Amazing Stories, le numéro 4 de juillet 1926Feu vert livre / BD

Amazing Stories #004 (1926)
Titre complet : Volume 1, juillet 1936, numéro 4.
Traduction Histoires étonnantes.

Numéro précédent <> Numéro suivant.

Publicités toxiques.

Pour adultes et adolescents.

Présumé sorti en kiosque aux USA le 10 juin 1926 daté de juillet 1926, prix 25 cents, soit 4.46 dollars 2024 en tenant compte de l'inflation (idem en Euro du 7 décembre 2024)

De Hugo Gernsback (également auteur), F. R. S. (rédacteur en chef), Dr. T. O'Conor Sloane, M. A., Ph. D. (directeur de publication), Wilbur C. Whitehead, rédacteur littéraire, C. A. BRANDT, rédacteur littéraire ; G. McLeod Winsor, H. G. Wells, Jacque Morgan, Garrett P. Serviss, Curt Siodmak, Hugo Gernsback, Edgar Allan Poe, Jules Verne, Clement Fezandié.

Pour adultes et adolescents.

(revue littéraire de Science-fiction) Les récits de fiction et les débats esquissés par l'édito ou les encadrés de présentation des textes restent intéressants et inspirant. Il est vraiment facile en l'état de cette littérature et de ses déclarations d'intention de se lancer à son tour dans des récits divertissants et enrichissants en appliquant le raisonnement des auteurs à des thèmes modernes assortis des détails piquants et des devoirs faits concernant la plausibilité, les lois naturelles et science-fictives illustrées par les rebondissements et les descriptions, les initiatives et les actions en retour.

Ce serait un peu comme si en guise d'illustration, au lieu d'aller faire générer du plagiat par intelligence artificielle (je ne parle même pas du texte), vous choisissiez de griffonner quelques décors et personnages d'après nature dans la rue, en conférence, à l'usine ou en laboratoire etc. vous scannez, vous encrez virtuellement et d'un coup vous vous retrouverez avec le même genre de magazine mais qui illustrerait notre époque, notre réalité sous l'angle du merveilleux technologique.

L'attitude complètement à rebours et limite low tech de l'évolution des magazines de science-fiction actuels, mais tellement plus riche donc plus enrichissant comme démarche.

Oh et puis non, j'vais demander à chat GPT de générer plutôt des prompts pour tout faire et tromper les gens pour qu'ils cliquent sur mon machin en croyant réellement qu'à l'époque de l'Internet (l'Ethernet ?) Mort, de pov'humains qui rêvent se fassent piller leurs données personnelles et voler le peu qui leur reste d'identité et de joie de vivre.

Blague à part, les publicités sont toujours toxiques, les présentations et autres éditos sont toujours à surveiller comme le lait sur le feu, si jamais vous avez encore une idée de ce qui arrive habituellement quand on fait chauffer du lait dans une casserole posée sur une flamme nue.

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Les numéros de pages imprimés à l'intérieur ne tiennent pas compte des quatre pages de couverture.

p. 4 = page 2 : sommaire.

"Amazing Stories est publié le 10 de chaque mois. Il y a 12 numéros par année. L'abonnement est de 2.50 dollars (44.56 dollars 2024 idem euro) par an aux USA et possessions, 3 dollars (53.47 dollars 2024, idem en euro) au Canada et à l'étranger. Les pièces et timbres Etats-Uniens sont acceptés (pas les pièces et timbres étrangers, un exemplaire d'échantillon sera gratuitement envoyé à la demande... Toutes les contributions acceptées sont payées à publication. Amazing Stories est en vente dans tous les kiosques des Etats-Unis et du Canada. Agents européens S. J Wise et Cie 40 place verte, Antwerp, Belgique. Imprimé aux U. S. A."

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p.5 : Ours et Edito de Hugo Gernsback, F. R. S.

De la fiction extravagante aujourd'hui... à la froide réalité de demain.
LA FICTION FACE AUX FAITS

Quelques lettres sont arrivées sur le bureau du rédacteur en chef de la part de la part de certains lecteurs qui voudraient savoir ce qui nous pousse à si fréquemment préfacer nos récits de nos remarques introductives avec l'affirmation que cette intrigue-ci ou cette intrigue-là scientifique n'est pas impossible mais assez probable. Ces lecteurs semblent avoir l'idée que nous essayons d'impressionner nos amis par le fait que quoi que nous imprimions dans AMAZING STORIES, ce n'est pas nécessairement de la pure fiction mais pourrait être ou peut être factuel.

