L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde, le roman de 1886Feu vert livre / BD

The Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde (1886)
Titre français : L’étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde.

Sorti le 5 janvier 1886 à Londres chez Longmans, Green & Co.
Réédité traduit par Henry Tilleul en 1931 à la bibliothèque verte Hachette,
Réédité traduit par Marcelle Sibon en mars 1949 au Club Français du livre ;
Réédité en 1958 à la Bibliothèque Mondiale, traduction anonyme,
Réédité traduit par Charles-Albert Reichen en novembre 1963 chez Nouvel Office d’édition
Réédité chez Marabout en 1970, Gallimard 1978, Folio Junior 1987 et 1991, Les 1000 Soleils, Folio Junior1999, puis 2003 ;
Réédité chez Edito service en 1968 traduction de Armel Guerne, réédité chez Phébus en 1994 ;
Traduit par Jean Muray pour Bibliothèque Verte Senior Hachette en 1977, réédité au Livre de Poche en février 1993 et au Livre de Poche jeunesse en 1997 et en mai 2002 ;
Traduit par Théo Varlet pour UGE 10/18 en mai 1978 réédité décembre 1981, réédité chez Librio en mars 1996 et novembre 2001, réédité chez Néofelis en octobre 2011 ;
Traduit par Robert Latour pour Bouquins en septembre 1984, réédité en janvier 2016 chez Robert Laffont pavillon poche ;
Traduit par Charles Ballarin chez Folio bilingue en 1992, réédité pour La Pleiade en septembre 2005, réédité pour Folio classique en février 2008 ;
Traduit par Jean-Pierre Naugrette en octore 1988 pour le Livre de Poche bilingue, réédité pour Chêne en 1994, réédité pour le Livre de Poche en août 1999, réédité et révisée en septembre 2000, réédité chez Gründ en août 2006.

Adapté fidèlement au cinéma en 1931 et en 1941.
Adapté en série télévisée steampunk / fantasy urbaine en 2015.

Très nombreux pastiches, adaptations éloignées, suites, emprunts des personnages et nombreuses parodies tous médias.

De Robert Louis Stevenson aka Robert Lewis Balfour Stevenson.

Pour adultes et adolescents.

(horreur gothique aka victorienne, presse) Gabriel John Utterson et son cousin Richard Enfield arrivent à la porte d'une grande maison lors de leur promenade hebdomadaire. Enfield raconte à Utterson qu'il y a quelques mois, il a vu un homme à l'air sinistre, Edward Hyde, piétiner une jeune fille après l'avoir accidentellement croisée. Enfield a obligé Hyde à payer 100 £ à sa famille pour éviter un scandale. Hyde a amené Enfield à cette porte et lui a remis un chèque signé par un homme de bonne réputation qui s'avérera plus tard être le docteur Henry Jekyll, ami et client d'Utterson. Utterson craint que Hyde ne fasse chanter Jekyll, car ce dernier a récemment modifié son testament pour faire de Hyde le seul bénéficiaire. Lorsque Utterson tente de discuter de Hyde avec Jekyll, ce dernier lui répond qu'il peut se débarrasser de Hyde quand il le souhaite et lui demande de laisser tomber l'affaire.

Une nuit d'octobre, un domestique voit Hyde battre à mort Sir Danvers Carew, un autre client d'Utterson, et laisser derrière lui la moitié d'une canne brisée. La police contacte Utterson, qui conduit les agents à l'appartement de Hyde. Hyde a disparu, mais ils trouvent l'autre moitié de la canne brisée. Utterson reconnaît la canne comme étant celle qu'il avait donnée à Jekyll. Utterson rend visite à Jekyll, qui lui montre une note, prétendument écrite à Jekyll par Hyde, s'excusant pour les problèmes qu'il a causés. Cependant, l'écriture de Hyde est similaire à celle de Jekyll, ce qui amène Utterson à conclure que Jekyll a falsifié le mot pour protéger Hyde...

*

Le texte original de Robert Louis Stevenson en 1886.

