Amazing Stories #015 (1927)
Titre complet : Volume 2, juin 1927, numéro 3.
Traduction : Histoires étonnantes.
Notez que très fréquemment dans ce numéro et le précédent, le caractère h remplace le caractère b ; j'ignore pourquoi exactement. Visuellement le dessin du mot est très proche mais l'orthographe est fausse et peut prêter à confusion, en particulier sur un nom propre. J'ai corrigé à chaque fois que j'ai pu m'assurer de la véritable orthographe des mots en question.
Numéro précédent <> Numéro suivant.
Publicités toxiques.
Pour adultes et adolescents.
Présumé sorti en kiosque aux USA le 5 mai 1927 daté de juin 1927, prix 25 cents, soit 4.51 dollars 2024 en tenant compte de l'inflation (4,33 en Euro du 23 janvier 2025).
De Hugo Gernsback, F. R. S. (rédacteur en chef), Dr. T. O'Conor Sloane, M. A., Ph. D. (directeur de publication), Wilbur C. Whitehead, rédacteur littéraire, C. A. BRANDT, rédacteur littéraire.
Pour adultes et adolescents.
(revue littéraire de Science-fiction) Les nouvelles lauréat du concours sont enfin arrivées... Et du coup la suite de la Machine à explorer le Temps est reportée au numéro du mois suivant.
Les trois premières nouvelles primées sont clairement médiocres sous tous abords. J'imagine que c'est le prix à payer (sans jeu de mots) quand on veut piquer l'intérêt d'un public supposé novice.
De ma propre expérience des concours de nouvelles de Science-fiction, et cela à l'adresse de quelque public que ce soit, peu importe l'âge ou le sexe, il n'est simplement pas possible d'obtenir des récits en retour qui aient un réel niveau si leur rédaction n'a pas été inspirée par des gens compétents en écriture, cultivés en général comme en littérature et en science-fiction en particulier, passionnés et quelque part ayant réalisé à quel point la réalité de nos vies et de celles des individus rattrapés par l'Histoire se trouvait invariablement au cœur de n'importe quel récit destiné à passionner d'autres lecteurs / spectateurs humains.
Pasticher voire plagier ne suffit pas, baratiner ne mène nulle part, et tous les niveaux du récit compte, inclus ceux qui partis de l'inconscient arrivent aux inconscients des lecteurs, pour en général hanter leurs rêves la nuit suivante ou revenir constamment à l'esprit dans les semaines, les années voire plusieurs générations après une première lecture.
Dans les concours dont j'ai participé à l'organisation, ce rôle d'inspirateur a bien sûr été tenu par les professeurs assez investis dans leur métier pour considérer que participer à un tel concours pourrait enrichir leurs élèves. Nous avions alors mis à leur disposition des guides pour donner une idée au-delà des clichés de la variété et de la richesse des domaines touchant à la Science-fiction. Comme Gernsback, l'accent était mis sur le merveilleux réalistes des découvertes et de tous les domaines de connaissance qui aboutissaient à expérimenter notre vie présente, future immédiate et à partir de là, future moins immédiate.
A partir de là, oui, les néophytes complets, des plus jeunes aux moins jeunes pouvaient effectivement écrire des récits captivants, qui devaient encore passer la censure et les préjugés des adultes, car l'inspiration scientifique est quasiment immédiatement suivie de la vague submersive libératoire mais potentiellement pathologique où la fiction est pliée aux pulsions dont les auteurs des récits peuvent facilement ignorer l'existence.
Par exemple une joyeuse classe en guise de nouvelle écrite pour un galop d'essai aura spontanément mis en scène leur propre professeure comme une sorcière démasquée et chassée.
Et le problème n'était certainement pas l'aspect fantastique ou scientifique, puisque j'entendais également rappeler par une autre professeur que les élèves ne devaient pas oublier que leurs textes devaient pouvoir être lus par leurs parents.
Les participants pouvant également fournir des textes captivants peuvent aussi être le contraire de néophytes. Leur expérience joue en général contre eux, parce qu'ils ont tendance à imiter, et avoir du mal à se mettre à la place d'un lecteur qui, en lisant ce qu'ils écrivent, ne comprendra et ne ressentira pas exactement comme eux.
Le concourant peut chercher à plaire, et pasticher, ou forcer la dose de tel ou tel élément ; il peut ne pas avoir d'idées et écrire seulement pour participer, voire seulement pour gagner le concours, ce qui est l'équivalent d'écrire pour décrocher un budget et mène invariablement à la catastrophe quand l'autorité ou l'idée qu'on se fait de l'autorité n'est pas à la hauteur des attentes des lecteurs de la réalité.
