Fantomas, le serial de 1913Feu vert cinéma

Sorti en France à partir du 9 mai 1913.
Sorti en blu-ray américain le 5 janvier 2016 (région A, version française, sous-titres anglais optionnels)

De Louis Feuillade (également scénariste) ; adapté du roman de Marcel Allain et Louis Feuillade ; avec René Navarre, Edmund Breon, Georges Melchior, Renée Carl, Jane Faber, André Volbert, Naudier.
 
Pour adultes et adolescents.

Alors que tout Paris est horrifié par les crimes du cambrioleur-assassin Fantomas et de sa bande, le commissaire Juve et le journaliste Fandor tentent de l'arrêter, alors que les cadavres et les morts grotesques s'accumulent.

Fantomas, le serial de 1913
 
Fantomas, le serial de 1913
 
Fantomas, le serial de 1913
 
Fantomas, le serial de 1913
 
Fantomas, le serial de 1913
 
Fantomas, le serial de 1913

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Première saison (1913 - 13 épisodes)

Fantomas S01E01-03: A l'ombre de la guillotine.
Fantomas S01E04-07: Juve contre Fantômas
Fantomas S01E08-13 : Le Mort Qui Tue

***

Seconde saison (1914 - 9 épisodes)

Fantomas S02E01-04: Fantômas contre Fantômas
Fantomas S02E05-09: Le Faux Magistrat

***

Le péril bleu, le roman de 1910 Feu vert livre / BD

Le péril bleu (1910)

Noter que ce roman est désormais dans le domaine public.

Sorti en France en 1910.

De Maurice Renard.

Résumé à venir.

Le péril bleu, le roman de 1910 Le péril bleu, le roman de 1910

Le péril bleu, le roman de 1910 Le péril bleu, le roman de 1910

Le péril bleu, le roman de 1910  Le péril bleu, le roman de 1910

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(texte original)

Il y a six mois - c'était exactement le lundi 16 juin 1913 à neuf heures du matin -, je vis entrer dans mon studio la jeune chambrière qui me servait alors. Comme je venais d'entamer un travail passionnant et que la consigne était de me laisser tranquille, les paroles qui montèrent à mes lèvres furent trois ou quatre blasphèmes de choix. Mais la feuille n'en eut point souci et continua d'avancer. Elle portait sur un plateau de laque une carte de visite, et sa figure exultait d'un triomphe si éclatant qu'elle avait l'air de mimer, avec des accessoires de fortune, la célèbre chorégraphie où Salomé promène sur un plateau d'argent la tête d'Iokanaan.

Je l'apostrophais sans bienveillance:

- Qu'est-ce qui vous prend ? C'est la carte du Père éternel que vous trimbalez ? Donnez. Ah! mon Dieu! Pas possible ?!... Faites entrer! presto! presto!

J'avais lu le nom, la qualité et l'adresse de l'homme illustre parmi les plus illustres, l'homme de 1912, l'homme du Péril bleu:

JEAN LE TELLIER
Directeur de l'Observatoire
202, boulevard Saint-Germain

***

Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.

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Little Nemo In Slumberland, la bande dessinée de 1905Feu vert livre / BD

Little Nemo In Slumberland (1905)
Titre alternatif : In the Land of Wonderful Dreams (dans le pays des rêves merveilleux).

Cette bande dessinée appartient au domaine public. Une sélection de planche est disponible en ligne sur le site de Gallica.

Publiée à partir du 15 octobre 1905 jusqu’au 23 juillet 1911 dans le supplément du dimanche du New York Herald, puis dans le supplément du New York American du 3 septembre 1911 jusqu’au 9 janvier 1927.
Traduit en français Pierre Horay en 1969 pour la période 1905-1910.
Intégrale français volumes 1 à 5 non restaurée chez Milan à partir de 1989, sixième tome édité aux USA.
Partiellement traduite et restaurée chez Delcourt en deux volumes.
Traduit par Théodore Lillo et restauré en trois volumes aux éditions Conspiration le 15 avril 2021 ;
Traduit par Moira Kaplan et restauré par Daniel Guerrier aux éditions Spot (deux volumes parus) le 25 novembre 2021.
Edition uk / fr / de intégrale non restaurée du 17 août 2022 aux éditions Evergreen.

De Winsor McCay (dessin et scénario),

Pour adultes et adolescents.

(Fantasy onirique horrifique) Petit Némo rêve chaque nuit qu’il est invité à explorer le pays des rêves, puis Mars et le monde entier, mais à chaque fois que le voyage devient trop mouvementé, il tombe de son lit et se réveille.

*

Les vignettes de Winsor McCay pour le New-York Herald en 1905, couleurs originales approchées en respectant la balance des blancs et en éliminant pour les fonds tâches, virages et couleur du papier, balance des noirs, chairs les plus naturelles possibles. Notez bien que cette restauration rapide n’est qu’approximative, que le format original n’est pas respecté et que les vignettes sont réarrangées.

Little Nemo In Slumberland, la bande dessinée de 1905Little Nemo In Slumberland, la bande dessinée de 1905Little Nemo In Slumberland, la bande dessinée de 1905Little Nemo In Slumberland, la bande dessinée de 1905Little Nemo In Slumberland, la bande dessinée de 1905Little Nemo In Slumberland, la bande dessinée de 1905

*

Le texte original de Winsor McCay pour le New-York Herald en 1905,

LITTLE NEMO IN SLUMBERLAND
— HIS MAJESTY REQUESTS THE PRESENCE OF LITTLE NEMO.