STRANGE CASE
of DR JEKYLL AND MR HYDE

Story of the Door


Mr. Utterson the lawyer was a man of a rugged countenance that was never lighted by a smile; cold, scanty and embarrassed in discourse; backward in sentiment; lean, long, dusty, dreary and yet somehow lovable. At friendly meetings, and when the wine was to his taste, something eminently human beaconed from his eye; something indeed which never found its way into his talk, but which spoke not only in these silent symbols of the after-dinner face, but more often and loudly in the acts of his life. He was austere with himself; drank gin when he was alone, to mortify a taste for vintages; and though he enjoyed the theater, had not crossed the doors of one for twenty years. But he had an approved tolerance for others; sometimes wondering, almost with envy, at the high pressure of spirits involved in their misdeeds; and in any extremity inclined to help rather than to reprove. "I incline to Cain's heresy," he used to say quaintly: "I let my brother go to the devil in his own way." In this character, it was frequently his fortune to be the last reputable acquaintance and the last good influence in the lives of downgoing men. And to such as these, so long as they came about his chambers, he never marked a shade of change in his demeanour.

No doubt the feat was easy to Mr. Utterson; for he was undemonstrative at the best, and even his friendship seemed to be founded in a similar catholicity of good-nature. It is the mark of a modest man to accept his friendly circle ready-made from the hands of opportunity; and that was the lawyer's way. His friends were those of his own blood or those whom he had known the longest; his affections, like ivy, were the growth of time, they implied no aptness in the object. Hence, no doubt the bond that united him to Mr. Richard Enfield, his distant kinsman, the well-known man about town. It was a nut to crack for many, what these two could see in each other, or what subject they could find in common. It was reported by those who encountered them in their Sunday walks, that they said nothing, looked singularly dull and would hail with obvious relief the appearance of a friend. For all that, the two men put the greatest store by these excursions, counted them the chief jewel of each week, and not only set aside occasions of pleasure, but even resisted the calls of business, that they might enjoy them uninterrupted.

It chanced on one of these rambles that their way led them down a by-street in a busy quarter of London. The street was small and what is called quiet, but it drove a thriving trade on the weekdays. The inhabitants were all doing well, it seemed and all emulously hoping to do better still, and laying out the surplus of their grains in coquetry; so that the shop fronts stood along that thoroughfare with an air of invitation, like rows of smiling saleswomen. Even on Sunday, when it veiled its more florid charms and lay comparatively empty of passage, the street shone out in contrast to its dingy neighbourhood, like a fire in a forest; and with its freshly painted shutters, well-polished brasses, and general cleanliness and gaiety of note, instantly caught and pleased the eye of the passenger.

Two doors from one corner, on the left hand going east the line was broken by the entry of a court ; and just at that point a certain sinister block of building thrust forward its gable on the street. It was two storeys high; showed no window, nothing but a door on the lower storey and a blind forehead of discoloured wall on the upper; and bore in every feature, the marks of prolonged and sordid negligence. The door, which was equipped with neither bell nor knocker, was blistered and distained. Tramps slouched into the recess and struck matches on the panels; children kept shop upon the steps; the schoolboy had tried his knife on the mouldings; and for close on a generation, no one had appeared to drive away these random visitors or to repair their ravages.

Mr. Enfield and the lawyer were on the other side of the by-street; but when they came abreast of the entry, the former lifted up his cane and pointed.
"Did you ever remark that door?" he asked; and when his companion had replied in the affirmative. "It is connected in my mind," added he, "with a very odd story."

*

La traduction au plus proche.

