Missions S01E01: Ulysse (2017)
Ici l'article de ce blog sur la série télévisée Missions 2017.
Diffusé en France à partir du 1er juin 2017 sur OCS CITY FR (ORANGE à la demande).
De Henri Debeurme, Julien Lacombe et Ami Cohen ; avec Hélène Viviès, Clément Aubert, Mathias Mlekuz, Jean-Toussaint Bernard, Giorgia Sinicorni, Côme Levin, Adrianna Gradziel, Arben Bajraktaraj.
Pour adultes et adolescents ?
1967. La mission Soyouz 1 orbite autour du globe bleu de la Terre. Le cosmonaute appelle sa base, Baïkonour, qui finit par lui répondre par plusieurs mesures de pression, certaines manquantes : le cosmonaute devra donc corriger manuellement l’absence de mesure. Ce à quoi le cosmonaute répond qu’il a déjà procédé aux corrections : le vaisseau est orienté vers l’azimut 155 et paré pour entrer à nouveau dans l’atmosphère. On lui répond que c’est la première fois qu’un vaisseau est aligné manuellement pour la rentrée et que le premier secrétaire soviétique affirme que c’est une nouvelle preuve de la supériorité du pilote soviétique.
Ce à quoi le cosmonaute répond fort diplomatiquement que le premier secrétaire peut aller se faire f…tre. Son poste de commandement lui demande de répéter, mais il répond qu’il commence sa ré-entrée, que son bouclier thermique tient bon et qu’il rentre dans la zone blanche, c’est-à-dire le moment de la ré-entrée où les communications radio sont coupées. Le feu des boucliers illumine alors la cabine par le hublot. Presque immédiatement ( !), le cosmonaute se met à hurler dans la radio que ses parachutes ne s’ouvrent pas : il vient donc de quitter la zone blanche, puisque sa base lui répond qu’elle a bien reçu son message et répond qu’il doit s’agir d’un problème électrique (et comment savent-ils qu’il ne s’agit pas d’un problème mécanique ?).
Le cosmonaute répète alors en hurlant que non, que le parachute ne s’ouvre pas, et demande si on a bien compris son message. La base lui demande de réessayer, le cosmonaute hurle qu’il va trop vite et qu’il va s’écraser, et demande alors si on l’entend. Il appelle alors plusieurs fois Baïkonour sans avoir de réponse, tandis que son hublot rayonne d’une lumière blanche et le fracas de sa ré-entrée dans l’atmosphère semble s’être interrompu. Plus calmement, le cosmonaute demande alors ce qui se passe, et je lui réponds qu’il est dans une série française de Science-fiction, ce qui n’augure rien de bon pour lui.
Université Paris 8, département des Sciences de l’Education – de nos jours. Manon, une petite fille blonde boudeuse est filmée attablée devant une assiette vide. Une femme entre et lui dit bonjour et se présente comme Jeanne. Jeanne Renoir demande à Manon si cette dernière aime les Chamallows. Manon hoche la tête (et son dentiste aussi). Alors Jeanne sort un seul chamallow de son paquet et le pose au milieu de l’assiette en précisant que c’est pour la petite fille.
Manon répond simplement « wahou » (preuve qu’elle est doublement mal élevée : on accepte pas des bonbons d’une étrangère ; on dit merci quand on reçoit un cadeau). Jeanne demande alors à Manon de bien l’écouter : elle va sortir pendant un moment, alors soit Manon mange le chamallow immédiatement – soit Manon attend que Jeanne revienne et elle aura droit à un second chamallow. Ah le plaisir d’expérimenter sur les enfants… Manon approuve et Jeanne sort pour passer dans la pièce d’à côté, où elle peut observer sadiquement la petite fille en train de se tortiller devant son unique chamallow à la fois à travers le miroir sans teint et via la caméra , visiblement approuvée par un jeune barbu à lunette et cheveux un peu longs à l’air pervers. Il demande « alors ? » et Jeanne sourit davantage.
Sur un calepin (et non sur une tablette quelconque, « de nos jours » devait vouloir dire « au moyen-âge »), il y a, tracé à la main, un tableau intitulé « Test Groupe 4 » (au lieu de Test Group 4 en anglais, ou Groupe Test 4 en français), avec une liste de noms d’enfants sans aucun prénom arabe et avec le plus souvent un prénom en guise de nom propre – mais deux « Kevin », puis deux colonnes : « A mangé » (la majorité) et « A attendu » (une certaine Mathilde) et un certain Thomas. Je suppose donc à ce stade que Jeanne mène une étude raciste pour démontrer à quel point les enfants blonds sont mal élevés.
