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- Écrit par David Sicé
Spur 1923
Sorti aux USA en février 1923 dans le magazine mensuel Munsey de New-York US.
Réédité en 1926 dans Who Wants a Green Bottle? and Other Uneasy Tales.
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Le texte original de Tod Robbins de février 1923 extrait de « Who Wants a Green Bottle? ».
Domaine public.
SPUR
I.
Jacques Courbé was a romanticist. He measured only twenty-eight inches from the soles of his diminutive feet to the crown of his head; but there were times, as he rode into the arena on his gallant charger, St. Eustache, when he felt himself a doughty knight of old about to do battle for his lady.
What matter that St. Eustache was not a gallant charger except in his master’s imagination—not even a pony, indeed, but a large dog of a nondescript breed, with the long snout and upstanding aura of a wolf? What matter that M. Courbé’s entrance was invariably greeted with shouts of derisive laughter and bombardments of banana skins and orange peel? What matter that he had no lady, and that his daring deeds were severely curtailed to a mimicry of the bareback riders who preceded him? What mattered all these things to the tiny man who lived in dreams, and who resolutely closed his shoe-button eyes to the drab realities of life?
The dwarf had no friends among the other freaks in Copo’s Circus. They considered him ill-tempered and egotistical, and he loathed them for their acceptance of things as they were. Imagination was the armour that protected him from the curious glances of a cruel, gaping world, from the stinging lash of ridicule, from the bombardments of banana skins and orange peel. Without it, he must have shriveled up and died. But those others? Ah, they had no armour except their own thick hides! The door that opened on the kingdom of imagination was closed and locked to them; and although they did not wish to open this door, although they did not miss what lay beyond it, they resented and mistrusted any one who possessed the key.
Now it came about, after many humiliating performances in the arena, made palatable only by dreams, that love entered the circus tent and beckoned commandingly to M. Jacques Corbe. In an instant the dwarf was engulfed in a sea of wild, tumultuous passion.
Mlle. Jeanne Marie was a daring bareback rider. It made M. Jacques Courbé’s tiny heart stand still to see her that first night of her appearance in the arena, performing brilliantly on the broad back of her aged mare, Sappho. A tall, blonde woman of the amazon type, she had round eyes of baby blue which held no spark of her avaricious peasant’s soul, carmine lips and cheeks, large white teeth which flashed continually in a smile, and hands which, when doubled up, were nearly the size of the dwarf’s head.
Her partner in the act was Simon Lafleur, the Romeo of the circus tent—a swarthy, herculean young man with bold black eyes and hair that glistened with grease, like the back of Solon, the trained seal.
From the first performance, M. Jacques Courbé loved Mlle. Jeanne Marie. All his tiny body was shaken with longing for her. Her buxom charms, so generously revealed in tights and spangles, made him flush and cast down his eyes. The familiarities allowed to Simon Lafleur, the bodily acrobatic contacts of the two performers, made the dwarf’s blood boil. Mounted on St. Eustache, awaiting his turn at the entrance, he would grind his teeth in impotent rage to see Simon circling round and round the ring, standing proudly on the back of Sappho and holding Mlle. Jeanne Marie in an ecstatic embrace, while she kicked one shapely, bespangled leg skyward.
“Ah, the dog!” M. Jacques Courbé would mutter. “Some day I shall teach this hulking stable boy his place! Ma foi, I will clip his ears for him!”
St. Eustache did not share his master’s admiration for Mlle. Jeanne Marie. From the first he evinced his hearty detestation of her by low growls and a ferocious display of long, sharp fangs. It was little consolation for the dwarf to know that St. Eustache showed still more marked signs of rage when Simon Lafleur approached him. It pined M. Jacques Courbé to think that his gallant charger, his sole companion, his bedfellow, should not also love and admire the splendid giantess who each night risked life and limb before the awed populace. Often, when they were alone together, he would chide St. Eustache on his churlishness.
“Ah, you devil of a dog!” the dwarf would cry. “Why must you always growl and show your ugly teeth when the lovely Jeanne Marie condescends to notice you? Have you no feelings under your tough hide? Cur, she is an angel, and you snarl at her! Do you not remember how I found you, starving puppy in a Paris gutter? And now you must threaten the hand of my princess! So this is you gratitude, great hairy pig!”.
Sources : Olga Baclanova.com
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La traduction au plus proche
L’EPERON
I.
Jacques Courbé était un romantique. Il ne mesurait que soixante-dix centimètres de la plante de ses petits pieds au sommet de sa tête, mais il y avait des moments, lorsqu'il entrait dans l'arène sur son galant destrier, Saint-Eustache, où il se sentait comme un vaillant chevalier d'autrefois sur le point de livrer bataille pour sa dame.