Cette impression est assez juste : nous souhaitons faire de la sorte et nous essayons de faire ainsi depuis que nous avons lancé AMAZING STORIES. De fait, notre projet rédactionnel est basé sur cette structure et continuera de l'être indéfiniment. La raison en est assez simple. L'esprit humain, pas seulement aujourd'hui; mais depuis bien dix mille ans tout autant est et était construit de tel manière que, se confondant avec le présent, il ne peut voir ni le passé, ni le futur clairement. Si seulement cinq siècle auparavant (ou un petit peu moins de dix générations), ce qui n'est pas une longue période quand on considère la marche du progrès humain, quiconque aurait proposé un récit où le radio-téléphone, les bateaux à vapeurs, les avions, l'électricité, la chirurgie sous anesthésie, le phonographe et quelques autres merveilles modernes auraient été décrit, se serait probablement promptement jeté dans un cachot.

Toutes ces choses semblaient absurdes et insensées au plus haut point, même à un seul siècle de distance, et soudain, regardez et admirez ! en l'espace de deux générations, nous prenons ces merveilles et miracles comme ordinaires sur une base quotidienne, et nous n'avons pas le moindre enthousiasme à lire ou entendre qu'il sera possible d'ici un an de non seulement entendre mais voir votre chérie à des milliers de miles de distance, sans qu'interviennent des câbles ou des connexions d'aucune sorte...

... Il y a bien quelques histoires publiées dans ce magazine qui peuvent être qualifiées sans hésitation d'impossible. En fait, quand nous sélectionnant nos récits, nous prenons toujours en compte leur potentiel à se réaliser. Nous écartons souvent des récits sur la base que, selon notre opinion, l'intrigue ou l'action n'est pas compatible avec la science telle que nous la connaissons aujourd'hui. Par exemple, si dans une intrigue, le héros est transformé en arbre puis en pierre puis redevient lui-même, nous ne considérons pas qu'il s'agit de science, mais plutôt d'un conte de fée, et de telles histoires n'ont pas leur place dans AMAZING STORIES.

Bien sûr, à l'occasion, un auteur peut prendre des libertés, comme cela arrive par exemple dans la conclusion de Voyage au Centre de la Terre imprimée dans ce numéro : Jules Verne ramène (NDT à la surface de la terre) ses héros de la manière la plus improbable qui soit. Mais cet épisode ne défait pas la totalité de l'histoire au fil de la quelle un bon niveau scientifique est maintenu. Et il ne devrait jamais être oublié que la valeur éducative d'un récit de type scientifiction est formidable.


Gernsback cite ensuite plusieurs lettres sur le thème d'un magazine qui deviendrait trop scientifique et pas assez littéraire, reconnaissant qu'il est difficile de mesurer exactement le dosage correct de science, attribuant à l'instinct (!) le meilleur jugement sur ce point. Et Gernback de conclure :

Ces opinions, nous croyons posent la question clairement. Si nous devions donner notre propre opinion, nous dirions que la proportion idéale (de science) dans un récit de scientification devrait être de 75% de littérature tissé dans 25% de science.


... ce qui est inepte. Le débat existe et ne trouve de réponse qu'en fonction de définition vagues. "Science" vient de savoir, SCIO, en latin, qui s'oppose à SAPIO être familier ou bien connaître un domaine de connaissance ou n'importe quoi en fait, et de fait, apprécier, goûter, avoir la passion de.

Un récit littéraire insensé est un délire, le plus souvent un récit comique ou psychotique, ou dénonçant des aspects si dérangeant de la réalité qu'il faut les transposer en des mots, des dialogues, des descriptions qui éviteront le rejet ou la censure.

Or tout récit de fiction pour remplir son contrat envers son lecteur, peu importe quel contrat du moment qu'il est convenu qu'on ne délire pas, doit avoir une cohérence - qui ne s'estime pas au pourcentage de phrases incohérentes, soit par leur construction, le choix de leurs mots ou les scènes que ces phrases décrivent.

Les problèmes ou craintes des lecteurs prises en exemple relèvent d'autres questions en rapport avec le niveau d'écriture / représentations des commentaires (présentations) comme des récits ou des illustrations. Par exemple, un conseil valide jusqu'à ce qu'il ne le soit plus est qu'il vaut mieux montrer l'action qu'en parler. Donc montrer la merveille scientifique (et son renversement, l'horreur scientifique), plutôt que de disserter sur la question.

Gernsback, qui n'écrit pas un manuel d'écriture dans son édito, utilise seulement son courrier pour revenir et justifier ses décisions en tant que rédacteur en chef, donc répond à côté des questions de ses lecteurs, tout en effleurant des points intéressants, en particulier avec le décalage temporel qui donne une quatrième dimension à tous les éléments évoqués.

