La duchesse d’Avila (1973)
Noter que ce roman a déjà été adapté avec le film Le manuscrit trouvé à Saragosse 1965****.
S01E01 diffusé le 4 juillet 1973 sur ORTF FR (durée 1h10).
S01E02 diffusé le 11 juillet 1973 sur ORTF FR (durée 2h10).
S01E03 diffusé le 18 juillet 1973 sur ORTF FR (durée 52 minutes).
S01E04 diffusé le 25 juillet 1973 sur ORTF FR (durée 100 minutes).
Ici le premier épisode en streaming legal YouTube INA MADELEN
Sorti en coffret 2 DVD français INA FR le 4 septembre 2012, la jaquette mentionne « édition réalisée à partir de masters complètement restaurés », mais l’image est virée rose bleuté, rayée et les détails fins sont absents ; par contre, selon mon souvenir, la copie SD streamée depuis le site poussif de l’INA avait l’air en bien meilleur état et moins virée ; je suppose donc que c’est l’ancienne copie du site de l’INA qui a été édité en DVD et non la version « entièrement restaurée. »
DePhilippe Ducrest (également scénariste) sur un scénario de Véronique Castelnau, Manuscrit trouvé à Saragosse de 1810 de Jean Potocki adapté par Roger Caillois ; avec Jean Blaise, José Luis de Vilallonga, Jacqueline Laurent, Sylvie Bréal, François Maistre, Pierre Nord.
Pour adultes.
(aventures fantastiques) Un gentilhomme salut une épée plantée dans un socle au bas d’un escalier de sept marches noires donnant sur un sol dallé de noir et de blanc dessinant un motif concentrique centré sur le socle et menant à l’autel d’une cathédrale baroque.
Puis à grands pas, le gentilhomme quitte les lieux. Pour cela il passe le porche d’une grille dorée séparant le chœur de l’église de la nef, c’est-à-dire la grande salle. Puis sans transition, voilà dans la nef sont alignés semble-t-ils des chevaliers debouts revêtus de capes à capuches métallisées argentées rehaussés de galons dorés, ou bien débouts en un rang sur les côtés en armures noires.
De l’autre côté de la grille, à l’entrée côté chœur, il semble que ce soit un roi à la lourde couronne d’or qui se tient vêtu de la même cape argentée aligné entre le passage vers la nef et l’épée plantée au bas des marches noires, ou plutôt à la lumière et sous cet angle, de marbre bleuté. Personne ne semble bouger.
Puis le roi aux cheveux, barbiche, moustache gris, avance d’un pas lourd et lent et s’arrête devant l’épée plantée pour déclarer : « Moi, Roi d’Espagne te nomme, Alphonse Van Worden, Baron de Gutendorf et Comte de Tolède, Lieutenant Colonel aux gardes Wallonne. Puis le roi lève plusieurs fois sa propre épée, peut-être esquissant le rituel qui aurait dû se faire au-dessus des épaules du chevalier en question.
Pendant ce temps, Alphonse Van Worden, retenu à Grenoble, s’incline devant cet insigne honneur. Lui-même est revêtu d’une cape chargée de nœuds et de cordelettes et se trouve devant une autre table de bois avec une autre épée semblablement plantée dedans, sans doute dans un recoin d’une autre cathédrale, sous un dais bleu aux rideaux tendus, orné d’un crucifix du côté de la table. Un autre gentilhomme se tient à l’entrée du dais, son épée tenue basse, qu’il vient ensuite présenter à Van Worden quand celui-ci relève la tête.
Mais cet honneur ne lui fait pas oublier son rendez-vous : et voilà Van Worden suivi de l’autre qui marchent des arcades imposantes de pierre taillée pour rejoindre un meuble entre deux chandeliers sur lequel est posé une espèce de livre relié. Il déclare à l’autre : « Allons Garcia, je ne veux pas qu’il soit dit qu’un Van Worden ait pu prendre du retard une fois dans sa vie, quelle que soient les circonstances…
Le livre est ouvert à sa dernière page manuscrite : « Dans ce livre je consignerai l’histoire de chaque duel qui je fera à Madrid ou à Grenade, d’où que j’y serai, agree toutes les circonstances, ce qui me donnera un grand avantage pour pouvoir prononcer avec justice, à la demande de mes amis et des auytes dans tous les cas embarrassants. Fait à Madrid, ce 30 mars. »
Et devant Alphonse Van Worden, deux gentilshommes se battent à la rapière et à la dague sur une large étoile blanche tracée sur de la terre rouge, entourés de lourdes tentures grises imprimées de motifs noirs, tendues notamment entre deux arbres. Ils sont lents et ahanent beaucoup, l’un n’hésitant pas à tourner sur lui-même, l’autre négligeant alors curieusement de planter ainsi que par toutes les autres ouvertures dès plus atterrantes dans un combat d’escrime.
Après une nouvelle pirouette, le second plante son poignard dans le dos du premier qui s’effondre d’un cri, tandis qu’imperturbablement, Alphonse Van Worden déclare un certain Luis Garcia vaincu… « Car bien qu’ayant blessé son adversaire, son jeu était moins élégant dans l’ensemble. Or, il était convenu que seule la manière de mener l’assaut désignerait le vainqueur. »
Luis Garcia se retourne vers Van Worden et lance : « Je refuse cet arbitrage ! » Les témoins retournent leurs barbiches impérieusement vers Van Worden qui répond : « Vous aviez demandé cet arbitrage sur ma renommée, parce qu’il ne se fait pas de duel ni à Madrid ni à Grenade sans que l’on me demande de l’arbitrer. Dans mon livre, qui est parfaitement exact, on ne mentionne aucun refus de cet arbitrage. Vous êtes en droit de le refuser, mais je dois vous demander immédiatement raison de ce refus. »
Van Worden ramasse sa propre rapière et sa propre dague et quitte sa table et le livre pour rejoindre Luis Garcia dans l’arène et se poster en face, rapière et dague pointée vers Garcia et ajoute : « Je crois que seule la mort peut arbitrer ce combat… »
Garcia et Van Worden se saluent de la tête, Van Worden ajoute encore : « Puissions-nous faire vite, Monsieur : les seize personnes que je n’ai ni blessé ni tué en duel au cours de ces quinze dernières années et qui sont mes invités m’attendent en ce moment chez moi, pour célébrer mes noces avec Urraque de Gomerez, fille de l’œil d’or de Grenade et du sang des anciens rois de ce pays. Si je ne vous tue point, je serai ravi de vous avoir parmi les invités à la célébration de mes funerailles. Si je vous tue, je célèbrerai mes noces comme prévu. En garde, je vous prie ! »
Et en trois passes d'armes, Van Worden tua Garcia. Puis il lança : « Allons Messieurs, on nous attend ! »
A la table de la noce, on remet un ordre à Van Worden. Il montre le grand parchemin à la mariée, puis se lève pour saluer ses douze invités, les douze hommes de Madrid qui ont eu le plus de duels. Il requiert leur conseil : son frère est mort, le fief des Ardennes de celui-ci lui revient. Van Worden demande alors si l’honneur l’oblige à habiter le château de ses pères, ou bien s’il doit continuer de servir le roi Don Philippe qui l’a comblé de bienfaits. Il laisse la lettre roulée sur la table et se retire — et reviendra dans une demi-heure savoir ce que ses invités ont décidé.
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacré à cette mini-série.
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