sourit à Dorian, et celui-ci déclare que tandis qu’il vieillira, ce portrait demeurera toujours jeune… Si seulement cela pouvait être l’inverse.

Le portrait de Dorian Gray, le film de 1945

Le portrait de Dorian Gray, le film de 1945

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