Au crédit de Gernsback, on notera comment il prend bien soin de préciser que la science de son époque n'est ni celle du passé, ni celle du futur. Et il n'a jamais caché qu'il cherche encore à comprendre et faire l'inventaire du genre de récits qu'il entend publier. De nos jours, il faut bien comprendre que, peu importe le média, ce n'est généralement pas du tout la préoccupation de qui décide quoi imprimer ou quoi streamer, et ce n'est clairement pas non plus le fric qui décide, si vous considérer la censure des chiffres de vente ou la manipulation des chiffres d'audiences, que ce soit pour des budgets atteignant possiblement le demi milliard de dollars ou pour un magazine ou une anthologie ou un roman inédit d'une collection littéraire : se poser des questions sur le fond est toujours rafraîchissant, à n'importe quelle époque.

Quant à l'opposition récit littéraire / scientifique, stylistiquement, cela semble se rapporter à l'opposition entre un dialogue ou une narration d'exposition (que peut-être un prêche, un traité ou un synopsis) et un dialogue ou une narration d'action : dans le premier cas le lecteur s'emm.rde parce qu'il ne se passe rien et qu'on lui fait la leçon tandis que l'auteur / réalisateur ne fait pas son travail de conteur ni ses devoirs de traduire ses idées ou ses projets en récit digne de ce nom, dans le second cas, le lecteur est immergé dans l'action et s'identifie aux personnages qui vivent cette action et qui réagissent ou anticipent sans apparemment se limiter à ce qui arrange le scénariste ou le rédacteur en chef ou le/la préposée à la propagande du jour.

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Amazing Stories, le numéro 4 de juillet 1926
p. 6 = 292 : STATION X par G. McLeod Winsor. (récit à suivre annoncé se conclure dans le numéro suivant d'août 1926)

CHAPITRE 1 : Le nouveau poste. Comme Alan Macrae contemplait les dernières nuances du couchant depuis Plymouth Hoe pâle au-dessus du Mont Edgcumbe, il sortait du lot contrastant fortement avec le type campagnard trapu qui l'entourait. Sa silhouette longiligne aux membres longs ballants, son regard déprimé, ses manières tout à fait tendues, le marquait comme un étranger. Un frôlement sur son bras le tira de ses sombres pensées apparentes-- le frôlement d'une jeune femme qui l'avait approché à son insu. A la vue de celle-ci, sa mélancolie s'évanouit. "Je suis tellement désolée d'être en retard, Alan, s'écria-t-elle gaiement, mais le gérant a fait une attaque." "Une attaque ?" questionna Macrae. "Oui, de travail," s'exclamait la jeune femme ; "et il n'arrêtait plus de me dicter ces lettres, assez indifférent au fait que cette nuit serait notre dernière ensemble. Marchons, veux-tu ?"


NDT : "Un des meilleurs récits de radio qui ait jamais été" selon l'encadré de présentation, le fait scientifique sur lequel l'histoire serait basée est un numéro d'hypnose par radio en date du 14 juillet 1923 depuis les laboratoires de RADIO NEWS 53 Park Place, New-York City, renvoyant à un article de SCIENCE AND INVENTION du numéro de septembre 1923, qui se trouve être un magazine frère de AMAZING STORIES, assez logiquement sis à la même adresse que les laboratoires de RADIO NEWS. Constatez-vous même que la base scientifique en question tient à la confusion dans le choix des mots, et dans leurs définitions, pas dans l'expérience et la contre-expérience reproduite par des équipes indépendantes selon le même protocole.

Et l'encadré d'en conclure que l'échange des esprits et le contrôle physique à distance d'un individu, ce qui est à la fois vrai et faux selon ce que vous entendez par les mots "échange", "esprit", "contrôle", "physique", "individu", "distance", "radio". Il s'agit donc d'une approche par glissement de sens confinant au patinage artistique, rappelant les bavasseries de nos éditorialistes de l'information télévisée et radio au 21e siècle.

Et dire que Gernsback nous raconte dans l'édito que des lecteurs s'inquiéterait d'un aspect trop scientifique des récits du magazine, que souligneraient les encadrés de présentation de ces récits !

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Amazing Stories, le numéro 4 de juillet 1926
p. 26 = 312 : THE MAN WHO COULD WORK MIRACLES (L'homme qui pouvait faire des miracles) par H. G. Wells.

CHAPITRE 1: Un Pantoum (NDT : un poème, une villanelle = une série de quatrain répétant les vers 2 et 4 en position 1 et 3 du quatrain suivant) en prose (NDT qui ne rime pas et qui n'a pas de rythme ni de forme, donc qui n'est pas un Pantoum...) : Le bar du Long Dragon.

