Tendrement par degrés, la nouvelle de 1954
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Fondly Fahrenheit (1954)
Publié pour la première fois aux USA dans The Magazine of Fantasy and Science Fiction, d’août 1954 ;
Traduit en français pour le numéro 24 de la revue Fiction de novembre 1955,
Repris dans la Grande Anthologie de la Science-fiction : Histoire de Robots le 16 avril 1974 chez Le Livre de poche ;
Réédité le 11 juin 1974, le 26 février 1975, puis en 1976 et en 1978 ; réédité en février 1985, puis en octobre 1993.
Réédition partielle en 1996.
De Alfred Bester.
Pour adultes et adolescents
Vandaleur est en cavale et fuit de planète en planète. Ce riche propriétaire a tout quitté, tout, sauf son androïde, son bien le plus précieux, et surtout son gagne-pain car Vandaleur n’a jamais travaillé de sa vie…
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Notez que vous pouvez lire en ligne et télécharger gratuitement le numéro entier du Magazine of Fantasy and Science-fiction d’août 1954.
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Si vous ne devez acheter qu’un seul volume de la Grande Anthologie de la Science-fiction, choisissez Histoires de Robots, la première ou la seconde édition, pas la version allégée sortie plus tard. Parmi plusieurs nouvelles simplement magistrales et très inspirantes, Fondly Fahrenheit d’Alfred Bester est un sommet absolu de la Science-fiction, du polar et de pure épouvante, basé sur un phénomène bien réel absolument glaçant. Malheureusement, le titre français est un gros spoiler, vous me permettrez donc de ne pas le citer et de vous laisser découvrir sous la traduction exacte du titre original, les deux premières scènes. La nouvelle a été adaptée en théâtre radiophonique, disponible en ligne, mais j’ignore la fidélité de l’adaptation, ainsi qu’en « théâtre télévisé », paraît-il réussi, mais je n’ai pu juger sur pièce à cette heure. Ici : le .mp3 de adaptation en théâtre radiophonique de 1976 (CBS Radio Mystery Theater #0484 – The Walking Dead, adapté par A. Bester)
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Le texte original de Alfred Bester.
FONDLY FAHRENHEIT
He doesn’t know which of us I am these days, but they know one truth. You must own nothing but yourself. You must make your own life, live your own life and die your own death...or else you will die another’s.
The rice fields on Paragon III stretch for hundreds of miles like checkerboard tundras, a blue and brown mosaic under a burning sky of orange. In the evening, clouds whip like smoke, and the paddies rustle and murmur.
A long line of men marched across the paddies the evening we escaped from Paragon III. They were silent, armed, intent; a long rank of silhouetted statues looming against the smoking sky. Each man carried a gun. Each man wore a walkie-talkie belt pack, the speaker button in his ear, the microphone bug clipped to his throat, the glowing view-screen strapped to his wrist like a green-eyed watch. The multitude of screens showed nothing but a multitude of individual paths through the paddies. The annunciators made no sound but the rustle and splash of steps. The men spoke infrequently, in heavy grunts, all speaking to all.
"Nothing here. — Where’s here? — Jenson’s fields. — You’re drifting too far west. — Close in the line there. — Anybody covered the Grimson paddy? — Yeah. Nothing. — She couldn’t have walked this far. — Could have been carried. — Think she’s alive? — Why should she be dead?"
The slow refrain swept up and down the long line of beaters advancing toward the smoky sunset. The line of beaters wavered like a writhing snake, but never ceased its remorseless advance. One hundred men spaced fifty feet apart. Five thousand feet of ominous search. One mile of angry determination stretching from east to west across a compass of heat. Evening fell. Each man lit his search lamp. The writhing snake was transformed into a necklace of wavering diamonds.
"Clear here. Nothing. — Nothing here. — Nothing. — What about the Allen paddies? — Covering them now. — Think we missed her? — Maybe. — We’ll beat back and check. — This’ll be an all-night job. — Allen paddies clear. — God damn! We’ve got to find her! — We’ll find her. — Here she is. Sector seven. Tune in."
The line stopped. The diamonds froze in the heat. There was silence. Each man gazed into the glowing green screen on his wrist, tuning to sector seven. All tuned to one. All showed a small nude figure awash in the muddy water of a paddy. Alongside the figure an owner’s stake of bronze read: VANDALEUR. The ends of the line converged toward the Vandaleur field. The necklace turned into a cluster of stars. One hundred men gathered around a small nude body, a child dead in a rice paddy. There was no water in her mouth. There were fingermarks on her throat. Her innocent face was battered. Her body was torn. Clotted blood on her skin was crusted and hard.
"Dead three-four hours at least. — Her mouth is dry. — She wasn’t drowned. Beaten to death.”
In the dark evening heat the men swore softly. They picked up the body. One stopped the others and pointed to the child’s fingernails. She had fought her murderer. Under the nails were particles of flesh and bright drops of scarlet blood, still liquid, still uncoagulated.
"That blood ought to be clotted too. — Funny. — Not so funny. What kind of blood don’t clot? — Android. — Looks like she was killed by one. — Vandaleur owns an android. — She couldn’t be killed by an android. — That’s android blood under her nails. — The police better check. — The police’ll prove I’m right. — But androids can’t kill. — That’s android blood, ain’t it? — Androids can’t kill. They’re made that way. — Looks like one android was made wrong. — Jesus!"
And the thermometer that day registered 92.9° gloriously Fahrenheit.
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Traduction au plus proche
TENDREMENT PAR DEGRÉS
Il ne sait pas lequel d'entre nous je suis ces jours-ci, mais ils savent une vérité. Il ne faut rien devoir sinon à vous-même. Il faut gagner sa propre vie, vivre sa propre vie et mourir de sa propre mort... ou bien on mourra de la mort d'un autre.