Qu’importait que Saint-Eustache n'ait été un galant cavalier que dans l'imagination de son maître — pas même un poney, d'ailleurs, mais un gros chien d'une race indéterminée, au long museau et à l'aura de loup ? Qu'importait que l'entrée de M. Courbé n’ait été invariablement saluée par des cris de dérision et des bombardements de peaux de bananes et d'oranges ? Qu'importait qu'il n'ait pas eu de dame et que ses audaces s’en soient réduites à une mimique des cavaliers à cru qui l'avaient précédé ? Qu'importaient toutes ces choses au petit homme qui vivait dans les rêves et qui fermait résolument ses yeux en boutons de chaussures aux mornes réalités de la vie ?
Le nain n'avait pas d'amis parmi les autres monstres du cirque de Copo. Ils le considéraient comme colérique et égoïste, et il les détestait parce qu'ils acceptaient les choses telles qu'elles étaient. L'imagination était l'armure qui le protégeait des regards curieux d'un monde cruel et béant, du fouet cinglant du ridicule, des bombardements de peaux de bananes et d'écorces d'orange. Sans elle, il aurait dû se ratatiner et mourir. Mais les autres ? Ah, ils n'avaient d'autre armure que leurs propres peaux épaisses ! La porte qui s'ouvrait sur le royaume de l'imagination leur était fermée et verrouillée ; et bien qu'ils ne souhaitassent pas ouvrir cette porte, bien qu'ils ne s'attendissent pas à ce qui se trouvait au-delà, ils éprouvaient du ressentiment et de la méfiance à l'égard de quiconque en possédait la clé.
Or, après de nombreuses représentations humiliantes dans l'arène, rendues supportables seulement par les rêves, l'amour entra dans le chapiteau du cirque et fit signe à M. Jacques Corbe. En un instant, le nain fut englouti dans un océan de passion sauvage et tumultueuse.
Mlle Jeanne Marie était une audacieuse écuyère. Le petit cœur de M. Jacques Courbé s'est arrêté en la voyant, le premier soir de son apparition dans l'arène, évoluer brillamment sur le large dos de sa jument âgée, Sappho. Grande femme blonde de type amazone, elle avait des yeux ronds d'un bleu ciel qui ne laissaient rien paraître de son âme de paysanne avaricieuse, des lèvres et des joues carmines, de grandes dents blanches qui éblouissaient continuellement de son sourire, et des mains qui, poing contre poing, avaient presque la taille de la tête d'un nain.
Son partenaire dans le numéro était Simon Lafleur, le Roméo du chapiteau, un jeune homme basané, herculéen, aux yeux noirs et audacieux et aux cheveux noirs luisants de graisse, comme le dos de Solon, le phoque dressé.
Dès la première représentation, M. Jacques Courbé avait aimé Mlle Jeanne Marie. Tout son petit corps frémissait de désir pour elle. Ses charmes plantureux, si généreusement dévoilés dans les collants et les paillettes, le faisaient rougir et baisser les yeux. Les familiarités accordées à Simon Lafleur, les contacts acrobatiques corporels des deux interprètes, faisaient bouillir le sang du nain. Monté sur Saint-Eustache, attendant son tour à l'entrée, il grinçait des dents de rage impuissante en voyant Simon tourner autour du ring, se dresser fièrement sur le dos de Sappho et tenir Mlle Jeanne Marie dans une étreinte extatique, tandis qu'elle donnait des coups de pied dans le ciel avec une jambe bien galbée et couverte de paillettes.
« Ah, le chien ! marmonait M. Jacques Courbé. Un jour, j'apprendrai à ce gros lourd de garçon d'écurie à rester à sa place ! Ma foi, je lui couperai bien les oreilles !"
Saint-Eustache ne partageait pas l'admiration de son maître pour Mlle Jeanne-Marie. Dès le début, il manifesta sa profonde détestation pour elle par des grondements bas et un féroce déploiement de crocs longs et acérés. C’était une maigre consolation pour le nain de savoir que Saint-Eustache montrait des signes de rage encore plus marqués lorsque Simon Lafleur s'approchait de lui. M. Jacques Courbé se désolait à l'idée que son galant, son unique compagnon, son compagnon de lit, n'aimait pas et n'admirait pas la splendide géante qui, chaque soir, risquait sa vie et son corps devant la populace en délire. Souvent, lorsqu'ils étaient seuls ensemble, il réprimandait Saint-Eustache pour sa grossierté.