Invariablement, les concourants néophytes ou confirmés négligent les étapes qui demandent le plus d'investissements en temps, et en compétences (scientifiques ou pratiques). Et ceux qui ne le font pas appartiennent à la troisième catégorie de qui livre des récits dignes d'intérêt : les auteurs semi-professionnels, voire professionnels sous pseudo.
Gernsback et sa rédaction donnent le nom et l'adresse des auteurs des textes primés, ce qui paraît logique pour un concours, surtout quand on veut prouver que la rédaction ne s'est pas mise dans la poche ses prix en dollars sonnant et trébuchant (ou dans ceux des amis ou de sa famille).
Ce qui est dangereux pour les lauréats. Et en conséquence, certains noms et adresses interpellent, en particulier dans le cas de qui a fourni une boite postale en guise d'adresse, ce qui prouve que cet auteur-là était conscient avant même l'envoi de son texte du risque qu'il y a à donner son adresse personnelle à tous les lecteurs d'un magazine. Je n'ai pas encore lu son récit à lui (?).
Enfin, une fois de plus Gernsback aura menti dans son édito en prétendant que les récits reçus étaient tous très différents : les trois premiers primés sont vraiment très typés, en particulier il semblent tous les trois pasticher un genre de récit qui est déjà revenu de nombreuses fois dans les colonnes du magazine depuis son lancement : des professeurs en veux-tu en voilà, un événement historique extraordinaire etc. plus le côté verbeux de certains auteurs déjà publiés, maladroitement recopié avec des lapalissades pour faire bon poids.
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Les numéros de pages imprimés à l'intérieur ne tiennent pas compte des quatre pages de couverture.
p. 3 = 2 : sommaire.
"Amazing Stories est publié le 5 de chaque mois. Il y a 12 numéros par année. L'abonnement est de 2.50 dollars (44.56 dollars 2024 idem euro) par an aux USA et possessions, 2,50 dollars (53.47 dollars 2024, idem en euro) au Canada et à l'étranger. Les pièces et timbres Etats-Uniens sont acceptés (pas les pièces et timbres étrangers, un exemplaire d'échantillon sera gratuitement envoyé à la demande... Toutes les contributions acceptées sont payées à publication. Amazing Stories est en vente dans tous les kiosques des Etats-Unis et du Canada. Agents européens S. J Wise et Cie 40 place verte, Antwerp, Belgique. Imprimé aux U. S. A."
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p.5 = 483 : Ours et Edito de Hugo Gernsback, F. R. S.
LE CONCOURS AVEC UN PRIX DE LA COUVERTURE DE 500 DOLLARS E.
par HUGO GERNSBACK
"En annonçant enfin les gagnant du prix du concours à 500 dollars de récompense, un chapitre intéressant de la jeune vie d'AMAZING STORIES a pu être refermé avec succès. Pour ceux de nos lecteurs qui n'avaient pas vu ou entendu parler de ce concours primé, rappelons brièvement qu'en couverture de notre numéro de décembre 1926 se trouvait une image à partir de laquelle un récit de pas plus de 10.000 mots devait être écrit. L'image était purement récréative et vous la retrouverez reproduite ci-bas. Non seulement (l'image) était très récréative mais également fantastique, et nos lecteurs se voyaient demander de baser dessus un récit adapté qui serait non seulement plausible mais possible. Le récit devait être du type scientifiction, et devait contenir des faits scientifiques exacts pour lui donner l'apparence de la plausibilité et de s'inscrire dans le domaine des connaissances de la Science d'aujourd'hui.
Le concours peut être qualifié d'avoir été un très grand succès. Quelques 360 récits ont été effectivement reçus par la rédaction et nos lecteurs peuvent être certains qu'il n'aura pas été facile d'arriver à trancher, car un grand nombre de récits de qualité ont été proposés. (...)
Le premier prix : "The Visitation" par Cyril G. Wates, 9453-100a Ave? Edmonton, Alta, Canada.
Le second prix "The Electronic Wall" par Geo R. GFox, Three Oaks, Michigan.
Le troisième prix, "The fate of the Poseidonia," par Madame F. C. Harris, 1652 Lincoln Avenue, Lakewood, Ohio.
Les trois récits mentionnés plus haut sont intégralement reproduites dans ce numéro, tandis que les quatre suivants qui ont reçu une mention honorable seront publiés dans les prochains numéros. (...)