Les rizières de Paragon III s'étendent sur des centaines de kilomètres comme des toundras en damier, une mosaïque bleue et brune sous un ciel orange brûlant. Le soir, les nuages se tordent comme de la fumée, et les rizières bruissent et murmurent.
Une longue ligne d'hommes traversa les rizières le soir où nous nous échappâmes de Paragon III. Ils étaient silencieux, armés, déterminés ; un long rang de silhouettes découpées, se détachant contre le ciel fumant. Chaque homme portait une arme. Chaque homme portait un talkie-walkie à la ceinture, le haut-parleur bouton dans l'oreille, le micro fixé à la gorge, l'écran lumineux sanglé au poignet comme une montre aux yeux verts. La multitude d'écrans ne montrait rien d'autre qu'une multitude de trajectoires individuels à travers les rizières. Les volontaires ne faisaient aucun son, si ce n'est le bruissement de leur passage et les éclaboussures de leurs pas. Les hommes parlaient peu, avec des grosses voix, tous parlant à tous.
« Rien ici. — Où c’est, ici ? — Les champs de Jenson. — Vous vous déportez trop vers l'ouest. — Près de la ligne, là. — Quelqu'un a couvert la rizière de Grimson ? — Oui. Rien. — Elle n'a pas pu marcher aussi loin. — Elle a pu être portée. — Tu crois qu'elle est vivante ? — Pourquoi serait-elle morte ?"
Le lent refrain balayait dans un sens puis dans l’autre la longue file des marcheurs avançant vers le coucher de soleil enfumé. La ligne de marcheurs ondulait comme un serpent qui se tortille, mais ne cessait jamais son avance sans remords. Cent hommes espacés de quinze mètres. Mille cinq cent mètres de recherche sinistre. Mille cinq cent mètres de détermination furieuse s'étendant d'est en ouest à travers une boussole de chaleur. Le soir tombait. Chaque homme alluma sa lampe de recherche. Le serpent se transforma en un collier de diamants ondulants.
"Rien à signaler ici. Rien. — Rien ici. - Rien. — Et les rizières d'Allen ? — On les recouvre maintenant. - Tu crois qu'on l'a manquée ? — Peut-être. - On va revenir et vérifier. —- On va y passer la nuit. — Les rizières d'Allen sont dégagées. - Bon sang ! Il faut qu'on la trouve ! — On va la trouver. - Elle est là. Secteur sept. Branchez-vous."
La ligne s'est arrêtée. Les diamants ont gelé dans la chaleur. Le silence s'est installé. Chaque homme a regardé l'écran vert lumineux à son poignet, se syntonisant sur le secteur sept. Tous se sont branchés sur le secteur 1. Tous montraient une petite silhouette nue baignant dans l'eau boueuse d'une rizière. A côté de la figure, un piquet de bronze indique le propriétaire : VANDALEUR. Les extrémités de la ligne convergeaient vers le champ Vandaleur. Le collier se transforma en une grappe d'étoiles. Cent hommes se sont rassemblés autour d'un petit corps nu, un enfant mort dans une rizière. Il n'y avait pas d'eau dans sa bouche. Il y avait des marques de doigts sur sa gorge. Son visage innocent était meurtri. Son corps était déchiré. Le sang coagulé sur sa peau était incrusté et dur.
"Morte depuis au moins trois ou quatre heures. - Sa bouche est sèche. - Elle n'a pas été noyée. Battue à mort."
Dans la chaleur sombre du soir, les hommes ont juré doucement. Ils ont ramassé le corps. L'un d'eux a arrêté les autres et a montré les ongles de l'enfant. Elle s'était battue contre son meurtrier. Sous les ongles, il y avait des particules de chair et des gouttes de sang écarlate, encore liquide, non coagulé.
"Ce sang devrait aussi être coagulé. — Drôle. — Pas si drôle. Quel genre de sang ne coagule pas ? — Un androïde. — On dirait qu'elle a été tuée par un. — Vandaleur possède un androïde. — Elle n'a pas pu être tuée par un androïde. — C'est du sang d'androïde sous ses ongles. — La police devrait vérifier. — La police prouvera que j'ai raison. — Mais les androïdes ne peuvent pas tuer. — C'est du sang d'androïde, n'est-ce pas ? — Les androïdes ne peuvent pas tuer. Ils sont faits comme ça. — On dirait qu'un androïde a été mal fait. — Jésus !"
Et le thermomètre affichait ce jour-là 92,9° glorieux Fahrenheit.
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La traduction anonyme de 1972 pour Opta et Le Livre de Poche
(LE TITRE FRANÇAIS EST UN SPOILER)
MAINTENANT il ne sait pas qui de nous deux je suis réellement : moi ou lui. Mais lui ou moi savons une chose. Nous savons qu’on ne peut être à la fois deux personnes. Il faut vivre sa propre vie — ou bien en vivre une étrangère.
Il y avait les rizières s’étirant à perte de vue ; sur Paragon III, le soir où nous nous en sommes enfuis. Mosaïques en damiers bleue et brune, pendant le jour, sous le feu du ciel orange. Avec le soir, les nuages précipitent leurs fumées, le vent se lève, le riz dans sa balle bruit et murmure.