L’étrange affaire
du DR. JEKYLL ET DE M. HYDE

L'histoire de la porte


M. Utterson, l'avocat, était un homme au visage rude qui n'était jamais éclairé par un sourire ; froid, maigre et embarrassé dans son discours ; arriéré dans ses sentiments ; maigre, long, poussiéreux, morne et pourtant quelque peu aimable. Lors des réunions amicales, et lorsque le vin était à son goût, quelque chose d'éminemment humain se dégageait de son regard ; quelque chose en effet qui ne se retrouvait jamais dans son discours, mais qui s'exprimait non seulement dans ces symboles silencieux du visage d'après-dîner, mais plus souvent et plus fortement dans les actes de sa vie. Il était austère avec lui-même ; il buvait du gin quand il était seul, pour mortifier un goût pour les millésimes ; et bien qu'il aimât le théâtre, il n'en avait pas franchi les portes depuis vingt ans. Mais il avait une tolérance approuvée pour les autres ; il s'étonnait parfois, presque avec envie, de la forte pression d'esprit impliquée dans leurs méfaits ; et dans toute extrémité, il était enclin à aider plutôt qu'à réprouver. « J’ai un penchant pour l'hérésie de Caïn, disait-il pittoresquement : Je laisse mon frère aller au diable par sa propre voie. » De part son caractère, il avait souvent l’occasion d'être la dernière connaissance honorable et la dernière bonne influence dans la vie des hommes en perdition. Et à ceux-là, tant qu'ils venaient dans son cabinet, il ne faisait jamais marque d’un début de changement dans son attitude.

Sans doute l'exploit était-il facile pour M. Utterson, car il était peu démonstratif au mieux, et même son amitié semblait fondée sur une même mesure d’un bon naturel. C'est la marque d'un homme modeste que d'accepter son cercle d'amis tout fait des mains de l'opportunité ; et c'était le cas de l'avocat. Ses amis étaient ceux de son propre sang ou ceux qu'il avait connus le plus longtemps ; ses affections, comme le lierre, étaient la croissance du temps, elles n'impliquaient aucune aptitude de leur l'objet. D'où, sans doute, le lien qui l'unissait à M. Richard Enfield, son lointain parent, l'homme bien connu de la ville. Beaucoup se demandaient ce que ces deux-là pouvaient voir l'un dans l'autre, ou quel sujet de discussion ils pouvaient trouver en commun. Ceux qui les rencontraient dans leurs promenades dominicales rapportaient qu'ils ne disaient rien, avaient l'air singulièrement morne et saluaient avec un soulagement évident l'apparition d'un ami. Pour autant, les deux hommes faisaient le plus grand cas de ces excursions, les considéraient comme le principal joyau de chaque semaine, et non seulement mettaient de côté les occasions de plaisir, mais résistaient même aux appels des affaires, afin de pouvoir en profiter sans interruption.

Au cours d'une de ces promenades, le hasard voulut que leur chemin les mène dans une rue d'un quartier animé de Londres. La rue était petite et ce qu'on appelle calme, mais elle animait un commerce florissant les jours de semaine. Les habitants se portaient tous bien, semblait-il, et tous espéraient ardemment faire mieux encore, et étalaient le surplus de leurs profits en enseignes et décorations tape-à-l’œil ; de sorte que les devantures des magasins se dressaient le long de cette artère avec un air d'invitation, comme des rangées de vendeuses souriantes. Même le dimanche, lorsqu'elle voilait ses charmes les plus florissants et restait relativement vide de passage, la rue brillait par contraste avec son quartier miteux, comme un feu dans une forêt ; et avec ses volets fraîchement peints, ses cuivres bien polis, sa propreté générale et sa note de gaieté, elle attirait et plaisait instantanément l'œil du passager

À deux portes d'un coin, sur la gauche en allant vers l'est, la ligne était interrompue par l'entrée d'une cour ; et juste à ce point, un certain bloc sinistre de bâtiment avançait son pignon sur la rue. Il était haut de deux étages ; il ne présentait aucune fenêtre, rien qu'une porte à l'étage inférieur et un front aveugle de mur décoloré à l'étage supérieur ; et il portait dans chaque trait, les marques d'une négligence prolongée et sordide. La porte, qui n'était munie ni de sonnette ni de heurtoir, était boursouflée et déglinguée. Des clochards s'étaient glissés dans le renfoncement et avaient craqué des allumettes sur les panneaux ; des enfants faisaient du shopping sur les marches ; un écolier avait essayé son couteau sur les moulures ; et pendant près d'une génération, personne n'était apparu pour chasser ces visiteurs aléatoires ou pour réparer leurs ravages.