1
LITTLE NEMO HAD JUST FALLEN ASLEEP WHEN AN OOMP APPEARED WHO SAID “YOU ARE REQUESTED TO APPEAR BEFORE HIS MAJESTY MORPHEUS OF SLUMBERLAND, AND I’VE BROUGHT A LITTLE SPOTTED NIGHT HORSE FOR YOU TO RIDE, BUT YOU MUSTN’T WHIP HIM OR DRIVE HIME FAST. DO YOU HEAR ?

2
HIS NAME IS SOMNUS AND HE’S AS GENTLE AS CAN BE.”
NEMO WAS SURPRISED AS WELL AS DELIGHTED TO RECEIVE THE KING’S INVITATION. SO HE SCRAMBLED OUT OF BED AND MOUNTED THE PRANCING PONY WHICH NOW APPEARED.

3
“SLUMBELAND IS THE MOST WONDERFUL PLACE IN THE SKY, YOU MUSTN’T MISS A SINGLE THING. SEE IT ALL! SLUMBERLAND IS A LONG WAY OFF THROUGH MANY MILES OF WEIRD SCENES” SAID OOMP. “BUT BE GOOD TO YOUR HORSE AND YOU WILL ARRIVE THERE SAFE AND SOUND.”

4
AFTER TRAVELING SOME THOUSANDS OF MILES HE MET THE OOMP IN DISGUISE WHO CAUTIONED HIM AGAIN TO BE CAREFUL ABOUT SPEEDING HIS FAITHFUL MOUNT : “GRACIOUS! WHAT IS THAT ? — BE KIND TO HIM, I WARN YOU.”

5
NEMO OBEYED UNTIL HE CAME UP WITH A GREEN KANGAROO WHO CHALLENGED HIM TO A RACE : “I’LL RACE YOU TO MOONTOWN, WHAT DO YOU SAY ?” HE ACCEPTED BECAUSE HE THOUGHT IT WOULD BE SO EASY TO WIN WITH SOMNIUS.

6
WHEN HE FOUND THE RACE WAS TO BE A FREE-FOR-ALL HURDLE RACE WITH ALL MANNER OF STRANGE LOOKING CREATURE ALSO CONTESTING, HE PROCEEDED TO WITHDRAW FROM IT.

7
NOT SO WITH SOMNUS, HER SPUNK WAS UP, NEMO FOUND HER BEYOND HIS CONTROL AND RUNNING AWAY. TRY AS HE MIGHT NEMO COULD NOT HOLD HER BACK.

8
THEY FAIRLY FLEW THOUGH THE SKY UNTIL SOMNUS STUMBLED ON A STAR. NEMO CLUTCHED AT THE SADDLE BUT COULD NOT HOLD FAST, SO OVER HE WENT.

9
DOWN DOWN DOWN HE SHOT THOUGH MILES AND MILES OF SPACE : “I WONDER WHAT THE OOMP WILL SAY, OH!”

10
OVER AND OVER HE TURNED IN HIS DESCENT CAUSING INTENSE ANGUISH…

11
AND BECOMING SO DIZZY THAT HE THOUGHT HE WAS GOING TO DIE HE BEGAN TO SCREAM : “OH PAPA, OH MAMA!”.

12
WHEN HE AWOKE.

*

La traduction au plus proche.

PETIT NEMO EN SOMLENTERRE
— SA MAJESTE REQUIERT LA PRESENCE DE PETIT NEMO.


1
PETIT NEMO VENAIT JUSTE DE S’ENDORMIR QUAND UN OOMP APPARUT, QUI DISAIT « VOUS ETES REQUIS D'APPARAÎTRE DEVANT SA MAJESTE MORPHEE DE SOMLENTERRE, ET JE VOUS AI AMENÉ UN PETIT CHEVAL DE NUIT TACHETÉ POUR QUE VOUS LE MONTIEZ, MAIS VOUS NE DEVEZ PAS LE FOUETTER OU LE FAIRE GALOPER. VOUS M’ENTENDEZ ?

2
SON NOM EST SOMNE ET IL EST AUSSI GENTIL QU’ON PUISSE ETRE. » NEMO ÉTAIT SURPRIS AUSSI BIEN QU’ENCHANTE DE RECEVOIR L’INVITATION DU ROI. ALORS IL SE TORTILLA HORS DU LIT ET GRIMPA SUR LE PONEY IMPATIENT QUI VENAIT D'APPARAÎTRE.

3
“SOMLENTERRE EST LE PLUS MERVEILLEUX ENDROIT AU CIEL, VOUS NE DEVEZ PAS EN RATER UNE MIETTE. VOYEZ TOUT ! MAIS SOMLENTERRE EST AU BOUT D’UNE LONGUE ROUTE A TRAVERS DE NOMBREUX MILLES DE PAYSAGES ETRANGES, DISAIT OOMP. SOYEZ BON AVEC VOTRE CHEVAL ET VOUS ARRIVEREZ LA-BAS SAIN ET SAUF. »

4
APRES AVOIR PARCOURU QUELQUES MILLIERS DE MILLES, IL RENCONTRA L’OOMP DEGUISE QUI LE CONSEILLAIT A NOUVEAU D’ETRE PRUDENT QUANT A FAIRE GALOPER SON FIDELE DESTRIER: « BONTE DIVINE ! QU’EST-CE QUE C’EST QUE ÇA ? — SOYEZ GENTIL AVEC LUI, JE VOUS AURAIS AVERTI ! »

5
NEMO SUIVIT LE CONSEIL JUSQU’A CE QU’IL RATTRAPE UN KANGOUROU VERT QUI LE DEFIA DE GAGNER UNE COURSE: “FAISONS LA COURSE JUSQU’A LUNEVILLE, QU’EN DITES-VOUS ? » IL ACCEPTA PARCE QU’IL PENSAIT QUE CE SERAIT TRÈS FACILE DE GAGNER AVEC SOMNE.