Première mention honorable : The Ether Ship of Oltor, par S. Maxwell Coder, 6926, Paschall Ave? Philadelphia, Pa.
Seconde mention honorable : The Voice from the Inner World par A; Hyatt Verril, Box 118 Station W, New York City.
Troisième mention honorable : "The Lost Continent" par Cecil B. White, 1949 Crescent Road, Foul Bay, Victoria, B. C. Canada.
Quatrième mention honorable : "The Gravitomobile" par D. B. McRae, 392 "E" Street San Bernardino, California.
Vous pourriez pensez que sept récits inspirés par la même image se ressembleraient forcément. Nous fûmes très étonnés de constater que ce n'était pas le cas, et vous serez ravis, comme le furent les rédacteurs, de trouver de larges divergences d'intérêts entre les sept récits. Ils n'auraient certainement pas pu être plus totalement différent que si nous l'avions spécifié dans le règlement du concours. (...)
Bien sûr les prix seront payés comme annoncés ici, mais si les lecteurs devaient voter différemment, leurs propres avis critiques seront donnés dans un numéro à paraître prochainement de AMAZING STORIES.
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p.8 = 214: The VISITATION (La visitation) par Cyril G. Wates.
Premier prix du concours de la couverture.
Avant-propos.
Ceci est le récit du dernier voyage du S. S. Shah d'Iran, dont au voyage duquel fut directement dû la plus grande transformation à laquelle le monde ait jamais assisté--le voyage qui résultat en cette année inauguratrice d'une nouvelle ère, universellement connue comme "L'année de la Visitation."
Moi, l'écrivain, n'est que de peu d'importance, et pourtant mon nom n'est pas entièrement inconnu des innombrables millions de qui lira ce récit et se réjouira que le silence de presque quatre-vingt-dix ans ait été enfin rompu et que le monde entier puisse enfin connaître les événements qui se déroulèrent lors de ce voyage-- événements jusqu'ici entourés de mystère--à la requête de ces êtres étranges qui s'appelaient eux-même "Les Deelathon" mais qui nous sommes désormais mieux connus aujourd'hui comme "Les Visitants".
Je suis Benedict Clinton et je suis l'arrière-petit fils de Charles Clinton, qui était le capitaine du Shah d'Iran. Le Capitaine Clinton, mon arrière-gr'and-père, est mort hier à l'âge de presque cent-vingt-six ans, et sa mort descella mes lèvres, me libérant de la promesse que je lui avais faite il y a un an, le jour de son anniversaire.
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A REMARKABLE DRAWING (Un dessin remarquable) de J. M. de Aragon.
IGNORANCE, FANATISME ET CRUAUTE.
Ces trois monstres d'avant le Déluge-- dévoreurs de l'âme humaine, qui, bien que rétrécissant lentement du fait des peu nombreuses et faibles attaques de la pauvre humanité, rôdent encore à l'entrée du temple du bonheur humain.
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p. 29 = 234 : The ELECTRONIC WALL (Le mur électronique) par Geo. R. Fox.
Gagnant du second prix du concours.
Quand je me suis décidé à chroniquer cet événement historique dans lequel j'ai tenu un certain rôle, j'ai failli négliger mes albums-photos. Oh, j'admet que la possession d'un "album-photo" à notre époque où le temps et l'intérêt d'une telle accumulation n'existe plus, et stigmatise leur propriétaire comme désespérément passéiste. Mais je n'en fais plus. A l'exception de trois ajouts en cette année 2038, mes albums étaient remplis avant d'avoir passé l'âge de vingt ans. Comme j'en suis à ma cent-vingtième année, il est simplement évident que cent années ont passé depuis que j'ai collé mon dernier ajout.
Mon premier album fut commencé à l'instigation de mon grand-père. Comme je n'étais qu'un jeune homme, il me familiarisa avec le même genre de reliure conservée par son propre père, Jedidiah Prindle, qui était l'un des pionniers du tout jeune alors état du Wisconsin, s'installant dans les contrées sauvages de la Vallée de la Rivière du Renard en 1849. (...)
Le premier ajout remonte à 1925. Je collais la coupure de presse quelques années après son impression. Des sept reportages différents sur le même sujet, celui de mon album est tiré du Magazine de la Science, la revue officielle de l'Association Américaine du Progrès Scientifique. L'importance de cette organisation explique le nombre de reportages.