Le vent du soir soufflait sur Paragon III, à l’heure de notre fuite, et les nuages défaisaient leurs fumées dans le ciel. Et quelque part au milieu des rizières bruissantes, parmi le murmure du riz dans sa balle, marchaient des hommes en ligne, debout contre l’horizon jaune…
La vaste rangée d’hommes avançait lentement entre les sillons des rizières. Silencieux, aux aguets, en armes. Un chapelet de silhouettes grises profilées comme des statues sur le ciel fumeux. Chacun tenait son arme à la main. Chacun portait à sa ceinture un émetteur-récepteur, l’écouteur fixé à l’oreille, le micro pendu au cou, et un télécran portatif assujetti au poignet, telle une grosse montre lumineuse verte. Les multiples images des télécrans en enfilades ne révélaient rien d’autre que les multiples sillons parallèles. Les amplificateurs ne retransmettaient que les clapotements produits par les pas simultanés. Les hommes parlaient à de rares intervalles, d’une voix lourde, chacun s’adressant à tous les autres.
« Rien par ici.
— Par ici où ?
— Le champ de Jenson.
— Trop dévié vers l’ouest.
— Serrez par là.
— Vu la limite du champ de Grimson ?
— Oui. Rien.
— Elle n’aurait pas pu s’écarter autant.
— Elle pouvait être transportée.
— Vous pensez qu’elle est vivante ?
— Pourquoi serait-elle morte ? »
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Gog, le film en 3D de 1954
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Gog 3D (1954)
Autre titre : Space Station USA.
Sorti aux USA le 5 juin 1954,
Sorti en Angleterre le 18 octobre 1954.
Sorti en blu-ray +3D américain KINO LORBER le 1er mars 2016 région A seulement (des coups à l’image demeurent).
Sorti en blu-ray allemand le 25 mars 2022 chez OSLTALGICA.
De Herbert L. Strock, sur un scénario de Tom Taggart, Richard G. Taylor et Ivan Tors, avec Richard Egan, Constance Dowling, Herbert Marshall.
Pour adultes et adolescents.
(Prospective, Horreur, Robots) Une femme rousse en robe bleu injecte un pauvre singe avec un somnifère. Le singe est relié à une machine par des électrodes. Puis elle rejoint deux savants dans le local voisin pour annoncer que le singe est endormi. Ceux-ci ordonne que la femme réduise graduellement la température du local où se trouve le singe ; elle annonce alors divers facteurs biologiques tandis que l’intérieur du frigo se couvre de givre et qu’un essuie-glace maintient la clarté de la vitre d’observation. La femme rousse annonce que le cœur ne bat plus, ne respire plus — et d’ailleurs ce n’est plus qu’une boule de poils gelés. Les savants ordonnent alors de remonter la température et de stimuler le cœur. La température du corps remonte. Puis il faut stimuler le cerveau et augmenter l’oxygène. Le singe rouvre les yeux et respire, battement de cœur et pression du sang normal. Le singe s’assied, mais il a l’air d’être resté débile et se tient le côté, puis il applaudit, visiblement sur ordre de quelqu’un hors caméra. La femme et l’un des savant le plus jeune entrent et se félicitent de la célébrité que le singe devrait atteindre plus tard
Puis le savant binoclard à moustache reste dans le frigo à prendre des notes et la porte du frigo se referme et se verrouille toute seule, tandis que les volants régissant la température de la pièce tournent tout seuls. Le prisonnier appelle en vain le docteur Kirby, pendant que la rouquine s’absorbe à déplacer des cartons et des bobines de fils électriques dans une réserve. Le savant enfermé tambourine à la vitre, se couvre de gel, l’aiguille d’un cadran au mur indique « danger » pour la personne enfermé à l’intérieur, au lieu de déclencher une alarme ce qui aurait été le plus logique. Puis le savant s’effondre, et c’est à ce moment que la rouquine revient et l’appelle, en vain.
La femme intriguée de voir la température remonter à l’intérieur se mordille la lèvre, regarde par la vitre, ouvre la porte du frigo, entre pousse un cri et la porte du frigo se referme derrière elle. Elle pousse un second cri, qui pourtant devrait porter certainement plus loin que ceux de la victime précédente. Mais apparemment, le troisième savant est parti jouer au tiercé.
Un hélicoptère en forme de banane métallisée est en approche, deux quidams — le pilote et l’agent spécial Sheppard — constatent que le cerveau électronique de la base a pris le contrôle des commandes par « magnétisme » : toutes les aiguilles de leurs cadrans tournent dans tous les sens, et cela ne les affolent pas plus que cela. Le pilote explique que c’est pour que les coordonnées de la base restent secrètes. Et est-ce que le cerveau éteint aussi le soleil du désert ? Apparemment non.A l’arrivée de Shepard, on contrôle sa photo et ses empreintes ; puis il prit un ascenseur pour descendre dans les profondeurs des cinq niveaux de la base, le niveau le plus profond abritant le cerveau électronique NOVAC qui contrôle tout apparemment. Shepard est reçu par un autre savant, qui déverrouille la menotte qui attache la serviette de Shepard à son poignet, puis il prend une enveloppe dedans. De manière cocasse, le professeur et Shepard ne se regarde pas tout le temps de l’entretien et le savant nous raconte alors le début du film. Il écarte la possibilité d’un sabotage, et Shepard veut voir les preuves.
Le chef de la base s’inquiète de la sécurité de la centaine de chercheurs, puis lui présente la blonde Johanna Nelly, qui apporte un dispositif électronique découvert, qui permet de guider des bombes notamment atomique. Ils estiment, sur la base d’une vue ou coupe de la base, que s’ils étaient bombardés avec un armement ordinaire, seul les entrepôts du premier niveau souterrain seraient endommagés. Avec une bombe atomique, le second niveau où ils se trouvent seraient aussi endommagé, mais étrangement pas les deux autres plus profond malgré le fait que le puits de l’ascenseur conduirait sans obstacle chaleur, radiation et onde de choc. Shepard enfile une combinaison avec un brassard jaune – l’or lui donne l’accès à tous les niveaux.