En tout cas, la gamine (à laquelle personne n’a donné d’eau), tripote son chamallow, puis l’abandonne et regarde ailleurs. En parfaite scientifique, Jeanne met une croix dans la colonne « A mangé » alors que la petite fille n’a pas encore mangé le Chamallow. Comme son assistant objecte, Jeanne demande alors à celui-ci, à nouveau très scientifiquement, s’il parie son dessert – car il est bien connu que lorsque les expérimentateurs font des paris sur les résultats de leurs études, ils sont plus objectifs. Et après trois minutes d’attente du télespectateur, la petite fille possiblement affamée par Jeanne depuis le début de la journée, finit par avaler le chamallow. L’assistant soupire et donne son dessert à Jeanne, qui donne le deuxième chamallow à son assistant en lui promettant que si ce deuxième chamallow est toujours là quand Jeanne reviendra, elle lui en donnera un autre. Chose curieuse, Jeanne ne reviendra jamais dans le local où attend la petite fille, qui, on peut le supposer, mourra de soif en conséquence.
Nous retrouvons Jeanne en train de manger des chamallows dans sa spatieuse chambre tout en pianotant sur son ordinateur portable, dans une position tout à fait déconseillée pour le dos et soulignons-le encore une fois pour ses dents, mais totalement approuvée par son dentiste. Jeanne lève la tête quand sa télévision annonce que l’équipage de la mission Ulysse est en deuil : l’astronaute Anne De Ternay est morte dans le crash de l’hélicoptère qui l’amenait à la base de Kourou (Participait-elle à l’émission Dropped ?).
Le commentateur précise que le milliardaire William Meyer qui finançait l’expédition sur Mars à laquelle Anne De Ternay devait participer en tant que psychologue de bord (ah ! ah ! ah ! même pas psychiatre… pourquoi pas voyante extralucide ou masseuse ?) – a déclaré que la première mission habitée pour Mars était maintenue… sans doute parce qu’une psychologue n’est pas un membre essentiel dans une telle mission ? Le commentateur poursuit en précisant que le départ prévu dans seulement dix jours n’est même pas reporté et commence à présenter deux autres membres de l’expédition pas encore morts, Martin et Alessandra Najac… et là, je réalise la raison pour laquelle il fallait impérativement un psychologue à bord : ils embarquent un couple à bord – la recette pour une catastrophe assurée.
Le commentateur pose alors la question de qui sera le huitième passager (humain, parce que sinon, la place est déjà prise) de la mission européenne Ulysse vers Mars, et là, Jeanne répond à un appel téléphonique sur son smartphone – la vraie surprise aurait été qu’elle ne soit pas recrutée sur une mission qui habituellement requiert une préparation minimale largement supérieure à dix jours, une mise en quarantaine dès fois qu’elle décolle pour Mars avec une maladie hautement contagieuse et un entrainement au pilotage de divers engins aériens et spatiaux au cas où il lui serait nécessaire de prendre les commandes, parce qu’un poste de pilotage, ce n’est pas seulement qu’un tas de lumières qui clignote et un ordinateur de bord qui fait tout le boulot.
Dix mois plus tard, le vaisseau spatial est bien en approche pour Mars et Jeanne se tape l’un des astronaute vieux et velu, en fait le commandant de bord – je comprends mieux maintenant pourquoi il fallait qu’il y ait une psychologue qui n’aime pas les enfants à bord d’une mission pour Mars. Une fois les embrassades terminées, son patient se plaint que les séances soient de plus en plus courtes (malgré le salaire que verse l’Agence Européenne à Jeanne ? quel manque de professionnalisme !). Ils se rhabillent, apparemment sans aucun problème de pesanteur.
Le commandant interpelle alors Jeanne, qui en bonne psychologue, ne laisse pas son patient lui parler et déclare qu’elle sait déjà ce qu’il a à lui dire pour affirmer qu’il ne dira que ce qu’elle imagine qu’il va dire. Elle conseille donc au commandant de bord de ne pas tout gâcher avec des sentiments, c’est-à-dire de ne pas faire exactement ce qu’elle fait en couchant avec lui, tout étant la mission pour laquelle ils sont payés autant l’un que l’autre. À point nommé, une jeune femme hilare annonce dans l’interphone que l’on attend le commandant pour le briefing. Ils hochent la tête tous les deux et le commandant sort de la vaste cabine dotée d’une toujours aussi étonnante pesanteur et aménagée comme si l’apesanteur n’existait pas dans l’espace.
Un grand barbu attendait à la porte avec un café (il a oublié la cigarette, il va se faire jeter par la psi). Comme le grand barbu ne dit rien, Jeanne lui demande ce qu’il a à dire, et il pointe le lit défait en déclarant qu’ils devront au moins faire le lit la prochaine fois. Et là, tout le monde devrait s’extasier sur son tact, parce que dans une cabine faiblement aéré, ça doit forcément sentir le fauve et d’autres odeurs bien spécifiques qui sautent aux narines – mais ce n’est rien à côté du genre de désagrément qui attendent Jeanne qui s’est immédiatement rhabillée après le rapport sans faire de toilette intime ni même uriner.