Il est douteux que le don ait été inné. Pour ma propre part, j'estime qu'il lui est venu soudainement. En effet, jusqu'à trente ans, il était un sceptique, et ne croyait aucunement à des pouvoirs miraculeux. Et ici, étant donné qu'il s'agit du point le plus pratique, je dois mentionner qu'il était un petit homme et avait les yeux d'un brun chaud, des cheveux roux tout à fait raides, une moustache dont il tordait en guidon de vélo les bouts, et des tâches de rousseurs. Son nom était George McWhirter Fotheringay-- pas le genre de nom par quelque bout qu'on le prenne qui aurait pu inciter à attendre le moindre miracle-- et il était employé chez Gomshott. Il était grandement porté sur la polémique. Ce fut alors qu'il affirmait l'impossibilité des miracles qu'il eut sa première manifestation de ses pouvoirs extraordinaires.

NDT : Selon l'encadré le récit une excellente illustration de la conception moderne de l'Espace-Temps avant la reconnaissance de la théorie d'Einstein (laquelle ?), conception toujours fausse à ce jour puisque par définition la mesure du temps par des instruments variés se contredisant au même instant et selon l'espace et ses caractéristiques est prise pour une grandeur de même nature que l'espace que l'on mesure avec et que n'importe qui peut expérimenter selon des lois vérifiés par tous et partout. Par ailleurs la physique n'est toujours pas unifiées et les expériences de la physique quantique, à prendre avec des pincettes, dont les conséquences font fonctionner des machines bien réelles contredisent les théories d'Einstein, qui pourtant ont aussi inspiré des bombes qui fonctionnent très bien. L'autre problème est que les démonstrations utilisées pour valider ses recherches à ses débuts étaient frauduleuses, et ont été validées à posteriori par des gens qui n'auraient pas risqué de remettre en cause leur autorité par des publications dénonçant cette validation, pas plus qu'aujourd'hui.

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Amazing Stories, le numéro 4 de juillet 1926
p. 33 = 319 : THE SCIENTIFIC ADVENTURES OF MR. FOSDICK par Jacque Morgan : The FELINE LIGHT and POWER COMPANY is ORGANIZED.

Jason Q. Fodsdick (NDT : faux lourdeau) referma le livre qu'il venait de recevoir par courrier ce matin-là, "L'électricité au premier coup d'oeil" et pendant un long moment, il fixa le mur vide de son atelier. M. Fosdick pensait. M. Fosdick passait beaucoup de son temps perdu dans ses pensées-- probablement la plus grande partie de son temps. Il était courant de dire à Wiffleville (NDT la ville du Baseball miniature) que quand M. Fosdick émergeait de ses pensées, quelque chose toujours arrivait. Tout le monde aimait le modeste petit homme avec son visage doux et ses yeux bleu-gris, et dans toute la campagne, personne ne jouissait d'une plus grande confiance ni d'un plus grand respect que M. Fosdick, ar il était un inventeur et un génie. En toute matière touchant à la Science, il était l'autorité du village-- une plus grande autorité même que le vieux Professeur Snook (NDT = professeur Pied-de-nez) qui , le savant à la fière moustache de l'université Doolittle (NDT : qui en fait bien peu) en haut de la colline.

Le récit est présenté dans l'encadré comme la démonstration que la science n'est pas la discipline sinistre que certains voudraient nous faire croire, avec apparemment une invention catastrophique de production d'électricité à partir d'un chat domestique.

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Amazing Stories, le numéro 4 de juillet 1926
p.36 = 322 : THE MOON METAL (le métal de la Lune) par Garrett P. Serviss.

CHAPITRE 1 : L'or du pôle Sud. Quand la nouvelle arriva de la découverte d'or au Pôle Sud, personne n'aurait soupçonné alors l'ouverture d'une nouvelle ère de l'Histoire du monde. Les jeunes vendeurs de journaux crièrent "Edition spéciale !" comme ils l'avaient déjà fait un millier de fois pour des meurtres, des batailles, des incendies et des paniques (boursières) à Wall Street, mais personne n'était enthousiaste. En fait, les dépêches semblaient au premier regard si exagérées et si improbables qu'il aurait été difficile de trouver une seule personne qui en aurait cru un seul mot. De qui aurait-on pu attendre de faire confiance à un câble télégraphié depuis la Nouvelle Zélande et signé d'un nom inconnu, qui aurait contenu une déclaration telle que celle-ci : "Un filon d'or qui peut-être découpé au couteau a été découvert à dix miles (NDT environ 16 km) du pôle Sud."
La découverte du pôle lui-même avait été annoncée trois ans auparavant...


NDT : Présenté comme un des meilleurs récits de scientifiction jamais écrit... à la fin du 19ème siècle. La rédaction affirme sur ce que "personne ne trouvera de défaut (de crédibilité) dans le plan imaginé par l'auteur d'extraire du métal d'un corps distant (céleste) sans utiliser des moyens physiques" Et de conclure, sûrement on y arrivera un jour... à procéder à une action physique sans moyen physique... ce qui est par définition impossible. Reste à lire et comprendre ce que la rédaction et l'auteur entendent par-là, sachant qu'il est effectivement tout à fait possible d'extraire fictivement de l'or fictif en un lieu et un temps fictif.