M. Enfield et l'avocat étaient de l'autre côté de la rue, mais lorsqu'ils arrivèrent devant l'entrée, le premier leva sa canne et montra du doigt.
« Avez-vous jamais remarqué cette porte ? » demanda-t-il ; et lorsque son compagnon eut répondu par l'affirmative. « Elle est liée dans mon esprit, ajouta-t-il, à une histoire très étrange. »

*

La traduction française de Jean-Pierre Naugrette de 1994 pour J’ai Lu / Le Livre de Poche, version légèrement révisée de sa traduction de 1988 pour Le Livre de Poche bilingue.

L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde

L’HISTOIRE DE LA PORTE

Mr Utterson, notaire de son état, était un homme à la mine sévère, qu’aucun sourire ne venait jamais éclairer. Il était d’une conversation froide, sèche et embarrassée. Peu porté au sentiment, cet homme grand, mince, triste et morne plaisait pourtant à sa manière. Dans les réunions entre amis, et quand le vin était à son goût, son regard se signalait par quelque chose d’éminemment humain, quelque chose qui à vrai dire ne transparaissait jamais dans sa conversation mais qui s’exprimait, non seulement part ce muet symbole qu’est le visage après un bon repas, mais plus souvent, et avec plus de force encore, à travers les actes de sa vie. Austère envers lui-même, il ne buvait du gin qu’en solitaire, afin de mortifier son penchant pour les bons crus, et bien qu’amateur de théâtre, n’y avait pas mis les pieds depuis vingt ans. Cela ne l’empêchait pas de se montrer d’une extrême tolérance envers les autres, au point de s’étonner parfois, avec une pointe d’envie, devant la dépense d’énergie qui leur était nécessaire pour commettre leurs méfaits. En dernier ressort, il se sentait plus disposé à secourir qu’à réprouver. « Je partage l’hérésie de Caïn », répétait-il, curieusement. « Je laisse mon frère aller au diable comme bon lui chante. »

Avec une telle tournure d’esprit, il lui arrivait fréquemment d’être la dernière relation avouable pour ceux qui tournaient mal, et le dernier à pouvoir exercer sur eux une influence salutaire : du moment qu’ils lui rendaient visite, son attitude à leur égard ne manifestait jamais l’ombre d’une altération.

Assurément, cette action d’éclat ne coûtait guère à Mr Utterson, car il n’était pas homme à dévoiler ses sentiments, et jusqu’en amitié faisait montre d’une égale et universelle bienveillance. Un homme modeste se reconnaît au fait qu’il accepte à l’avance le cercle d’amis dont le hasard l’entoure, et c’était le cas du notaire. Il avait pour amis des gens de son propre sang, ou bien d’autres qu’il connaissait de longue date. Ses attachements, comme le lierre, poussaient avec le temps et n’impliquaient de leur support aucune qualité particulière. De là, sans doute, le lien qui l’unissait à Mr Richard Enfield, son cousin éloigné, homme bien connu de la bonne société londonienne. La plupart des gens se demandaient avec perplexité ce que les deux hommes pouvaient bien avoir en commun. Ceux qui les croisaient au cours de leur promenade dominicale assuraient qu’ils n’échangeaient pas un mot, avaient l’air de s’ennuyer ferme, et accueillaient avec un soulagement visible l’apparition d’un tiers. Néanmoins tous deux faisaient le plus grand cas de ces sorties qu’ils considéraient comme le couronnement de leur semaine, et pour les savourer tout à loisir, non seulement ils n’hésitaient pas à sacrifier les plaisirs du monde, mais à faire la sourde oreille au pressant appel des affaires.