Puis Nelly embrasse Shepard en lui avouant comment elle a trouvé long le temps qui s’était écoulé depuis qu’elle l’attendait pour faire des trucs avec lui en robe de cocktail. Elle trouve aussi inhumaine les conditions de travail, tout est contrôlé par ordinateur. Puis elle lui fait part des ragots qui courent sur le personnel et lui remet une liste de quelques noms de scientifiques qui se comportent de manière curieuse. Par exemple, l’un des savants voit des femmes. Elle change cependant de sujet et lui vante le patch de contrôle des radiations tandis qu’un homme entre dans le vestiaire. Apparemment, cela ne l’étonne pas qu’une femme se trouve tout contre un homme dans le vestiaire des hommes, à moins que les vestiaires soient mixtes, et les douches avec. Puis Shepard et Johanna vont porter un échantillon trouvé dans une des boites qui sert à contrôler les bombes. Shepard apprend que c’est le cerveau électronique NOVAC qui procèdera à l’analyse. Ils se rendent ensuite au département d’ingénierie solaire : ils y travaillent sur une maquette de station orbitale en forme d’anneau qui fonctionnera seulement à l’énergie solaire, collectée par une seule antenne parabolique. La visite se poursuit dans divers départements ponctués de quelques piques sexistes envers les deux sexes.
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Jim Spark, le chasseur d'étoiles, le roman de 1952
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David Starr: Space Ranger (1952)
Traduction du titre anglais : David Starr (David L'étoile), Garde (forestier) de l’Espace.
Titre français : Jim Spark (Jim l'étincelle), le chasseur d’étoiles (en anglais, Jim Spark the star hunter).
Ce roman appartient à la série Lucky Starr et est suivi par Lucky Starr and The Pirates Of The Asteroids (1953)
Sorti aux USA en janvier 1952 chez Doubleday.
Traduit en poche français par Amélie Audiberti sous le titre Sur la planète rouge (écrit par Paul French), pour Fleuve Noir Anticipation 4ème trimestre 1954,
Traduit par Guy Abadia sous le titre Jim Spark, le chasseur d’étoiles (écrit par Isaac Asimov) chez Hachette Bibliothèque Verte 3ème trimestre 1977 ;
Traduit par Paul Couturiau sous le titre Les Poisons de Mars (écrit par Isaac Asimov) chez Claude Lefrancq en avril 1991, réédité en 1996,
Réédité avec l’intégrale David Starr justicier de l’espace en octobre 1993 chez Claude Lefrancq, réédité en juin 1996.
De Paul French, aka Isaac Asimov.
Pour tout public.
(Prospective, aventure interplanétaires, policier, presse) 7 000 ans après J.-C. (cinq mille ans après la première bombe nucléaire) David Starr est un jeune biophysicien orphelin depuis son enfance et élevé par ses tuteurs Augustus Henree et Hector Conway, des membres du Conseil de haut rang qui envoient David en mission pour le Conseil. Ils lui parlent de quelque 200 victimes récentes empoisonnées mortellement par des produits importés de la plnète Mars. Craignant une conspiration visant à déclencher une panique alimentaire et à ruiner le commerce interplanétaire, ils envoient Starr sous couverture sur Mars, où il fait la connaissance de John "Bigman" Jones, un garçon de ferme petit mais teigneux.
*
Le texte original anglais de Isaac Asimov sous le pseudonyme de Paul French publié en janvier 1953 chez DOUBLEDAY.
1
The Plum from Mars
David Starr was staring right at the man, so he saw it happen. He saw him die.
David had been waiting patiently for Dr. Henree and, in the meanwhile, enjoying the atmosphere of International City's newest restaurant. This was to be his first real celebration now that he had obtained Ms degree and qualified for full membership in the Council of Science.
He did not mind waiting. The Cafe Supreme still glistened from the freshly applied chromosilicone paints. The subdued light that spread evenly over the entire dining room had no visible source. At the wall end of David's table was the small, self-glowing cube which contained a tiny three-dimensional replica of the band whose music filled in a soft background. The leader's baton was a half-inch flash of motion and of course the table top itself was of the Sanito type, the ultimate in force-field modernity and, except for the deliberate flicker, quite invisible.
David's calm brown eyes swept the other tables, half-hidden in their alcoves, not out of boredom, but gather. Tri-television and force-fields were wonders ten years before, yet were already accepted by all. People, on the other hand, did not change, but even now, ten thousand years after the pyramids were built and five thousand years after the first atom bomb had exploded, they were still the insoluble mystery and the unfaded wonder.
There was a young girl in a pretty gown laughing gently with the man who sat opposite her; a middleaged man, in uncomfortable holiday clothing, punching the menu combination on the mechanical waiter while his wife and two children watched gravely; two businessmen talking animatedly over their dessert.
And it was as David's glance flicked over the businessmen that it happened. One of them, face congesting with blood, moved convulsively and attempted to rise. The other, crying out, stretched out an arm in a vague gesture of help, but the first had already collapsed in his seat and was beginning to slide under the table.
*
La traduction au plus proche.
1
La prune de Mars
David Starr avait les yeux fixés sur l'homme, alors il vit quand cela arriva. Il le vit mourir.
David avait attendu patiemment le Dr Henree et, dans l’intervalle, il avait profité de l'ambiance du tout nouveau restaurant de la Cité Internationale. C'était sa première vraie occasion, à présent qu'il avait obtenu son diplôme de fêter le fait qu'il pouvait devenir membre à part entière du Conseil des Sciences.
L'attente ne le dérangeait pas. Le Café Suprême brillait encore des peintures au chromosilicone fraîchement appliquées. La lumière tamisée qui se répandait uniformément dans toute la salle à manger n'avait pas de source visible. À l'extrémité du mur de la table de David se trouvait le petit cube autolumineux qui contenait une minuscule réplique tridimensionnelle du groupe dont la musique remplissait un doux fond sonore. La baguette du leader n'était qu'un éclair de mouvement d'un demi-pouce et, bien sûr, le plateau de la table lui-même était du type Sanito, le nec plus ultra de la modernité en matière de champ de force et, à l'exception du scintillement délibéré, tout à fait invisible.