Et les paradoxes n'existent pas dans la réalité, pas davantage que les "et en même temps" quand ce sont des balancements qui ne reposent sur aucune mesure comparable, jouent sur les mots ou prétendent user simultanément de contextes incompatibles entre eux.

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Amazing Stories, le numéro 4 de juillet 1926
p.60 = 346 : THE EGGS FROM LAKE TANGANYIKA (les oeufs du lac Tanganyika) par Curt Siodmak.

Le professeur Meyer-Aier tira une aiguille pointue du coussinet, et ramassa soigneusement avec la pince à épiler la mouche couchée devant lui, pour la punaiser sur une feuille de papier blanc. Il regarda à travers le cercle de ses verres, plongea sa plume dans l'encre et écrivit sous le specimen : "Glossina palpalis, spécimen de la rivière à mouches Tsé-tsé. Dans le langage aborigène, appelée nsi-nsi. Habituellement trouvé sur les cours des riviers et autour des lacs de l'Afrique de l'Ouest. Porteuse de la maladie Negana (la maladie Tsé-tsé-- la maladie du sommeil.)
Il reposa son stylo-plume et ramassa une grosse loupe grossissante pour un examen plus détaillé. "Une créature horrible," il murmura et frissonna involontairement.

NDT : A nouveau, un récit "classique" selon l'encadré, et à nouveau le meilleur de la scientifiction à ce jour de l'année 1926, quoi qu'il reste encore quelques pages à AMAZING STORIES pour affirmer que les récits imprimés dans ce même numéro sont tous "le meilleur".
Sera-t-il d'élever des mouches géantes ? L'auteur estimerait que oui, la rédaction que non, la science des insectes présentée dans le récit serait excellente, mais à l'évidence les domaines de la physique et de la biologie auront été négligés de tous.

Car pour voler il faut être porté par les airs, et comme d'autres choses dans la vie, la taille peut compter, énormément, en particulier parce que l'influx nerveux se déplace chimiquement dans le corps du sujet, ce qui explique incidemment sans météore la disparition des dinosaures, ça le fait que la planète Terre (tout comme la Lune et en fait tout astre) gonfle plus vite que ce que nos autorités scientifiques veulent bien admettre, parce que cela pose le problème de combien de temps il nous reste à gaspiller nos ressources et laisser le pouvoir à des psychopathes débiles avant que la Terre cesse d'être cette simple pelure d'orange humide sur magma en fusion avec pôles magnétiques migrants.

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Amazing Stories, le numéro 4 de juillet 1926
p. 64 - p. 350 : THE MAGNETIC STORM (L'orage magnétique) par Hugo Gernsback.

"Pourquoi ?" Sparks avait stoppé sa lecture du Monde du Soir de New-York: il contemplait méditativement sa vieille pipe meerschaum (NDT = pipe de sépiolite, une argile blanche, c'est-à-dire de silicate de magnésium) tandis que de son index long et osseux, tâché par de nombreux acides, il frottait précautionneusement son long nez mince frémissant. C'était toujours le signe d'une concentration profonde des pensées du propriétaire du nez. Cela aussi induisait, en règle général, la naissance d'une excellente idée.
A nouveau, et très lentement, il relit l'article que des millions d'autres ce même jour-là avait lu tranquillement, sans frémir, et encore moins du nez. L'article de presse était assez simple en son genre :

NEW YORK, le 10 août 1917-- Un orage électro-magnétique d'une grande violence a balayé le quart Est des Etats-Unis la nuit dernière. Causé par une brillante Aurora Borealis (NDT Aurore boréale), -- Les lumières du Nord, -- le télégraphe et les appels téléphoniques longue distance, ainsi que les communications par câble transatlantique ont été interrompues des heures durant. Aucun trafic télégraphique n'était possible entre New York et la côte Ouest. Il était impossible d'utiliser tout câble transatlantique entre 12h15 et 9h15 du matin, chacun étant hors-service... à Newark, N. J. (NDT ; New Jersey dans le bureau de Poste de la Grand-Rue, un opérateur de la Western Union a été gravement électrocuté alors qu'il tentait d'utiliser le manipulateur (Morse) tandis que de longues étincelles parcouraient son équipement.