C’est au cours d’une de ces expéditions que le hasard les conduisit dans une petite rue d’un quartier animé de Londres. C’était ce qui s’appelle une petite rue tranquille, mais qui connaissait en semaine une animation intense. A l’évidence, elle était habitée par des gens prospères qui cultivaient tous à l’envie l’espoir de faire mieux encore, consacrant leurs bénéfices à des travaux d’embellissement, à telle enseigne que les devantures des boutiques, comme deux rangées d’accortes marchandes, offraient de chaque côté de l’artère un aspect des plus engageants. Même le dimanche, où elle voilait ses appas les plus florissants et où la circulation était presque nulle, cette rue faisait un éclatant contraste avec son terne voisinage, tel un feu dans la forêt. Et avec ses volets fraîchement repeints, ses cuivres étincelants, son air propre et pimpant, elle attirait et charmait aussitôt le regard du passant.

A deux pas d’un carrefour, sur la gauche, en direction de l’est, l’alignement était rompu par une entrée de cour, et à cet endroit même une bâtisse rébarbative avançait son pignon sur la rue : deux étages, aucune fenêtre, rien qu’une porte au rez-de-chaussée et, à l’étage, la façade aveugle d’un mur décrépit. Tout cela dénotait une longue et sordide négligence. La porte, sans heurtoir ni sonnette, était tout écaillée et décolorée. Les vagabonds avaient élu domicile dans le renforcement et se servaient du bois pour y gratter leurs allumettes. Les gamins tenaient boutique sur les marches, et les écoliers avaient essayé leurs canifs sur les moulures sans que personne, depuis près d’une génération, ne soit intervenu pour chasser ces intrus ou réparer leurs déprédations.

Mr Enfield et le notaire marchaient sur le trottoir d’en face, mais une fois arrivés à la hauteur du bâtiment le premier fit un geste de sa canne et demanda à son compagnon :
« Aviez-vous remarqué cette porte auparavant ? »

Et quand celui-ci lui eut répondu par l’affirmative, il ajouta :
« Elle demeure associée dans mon souvenir à une bien curieuse histoire. »

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.

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L'homme à l'oreille cassé, de Benjamin About (1862)Feu vert livre

L'homme à l'oreille cassé, le roman de 1862.

De Edmond About.

Sorti en France en 1977 à l'école des loisirs, collection Renard Poche (texte abrégé).

Juin 1859. Léon Renault, le fils du professeur de Physique Chimie à la retraite Jean Renault est de retour à la maison. Il ramène des cadeaux pour tout le monde, parmi lesquels un objet qu'il croyait faire partie de la collection Humbolt et qui s'est avéré être une momie d'un colonel de l'armée de Napoléon, victime d'une expérimentation du professeur Jean Meiser de Dantzig. Ce professeur croyait pouvoir retirer l'eau du corps humain sans tuer la personne. Clémentine, la fiancée de Léon, persuade celui-ci de tenter de ranimer la momie, et contre toute attente, le Colonel Fougas se réveille, en pleine forme... mais ignorant tout de sa nouvelle époque.

Ici le texte intégral dans le domaine public. 

Edmont About, édition abrégée au Renard Poche.

Le 18 mai 1859, M. Renault, ancien professeur de physique et de chimie, actuellement propriétaire à Fontainebleau et membre du conseil municipal de cette aimable petite ville, porta lui-même à la poste la lettre suivante :
"A monsieur Léon Renault, ingénieur civil, bureau restant, Berlin, Prusse.
"Mon cher enfant,
"Les bonnes nouvelles que tu as datées de Saint-Petersbourg nous ont causé la plus douce joie..."

Donnez votre avis sur ce roman en nous rejoignant sur le forum Philippe-Ebly.fr, salon Science-fiction.

Le Monde Illustré du 7 juillet 1860Feu vert livre / BD

L'homme à la cervelle d'or (1860)
Autre titre : La légende de l'homme à la cervelle d'or.

Noter que cette nouvelle est dans le domaine public.

Sorti en France le 7 juillet 1860 dans Le Monde Illustré.

De Alphonse Daudet.

Noter que cette nouvelle existe en deux versions : original de 1860 publiée dans le journal le Monde illustré, révisée de 1869 incluse dans le recueil Les Lettres de mon moulin.

Pour adultes et adolescents.

Les parents d'un jeune garçon s'aperçoivent à la faveur d'une blessure que la cervelle de l'enfant est faite d'or...