6
QUAND IL DECOUVRIT QUE LA COURSE DEVAIT ÊTRE UNE COURSE D’OBSTACLE OUVERTE A TOUTES SORTES DE CREATURES D’ALLURE BIZARRE QUI VOULAIENT TOUTES GAGNER, IL S’EFFORÇA DE S’EN RETIRER.

7
MAIS SOMNE N’ETAIT PAS DE CET AVIS, TOUJOURS PLUS EXCITE : NEMO SE RETROUVAIT AVEC UNE MONTURE HORS DE SON CONTROLE ET GALOPANT TOUJOURS PLUS LOIN. NEMO ESSAYAIT AUTANT QU’IL LE POUVAIT MAIS IL NE PARVENAIT PAS A LA RETENIR.

8
ILS VOLERENT JOLIMENT A TRAVERS LE CIEL JUSQU’A CE QUE SOMNE TREBUCHE SUR UNE ETOILE. NEMO SE CRAMPONNA A LA SELLE, MAIS NE PUT SE RETENIR ASSEZ FERMEMENT, ALORS IL PARTIT TÊTE LA PREMIERE.

9
EN CHUTE LIBRE ET EN PIQUE IL FILA DÉVALANT DES MILLES ET DES MILLES D’ESPACE : « JE ME DEMANDE CE QUE LE OOMP VA DIRE, OH ! »

10
CUL PAR-DESSUS TÊTE IL BASCULA ENCORE ET ENCORE TOUT LE LONG DE SA CHUTE, PAR CELA TRÈS ANGOISSE...

11
COMME IL COMMENÇAIT A AVOIR LE VERTIGE, IL PENSA QU’IL ALLAIT MOURIR ALORS IL SE MIT A CRIER : “OH PAPA, OH MAMAN! »

12
ALORS IL SE RÉVEILLA.

*

Little Nemo In Slumberland, la bande dessinée de 1905

La traduction Accord de 1989 pour l’éditeur MILAN.

LITTLE NEMO IN SLUMBERLAND
— SA MAJESTE DEMANDE LITTLE NEMO.

1
LITTLE NEMO VENAIT JUSTE DE S’ENDORMIR QUAND OOMP APPARUT : « SA MAJESTE MORPHEE, ROI DE SLUMBERLAND, VOUS DEMANDE. VOICI UN PETIT CHEVAL DE LA NUIT QUI VOUS Y CONDUIRA. IL NE FAUT NI LE FOUETTER NI LE PRESSER, COMPRIS ?

2
IL S’APPELLE SOMNUS ET IL EST ON NE PEUT PLUS DOUX. » ETONNE ET RAVI DE CETTE INVITATION, NEMO SAUTA DU LIT ET ENFOURCHA LE PONEY QUI VENAIT D’ENTRER EN CARACOLANT.

3
« SLUMBERLAND EST TRES LOIN AU-DELÀ DE MYSTERIEUSES CONTREES », LUI DIT OOMP. « SOYEZ GENTIL AVEC VOTRE CHEVAL ET VOUS ARRIVEREZ SAIN ET SAUF. SLUMBERLAND EST LA REGION LA PLUS MERVEILLEUSE DU CIEL. NE MANQUEZ PAS ÇA, C’EST A VOIR. »

4
APRES PLUSIEURS MILLIERS DE KILOMETRES, IL RENCONTRA OOMP, DEGUISE, QUI LUI RECOMMANDA ENCORE DE NE PAS PRESSER SA MONTURE : « ÇA ALORS ! QU’EST-CE QUE C’EST ? — SOYEZ GENTIL AVEC LUI, HEIN ! »

5
NEMO OBEIT, MAIS IL RENCONTRA BIENTÔ UN KANGOUROU VERT QUI LE DEFIA à LA COURSE : « LE PREMIER SUR LA LUNE ! D’ACCORD ? » IL ACCEPTA, CERTAIN DE GAGNER FACILEMENT.

6
MAIS QUAND IL VIT QUE LA COURSE ETAIT OUVERTE A TOUTES SORTES D’ETRANGES CREATURES, IL VOULUT S’EN RETIRER.

7
MAIS SOMNUS, EMBALLE, NE L’ENTENDAIT PAS AINSI ET ECHAPPA AU CONTRÔLE DE NEMO QUI NE POUVAIT PLUS RIEN FAIRE POUR LE RETENIR.

8
ILS VOLAIENT A TRAVERS LE CIEL QUAND SOMNIUS TREBUCHA SUR UNE ETOILE. NEMO A BEAU SE CRAMPONNER A LA SELLE, IL EST DÉSARÇONNÉ.

9
IL TOMBE, TOMBE, TOMBE, A TRAVERS DES KILOMETRES DE VIDE : « QUE VA DIRE OOMP ? »

10
IL DEGRINGOLE EN TOURNANT DANS TOUS LES SENS, PLEIN D’ANGOISSE...

11
PRIS D’UN TEL VERTIGE QU’IL A PEUR DE MOURIR ET SE MET A CRIER… « PAPA ! MAMAN ! »

12
ET S’EVEILLE. 

*

Little Nemo In Slumberland, la bande dessinée de 1905

La traduction de Moira Kaplan du 25 novembre 2021 pour les éditions SPOT FR.