Les yeux bruns et calmes de David balayaient les autres tables, à moitié cachées dans leurs alcôves, non par ennui, mais par rassemblement. La tri-télévision et les champs de force étaient des merveilles dix ans auparavant, mais ils étaient déjà acceptés par tous. Les hommes, eux, n'ont pas changé, mais même maintenant, dix mille ans après la construction des pyramides et cinq mille ans après l'explosion de la première bombe atomique, ils restaient le mystère insoluble et l'émerveillement inaltérable.
Il y avait une jeune fille dans une jolie robe qui riait doucement avec l'homme assis en face d'elle ; un homme d'âge moyen, dans une tenue de vacances inconfortable, qui tapait la combinaison du menu sur le serveur mécanique tandis que sa femme et ses deux enfants regardaient gravement ; deux hommes d'affaires qui discutaient avec animation autour de leur dessert.
Et c'est au moment où le regard de David se pose sur les hommes d'affaires que cela se produit. L'un d'eux, le visage congestionné par le sang, bougea convulsivement et tenta de se lever. L'autre, en criant, tendit un bras dans un vague geste d'aide, mais le premier s'était déjà effondré sur son siège et commençait à glisser sous la table..
*
La traduction de Guy Abadia pour la BIBLIOTHEQUE VERTE en 1977.
CHAPITRE PREMIER
LES PRUNES DE MARS
JIM SPARK était juste en train de le regarder. Tout s’était déroulé en l’espace de quelques secondes, sous ses yeux. Il l’avait vu littéralement mourir.
Jim attendait le docteur Henry dans le cadre luxueux du Suprême, le nouveau restaurant d’Intersolar City. Il pouvait profiter pleinement de ces instants de détente, maintenant qu’il avait obtenu son diplôme et qu’il avait été dûment accrédité comme membre du Grand Conseil scientifique.
Le docteur Henry était en retard, mais Jim ne s’en plaignait pas. La grande salle du Suprême resplendissait de l’éclat des peintures aux chromosilicones encore toutes fraîches. La clarté agréable dont elle était uniformément baignée ne provenait d’aucune source visible. Contre le mur, sur la table de Jim, un petit cube lumineux contenait la réplique en trois dimensions de l’orchestre dont la musique douce était diffusée en fond sonore. La baguette du chef d’orchestre traçait des arabesques qui étaient visibles au sein d’un minuscule halo de lumière. La table elle-même était du modèle « Sanito », le dernier cri dans le domaine des champs de force ; à l’exception d’un léger scintillement, d’ailleurs voulu, son plateau était totalement invisible.
Le regard calme de Jim fit le tour des autres tables, à moitié dissimulées dans leurs renfoncements muraux. Ce n’était pas qu’il s’ennuyait, mais il s’intéressait davantage aux gens qu’à n’importe lequel des raffinements scientifiques dont s’enorgueillissait Le Suprême. La télévision en relief et les champs de forces, qui étaient considérés comme des merveilles dix ans auparavant, commençaient à entrer dans les mœurs. Les êtres humains, en revanche, bien qu’ils n’aient gière changé depuis l’époque des Pyramides, demeuraient pleins de mystères insondables.
Il y avait là une jeune fille au visage très doux qui souriait à l’homme assis en face d’elle ; un père de famille à l’air endimanché entrain de programmer un menu sur la console de service tandis que sa femme et ses deux enfants l’observaient d’un œil grave ; deux hommes d’affaires qui discutaient avec animation en prenant leur dessert.
C’est alors que le drame se produisit. L’un des deux hommes, le visage soudain congestionné, se mit à faire des mouvements convulsufs en essayant de se lever. Son compagnon, poussant un cri étouffé, s’était dressé pou lui venir en aide, mais il était déjà trop tard. Le premier était retombé sur son siège et commençait à glisser sous la table.
*
La traduction de Paul Couturiau pour LEFRANCQ en 1991.
1
LA PRUNE DE MARS
David Starr regardait l'homme, au moment précis où l’incident se produisit. Il le vit donc mourir.
David attendait patiemment le Dr Henree en savourant l’atmosphère du restaurant le plus moderne d’International City. Les deux hommes devaient célébrer l’obtention de son diplôme et sa nomination en tant que membre actif du Conseil Scientifique.
Attendre ne lui pesait pas. La peinture au chromosilicone, encore fraîche, donnait un aspect rutilant au Café Suprême. La lumière diffuse, éclairant uniformément la salle à manger, n’avait pas de source visible. A l’extrémité de la table de David se trouvait uin petit cube auto-lumineux contenant une minuscule réplique tridimensionnelle de l’orchestre dont la musique emplissait l’espace sonore. Le bâton du chef était un éclair d’un centimètre, et le plateau de la table du type Sanito, le dernier cri en matière d’utilisation des champs de forces ; il eût été parfaitement invisible sans l’effet de trame délibéré.
Le regard brun, paisible de David parcourait les autres tables à moitié dissimulées dans leurs alcôves ; il ne s’ennuyait pas, mais les gens l’intéressaient plus que les gadgets scientifiques du Café Suprême. La tri-télévision et les champs de force étaient révolutionnaires, il y a dix ans ; aujourd’hui, ils faisaient partie intégrante de la vie quotidienne. Les hommes, en revanche, ne changeaient pas, mais même aujourd’hui, dix mille ans après la construction des pyramides et cinq mille ans après l’explosion de la première bombe atomique, ils demeuraient un mystère insondable, une source inépuisable d’émerveillement.