« Ah, diable de chien ! s'écriait le nain. "Pourquoi dois-tu toujours grogner et montrer tes vilaines dents quand la belle Jeanne Marie condescend à te remarquer ? N'as-tu pas de sentiments sous ta peau dure ? Cur, c'est un ange, et toi, tu lui grognes dessus ! Ne te souviens-tu pas de comment je t'ai trouvé, chiot affamé dans un caniveau de Paris ? Et maintenant, tu dois menacer la main de ma princesse ! C'est donc ça, ta reconnaissance, grand cochon poilu !".
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- Écrit par David Sicé
The Haunted House (1921)
Traduction du titre original : La maison hantée.
Sorti aux USA le 21 février 1921.
Sorti en France le 18 janvier 1924.
Sorti en blu-ray américain le 12 juillet 2011 (multi-régions, muet, pas de version française).
De Edward F. Cline et Buster Keaton (également scénaristes) ; avec Buster Keaton, Virginia Fox, Joe Roberts, Edward F. Cline, Dorothy Cassil.
Pour adultes et adolescents.
New-York, Wall Street, le lieu de résidence du Taureau et de l’Ours – enfin, surtout du Taureau. New-York n’est pas la seule ville qui ait son génie de la Finance : Buster Keaton travaille à la First National Bank – ouverte de 9 heures du matin à 3 heures de l’après-midi, comme simple caissier. Arrivé le premier à la porte vitrée, il commence par décapsuler la serrure avec un décapsuleur, avant d’utiliser ses clés ; passe derrière son guichet en soulevant la grille et en sautant par-dessus le guichet. Puis, arrivé devant la porte du coffre-fort garanti anti-cambrioleur grâce à sa serrure avec minuterie, Buster accroche sa canne par le bout sur le côté de la porte blindée, et son canotier à la crosse de sa canne.
Ailleurs, dans une maison apparemment ordinaire, un grand et gros moustachu à canotier sort de derrière un rideau sur le côté d’un escalier, alors qu’il discute avec un petit maigre à casquette : un autre caissier de la banque et sa bande de faux-monnayeurs ont une raison capitale de faire croire aux gens que la maison est hantée. Fumant le cigare, le gros homme déclare vouloir montrer au petit ce qui arriverait si la Police venait à débarquer là. Et il abaisse un levier au mur du côté étiqueté « En bas », ce qui transforme l’escalier en un toboggan parfaitement lisse, qui ferait effectivement dégringoler toute une escouade de policier en tas au bas des marches. Alors, épouvantés, les policiers prendraient certainement la fuite. Puis le gros homme renvoit son acolyte et sort tranquillement par la porte de devant de la petite maison.
A la banque, Buster sert une jolie jeune fille qui veut faire encaisser son chèque de banque, mais le coffre-fort à minuterie n’ouvrira pas avant neuf heures. La jeune fille insiste, faisant les yeux doux à Buster, et approche ses lèvres du visage du jeune homme, comme si elle allait l’embrasser sur la bouche. Buster évite de justesse d’embrasser la jeune fille, et cède : il prend un tabouret haut pour se hisser à la hauteur de l’horloge au-dessus de la porte blindée, ouvre la vitre qui protège le cadran, et tourne la grande aiguille jusqu’à ce que le cadran affiche neuf heures…
Et la porte du coffre-fort s’ouvre, entrant immédiatement en collision avec Buster, qui tombe de son tabouret. Sans être décontenancé, Buster se relève, entre dans le coffre-fort obscur et en ressort avec une liasse de billets de banque à la main, qu’il porte à son oreille et effeuille. Satisfait, il retourne à son guichet. Satisfait, il remet la liasse à la jeune fille et la fait signer au dos de son chèque, obtenant du coup le nom et l’adresse de la jolie demoiselle : Dorothy Cassil, 234 Main Street – nom et adresse que Buster s’empresse de recopier.
Bien qu’il s’agisse d’une petite banque, elle a un président, et bien que ce dernier soit un petit homme, il a une fille. Or le caissier à la bande de faux-monnayeurs fait son entrée dans le bureau du président de la banque, tandis que la fille du président de la banque vient trouver Buster devant le coffre-fort à minuterie, alors que Buster comptait ses billets. Dans le bureau du président, le caissier verreux sursaute en réalisant que le président est en train d’examiner un billet de banque à la loupe. Il reprend immédiatement contenance, et s’approche. Le président déclare alors qu’il se demande qui a bien pu mettre de la fausse monnaie dans la banque : il va poser la question à la police. Aussitôt, le caissier véreux subtilise une poignée de faux billets.