Lettres de mon moulin, le recueil de nouvelles de 1869   Lettres de mon moulin, le recueil de nouvelles de 1869

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Le numéro complet du Monde Illustré du 7 juin 1860 est consultable sur le site de la BNF.

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(texte original de 1860)

I

Je suis né dans une petite ville de l’ancienne Souabe, chez le greffier au tribunal, un jour de soleil et de Pentecôte. Ma venue au monde fut accompagnée de quelques signes étranges qu’il est bon de raconter. Toute la famille étant réunie autour du lit de l’accouchée, mon oncle, l’inspecteur aux douanes, me prit délicatement entre ses doigts et m’apporta près de la fenêtre pour me contempler à son aise ; mais la pesanteur de mon petit être le surprit à ce point que le bonhomme effrayé me lâcha et que je m’en allai tomber lourdement sur le carreau, la tête la première. On me crut mort sur le coup, et vous pensez les cris qu’on en poussa ; le crâne d’un nouveau-né est quelque chose de si débile, le tissu en est si frêle, la pelure si délicate ; une aile de papillon glissant là-dessus peut causer les plus grands ravages ! O surprise ! Lé ténuité de mon crâne se ressentit à peine de cette terrible secousse, et ma tête, en touchant le sol, rendit un son métallique et connu de tous qui fit dresser vingt oreilles à la fois. On m’entoure, on me relève, on me palpe, et grande fut la stupeur, quand le docteur déclara que j’avais le sommet de la tête et la cervelle en or, à preuve un fragment qui s’était détaché dans ma chute, et qu’on reconnut être un morceau d’or très-pur et très-fin.

- Singulier enfant ! dit Monsieur le docteur en hochant la tête.

- Destiné à de grandes choses ! ajouta mon père hors de lui.

- Et qui doit valoir beaucoup d’argent, fit judicieusement observer mon oncle.

Avant de se séparer, on se promit le plus grand secret sur l’aventure : ce fut là la première pensée de ma mère, qui craignait que ma valeur une fois connue ne vint à tenter la cupidité de méchantes gens. J’étais, du reste, un enfant comme tous les autres, mangeant ou plutôt buvant bien, avec cela très-précoce et porteur d’allures drôlettes à dérider le front le plus sévère. Crainte d’accident, ma mère voulut me nourrir elle-même ! Je grandis donc dans notre vieille maison de la rue des Tanneurs, ne mettant presque jamais le nez dehors, toujours caressé, choyé, surveillé, talonné, n’osant faire un pas à moi seul de peur d’abîmer ma précieuse personne, et regardant tristement à travers les vitres mes petits voisins jouer aux osselets dans la rue et cabrioler à leur aise dans les ruisseaux. Comme vous pensez, on se garda bien de m’envoyer à l’école ; mon père fit venir à grands frais des maîtres à la maison, et j’acquis en peu de temps une instruction présentable. J’avouerai même que j’étais doué d’une intelligence qui surprenait les gens, et dont mes parents et moi nous avions seuls le secret. Qui n’eût été intelligent avec une cervelle riche comme la mienne ? Un jour ne se passait pas sans que chez nous on ne bénît le Ciel d’avoir fait un miracle en ma faveur et d’avoir honoré un enfant prodige l’humble demeure du greffier.

Ah ! faveur maudite ! exécrable présent ! ne pouviez-vous donc tomber sur la maison d’en face ?

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(version révisée de 1869 sous le titre "La légende de l'homme à la cervelle d'or")

à la dame qui demande des histoires gaies.

En lisant votre lettre, madame, j’ai eu comme un remords. Je m’en suis voulu de la couleur un peu trop demi-deuil de mes historiettes, et je m’étais promis de vous offrir aujourd’hui quelque chose de joyeux, de follement joyeux.