ALLONS-NOUS AVOIR UNE NOUVELLE LUNE ? LA DÉCOUVERTE DU DR BAADE PORTE L'ATTENTION SUR NOTRE SECONDE LUNE.
Washington, D.C. le 3 janvier 1925.-- Le professeur Baade de l'Université de Hambourg rapporte que le 27 octobre, dans la constellation du Pégase, il a vu un nouvel objet de magnitude dix et d'aspect planétaire, mais voyageant à une vitesse considérable.
L'observatoire de Yerkes a photographié le corps céleste. Le professeur Frost déclare qu'il est invisible à l'oeil nu, tout comme la lune miniature suspectée d'accompagner la terre. Les astronomes de même n'ont pas encore eu la possibilité de l'apercevoir (...).
Est-ce que la terre capturera le corps céleste du professeur Baade comme elle l'a déjà fait pour la petite lune? Les scientifiques estiment qu'elle passera de manière si proche de nous qu'elle sera déviée de sa trajectoire d'origine et deviendra notre troisième satellite.
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p. 39=245 : The FATE of the POSEIDONIA (le Destin de la Posidonie) par Clare Winger Harris.
Troisième prix du concours
I (NDT : 1, un)
Au premier instant où j'ai posé mes yeux sur Martell, j'avais acquis une grande désaffection pour l'homme. Là avait bondit entre nous un antagonisme qu'aussi loin que cela le concernât, aurait pu rester passif, mais dont les circonstances forcèrent l'expression de mon côté.
Combien distinctement je me rappelle de l'occasion de notre rencontre au domicile du professeur Stearns, directeur du département d'Astronomie de l'université de Austin !
Le discours que le professeur se proposa de donner devant le Mentor Club dont j'étais l'un des membres, devait être sur le sujet de la planète Mars. Les spacieuses pièces donnant sur la façade de la demeure des Stearns étaient remplies de rangées de chaises e au bout des salons jumeaux, un écran avait été dressé dans l'objectif de présenter des diapositives de photos au télescope de la planète rouillée en ses aspects variés.
Comme j'entrais dans le salon après avoir serré la main de mon hôtesse, je ressentis, plutôt que vis, une présence peu familière, et l'impression que je reçu involontairement fut celle de l'antipathie. Ce que je vis était le professeur lui-même engagé dans une conversation grave avec un étranger. Intuitivement je sus que de ce dernier émanait l'hostilité dont j'étais définitivement conscient.
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p.47 = 253 : The STORY of the LATE Mr. ELVESHAM (l'histoire de feu M. Elvesham) par H. G. Wells.
J'ai réduit la portée de cette histoire, sans espérer qu'elle soit crue, seulement qu'elle puisse ménager un moyen pour la prochaine victime d'échapper à son sort. Celle-ci, peut-être, profitera de mon malheur. Mon propre cas, je le sais, est sans espoir, et je suis à présent, jusqu'à un certain point, prêt à accepter mon sort.
Mon nom est Edward George Eden. Je naquis à Trentham, dans le Comté de Strafford, mon père ayant été employé là-bas comme jardinier. J'ai perdu ma mère alors que je n'avais que trois ans, et mon père quand j'en avais cinq, mon oncle George Eden alors m'adopta et me trait comme son propre fils. Il était célibataire, s'était lui-même instruit et était bien connu à Birmingham en tant que journaliste à son compte ; il fit mon instruction avec générosité, inspira mon ambition à réussir dans le monde, et à sa mort, qui arriva quatre années plus tard, me laissa son entière fortune, un montant d'environ cinq cent livres après que toutes charges aient été payées. J'avais alors dix-huit ans. Il m'avait conseillé dans son testament d'employer l'argent à compléter mon instruction. J'avais déjà choisi la profession de médecin, et par la grâce de sa générosité posthume et de ma bonne fortune quant à l'obtention d'une bourse, je deviens étudiant en médecine à la Faculté Universitaire de Londres. Au moment où mon histoire commence, je logeais au 11A de la rue de l'Université, dans une petite chambre au dernier étage, pauvrement meublée et venteuse, avec vue sur le mur arrière des grands-magasins Shoolbred.
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p. 54=260 : The LOST COMET (la comète perdue) par Ronald M. Sherin.