1
NEMO VIENT DE S’ENDORMIR LORSQU’UN OUMP APPARAÎT ET LUI DIT : « SA MAJESTE MORPHEE DU ROYAUME DU SOMMEIL TE FAIT PRIER DE PARAÎTRE DEVANT LUI. ET J’AI POUR T’Y MENER UNE PETITE CAVALE DE LA NUIT, MAIS IL NE FAUDRA PAS LA CRAVACHER NI GALOPER TROP VITE AVEC ELLE. TU AS COMPRIS ? »

2
STUPEFAIT ET RAVI DE L’INVITATION DU ROI, NEMO SAUTE DU LIT ET ENFOURCHE LA FRINGANTE PONETTE QUI VIENT D’APPARAITRE. « SON NOM EST SOMNUS ET IL N’Y A PAS PLUS DOUX QU’ELLE. »

3
« LE ROYAUME DU SOMMEIL EST A D’INNOMBRABLES KILOMETRES, IL FAUT D’ABORD TRAVERSER D’ETRANGES ZONES », POURSUIT LE OUMP, » MAIS SOIS GENTIL AVEC TA CAVALE, ET TU Y PARVIENDRAS SAIN ET SAUF. LE ROYAUME DU SOMMEIL EST L’ENDROIT LE PLUS MERVEILLEUX DU CIEL. NE MANQUE RIEN SURTOUT, VISITE TOUT ! »

4
AYANT PARCOURU PLUSIEURS MILLIERS DE KILOMETRES, IL RETROUVE LE OUMP METAMORPHOSE QUI LUI RAPPELLE DE NE PAS PRESSER SA FIDELE MONTURE. « MON DIEU ! QU’EST-CE QUE C’EST QUE ÇA ? » « DOUCEMENT AVEC ELLE, JE TE PREVIENS. »

5
NEMO OBEIT, MAIS VOILA QU’IL RATTRAPE UN KANGOUROU BLEU QUI LUI PROPOSE DE FAIRE LA COURSE. IL ACCEPTE PARCE QU’IL CROIT QU’IL SERA FACILE DE GAGNER AVEC SOMNUS. « ON FAIT LA COURSE JUSQU’A LA CITE DE LA LUNE ? »

6
MAIS QUAND IL COMPREND QUE C’EST UNE COURSE D’OBSTACLES EFFRENEE ENTRE TOUTES SORTES DE CREATURES BIZARRES, IL TENTE DE S’EN RETIRER.

***

Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à cette bande-dessinée.

***

Dracula, le roman de 1897 de Bram StockerFeu vert livre / BD

Dracula (1897)

Sorti le 26 mai 1897 en Angleterre chez ARCHIBALD CONSTABLE AND COMPANY (Londres).
De très nombreuses fois traduit et réédité.

De Bram Stoker.

Pour adultes et adolescents.

(roman épistolaire d’épouvante fantastique gothique) Jonathan Harker, un avocat anglais nouvellement diplômé, rend visite au comte Dracula dans son château des Carpates pour l'aider à acheter une maison près de Londres... Pendant ce temps, à Whitby, Lucy Westenra décrit dans une lettre à sa meilleure amie, Mina Murray, la fiancée de Jonathan Harker, les demandes en mariage du Dr John Seward, de Quincey Morris et d'Arthur Holmwood. Lucy accepte celle de Holmwood, mais tous restent amis. Mina rejoint Lucy en vacances à Whitby. Lucy commence à faire du somnambulisme.

***

Le texte original de Bram Stoker de 1897
(domaine public)

Whitby

9 August.—The sequel to the strange arrival of the derelict in the storm last night is almost more startling than the thing itself. It turns out that the schooner is a Russian from Varna, and is called the Demeter. She is almost entirely in ballast of silver sand, with only a small amount of cargo—a number of great wooden boxes filled with mould. This cargo was consigned to a Whitby solicitor, Mr. S. F. Billington, of 7, The Crescent, who this morning went aboard and formally took possession of the goods consigned to him. The Russian consul, too, acting for the charter-party, took formal possession of the ship, and paid all harbour dues, etc. Nothing is talked about here to-day except the strange coincidence; the officials of the Board of Trade have been most exacting in seeing that every compliance has been made with existing regulations. As the matter is to be a “nine days’ wonder,” they are evidently determined that there shall be no cause of after complaint. A good deal of interest was abroad concerning the dog which landed when the ship struck, and more than a few of the members of the S. P. C. A., which is very strong in Whitby, have tried to befriend the animal. To the general disappointment, however, it was not to be found; it seems to have disappeared entirely from the town. It may be that it was frightened and made its way on to the moors, where it is still hiding in terror. There are some who look with dread on such a possibility, lest later on it should in itself become a danger, for it is evidently a fierce brute. Early this morning a large dog, a half-bred mastiff belonging to a coal merchant close to Tate Hill Pier, was found dead in the roadway opposite to its master’s yard. It had been fighting, and manifestly had had a savage opponent, for its throat was torn away, and its belly was slit open as if with a savage claw.

Later.—By the kindness of the Board of Trade inspector, I have been permitted to look over the log-book of the Demeter, which was in order up to within three days, but contained nothing of special interest except as to facts of missing men. The greatest interest, however, is with regard to the paper found in the bottle, which was to-day produced at the inquest; and a more strange narrative than the two between them unfold it has not been my lot to come across. As there is no motive for concealment, I am permitted to use them, and accordingly send you a rescript, simply omitting technical details of seamanship and supercargo. It almost seems as though the captain had been seized with some kind of mania before he had got well into blue water, and that this had developed persistently throughout the voyage. Of course my statement must be taken cum grano, since I am writing from the dictation of a clerk of the Russian consul, who kindly translated for me, time being short.