Le barbu s’en va alors (qu’est-ce qu’il fichait là au départ ?) et Jeanne qui n’a rien répondu (une psychologue, rester la langue dans sa bouche ? Oups, j’oubliais que sa langue pouvait être bien fatiguée après sa séance…) pousse en gros soupir en baissant la tête, sans doute parce qu’elle a trop honte d’avoir une sexualité. D’un autre côté, elle vise haut, et ça n’a jamais empêché certaines de s’épandre dans la presse à propos de leurs relations hors mariage avec un président.
Le briefing. L’équipage est avachi sur leurs chaises pivotantes ( !) respectives dans la vaste salle de conférence uniformément grise (sans doute pour éviter d’avoir à faire la poussière), habillés comme à la maison ou peu s’en faut, personne n’étant en slip quand même. Ne doutant de rien, le commandant de bord annoncent que dans 24 heures, ils se poseront sur Mars et que la reconnaissance extérieure d’un certain Alex n’a rien montré d’inquiétant, le vaisseau est en parfait état… (Argh ! qui ? où ça ? à l’extérieur sur Mars ? à l’extérieur du vaisseau spatial ? en orbite de Mars ? et la reconnaissance intérieure, ça compte ? D’un autre côté, le commandant de bord s’est déjà chargé d’une reconnaissance intérieure, mais est-ce que cela suffira ?) et ils ont le « go » de la Terre.
Puis il présente – même pas sur le grand écran HD, mais sur un bête calepin, les différents scénarios d’amarsissage, dans l’indifférence presque totale de l’équipage, le voisin de Jeanne, qui n’est autre que le milliardaire William Meyer préférant lui demander si elle a déjà envoyé son rapport psychologique à la Terre, comme si cela le regardait. Jeanne lui répond qu’elle n’est pas censée lui révéler quoi que ce soit, mais qu’étant donné que Meyer les a achetés pour 240 milliards d’euros, elle lui dira tout – toujours aussi professionnelle, sacrée Jeanne, va… et tout ça à moins d’un mètre du reste de l’équipage, dans une salle peu bruyante.
Jeanne demande quelle version de son rapport – personnelle ou officielle – Meyer veut. Meyer s’étonne : il y a deux versions ? Jeanne confirme, très différentes. La version officielle c’est que tout va très bien ; la version officieuse, c’est que pendant dix mois, Jeanne a pu observer des névroses dangereuses chez plusieurs membres : Basile le rouquin est un sociopathe qui ne parle pas aux autres à part Irène (l’ordinateur de bord !) pendant une semaines sans que personne ne s’en aperçoive ; Gramat (le barbu qui inspecte les lits défaits), pourtant commandant en second, s’est volontairement écarté de la chaîne de commandement et ne parle plus à son commandant ; le commandant qui traverse une crise conjugale, ce qui nuit gravement à son jugement et son épouse, Alessandra, est en pleine dépression. Et quant à Meyer lui-même, cela fait deux semaines que…
Meyer l’interrompt, il est au courant. Jeanne conclut que si elle devait fournir un rapport objectif, ils ne devraient pas se poser sur Mars… Car la planète Mars est très à cheval sur l’équilibre mental de ses visiteurs ? et les dix mois de voyage de retour sans accomplir la mission auront un impact extrêmement positif sur le moral à bord ? Jeanne a peur que le commandant cesse d’être frustré sexuellement quand il aura quelque chose à faire pour de vrai ?
Meyer est alors appelé à faire un discours par le commandant, qui n’a ni entendu ni remarqué leurs messes basses, bien sûr. Meyer annonce alors à la surprise générale qu’ils ne seront pas les premiers à atterrir sur Mars (sans doute parce qu’il ne jugeait pas l’équipage encore assez instable psychologiquement ?) : Les américains les ont pris de vitesse et se sont posés sur Mars il y a quinze jours. La NASA n’était qu’un simple partenaire et la firme Zillion a conduit leur propre mission Z-One (prononcer "zed ouane").
Les américains ont fait la route en seulement trois semaines grâce à un nouveau système de propulsion nucléaire. Meyer poursuit en disant qu’il aurait pu qualifier la mission de demi-échec et dire que cela faisait partie du jeu, puis il se fâche et haussant le ton déclare qu’il préfère être franc et dire qu’ils se sont faits baiser…. Puis il diffuse l’unique vidéo émise par l’équipage américain - sur l'écran de télévision, puisqu'il fallait bien qu'il serve à quelque chose - un (seul) américain qui les supplie de ne pas venir sur Mars, de ne pas essayer de les sauver - mais curieusement ne donne strictement aucun fait, ni aucun argument, ne suit aucune procédure.
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