Selon la présentation, un récit écrit pendant la première guerre mondiale, "bien avant que le rayon de la mort ne soit 'inventé' " NDT 'imaginé'. Une curieuse affirmation de la part d'une rédaction publiant plusieurs fois des récits de H. G. Wells, aka l'auteur de la Guerre des Mondes et de ses tripodes détruisant les villes humaines à coups de rayon de la mort. Wikipedia dit qu'un inventeur (américain évidemment) aurait théorisé pour la première fois l'idée d'un rayon de la mort. Tesla a certainement réussi à frire à distance du matériel électrique... en 1892, donc le rayon "de la mort" était déjà inventé et testé avec bonheur depuis quelque temps, physiquement. Les émetteurs d'ondes radioactives occasionnant des brûlures modernes existent, à savoir les rayons X par exemple, les micro-ondes sont générés depuis 1890 selon la wikipedia et sont à l'origine du radar, technologie top secret jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale, de la radio-astronomie et du four à micro-onde évidemment. En 1917, l'année citée dans le récit, Einstein publiait une théorie relative aux lasers qui opèrent simplement à des fréquences supérieures aux micro-ondes, en 1928, ils sont testés en laboratoire, et s'il faut en croire la wikipedia et l'histoire officielle américaine, ils n'entrent en opération qu'en 1960 alors qu'ils s'illustrent en roman, bande dessinée, film et serial (feuilletons projetés au cinéma) constamment depuis un demi siècle minimum.

Cet encadré de présentation démontre l'intérêt de principe de la démarche que défend Gernsback, et en même temps la manière dont cette démarche est faussée. Gernsback veut émerveiller, et profiter de l'émerveillement pour que le lecteur explore la réalité du progrès technologique. Techniquement cela s'appelle donner des flèches, en langage courant des pistes à suivre, ce qui fait gagner du temps au lecteur, ou lui fera perdre du temps si la piste pointée est fausse ou le langage confus, les dates et les noms erronées etc.

Un des obstacles que devrait logiquement rencontrer Gernsback ou ses rédacteurs en rédigeant ce genre de présentation, c'est que les nouvelles technologies sont le plus souvent d'application militaire, crapuleuse ou susceptible de produire des monopoles. C'est le même secret ou les mêmes rivalités et les mêmes dangers qui ont fait produire depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui des fictions fantastiques ou des sciences mensongères crées pour être prises pour la réalité et obscurcir les esprits crédules et détourner les curieux des pistes qui mèneraient à quoi que ce soit d'un peu sérieux, aka à du pouvoir et des montagnes de fric que les cartels déjà en place n'aimeraient pas voir partager entre plus pôvres qu'eux. Incidemment c'est l'un de ces cartels qui va piéger Gernsback pour le forcer à vendre son magazine à l'un de leurs séides.

Est-ce le caractère militairement sensible du thème du Rayon de la Mort qui fait qu'il n'existe pas d'articles à cette entrée de l'Encylopédie de la Science-fiction de John Clute & co ? Ou que le moteur de recherche interne à la Wikipédia a foiré quand j'ai tapé Death Ray, alors que l'article existe bien ici.

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Amazing Stories, le numéro 4 de juillet 1926

p. 71 = 357 : The SPHINX (le Sphinx) par Edgar Allan Poe.

Durant l'empire éprouvant du Choléra à New York, j'avais accepté l'invitation d'un parent à passer quinze jours avec lui dans la retraite de son cottage orné (NDT, en français dans le texte : pavillon rustique de style romantique du 18e siècle et début 19e en Europe) sur les rives de l'Hudson. Nous avions autour de nous tous les moyens ordinaires des distractions estivales ; et avec cela entre les randonnées dans les bois, le dessin, la barque, la pêche, la baignade, la musique et les livres, nous aurions dû passer le temps de manière suffisamment plaisante, à la condition de ne pas prendre en compte les effrayantes rumeurs en provenance des villes importantes qui nous parvenaient chaque matin. Pas un jour ne passait sans qu'il ne nous apporte la nouvelle du décès de quelque connaissance, et nous avions appris en conséquence à nous attendre quotidiennement à la perte d'un ami. Nous en finissions par trembler à l'approche de chaque messager. L'air même du Sud nous semblait charrier la mort...

Et selon l'encadré, un récit "classique peu connu" censé nous démontrer que nos sens peuvent facilement être trompé en se servant des sciences de l'optique. Edgar Allan Poe est effectivement un maître absolu du suspens, qui dans une démarche rare d'un auteur à sensations fortes laisse entre les mains du lecteur toutes les informations pour ne pas être surpris par un dénouement - un être humain rompu à l'art de l'inférence, déduire la partie pour le tout, qui appliqué à d'authentiques affaires de son siècle, lui aura permis d'effectivement identifier les coupables.

Si Poe avait pu appliquer ce flair à son entourage et l'infuser par exemple à sa veuve, il aurait échappé aux pires calomnies de son biographe post-mortem et au vol de ses papiers personnels.

Et ce n'est pourtant pas inventer un genre que d'appliquer la démarche et les protocoles scientifiques aux différents d'un récit, mais il est vrai que ceux qui depuis l'Antiquité l'ont fait sont assez rares, et leurs récits survivants ont toujours profondément marqué ceux qui sont parvenus à les conserver, les traduire correctement, les rééditer.