LOG OF THE “DEMETER.”
Varna to Whitby.

Written 18 July, things so strange happening, that I shall keep accurate note henceforth till we land.

On 6 July we finished taking in cargo, silver sand and boxes of earth. At noon set sail. East wind, fresh. Crew, five hands ... two mates, cook, and myself (captain).

On 11 July at dawn entered Bosphorus. Boarded by Turkish Customs officers. Backsheesh. All correct. Under way at 4 p. m.

On 12 July through Dardanelles. More Customs officers and flagboat of guarding squadron. Backsheesh again. Work of officers thorough, but quick. Want us off soon. At dark passed into Archipelago.

On 13 July passed Cape Matapan. Crew dissatisfied about something. Seemed scared, but would not speak out.

On 14 July was somewhat anxious about crew. Men all steady fellows, who sailed with me before. Mate could not make out what was wrong; they only told him there was something, and crossed themselves. Mate lost temper with one of them that day and struck him. Expected fierce quarrel, but all was quiet.

On 16 July mate reported in the morning that one of crew, Petrofsky, was missing. Could not account for it. Took larboard watch eight bells last night; was relieved by Abramoff, but did not go to bunk. Men more downcast than ever. All said they expected something of the kind, but would not say more than there was something aboard. Mate getting very impatient with them; feared some trouble ahead.

On 17 July, yesterday, one of the men, Olgaren, came to my cabin, and in an awestruck way confided to me that he thought there was a strange man aboard the ship. He said that in his watch he had been sheltering behind the deck-house, as there was a rain-storm, when he saw a tall, thin man, who was not like any of the crew, come up the companion-way, and go along the deck forward, and disappear. He followed cautiously, but when he got to bows found no one, and the hatchways were all closed. He was in a panic of superstitious fear, and I am afraid the panic may spread. To allay it, I shall to-day search entire ship carefully from stem to stern.

Later in the day I got together the whole crew, and told them, as they evidently thought there was some one in the ship, we would search from stem to stern. First mate angry; said it was folly, and to yield to such foolish ideas would demoralise the men; said he would engage to keep them out of trouble with a handspike. I let him take the helm, while the rest began thorough search, all keeping abreast, with lanterns: we left no corner unsearched. As there were only the big wooden boxes, there were no odd corners where a man could hide. Men much relieved when search over, and went back to work cheerfully. First mate scowled, but said nothing.

22 July.—Rough weather last three days, and all hands busy with sails—no time to be frightened. Men seem to have forgotten their dread. Mate cheerful again, and all on good terms. Praised men for work in bad weather. Passed Gibralter and out through Straits. All well.

24 July.—There seems some doom over this ship. Already a hand short, and entering on the Bay of Biscay with wild weather ahead, and yet last night another man lost—disappeared. Like the first, he came off his watch and was not seen again. Men all in a panic of fear; sent a round robin, asking to have double watch, as they fear to be alone. Mate angry. Fear there will be some trouble, as either he or the men will do some violence.

28 July.—Four days in hell, knocking about in a sort of maelstrom, and the wind a tempest. No sleep for any one. Men all worn out. Hardly know how to set a watch, since no one fit to go on. Second mate volunteered to steer and watch, and let men snatch a few hours’ sleep. Wind abating; seas still terrific, but feel them less, as ship is steadier.

29 July.—Another tragedy. Had single watch to-night, as crew too tired to double. When morning watch came on deck could find no one except steersman. Raised outcry, and all came on deck. Thorough search, but no one found. Are now without second mate, and crew in a panic. Mate and I agreed to go armed henceforth and wait for any sign of cause.

30 July.—Last night. Rejoiced we are nearing England. Weather fine, all sails set. Retired worn out; slept soundly; awaked by mate telling me that both man of watch and steersman missing. Only self and mate and two hands left to work ship.

1 August.—Two days of fog, and not a sail sighted. Had hoped when in the English Channel to be able to signal for help or get in somewhere. Not having power to work sails, have to run before wind. Dare not lower, as could not raise them again. We seem to be drifting to some terrible doom. Mate now more demoralised than either of men. His stronger nature seems to have worked inwardly against himself. Men are beyond fear, working stolidly and patiently, with minds made up to worst. They are Russian, he Roumanian.

2 August, midnight.—Woke up from few minutes’ sleep by hearing a cry, seemingly outside my port. Could see nothing in fog. Rushed on deck, and ran against mate. Tells me heard cry and ran, but no sign of man on watch. One more gone. Lord, help us! Mate says we must be past Straits of Dover, as in a moment of fog lifting he saw North Foreland, just as he heard the man cry out. If so we are now off in the North Sea, and only God can guide us in the fog, which seems to move with us; and God seems to have deserted us.