Une jeune fille, fort élégante, riait de façon charmante, en écoutant son vis-à-vis ; un homme d’âge moyen, engoncé dans des vêtements trahissant le vacancier, enfonçait méticuleusement les boutons du robot-serveur pour lui passait sa commande, tandis que son épouse et ses deux enfants l’observaient avec gravité ; deux hommes d’affaires parlaient sur un ton animé en avalant leur dessert.
L’incident se produisit au moment précis où le regard de David se posa sur ces derniers . L’un d’eux, le visage congestionné, fut saisi de mouvement convulsifs, et tenta vainement de se relever. Les autres, poussant un cri de surprise, tendit le bras dans sa direction en un geste maladroit de secours, mais son compagnon était déjà retombé dans son fauteuil et glissait sous la table.
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.
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Les cavernes d'acier, le roman de 1953
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The Cave Of Steels (1953)
Titre français : Les cavernes d’acier.
Autre titre : Les villes d’acier.
Sous-titré : le cycle des robots 3 depuis 2011.
Publié dans Galaxy d’octobre à décembre 1953 ;
sorti aux USA chez Doubleday en 1954 ;
traduit en français anonymement en mai 1954, juin 1954 et juillet 1954 pour Galaxie numéro 6, 7, 8 ;
traduit en février 1956 par Jacques Brécard pour Hachette Le Rayon Fantastique.
Rassemblé en Omnibus en décembre 1990 réédité en 1999, en octobre 2003 aux Presses de la Cité « Le Grand Livre des Robots vol 1 ».
Réédité en poche en 2020.
Adapté pour la télévision en Angleterre sur BB2 avec Peter Cushing pour la série d’anthologie Story Parade.
De Isaac Asimov.
Pour adultes et adolescents.
(polar futuriste) Roj Nemmenuh Sarton, l’Ambassadeur des Spatiens vient d’être assassiné chez lui, dans la Cité de l’Espace, l’avant-poste des Spatiens voisin de New-York. Elija Bailey, le plus brillant des enquêteurs doit enquêter en coordination avec un enquêteur spatien, et son supérieur Julius Enderby le charge de prouver que les enquêteurs humains ne peuvent être remplacer par des androïdes. Or l’enquêteur spatien n’est autre qu’un androïde, de génération supérieure aux robots terriens.
Le texte original de Isaac Asimovv de octobre 1953 pour Galaxy, illustré par EMSH.
The Caves Of Steel
Future New York would have been a great place to live in… if it weren’t for the deadly helpfulness of its robots… and the fact that someone chose the worst man in the world to murder!
CHAPTER I
LIJE BALEY had just reached his desk when he became aware of R. Sammy watching him expectantly.
The dour lines of his long face hardened. “What do you want?”
“The boss wants you, Lije. Right away. Soon as you come in.”
“All right.”
R. Sammy stood there with his unchanging blank grin.
Baley said. “All right, I told you! Go away!”
R. Sammy turned and left to go about his duties. Baley wondered irritably why those duties couldn’t be done by a man.
He paused to examine the contents of his tobacco pouch and made a mental calculation. At two pipefuls a day, he could stretch it to next quota day.
Then Baley stepped out from behind his railing—he’s earned a railed corner two years ago—and walked the length of the common room.
Simpson looked up from a merc-pool file as he passed. “Boss wants you, Lije.”
“I know. R. Sammy told me.”
A closely coded tape reeled out of the merc-pool’s vitals as the small instrument searched and analyzed its “memory” for the desired information, which was stored in the tiny vibration patterns of the gleaming mercury surface within.
“I’d kick R. Sammy’s armored behind if I weren’t afraid of breaking a leg,” said Simpson. “I saw Vince Barrett the other day.”
Baley’s long face grew longer. “How’s he doing?”
“Working a delivery-tread on the yeast farms. He asked if there was any cance he could get his job back. Or any job in the Departmen. What could I tell him? R. Sammy’s doing Vince’s job now and that’s that. A damned shame. Vince is a bright kid. Everyone liked him.”
Baley shrugged. “It’s something we’re all living through,” he said in a manner stiffer than he intended of felt. He’s liked Vince too, and hated the vacantly grinning robot that had replaced the boy. His own foot had itched in much the same fashion as Smipson’s. Not just for R. Sammy, either. For any of the damned robots.
*
La traduction au plus proche
Les cavernes d’acier
Le New York du futur aurait été un endroit formidable à vivre... s'il n'y avait pas eu la serviabilité mortelle de ses robots... et le fait que quelqu'un ait choisi le pire homme du monde à assassiner !
CHAPITRE I
LIJE BALEY venait d'atteindre son bureau lorsqu'il s'aperçut que R. Sammy l'observait avec impatience.
Les lignes austères de son long visage se durcirent. « Qu'est-ce que tu veux ?
— Le patron veut te voir, Lije. Tout de suite. Dès que tu arrives.
—D'accord. »
R. Sammy se tenait là avec son immuable sourire en coin.
Baley dit. « D'accord, je te l'avais dit ! Va-t'en ! »
R. Sammy se retourna et partit vaquer à ses occupations. Baley se demanda avec irritation pourquoi ces tâches ne pouvaient pas être accomplies par un être humain.
Il s'arrêta pour examiner le contenu de sa blague à tabac et fit un calcul mental. A raison de deux pipes pleines par jour, il pouvait atteindre le prochain jour de la distribution du tabac.
Puis Baley sortit de derrière sa rambarde — il avait gagné une section de rambarde il y a deux ans — et marcha le long de la salle de bureaux partagés.