Pourquoi serais-je triste, après tout ? Je vis à mille lieues des brouillards parisiens, sur une colline lumineuse, dans le pays des tambourins et du vin muscat. Autour de chez moi tout n’est que soleil et musique ; j’ai des orchestres de culs-blancs, des orphéons de mésanges ; le matin, les courlis qui font : « Coureli ! coureli ! » à midi, les cigales, puis les pâtres qui jouent du fifre, et les belles filles brunes qu’on entend rire dans les vignes… En vérité, l’endroit est mal choisi pour broyer du noir ; je devrais plutôt expédier aux dames des poèmes couleur de rose et des pleins paniers de contes galants.

Eh bien, non ! je suis encore trop près de Paris. Tous les jours, jusque dans mes pins, il m’envoie les éclaboussures de ses tristesses… À l’heure même où j’écris ces lignes, je viens d’apprendre la mort misérable du pauvre Charles Barbara ; et mon moulin en est tout en deuil. Adieu les courlis et les cigales ! Je n’ai plus le cœur à rien de gai… Voilà pourquoi, madame, au lieu du joli conte badin que je m’étais promis de vous faire, vous n’aurez encore aujourd’hui qu’une légende mélancolique.

Il était une fois un homme qui avait une cervelle d’or ; oui, madame, une cervelle toute en or. Lorsqu’il vint au monde, les médecins pensaient que cet enfant ne vivrait pas, tant sa tête était lourde et son crâne démesuré. Il vécut cependant et grandit au soleil comme un beau plant d’olivier ; seulement sa grosse tête l’entraînait toujours, et c’était pitié de le voir se cogner à tous les meubles en marchant… Il tombait souvent. Un jour, il roula du haut d’un perron et vint donner du front contre un degré de marbre, où son crâne sonna comme un lingot. On le crut mort ; mais, en le relevant, on ne lui trouva qu’une légère blessure, avec deux ou trois gouttelettes d’or caillées dans ses cheveux blonds. C’est ainsi que les parents apprirent que l’enfant avait une cervelle en or.

La chose fut tenue secrète ; le pauvre petit lui-même ne se douta de rien. De temps en temps, il demandait pourquoi on ne le laissait plus courir devant la porte avec les garçonnets de la rue.

— On vous volerait, mon beau trésor ! lui répondait sa mère…

Alors le petit avait grand’peur d’être volé ; il retournait jouer tout seul, sans rien dire, et se trimbalait lourdement d’une salle à l’autre…

À dix-huit ans seulement, ses parents lui révélèrent le don monstrueux qu’il tenait du destin ; et, comme ils l’avaient élevé et nourri jusque-là, ils lui demandèrent en retour un peu de son or. L’enfant n’hésita pas ; sur l’heure même, — comment ? par quels moyens ? la légende ne l’a pas dit, — il s’arracha du crâne un morceau d’or massif, un morceau gros comme une noix, qu’il jeta fièrement sur les genoux de sa mère… Puis tout ébloui des richesses qu’il portait dans la tête, fou de désirs, ivre de sa puissance, il quitta la maison paternelle et s’en alla par le monde en gaspillant son trésor...

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ImageFeu vert livre / BD

La Famille Vourdalak (1852)

Noter que cette nouvelle a une suite ou une préquelle en français également intitulée le Rendez-vous dans trois cents ans.

Nouvelle inédite d’Alexis Tolstoï que je présume écrite en 1852 (« à l’âge de 24 ans ») en français dans le texte.
Traduction posthume en russe de Boleslav Markevich sous le titre Семья вурдалака (Sem'yá vurdaláka), publié dans The Russian Messenger en janvier 1884.
Publié pour la première fois en 1913 dans Le poète Tolstoï par André Lirondelle, réédité en 1950 dans Revue des études slaves, 1950 (p. 14-33).
Retraduit du russe au français par G. Barbizan & B. Escassut en 1946 chez MARECHAL FR,
Retraduction réédité en 2022 chez LINGUA dans une traduction révisée par Patrice Lajoye & Viktoriya Lajoye ;
Retraduit du russe vers le français par Paul Lequesne en juin 1993 pour les éditions L’ÂGE D’HOMME.
Compilé aux éditions SIRIUS FR Frissons 3 en décembre 2011.