I (NDT 1, un)
Dans la bibliothèque d'un petit observatoire (astronomique), deux hommes étaient assis à une table. Devant eux était étalée une large carte sur laquelle reposaient plusieurs lourds et bien indexés catalogues stellaires portant diverses dates et divers titres. Le plus âgé des deux hommes, dont le port intellectuel frappant indiquait un esprit d'une capacité peu ordinaire, et dont l'âge aurait pu être n'importe lequel entre quarante-cinq et soixante, était très occupé à tracer des diagrammes géométriques et comparer ses résultats avec le rang de chiffres alignés sous ses yeux. Son compagnon, un homme grand aux cheveux noirs, encore jeune, consultait anxieusement la carte étalée, cherchant apparemment à lever ses doutes quant à quelque sujet dont il était inquiet. Quiconque possédant une connaissance élémentaire de l'astronomie aurait immédiatement reconnu une carte du système solaire tracé à une grande échelle ; et si sa connaissance de la mécanique céleste était à peine plus poussée, il aurait identifié les curieuses lignes ondulées au centre du diagramme comme étant les orbites de plus d'une centaine de comètes qui avaient, par le passé, déjà visité le système solaire.
Alors, le mathématicien traça un trait sur la carte, lâcha son feutre, et pendant un temps, considéra son compagnon avec étonnement et émerveillement. Ce dernier parla enfin : "elle est vraie, donc, cette chose à laquelle nous nous étions tous les deux attendus, et pourtant que nous espérions fausse. Êtes vous sûr qu'il n'existe pas encore une possibilité d'erreur dans nos calculs ?"
"Mon ami, répondit l'autre se levant soudain de sa chaise avec un air d'impatience, le résultat du travail de cette nuit ne peut être dans l'erreur à moins la nouvelle science des mathématiques à laquelle j'ai consacrée vingt années de ma vie, soit fausse. Mais peut-être doutez-vous de la véracité de mon nouveau système de géométrie cométaire ?"
"Non, répondit son compagnon avec conviction, je n'en douterai jamais, professeur ; parce que bien qu'un monde incrédule refuse de reconnaître le plus grand génie mathématique qui ait jamais vécu sur cette planète depuis l'époque de Newton, moi, Jean Bourget, en simple astronome amateur que je suis, vous salue au nom d'Urania, la muse immortelle de l'Astronomie. Jamais, et ce dès la première démonstration, je n'ai douté ; les lois de la nouvelle géométrie me sont apparues à moi aussi inexorables que celles de la Nature elle-même. En bref, cher Maître, vous n'avez qu'à dire. Mon rôle sera de vous écouter, de vous croire et de vous obéir.
"Or donc assistez au récit que je suis sur le point de faire, répondit le Professeur Montesquieux, car tel était son nom. "Vous saviez bien entendu que Biela, un officier de l'Armée autrichienne, découvrit accidentellement une nouvelle comète le soir du 27 février 1826 (...) Maintenant, la question était de savoir ce qu'était devenu la comète de Biela ? (...) En fait, tout ce qu'ils avaient à en dire était que cette comète s'était commodément désintégrée (...) Conséquemment, le souvenir de la comète de Biela s'était éteint, sauf dans l'esprit de quelques observateurs qui comprennent ce qui signifie les pluies de météores de la fin Novembre, qui surviennent à intervalles périodiques coïncidant avec la précédente période de la comète." (...)
"Maintenant écoutez ceci : quand la comète de Biela s'est divisée en 1845, le plus petit fragment a continué sur l'ancienne trajectoire ; mais le plus gros fut dévié et changea d'orbite (...) Mais la comète de Biela revient enfin, et elle frappera la Terre exactement le jour de l'équinoxe vernal, dans six mois à compter de ce jour."
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p.62 = p. 268: SOLANDER'S RADIO TOMB (La tombe-Radio de Solander) par Ellis Parker Butler.
J'ai d'abord rencontré Monsieur Remington Solander peu de temps après avoir installé mon premier équipement radio. J'allais à New-York par le train de 8h15 du matin et j'étais assis avec mon ami Murchison et, en toute logique, nous parlions à propos de radio. Je venais juste de dire à Murchison qu'il était une nouille à crâne déformé et que pour deux centimes, je lui aurais donné une chiquenaude au menton, et que même un débile microcéphale aurait dû savoir qu'un poste à transistor était meilleure qu'un poste à galène. A ceci Murchison avait répondit qu'ainsi, la question était réglée : il déclara qu'il avait toujours su que j'étais un crétin, et que désormais, il en était certain.