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Amazing Stories, le numéro 4 de juillet 1926
p. 74 = 360 : A TRIP to the CENTER of the EARTH (Voyage au centre de la Terre) par Jules Verne, (troisième partie sur trois).

Chapitre 36 : Qu'est-ce que c'est ? Pendant une heure longue et pénible, nous avions piétiner sur ce vaste lit d'ossements, tiraillé d'une ardente curiosité. Quels autres merveilles cette grande caverne aurait pu recelé ? -- Quelles autres inspirants trésors pour un scientifique ? Mes yeux guettaient certainement toutes sortes de surprises, mon imagination vivait dans l'attente de quelque chose de nouveau et d'extraordinaire...

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Amazing Stories, le numéro 4 de juillet 1926
p. 90 : DR. HACKENSAW'S SECRETS : The SECRET of the INVISIBLE GIRL (les secrets du Dr. Coupéscie, le secret de la jeune fille invisible) par Clement Fezandié.

CHAPITRE 1 : Une offre étrange. "Docteur Hachéscie, je suis à la recherche d'un emploi." "Désolé mon ami, mais nous n'avons pas d'emploi vacants actuellement." "Mon nom est Phessenden Keen. BIen que j'ai eu quitté l'école à l'âge de 15 ans, j'ai étudié la maison et j'ai l'équivalent d'un niveau universitaire. Je suis très motivé pour étudier l'invention, et ayant entendu beaucoup parler de vos merveilleuses inventions, je voudrais vraiment beaucoup travailler pour vous."
"Désolé, mais comme je l'ai déjà dit, il n'y a pas d'emploi vacant actuellement. De fait, c'est la morte saison et j'ai plus de dix hommes de plus sous la main dont je ne sais que faire à cette heure."
Phessenden Keen sourit : "Je sais, répondit-il, que vous n'avez pas d'emploi pour un homme ordinaire, mais je suis certain que vous en aurez un pour moi."


L'encadré : "Le pouvoir de se rendre invisible a toujours exercé la plus grande fascination de la part de l'espèce humaine, imaginez tous les sales tours que nous pourrions jouer... Scientifiquement parlant, il n'est pas impossible de rendre un corps invisible ; de récentes expérences..."

NDT : lesquelles, par qui, où quand, comment, selon quel protocole, confirmé par qui ? Et comment un être humain pourrait-il voir sans la possibilité de focaliser les rayons de lumière sur sa fovéa, et comment pourrait-il éviter de la brûler par l'exposition au soleil, et à quel point la convection refroidirait les organes les plus fragiles ou comment la transpiration pourrait-elle encore refroidir ces mêmes organes en fonction de la température, et à quelle vitesse se multiplieraient les colonies de micro-organismes à la lumière libre et combien de ces mêmes micro-organismes indispensables à la survive survivraient exposés à la même lumière libre, et comment le signal nerveux ou les neurotransmetteurs ou les outils biologiques de lecture et reproduction de l'ADN réagiraient à l'exposition et à l'irradiation systématique générale de toute cellule, ou si vous préférez quel serait l'impact de la lumière sur l'ensemble des réactions chimiques que la communauté cellulaire du corps humain doit mener à bien à chaque pico-secondes ?

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Publicités :

p.2 : $50 à 250$ par semaine dans un travail qui est presque un roman. Soyez un expert en radio, apprenez vite et facilement à la maison, postez (ce bon) maintenant ! La Radio a besoin d'hommes entraînés.

p.3 = 1 et p.4 = 2 manquantes.

p. 94 ; des experts rejoignent l'équipe d'Amazing Stories... en tant que rédacteur littéraires... Wilbur C. Whitehead... il n'y a que peu d'oeuvre de scientification dont il ne soit pas familier, et il est de même expert... dans son domaine, le Bridge (NDT le jeu de cartes, pas l'architecture des ponts !)... M. C. A. Brandt... est à notre option l'expert en scientifiction le plus brillant encore en vie. Du moins nous ne connaissons personne d'autre qui aurait pratiquement tout ce qui a jamais été imprimé en Scientifiction dans sa bibliothèque... non seulement en langue anglaise mais également en Allemand, en Français et dans les langues scandinaves (NDT qui sont plus exactement ???) ... une expertise pour traiter les nouvelles histoires de nouveaux auteurs nous parait indispensable quand il s'agit de s'occuper d'une nouvelle littérature de cette sorte (NDT : et pas des autres sortes de littérature, par exemple la littérature scientifique, etc. ?)

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p. 96 : La publicité vous rémunère !