Comme il passait, Simpson leva les yeux d'un dossier rédigé automatiquement. « Le patron veut te voir, Lije. — Je sais. R. Sammy me l'a dit. »
Une bande au code serré s'échappa des entrailles de l’imprimante de ressources, tandis que le petit instrument cherchait et analysait sa "mémoire" pour retrouver l'information désirée, laquelle était stockée dans les minuscules motifs des vibrations de la surface de mercure étincelante à l'intérieur.
« Je botterais bien le derrière blindé de R. Sammy si je n'avais pas peur de me casser une jambe, dit Simpson. J'ai vu Vince Barrett l'autre jour. »
Le long visage de Baley s’allongea encore. « Comment va-t-il ?
— Il travaille au déchargement d’un tapis-roulant dans les fermes à levure. Il a demandé s'il y avait une possibilité de récupérer son travail. Ou n'importe quel travail dans le département. Qu'est-ce que je pouvais lui dire ? R. Sammy fait le travail de Vince maintenant et c'est tout. Une sacrée honte. Vince est un garçon intelligent. Tout le monde l'aimait bien. »
Baley a haussé les épaules. « C'est quelque chose que nous sommes tous en train de vivre. » Il avait répondu plus raidement qu'il ne l'aurait voulu. Il avait bien aimé Vince aussi, et il détestait le robot au sourire vide qui avait remplacé le garçon. Son propre pied l'avait démangé de la même façon que celui de Simpson. Pas seulement pour R. Sammy, d'ailleurs. Pour n'importe lequel de ces maudits robots.
*
La traduction anonyme dans Galaxie numéro 6 de mai 1954
LES VILLES D’ACIER
par Isaac ASIMOV
Quelques centaines de siècles dans le futur. Nourris chimiquement, ou de céréales et de légumes forcés en usines, les Terriens sont maintenant groupés dans d’énormes cités d’acier. Les colonies créées dans les mondes extérieurs se sont depuis longtemps affranchies de la tutelle de la Terre. Elles manifestent l’intention de moderniser entièrement leur économie qui se trouve dans une impasse.
Mais les Terriens accepteront-ils leurs formes nouvelles de civilisation ? Accepteront-ils surtout la collaboration des robots à vraie figure humaine créés dans les mondes nouveaux ? En effet, le chômage né sur la Terre, dans certains secteurs, par suite de l’emploi de robots ordinaires, a déjà entraîné des émeutes.
CHAPITRE I
Lije Baley s’installait devant son bureau quand il s’aperçut que R. Sammy l’attendait, en le regardant fixement.
Les traits de Baley, naturellement austères, se durcirent encore.
« Que veux-tu ? »
— « Le Patron vous demande de suite, Lije ; il a dit : aussitôt arrivé. »
— « Bien », mais R. Sammy restait sur place, immobile, le sourire figé, sans aucune expression.
« Je t’ai dit : bien ; alors va-t-en ! » cria Baley impatiemment.
R. Sammy fit demi-tour, et s’en fut, pendant que Baley se demandait aigrement pourquoi ces commissions n’étaient pas confiées à un quelconque garçon ?
Avant de s’en aller, Baley s’arrêta un instant pour examiner le contenu de sa blague à tabac, et faire rapidement le calcul mental : à deux pipes par jour, pendant combien de temps pourrait-il encore fumer ? Puis il quitta le bureau grillagé, son coin personnel, qu’il était parvenu à obtenir, grâce à ses bonnes notes, deux années auparavant.
Il traversa la grande salle commune ; à son passage, Simpson, assis parmi la file des employés, leva la tête, et remarqua : « Le Patron vous attend, Lije. »
— « Je sais, R. Sammy m’a prévenu ».
Et Simpson s’écriait : « Comme j’aurais plaisir à envoyer un coup de pied quelque part à cet affreux Sammy ! Mais je crains toujours de lui casser un membre ! » Il ajouta : « À propos, j’ai rencontré, l’autre jour, Vince Barrett. »
La longue figure de Baley s’allongea encore : « Que devient-il ? »
— « Il travaille, comme livreur dans les fermes à levure ; il m’a demandé s’il aurait quelque chance de récupérer son ancienne place, ou une occupation quelconque dans notre Administration. Que lui répondre ? R. Sammy l’a remplacé, c’est chose faite. Pauvre Vince, un chic type, que tout le monde appréciait ! »
Baley haussa les épaules, et articula sèchement : « Nous en sommes tous là maintenant », car, lui aussi, aimait autant Vince qu’il exécrait le robot au sourire vague et grimaçant, qui l’avait remplacé, et, comme à Simpson, le pied lui démangeait, non seulement vis-à-vis de Sammy, mais aussi à l’encontre de toutes ces maudites machines qui envahissaient tout.
*
La traduction française de Jacques Brécart de 1956 pour le Rayon Fantastique, J’ai Lu et Les Presses de la Cité.
Les cavernes d’acier
1
ENTRETIEN AVEC UN COMMISSAIRE
Lije Baley venait d’atteindre son bureau quand il se rendit compte que R. Sammy l’observait, et que, manifestement, il l’avait attendu.
Les traits austères de son visage allongé se durcirent.
— Qu’est-ce que tu veux ? fit-il.
— Le patron vous demande, Lije. Tout de suite. Dès votre arrivée.
— Entendu !
R. Sammy demeura planté à sa place.
— J’ai dit : entendu ! répéta Baley. Fous le camp !
R. Sammy pivota sur les talons, et s’en fut vaquer à ses occupations ; et Baley, fort irrité, se demanda une fois de plus, pourquoi ces occupations-là ne pouvaient pas être confiées à un homme. Pendant un instant, il examina avec soin le contenu de sa blague à tabac, et fit un petit calcul mental : à raison de deux pipes par jour, il atteindrait tout juste la date de sa prochaine distribution.
Il sortit alors de derrière sa balustrade (depuis deux ans, il avait droit à un bureau d’angle, entouré de balustrades) et traversa dans toute sa longueur l’immense salle.