"Si vous aviez eu assez de cervelle pour remplir la coquille d'une noisette, disait-il, vous n'iriez pas parler de cette manière. N'importe qui saurait, mis à par un lunatique pas fini, que tout ce quelqu'un veut d'une radio est une réception claire, précise et c'est exactement ce qu'un poste à galène vous donne. Vous êtes l'un de ces demeurés qui pensent avoir de la classe s'ils peuvent entendre une station à deux sous à cinq cent miles qui transmet quelques couacs étouffés. La ferme ! Je ne veux plus parler avec vous. Je ne veux plus vous écouter. Partez vous asseoir ailleurs qu'ici."
Bien sûr, c'était ce qu'il fallait attendre de Murchison. Et si j'avais bien lâché quelques circonvolutions colériques, je m'estimais dans mon plein droit. Les passionnés de radio s'opposent toujours au sujet des mérites relatifs des postes à galène et à transistor, mais je savais que j'avais raison. J'essayais seulement de décider si je devait étrangler Murchison à mains nues et jeter son corps sans vie par la fenêtre du wagon, ou lui dire ses quatre vérités que j'avais toujours voulu lui dire depuis qu'il avait commencé à me taper sur le poste à transistor, quand soudain, ce Remington Solander, qui était assis un rang derrière nous, se pencha en avant, et me tapota sur l'épaule. Je me retournais vivement et vis sa longue face ovidéenne à deux doigts mon propre visage. Il mâchouillait de la graine de cardamome et m'en soufflait les relents en plein nez.
"Mon ami, disait-il, venez donc vous asseoir avec moi : j'ai quelques questions à vous poser à propos de radio."
"Eh bien, je n'aurais pas pu résister à ça, non ? Aucun passionné de radio ne l'aurait su. Je me fichais bien de l'allure de ce Remington Solender, sinon que ces dernières semaines, mes amis m'avaient parus s'éloigner de moi à chaque fois que je m'en rapprochais, quand bien même j'étais certain de n'avoir jamais dit quoi que ce soit pour les lasser. Tout ce dont je parlais à longueur de journée, c'était de mon poste de radio et des nouveaux circuits que je testais, mais j'avais noté que des hommes qui m'avaient parus jusqu'alors apprécier ma compagnie semblaient sursauter à mon arrivée. Certains allaient même jusqu'à escalader la clôture la plus proche pour s'enfuir en courant comme des dératés à travers les terrains vagues, à lancer des regards épouvantés par-dessus leurs épaules tandis qu'ils couraient. Une semaine durant je n'étais parvenu à me faire écouter d'un seul mot d'aucun homme parmi mes connaissance, à l'exception de Murchinson, et c'est un imbécile complet, comme je pense l'avoir clairement démontré.
Un équipement radio proposé pour le Cimetière
Dans un certain sens, j'étais fier d'avoir été invité à m'asseoir avec Remington Solander, parce qu'il était, et de loin, l'homme le plus riche de notre ville. Quand il mourut, son patrimoine se montait à près de trois millions de dollars. Je l'avais souvent vu, et je savais qui il était, mais c'était un vieux garçon du genre distant, et il ne se mêlait pas aux autres, alors je ne l'avais jamais formellement rencontré. C'était un homme de haute taille, frêle, quelque part du genre flasque, et il était pâle d'une manière assez malsaine. Mais, après tout, c'était un millionnaire, et le membre d'une de ces "vieilles familles" de Westcote, alors je pris la place voisine de la sienne avec une satisfaction considérable.
"Je suppose, déclara-t-il aussitôt que je me sois assis, que vous vous intéressez à la radio." Je lui répondait que oui. "Et je suis justement en train de construire un nouveau poste, utilisant un nouveau circuit dont j'ai entendu parlé il y a peut-être une semaine, je répondis, je pense que cela va être une merveille. Maintenant, voilà l'idée : au lieu d'utiliser un circuit..."
"Oui, oui! coupa hâtivement le vieil aristocrate, mais peu importe pour l'instant. Je m'y connais très peu dans ce genre de chose. J'ai un électricien payé à l'année pour s'occuper de mon poste de radio et je lui laisse ce genre de préoccupations. Vous êtes homme de loi, non ?"
Je lui répondais que je l'étais. "Et vous présidez le conseil d'administration du cimetière de Westcote, n'est-ce pas ?" il demanda.
Je lui répondais que je l'étais aussi... (...)
"Êtes vous croyant ?"
"Eh bien, je répondais, un peu mal à l'aise : un peu, un peu mais pas tellement."