La publicité vous permet d'apporter des millions (de gens) pour des prix raisonnables, des conforts et des équipements qui, sans la publicité, resteraient des luxes dont seuls très peu pourraient profiter.
L'Amérique est une nation publicitaire (NDT sic). C'est l'unique raison pour laquelle l'homme de moyens limités (en Amérique) profite de plus de conforts que la plupart des hommes riches (ailleurs qu'en Amérique).
Parce que des milliers sur des millions de gens réclament un certain produit de la même marque qu'ils ont lu dans la même annonce publicitaire, il est possible pour l'annonceur de vendre cet article avec un minimum d'effort.
Il est donc possible de manufacturer et distribuer ce produit avec une économie d'investissement que vous partagerez avec qui diffuse votre annonce.
Quand vous réaliserez le nombre de ces articles qui dans votre vie quotidienne n'ont pu être fabriqués que grâce à la publicité, vous pourrez estimer que la publicité vous rémunère !
La publicité vous permet d'acheter de meilleures choses à moindre coût.



NDT Et la publicité vous force à acheter ce dont vous n'avez pas besoin, ce qui vous empoisonne avec le reste de la planète et tout ce qui a été spécialement conçu et saboté pour vous faire acheter plus et plus souvent, et surtout à acheter ce qui ne vaut rien. Détruisez la planète et suicidez vous plus vite dans le seul but d'enrichir les plus riches, c'est important pour nous, qui nous gavons sur le dos du tas de vos cadavres, sans qui ceux qui vous volent, violent et vous tuent n'auraient pas le pouvoir, le confort et l'extravagance psychopathe d'une avidité sans limite que l'Apocalype la plus définitive : aboulez le fric, pourrissez votre cerveau et soyez nous reconnaissant d'avoir pourri votre vie et précipité l'Enfer sur Terre. Pensez à la joie de vos enfants de savoir que vous avez financé la broche pour les faire rôtir et nourrir les derniers ultra-riches, et félicitez-vous que ceux-là comme vous-même connaîtront la seule liberté que nous avons laissé à toute la Création... Mmm, mangez des insectes, c'est bon pour la planète, plus ça permet de recycler la pollution en vous la faisant bouffer !

De la romance, du mystère, de l'intrigue, ne manquez pas ce merveilleux... récit "Ralph 124C 41+, $2.50 port payé.

^.97 Libérez vous de votre hernie :

Même colonne de publicité : des pinces ou supports gadgets pour tout faire tenir, des cartes porte-nom pour pas bigleux, loupe vendue séparément, dés "magiques" pour tricher au carte et vous faire descendre au saloon ou pendre sur la place du village, fluide magique pour écriture invisible (oui, l'invisibilité existe, n'hésitez pas à boire le fluide pour le croire, formule à base de champignon magique citronné d'après la recette ancestrale des anciens indiens d'Amérique du Sud), jeu de cartes à jouer entièrement constitué d'As pour épater la mafia après avoir plumé leur boss : CENTRAL NOVELTY COMPANY. Tours de magie magique également en vente chez EXPERIMENTER PUBLISHING l'éditeur de votre magazine de fiction "scientifique" : il n'y a pas de sot métiers ni de petits profits. Un employé des postes sur rail commence à 1900 dollars l'année, voyager, hommes, garçons (d'au moins 18 ans quand même dès fois que...) renvoyez aujourd'hui le coupon à l'Institut Franklin, Rochester New-York.

p. 98=384 : Petites annonces (LIVRES : toutes émises par l'éditeur du magazine Amazing Stories : il faut bien amorcer la pompe à fric quelque part et éviter les espaces vides de la maquette. Sion A VENDRE / RECHERCHE AGENT CHANSONS POEMES / VENTRILOQUISME, les mêmes publicités que d'hab mais rédigées sous forme de petite annno

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Amazing Stories, le numéro 4 de juillet 1926
p. 99 (troisième de couverture) Offre spéciale d'abonnement : ce coffret rasage mécanique gratuit pour cinq mois d'abonnement à Radio News (NDT magazine du même éditeur), par faveur aux lecteurs d'AMAZING STORIES (NDT si ! si !), coupon plus bas pour vous arranger à découper aujourd'hui, épinglez-y un billet de $1 etc. Remplissez le coupon MAINTENANT avec vos noms complets et adresse. EXPERIMENTER PUBLISHING CO 53 parc Place New YOrk , N. Y.

p.100 (quatrième de couverture) Le LIVRE BLEU BURGESS pour les hommes de sens pratique et les étudiants en électricité, des formules électriques, des schémas électriques, des problèmes et des calculs, $1.00 : ETES-VOUS INTÉRESSÉ PAR ELECTRICITÉ ? THE McCLURE (NDT, to lure c'est attirer quelqu'un dans un piège) PUBLISHING CO. Chicago, Ill (NDT Illinois).

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce numéro.

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