3 August.—At midnight I went to relieve the man at the wheel, and when I got to it found no one there. The wind was steady, and as we ran before it there was no yawing. I dared not leave it, so shouted for the mate. After a few seconds he rushed up on deck in his flannels. He looked wild-eyed and haggard, and I greatly fear his reason has given way. He came close to me and whispered hoarsely, with his mouth to my ear, as though fearing the very air might hear: “It is here; I know it, now. On the watch last night I saw It, like a man, tall and thin, and ghastly pale. It was in the bows, and looking out. I crept behind It, and gave It my knife; but the knife went through It, empty as the air.” And as he spoke he took his knife and drove it savagely into space. Then he went on: “But It is here, and I’ll find It. It is in the hold, perhaps in one of those boxes. I’ll unscrew them one by one and see. You work the helm.” And, with a warning look and his finger on his lip, he went below. There was springing up a choppy wind, and I could not leave the helm. I saw him come out on deck again with a tool-chest and a lantern, and go down the forward hatchway. He is mad, stark, raving mad, and it’s no use my trying to stop him. He can’t hurt those big boxes: they are invoiced as “clay,” and to pull them about is as harmless a thing as he can do. So here I stay, and mind the helm, and write these notes. I can only trust in God and wait till the fog clears. Then, if I can’t steer to any harbour with the wind that is, I shall cut down sails and lie by, and signal for help....

It is nearly all over now. Just as I was beginning to hope that the mate would come out calmer—for I heard him knocking away at something in the hold, and work is good for him—there came up the hatchway a sudden, startled scream, which made my blood run cold, and up on the deck he came as if shot from a gun—a raging madman, with his eyes rolling and his face convulsed with fear. “Save me! save me!” he cried, and then looked round on the blanket of fog. His horror turned to despair, and in a steady voice he said: “You had better come too, captain, before it is too late. He is there. I know the secret now. The sea will save me from Him, and it is all that is left!” Before I could say a word, or move forward to seize him, he sprang on the bulwark and deliberately threw himself into the sea. I suppose I know the secret too, now. It was this madman who had got rid of the men one by one, and now he has followed them himself. God help me! How am I to account for all these horrors when I get to port? When I get to port! Will that ever be?

4 August.—Still fog, which the sunrise cannot pierce. I know there is sunrise because I am a sailor, why else I know not. I dared not go below, I dared not leave the helm; so here all night I stayed, and in the dimness of the night I saw It—Him! God forgive me, but the mate was right to jump overboard. It was better to die like a man; to die like a sailor in blue water no man can object. But I am captain, and I must not leave my ship. But I shall baffle this fiend or monster, for I shall tie my hands to the wheel when my strength begins to fail, and along with them I shall tie that which He—It!—dare not touch; and then, come good wind or foul, I shall save my soul, and my honour as a captain. I am growing weaker, and the night is coming on. If He can look me in the face again, I may not have time to act.... If we are wrecked, mayhap this bottle may be found, and those who find it may understand; if not, ... well, then all men shall know that I have been true to my trust. God and the Blessed Virgin and the saints help a poor ignorant soul trying to do his duty....

Of course the verdict was an open one. There is no evidence to adduce; and whether or not the man himself committed the murders there is now none to say. The folk here hold almost universally that the captain is simply a hero, and he is to be given a public funeral. Already it is arranged that his body is to be taken with a train of boats up the Esk for a piece and then brought back to Tate Hill Pier and up the abbey steps; for he is to be buried in the churchyard on the cliff. The owners of more than a hundred boats have already given in their names as wishing to follow him to the grave.

No trace has ever been found of the great dog; at which there is much mourning, for, with public opinion in its present state, he would, I believe, be adopted by the town. To-morrow will see the funeral; and so will end this one more “mystery of the sea.”

***

La traduction au plus proche

Whitby

9 août.— La suite de l’étrange arrivée de l’épave dans l’orage de la nuit dernière est presque plus choquante que la chose elle-même. Il s’avère que la goéellette est russe de Varna, et se nomme la Demeter. Elle est presque entièrement lestée de sable argenté, avec seulement une petite quantité de cargaison— un certain nombre de grandes caisses de bois remplie de terre battue. Cette cargaison était à remettre à un avocat d’affaire de Whitby, Mr. S. F. Billington, sis au 7, Le Croissant, qui ce matin monta à bord et prit formellement possession des marchandises à lui remettre. Le consul russe, également, représentant l’armateur, prit possession formelle du vaisseau, et paya pour tous les frais de mouillage, etc. (…).

JOURNAL DE BORD DE LA DEMETER.
De Varna à Whitby.

Ecrit le 18 juillet, des choses si étranges survenant, je me dois d’n prendre précisément note depuis ce jour jusqu’à ce que nous touchions terre.

Le 6 juillet, achevons de charger la cargaison, du sable argenté et des caisses de terre. A midi, faisons voile. Vent d’Est, frais. L’équipage, cinq membres… deux lieutenants, le cuisinier et moi-même (capitaine).

Le 11 juillet à l’aube, entrâmes dans le Bosphore. Abordé par deux officiers des douanes turcs. Bakchich. Tout en règle. Repartons vers 4 heures de l’a.m.

Le 12 juillet passons les Dardanelles. Encore des officiers des douanes et bateau battant pavillon d’une patrouille naval. Bakchich à nouveau. Travail des officiers sérieux mais rapide. Nous veulent repartis tôt. À la nuit, entrons dans la Mer Egée.

Le 13 juillet, passons le Cap Matapan. Equipage mécontent à propos de quelque chose. Semble effrayé, ne veut pas parler.

Le 14 juillet, suis quelque part anxieux à propos de l’équipage. Les hommes, tous des gars fiables, qui ont déjà navigué avec moi. Le lieutenant n’arrive pas à comprendre ce qui ne va pas ; ils lui ont seulement dit qu’il y avait quelque chose, et tous se sont signés. Mon second a perdu son sang froid avec l’un d’eux ce jour et l’a frappé. M’attendait à une querelle violente, mais tout est resté calme.