Cette nouvelle a été adapté au cinéma sous les titres Black Sabbath 1963, The Night of the Devils 1972 et Le Vourdalak 2023

De Alexis Tolstoï.

Pour adultes et adolescents.

(épouvante fantastique, presse) Le marquis d'Urfé, jeune diplomate français, se retrouve dans un petit village serbe, dans la maison d'un vieux paysan nommé Gorcha. L'hôte est absent : il a quitté la maison il y a dix jours avec d'autres hommes pour chasser un Turc hors-la-loi, Alibek. En partant, il a dit à ses fils, Georges et Pierre, qu'ils devaient l'attendre dix jours pile et, s'il arrivait une minute plus tard, le tuer en lui enfonçant un pieu dans le cœur car alors ce ne serait plus un homme mais un vourdalak (un vampire).

Le jour où le marquis arrive au village est le dixième jour de l'absence de Gorcha. La famille attend l'heure avec une anxiété croissante et le voilà qui apparaît sur la route à 8 heures du soir…

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La famille du Vourdalak

Fragment inédit des mémoires d’un inconnu.

 

L’année 1815 avait réuni à Vienne tout ce qu’il y avait de plus distingué en fait d’éruditions européennes, d’esprits de société brillants et de hautes capacités diplomatiques. Cependant, le Congrès était terminé.

Les émigrés royalistes se préparaient à rentrer définitivement dans leurs châteaux, les guerriers russes à revoir leurs foyers abandonnés et quelques Polonais mécontents à porter à Cracovie leur amour de la liberté pour l’y abriter sous la triple et douteuse indépendance que leur avaient ménagée le prince de Metternich, le prince de Hardenberg et le comte de Nesselrode.

Semblable à la fin d’un bal animé, la réunion, naguère si bruyante, s’était réduite à un petit nombre de personnes disposées au plaisir, qui, fascinées par les charmes des dames autrichiennes, tardaient à plier bagage et différaient leur départ.

Cette joyeuse société, dont je faisais partie, se rencontrait deux fois par semaine dans le château de Mme la princesse douairière de Schwarzenberg, à quelques milles de la ville, au-delà d’un petit bourg nommé Hitzing. Les grandes manières de la maîtresse du lieu, relevées par sa gracieuse amabilité et la finesse de son esprit, rendaient le séjour de sa résidence extrêmement agréable.

Nos matinées étaient consacrées à la promenade ; nous dînions tous ensemble, soit au château, soit dans les environs, et le soir, assis près d’un bon feu de cheminée, nous nous amusions à causer et à raconter des histoires. Il était sévèrement interdit de parler politique. Tout le monde en avait eu assez, et nos récits étaient empruntés soit aux légendes de nos pays respectifs, soit à nos propres souvenirs.

Un soir, lorsque chacun eut conté quelque chose et que nos esprits se trouvaient dans cet état de tension qu’augmentent ordinairement l’obscurité et le silence, le marquis d’Urfé, vieil émigré que nous aimions tous à cause de sa gaieté toute juvénile et de la manière piquante dont il parlait de ses anciennes bonnes fortunes, profita d’un moment de silence et prit la parole :

– Vos histoires, messieurs, nous dit-il, sont bien étonnantes sans doute, mais il m’est avis qu’il leur manque un point essentiel, je veux dire celui de l’authenticité, car je ne sache pas qu’aucun de vous ait vu de ses propres yeux les choses merveilleuses qu’il vient de narrer, ni qu’il en puisse affirmer la vérité sur sa parole de gentilhomme.

Nous fûmes obligés d’en convenir et le vieillard continua, en se caressant le jabot :

– Quant à moi, messieurs, je ne sais qu’une seule aventure de ce genre, mais elle est à la fois si étrange, si horrible et si vraie, qu’elle suffirait à elle seule pour frapper d’épouvante l’imagination des plus incrédules. J’en ai été malheureusement témoin et acteur en même temps, et quoique, d’ordinaire, je n’aime pas à m’en souvenir, je vous en ferai cette fois volontiers le récit dans le cas que ces dames veuillent bien me le permettre...

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