"Peu importe, fit Monsieur Solander, plaçant sa main sur mon bras : "Je le suis, je l'ai toujours été. Depuis mon plus jeune âge, j'ai toujours eu en tête les pensées les plus sérieuses. En fait, Monsieur, j'ai compilé en un manuscrit une collection de citations religieuses, d'hymnes, de sermons et d'encouragements qui remplissent aujourd'hui quatorze volumes, toutes écrites à la main. Heureusement, j'ai hérité une fortune, et je compte faire cadeau au monde de cette collection."
"Un geste des plus nobles, j'en suis certain..." je répondais.
"Des plus nobles, répondit Solander : mais, Monsieur, je n'ai pas limité mes activités à l'étude, j'ai gardé l'oeil sur les progrès du monde ; et il me semble que la radio, cette nouvelle et merveilleuse invention, est la plus grande et la plus impérissable de toutes les découvertes, toute époque confondue. Mais, Monsieur, elle a été détournée à des usages les plus vils : Du jazz, des chansons faciles, des mots verbeux, de la musique ! Voilà ce à quoi je compte remédier."
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p. 66 = p272 : The MOON POOL (le bassin lunaire) par A. Merrit.
Seconde partie.
CHAPITRE XIV (NDT 14, quatorze) : La Justice de Lora.
Et à nouveau le globe fila lestement avec son film de couleurs, assombri et brillant d'un éclat rose une fois de plus. De partout monta le piétinement d'un grand nombre de pieds sur les tapis. Yolara pressa une main étroite à la base du piédestal du globe à son côté. Abruptement, la lumière baissa de partout, et au même instant les quatre murs de noirceurs s'évanouirent, révélant des deux côtés l'étrange joli jardin à travers les rangées des piliers qui le défendaient. Dans nos dos, des tapisseries masquaient mollement ce qui s'étendait au-delà ; devant nous, flanqués de paravents fleuris, se trouvait le corridor par lequel nous avions fait notre entrée, à présent surpeuplé par les nains verts de la grand-salle.
Les nains avançaient...
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p. 96 = 302 The FOUR-DIMENSIONAL ROLLER-PRESS (Le rouleau-compresseur à quatre dimensions) par Bob Olsen.
Agissant sur la suggestion de mon avoué, je rédige un témoignage complet de tout ce que je sais à propos de la disparition sans parille de William James Sidelburg.
Bien que son enfance et sa prime éducation pèse de manière importante sur l'affaire, il me parait peu nécessaire de rappeler à quiconque au fait par la lecture des quotidiens modernes qu'il était le fils d'un professeur de psychologie bien-connu, et que ses premiers pas furent guidés en accord avec certaines théories révolutionnaires et originales. Le succès de ces expérimentations fut attesté par le fait qu'il fut accepté à l'Université d'Harvard à l'âge de onze ans ; et alors qu'il n'était qu'un garçon de treize ans, il soutint une thèse sur la quatrième dimension devant un parterre d'éminents mathématiciens.
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Discussions
Un animateur radio de San Francisco parle : "J'ai ressenti l'urgence de vous dire ce que je pensais d'AMAZING STORIES depuis longtemps, mais avant d'offrir quelques critiques ou quelques suggestions que ce soit, je dois dire qu'AMAZING STORIES comble les besoins des gens à l'esprit scientifique sur cette bonne vieille terre..." Signé Edward J. Ludes Chef animateur de Radio KYA San Francisco Californie.
Une voix en provenance des très lointaines Indes : "Je lis régulièrement AMAZING STORIES depuis ce dernier mois d'Avail et j'en ai trouvé le contenu vraiment étonnant (NDT en anglais AMAZING)..." signé Dady A Chandy, Bombay en Inde.
De la télépathie et des machines pensantes dans la vraie vie : (...) (The Evening World) avait pour gros titre "Les insectes menacent la survie de l'Humanité" et racontait en tant que fait ce que H.G. Wells relatait si réalistiquement dans L'Empire des foumis... Puis à nouveau dans l'édition du dimanche de World du 9 janvier figurait un compte-rendu des ahurissantes expérience d'un certain savant italien (Prof. Cazzamali de l'université de Milan) qui avait découvert que sous certaines conditions, le cerveau humain émet des radiations qui peuvent être captées par un poste de radio complexe spécialement assemblé. Ce qui pourrait arriver une fois cet équipement perfectionné a été brillamment représenté dans The Telepathic Pick-Up par Samuel M. Sargent Jr. Le troisième article... du World du 16 janvier est en rapport avec la disparition de Monsieur Knute HOuck de Washington, qui pourrait avoir été causé par une perturbation mentale causée elle-même par son exposition à une mystérieuse "machine pensante" qui est supposée dévoiler les pensées les plus secrètes de quiconque aura maîtrisé son emploi. Puisque cette machine est une réalité, brevetée par son inventeur, un mathématicien polonais, les lecteur de AMAZING STORIES peuvent seulement espérer qu'elle n'affectera pas l'Humanité de la même manière que son équivalent fictionnnel dans le contre-réaliste The Thought Machine d'Ammianus Marcellinus.