Le 16 juillet, le lieutenant rapporte ce matin qu’un des membres de l’équipage, Petrofsky, est manquant. Pas trouvé de raison. Avait pris le quart de huit heures la nuit dernière; fut relevé par Abramoff, mais n’est pas allé se coucher. Les hommes sont plus abattus que jamais. Tous ont dit qu’ils s’attendaient à quelque chose de ce genre, mais n’ont rien voulu dire de plus, sinon qu’il y avait quelque chose à bord. Mon second devient très impatient avec eux ; je crains des problèmes à venir.

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La traduction de 1920 de Ève et Lucie Paul-Margueritte
(domaine public)

Whitby, 9 août

Les conséquences de l’arrivée inattendue de ce bateau étranger, pendant la tempête de la nuit dernière, sont presque plus étonnantes que le fait lui-même. On sait à présent que ce petit bâtiment est russe, qu’il vient de Varna et qu’il s’appelle le Demeter. Il est presque entièrement lesté de sable, n’ayant qu’une cargaison peu importante — des caisses remplies de terreau — expédiée à l’adresse d’un solicitor de Whitby, Mr S.F. Billington, 7, The Crescent, qui, dès ce matin est venu à bord prendre réglementairement possession des marchandises qu’on lui envoyait. Le consul de Russie, de son côté, après avoir signé la charte-partie, prit officiellement possession du bateau et remplit toutes les autres formalités. À Whitby, aujourd’hui, on ne parle que de l’étrange événement. On s’intéresse aussi beaucoup au chien qui a sauté à terre dès que la goélette eut touché le rivage ; presque tous les membres de la S.P.C.A, qui est fort influente ici, auraient voulu se faire un ami de cette bête. Mais, au désappointement général, on ne l’a pas retrouvée. Peut-être le chien a-t-il été si effrayé qu’il s’est sauvé vers les landes, où il se cache encore. Certains redoutent cette éventualité et y voient un réel danger, car l’animal, disent-ils, est évidemment féroce. De bonne heure, ce matin, un grand chien, appartenant à un marchand de charbon qui habite près du port, a été trouvé mort sur la route, juste en face de la maison de son maître. Visiblement, il s’était battu contre un adversaire puissant et cruel, car il avait la gorge véritablement déchirée et le ventre ouvert comme par des griffes sauvages.

Quelques heures plus tard

L’inspecteur du ministère du Commerce a bien voulu me permettre d’ouvrir le journal de bord du Demeter, qui fut régulièrement tenu jusqu’à trois jours d’ici ; mais il ne contenait rien d’intéressant, hormis ce qui concerne les pertes humaines. En revanche, le rouleau de feuilles de papier trouvé dans la bouteille et que l’on a produit aujourd’hui à l’enquête offre le plus haut intérêt ; pour ma part, je n’ai jamais eu connaissance d’un récit plus étrange. On m’a permis de le transcrire ici à l’intention de mes lecteurs ; j’omets simplement les détails techniques. À lire ces feuillets, il semble que le capitaine ait été pris d’une sorte de folie avant même d’avoir atteint le large et que le mal n’ait fait que s’aggraver pendant le voyage. On devra se rappeler que j’écris sous la dictée d’un secrétaire du consul de Russie qui me traduit le texte.

Journal de bord du « Demeter » de Varna à Whitby

« Des événements si extraordinaires ont eu lieu jusqu’à ce jour, 18 juillet, que je veux désormais, tenir un journal jusqu’à notre arrivée à Whitby.

Le 6 juillet, nous avons terminé le chargement du bateau — sable et caisses remplies de terre. À midi, nous prenions la mer. Vent d’est, assez frais. L’équipage est composé de cinq hommes, deux officiers en second, le cuisinier et moi, le capitaine.

Le 11 juillet, à l’aube, nous entrions dans le Bosphore. Les employés de la douane turque sont montés à bord. Bakchich. Tous très corrects. Repartis à quatre heures de l’après-midi.

Le 12 juillet, passé les Dardanelles. Encore des agents de la douane et bakchich de nouveau. Tout cela s’est fait très vite. Ils désiraient nous voir partir au plus tôt. Le soir, nous passions l’Archipel.

Le 13 juillet, nous arrivions au cap Matapan. L’équipage semblait mécontent, on eût dit que les hommes avaient peur de quelque chose, mais aucun ne voulait parler.

Le 14, je commençai à être assez inquiet à leur sujet. Je savais que je pouvais compter sur ces hommes, j’ai souvent navigué avec eux. Mon second ne comprenait pas plus que moi ce qui se passait ; les hommes lui dirent seulement, en se signant, qu’il y avait quelque chose. Il se mit en colère contre l’un deux et le frappa. À part cela, aucun incident.

Le 16 au matin, le second vint me dire que l’un des hommes, Petrofsky, manquait. Chose inexplicable. Il a pris le quart à bâbord à huit heures, hier soir, puis a été relevé par Abramoff ; mais on ne l’a pas vu qui allait se coucher. Les autres étaient plus abattus que jamais ; à les entendre, ils redoutaient depuis quelque temps une disparition de cette sorte, mais, quand on les questionnait, ils persistaient à répondre seulement qu’il y avait quelque chose à bord. Le second, finalement, s’est fâché ; il redoutait une mutinerie.