Du côté du guichet, il y a une file d’attente de quatre hommes et Buster paye un premier chèque. Seulement comme il mouille le bout de ses doigts pour compter plus vite les billets, il se trompe de bocal et trempe ses doigts dans de la colle noire comme de l’encre. Il tente de continuer malgré tout le paiement, collant les billets entre eux et aux doigts de son client tout autant qu’aux siens. Très vite, il se retrouve avec des billets collés jusqu’à la semelle de ses chaussures, et c’est la même chose pour les clients. Alors arrive le caissier véreux qui ordonne à un employé de ramasser les billets, mais l’employé se retrouve collé par terre avec les billets, tandis que Buster s’est collé une main à ses cheveux. Il coupe ses cheveux, et revient avec une bouilloire remplie d’eau fumante…
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- Écrit par David Sicé
Das Cabinet des Dr. Caligari (1920)
Sorti en Allemagne le 27 février 1920.
Sorti en France le 15 mars 1922.
Sorti aux USA le 17 février 1921.
Sorti en blu-ray allemand le 13 juin 2014 (région B, pas de version française).
Sorti en blu-ray anglais le 29 septembre 2014, collection Masters Of Cinema (région B, sous-titres anglais, pas de version française).
Sorti en blu-ray américain le 18 novembre 2014 (région A, pas de version française) chez Kino Lorber.
De Robert Wiene. Avec Werner Krauss, Conrad Veidt, Friedrich Feher, Lil Dagover, Hans Heinrich von Twardowski, Rudolf Lettinger.
Pour adultes et adolescents.
Dans un parc mal entretenu, deux hommes assis discutent. Le plus âgé déclare qu’il existe des fantômes, qui l’ont fait déserter et son cœur, et sa maison, et sa femme, et ses enfants. Alors une jeune femme en longue robe blanche apparait au détour du chemin. Elle marche lentement, regardant droit devant elle, comme hypnotisé. Cependant, lorsqu’elle passe devant les deux hommes, et que le plus jeune, soudain radieux, serre l’épaule du plus âgé, elle écarte des bras les longues tiges qui pendent des arbres. La jeune femme s’éloignant, le jeune homme, Franzis, explique à son voisin qu’il s’agit de sa fiancée, et que ce qu’elle et lui ont enduré ensemble est plus étrange que tout ce que l’autre aurait pu endurer. Et il décide de lui raconter toute l’histoire…
Dans la petite ville où il était né se tenait la foire annuelle. Quelqu’un… Un vieil homme aux chapeau haut de forme, avec des lunettes épaisses, en redingote, chargé de livres – un savant – et marchant avec une canne… Le jeune homme avait un ami, Alan, étudiant comme lui-même. Las de lire, il était sorti, avait acheté l’édition spéciale du jour consacré à la Foire, et avait retrouvé Franzis chez lui pour le convaincre d’aller avec lui visiter la fête foraine. Pendant se temps, le savant se rend chez le maire de la ville, qui est, parait-il, de très mauvaise humeur. Cependant, le Docteur Caligari, n’en a cure et se fait annoncer. Le maire est juché sur un tabouret si haut qu’il domine de tout son corps ceux qui viennent le trouver. Il crie à Caligari d’attendre et le vieillard se vexe. Puis le maire descend de son tabouret, et Caligari présente sa demande pour un permis de monter un spectacle à la Foire. Le maire s’inquiète de la nature du spectacle, et Caligari l’informe qu’il s’agit de somnambulisme – et obtient son autorisation. Une foule aimable se presse dans le dédales des tentes, estrades et manèges de la fête foraine. Caligari n’est pas vraiment de ceux-là, et observe dédaigneux les gens et les manèges. Caligari sort d’une tente, déplie une grande affiche représentant un jeune homme maigre tout en noir aux paupières closes, et commence son boniment.