Comme il passait devant Simpson, celui-ci interrompit un instant les observations auxquelles il se livrait, sur une enregistreuse automatique au mercure, et lui dit :
— Le patron te demande, Lije.
— Je sais. R. Sammy m’a prévenu.
Un ruban couvert d’inscriptions serrées en langage chiffré sortait sans arrêt des organes vitaux de l’enregistreuse ; ce petit appareil recherchait et analysait ses « souvenirs », afin de fournir le renseignement demandé, qui était obtenu grâce à d’infinies vibrations produites sur la brillante surface du mercure.
— Moi, reprit Simpson, je flanquerais mon pied au derrière de R. Sammy, si je n’avais pas peur de me casser une jambe ! Tu sais, l’autre soir, j’ai rencontré Vince Barrett…
— Ah oui ?...
— Il cherche à récupérer son job, ou n’importe quelle autre place dans le Service. Pauvre gosse ! Il est désespéré ! Mais que voulais-tu que, moi, je lui dises ?... R. Sammy l’a remplacé, et faite exactement son boulot : un point, c’est tout ! Et pendant ce temps-là, Vince fait marcher un tapis roulant dans une des fermes productrices de levure. Pourtant c’était un gosse brillant, ce petit-là, et tout le monde l’aimait bien !
Baley haussa les épaules et répliqua, plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu :
—Oh ! tu sais, nous en sommes tous là, plus ou moins.
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.
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Les contes d'Hoffmann, le film musical de 1951
- Détails
- Écrit par David Sicé
- Catégorie : Blog
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The Tales Of Hoffman (1951)
Attention, l'opéra original de Jacques Offenbach a été altéré, transformé en ballet chanté, les paroles françaises originales adaptées en anglais.
Sorti en en Angleterre le 26 novembre 1951.
Sorti aux USA le 13 juin 1952.
Sorti en blu-ray anglais le 23 mais 2015,
Sorti en blu-ray français le 14 avril 2015,
Sorti en blu-ray allemand le 14 janvier 2016.
Annoncé en blu-ray américain le 7 juin 2022 chez Criterion.
De Michael Powell (également scénariste) et Emeric Pressburger, sur un livret de Dennis Arundell, d’après le livret de Jules Barbier de l’opéra inachevé de Jacques Offenbach, d’après les nouvelles de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann aka Ernst Theodor Wilhelm Hoggmann ; avec Moira Shearer, Robert Helpmann, Léonide Massine, Robert Rounseville, Pamela Brown, Ludmilla Tchérina, Ann Ayars et le Royal Philarmonic Orchestra de Londres.
Pour adultes et adolescents.
(épouvante fantastique / prospective, opéra ballet) Prologue : la scène se passe à Nürenberg où les girouettes couronnant toits pointus font une forêt de coqs et l’horloge du clocher de la cathédrale fait tourner des personnages médiévaux. Nous voilà devant les vestiaires du théâtre de la ville, et sur le comptoir est posé le programme du spectacle de la soirée, la Libellule enchantée, un ballet en trois actes.
Le sévère conseiller Lindorf fait son entrée dans un salon où les domestiques en perruque et livrée somnolent vautrés sur les chaises dorées. Il réveille d’un coup de canne l’un des deux domestiques, puis s’en va courir de chaises en chaise dans un large vestibule tendu de velours rouge jusqu’à arriver dans un hall dallé à colonnades où il tombe en arrêt devant l’annonce pour de main du ballet Don Giovanni, avec en vedette la première ballerine Stella. Le conseiller chausse ses binocles, pour scruter le dessin charmant d’une innocente jeune fille en tutu – puis il se précipite à nouveau, arrivé dans les coulisses du théâtre.
Embusqué derrière un décor, il guette la danseuse en collant figurant quelque palpitante naïade au fond de l’eau. Lindorf n’est pas le seul à jouer les voyeurs en coulisse, puisqu’un gros homme réjoui en costume de gitan concentre son attention sur les formes de la jeune femme en scène. C’est alors, qu’en toute discrétion, la danseuse dépose dans la poche du « gitan » un petit paquet, que le gros homme s’empêche d’ouvrir : noué dans un mouchoir blanc à dentelles, une clé dorée à ruban d’argent noué, et écrit sur le mouchoir à l’encore noir : « Je t’aime Hoffmann », signé S. Ayant surpris le geste de la danseuse, le conseiller Lindorf se cache davantage, apparemment choqué. Lindorf suit le « gitan » qui va pour sortir des coulisses — passe devant lui et commence à compter sous son nez des pièces de monnaie. Le gros homme fait la moue et prétend s’éloigner, alors Lindorf ajoute dans sa paume trois pièces.
Le « gitan » prétend chasser Lindorf, qui se remet sur sa route et ajoute davantage de pièces, jusqu’à ce que le gros homme retrouve le sourire, et tende la main, pour échanger le mouchoir et la clé contre l’argent. Et pendant ce temps, Stella est retournée sur scène sautiller sur des nénuphars tandis qu’un danseur grimé en démon cornu rouge vient la rejoindre pour un pas de deux.
Hoffmann, un poète ; Nicklaus son fidèle ami et compagnon, le conseiller Lindorf, Stella la première ballerine. Dans le public, il y a le jeune poète Hoffmann, qui n’a d’yeux que pour Stella. A l’entracte, les étudiants qui assistaient au ballet se ruent pout boire de la bière et du vin à la Cave de Luther, chantant et dansant une farandole endiablée. Parmi eux, Hoffmann, tandis que le conseiller Lindorf continue de suivre et d’observer, immédiatement remarqué par Niklaus, le jeune meilleur ami d’Hoffmann.
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce film musical.
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