Et c'est ce qui s'appelle faire de la propagande via son courrier des lecteurs.
Le rasoir d'Occam supposerait que les "journalistes" du World et autres périodiques, en mal d'articles sensationels, lisent aussi Amazing Stories, tout comme les "témoins" d'objets volants non identifiés et d'enlèvement extraterrestres ne manquaient pas d'admirer les couvertures bariolées des magazines de Science-fiction vendus en kiosque près de chez eux.
Et ça continue comme ça plus ou moins toute la rubrique, sauf que le texte des dernières lettres de mon exemplaire numérisé est coupé, donc impossible de juger plus en avant.
Les courriers intacts reprennent p. 105 et semblent curieusement de plus en plus critiques au fur et à mesure que les lettres sont reléguées en dernière page, coincées entre deux colonnes de publicité. Et la question se pose bien sûr de savoir combien de lettres moins positives ne sont même pas parues.
La dernière lettre est d'un bien étrange lecteur et semble le résultat d'une injonction du Congrès américain en date du 24 août 1912 (nous sommes en juin 1927) à faire paraître dans ce numéro. Hugo Gernsback lui-même y atteste :
* Nom et adresse de l'éditeur et des rédacteur en chef et directeur de publication.
* l'identité du propriétaire de Amazing Stories (Experimenter Publishing) et les noms des actionnaires.
* qu'il n'y a aucune hypothèque ou dette constituant plus d'un pour cent du patrimoine.
* qu'il ne manque aucun nom aux listes précédentes.
Juré et soutenu à la date du 30 mars 1927, signé Hugo Gernsback dont le mandat expire le 30 mars 1929, devant le notaire Joseph H. Kraus.
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p.2 (seconde de couverture, déchirée)
104 jours d'essence gratuite par ans ! Les Pains Walker de Fort Worth font tourner leurs camionnettes de livraison et représentants Ford équipée du Control Blancke deux jours de plus par semaine sans plein d'essence supplémentaire, ce qui leur donne 104 jours d'essence gratuite par semaine... Une garantie de profit.
Vicieux n'est-ce pas ? L'essence n'est jamais gratuite, faut la payer, que votre carburateur soit réglé à l'aide du thermostat Blancke ou pas. Et l'auriez-vous cru : il s'agit en réalité d'une publicité pour les thermostats en questions, bien sûr à commander "gratuitement" en renvoyant un coupon, avec à gagner 15 dollars "garantis aux distributeurs. A ce compte-là, ce n'est plus de la science-fiction mais de l'escroquerie pure et simple.
p.3 (déchirée)
Un moyen étonnamment facile de se mettre à l'électricité, apprenez sans leçons en 90 jours. Coyne, des emplois, du salaire, un futur... Et un "livre" gratuit.
Mettez seulement votre doigt dans la prise ?
p.5
Un trésor caché peut encore être trouvé en Chimie.
Le cadavre de votre prédécesseur enseveli sous les gravats de son laboratoire ?
p.6
La route à sens unique. "La route pour l'Enfer" c'était ce que les bonnes gens de San Diego en Californie appelait les 17 miles d'excellent pavé menant à Tia Juana, Mexico. Et ceux qui la prenaient étaient marqués au fer rouge aux yeux de la ville entière. Jean la prenait régulièrement car elle était une "débutante" de Tia Juana, comme on appelle les filles qui dansent dans les cabarets de là-bas comme on les appelle. Elle pensait s'échapper en payant le prix d'une telle vie. Mais elle reconnaissait que sans... amour... Son histoire intensément humaine et qui fera battre votre cœur, apparaît dans le numéro actuel du MAGAZINE RECIT MODERNE en vente dans la plupart des kiosques. Quelque chose de NOUVEAU, de FRAIS, de DIFFERENT.
"... en se baissant pour ramasser la carte que son ami d'enfance de l'école du Sacré Cœur-Croisé, Jean réalisa qu'elle n'avait pas mis de petite culotte pour danser ce soir où ils s'étaient enfin retrouvé." Est-ce assez MODERNE, NOUVEAU, FRAIS et surtout DIFFERENT ?
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce numéro.
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