Plus tard, la police découvre que le secrétaire de la mairie vient d’être assassiné, à l’aide d’un étrange outil pointu. Pendant ce temps, c’est au tour de Franzis et Alan d’arpenter les allées. Ils entendent le boniment de Caligari, présentant le miraculeux Césare, somnambule, 33 ans, qui a dormi toute sa vie en continu, jour et nuit – et devant les yeux du public, Cesare s’éveillera de sa transe similaire à la Mort. La foule commence à entrer sous la tente, et Alan veut absolument en être, traînant Franzis à sa suite à travers les rangs serrés du public. Sous la tente, il y a une petite scène, et une espèce de cercueil dressé. Après quelques mots de plus, Caligari ouvre le cercueil, révélant le dénommé César endormi, grand, pâle et maigre. Caligari se présente comme son maître et prétend l’appeler. Cesare trésaille, renifle, et commence à ouvrir les yeux, très grands, puis il tend ses mains et fait un premier pas hors du cercueil… Arrivé sur le devant de la scène, ses bras descendent lentement. Caligari salue le public et annonce que César répondra aux questions du public : il connait toutes les réponses, tous les secrets, le passé et le futur, on peut tout lui demander… Très impressionnés, Franzis s’élance au-devant de la scène et demande combien de temps il lui restera à vivre. Et Cesare répond : jusqu’à l’aube du prochain jour.
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- Écrit par David Sicé
L’Atlantide (1919)
Paru en 1919 en France chez ALBIN MICHEL ;
Réédité en grand format jusqu’à 1947 ;
Réédité en poche à partir de février 1956.
Adapté au cinéma en 1921 par Jacques Feyder.
Adapté au cinéma en 1932 par Georg Wilhelm Pabst.
Adapté au cinéma en 1947 titre américain Siren of Atlantis, titre anglais Atlantis: The Lost Continent, par Gregg G. Tallas, John Brahm et Arthur Riley.
Adapté au cinéma en 1961 par Edgar George Ulmer.
Adapté au cinéma en 1992 par Bob Swaim.
Par Pierre Benoit.
Pour adultes et adolescents.
(Aventure, monde perdu, fantastique, presse) En 1896 dans le Sahara algérien. Deux officiers, André de Saint-Avit et Jean Morhange, enquêtent sur la disparition de leurs collègues. Ils sont drogués et enlevés par un guerrier targui, pourvoyeur de la monstrueuse reine Antinea. …
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Le texte original de Pierre Benoit, pour ALBIN MICHEL .
CHAPITRE PREMIER
UN POSTE DU SUD
Le samedi 6 juin 1903 rompit la monotone vie qu’on menait au poste de Hassi-Inifel par deux évènements d’inégale importance : l’arrivée d’une lettre de Mlle Cécile de C… et celle des plus récents numéros du Journal officiel de la République française.
Si mon lieutenant le permet ? dit le maréchal des logis-chef Châtelain, se mettant à parcourir les numéros dont il avait fait sauter les bandes.
D’un signe de tête, j’aquiesçai, déjà tout entier plongé dans la lecture de la lettre de Melle de C…
Lorsque ceci vous parviendra, écrivait en substance cette aimable jeune fille, maman et moi aurons dans doute quitté Paris pour la campagne. Si, dans votre bled, l’idée que je m’ennuie autant que vous peut vous être une consolation, soyez heureux. Le Grand Prix a eu lieu. J’ai joué le cheval que vous m’aviez indiqué, et, naturellement j’ai perdu. L’avant-veille, nous avons dîné chez les Marial de la Touche. Il y avait Elias Chatrian, toujours étonnamment jeune. Je vous envoie son dernier livre, qui fait assez de bruit. Il paraît que les Martial de la Touche y sont peints nature. J’y joins les derniers de Bourget, de Loti et de France, plus les deux ou trois scies à la mode dans les cafés-concerts. En politique, on dit que l’application de la loi sur les congrégations rencontrera de réelles difficultés. Rien de bien nouveau dans les théâtres. J’ai pris un abonnement d’été à l’Illustration. Si ça vous chante… à la campagne, on ne sait que faire. Toujours le même lot d’idiots en perspective pour le tennis. Je n’aurai aucun mérite à vous écrire souvent. Épargnez-moi vos réflexions à propos du petit Combemale. Je ne suis pas féministe pour deux sous, ayant assez de confiance en ceux qui me disent jolie, et en vous particulièrement. Mais enfin, j’enrage à l’idée que si je me permettais vis-à-vis d’un seul de nos garçons de ferme le quart des privautés que vous avez sûrement avec vos Ouled-Naïls… Passons. Il y a des imaginations trop désobligeantes.
J’en était à ce point de la prose de cette jeune fille émancipée, lorsqu’une exclamation scandaleuse du maréchal des logis me fit relever la tête.
— Mon lieutenant !Qu’y a-t-il ?
— Eh bien ! Ils en ont de bonnes au ministère. Lisez plutôt.
Il me tendit l’Officiel. Je lus :
Par décision en date du 1er mai 1903, le capitaine de Saint-Avrit (Andé), hors cadres, est affecté au 3e spahis, et nommé au commandement du poste de Hassi-Inifel.
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.
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