Le 17 juillet, hier, Olgaren, un matelot, est venu me trouver et m’a confié avec effroi qu’il pensait qu’un homme étranger à l’équipage se trouvait à bord. Il m’a raconté que, pendant son quart, alors qu’il s’abritait du gros temps derrière le rouf, il avait aperçu un homme grand et mince qui ne ressemblait à aucun des nôtres, apparaître sur le pont, se diriger vers la proue et disparaître ; il voulut le suivre, mais quand il arriva à l’avant, il ne vit personne et toutes les écoutilles étaient fermées. Il était encore en proie à une panique quasi superstitieuse, et je crains que cette panique ne gagne tout l’équipage. Pour les rassurer tous, aujourd’hui, je vais entièrement fouiller le bateau.

Je viens de rassembler les hommes et je leur ai dit que, puisqu’ils croyaient qu’il y avait un inconnu à bord, nous allions le chercher partout, de la proue à la poupe.

Le second me désapprouva, s’écria que c’était ridicule de céder ainsi à des propos stupides et que cela ne pouvait que démoraliser davantage ceux qui les tenaient. Il ajouta qu’il s’engageait à les faire revenir à plus de sagesse en se servant d’une barre de cabestan. Le laissant au gouvernail, je partis avec les autres, lanternes à la main, fouiller le bâtiment ; nous ne négligeâmes pas le moindre coin où un homme eût pu se cacher. Nos recherches terminées, chacun se sentit soulagé, et retourna joyeux à sa tâche. Le second me regardait de travers, mais il ne me dit rien.

22 juillet

Gros temps depuis trois jours, et tous ont fort à faire à s’occuper des voiles. Pas le temps d’avoir peur ; il semble même qu’ils n’y pensent plus. Le second aussi est à nouveau de bonne humeur. Félicité les hommes de leur bon travail par cette houle. Passé Gibraltar et entré dans le Détroit. Tout va bien.

24 juillet

Décidément, la malédiction nous poursuit. Un homme déjà manquait et, en entrant dans la baie de Biscay toujours par gros temps, hier soir, nous nous sommes aperçus qu’un autre avait disparu. Comme le premier, il venait d’être relevé de son quart, et on ne l’a pas revu. De nouveau, c’est la panique générale ; les hommes font leur quart deux à deux, car ils ne veulent plus se trouver seuls. Le second s’est mis en colère. Je crains quelque éclat, soit de sa part, soit de la part de l’équipage.

28 juillet

Un véritable enfer, depuis quatre jours ; le vent souffle en tempête ; personne ne dort plus, tout le monde est épuisé. Aucun des hommes n’est plus capable de faire son quart. Le second officier s’est proposé pour faire le quart et tenir la barre en même temps afin que les hommes puissent se reposer quelques heures et essayer de dormir. Le vent s’apaise un peu, mais les vagues sont encore très fortes ; toutefois, on ressent moins leurs secousses, le bateau est plus stable.

29 juillet

Autre tragédie. Cette nuit, un seul homme à la fois a pris le quart, étant donné leur fatigue à tous. Quand le matelot qui devait le remplacer le matin est monté sur le pont, il n’y a trouvé personne, excepté l’homme à la barre. À son cri de terreur, nous sommes tous accourus sur le pont, mais nos recherches ont été vaines. Nous n’avons plus de lieutenant. Nouvel affolement de l’équipage. Avec le second, j’ai décidé de nous armer et d’attendre les événements…

30 juillet

Dernière nuit sans doute. Heureux que nous approchions de l’Angleterre. Beau temps, toutes les voiles sont déployées. Je me suis couché, n’en pouvant plus ; j’ai dormi profondément ; mais le second m’a réveillé en m’annonçant que les deux hommes de quart avaient disparu, de même que celui qui tenait la barre. Nous ne sommes plus que quatre à bord — moi, le second et deux matelots.

1er août

Deux jours de brouillard et pas une voile en vue. J’avais espéré qu’une fois dans la Manche nous pourrions recevoir du secours… Comme il nous est impossible de manœuvrer les voiles (je n’ose pas les faire amener, de crainte que l’on n’arrive plus à les déployer) nous devons courir vent arrière. On dirait que nous sommes chassés, vers un terrible destin. Le second est maintenant plus découragé qu’aucun des deux matelots. Il est dur de tempérament, mais on dirait que toute son énergie s’est retournée contre lui-même et le ronge de l’intérieur. Les deux hommes, eux, ne songent même plus à avoir peur ; ils continuent simplement à travailler avec patience, s’attendant au pire. Ils sont Russes, le second est Roumain.

2 août, minuit

Endormi depuis quelques minutes à peine, je viens de m’éveiller en entendant un cri poussé, m’a-t-il semblé, à mon hublot. Mais il m’a été impossible de rien voir, à cause du brouillard. En toute hâte, je suis monté sur le pont, où j’ai rencontré le second qui accourait, lui aussi. Il me dit avoir également entendu ce cri mais que, arrivant presque aussitôt sur le pont, il n’a pas vu l’homme qui était de quart. Encore un disparu. Que le seigneur veuille nous protéger ! D’après ce que dit le second, nous sommes maintenant dans la mer du Nord, et seul Dieu peut nous guider à travers ce brouillard qui semble avancer vers nous ; mais Dieu semble nous avoir abandonnés !

3 août

À minuit, j’ai voulu aller relever l’homme qui tenait la barre mais quelle ne fut pas ma stupeur ! Personne n’était au gouvernail ! J’appelai le second qui apparut presque aussitôt. Il avait l’œil hagard, l’air véritablement affolé, et je craignis qu’il ne fût en train de perdre la raison. S’approchant de moi, il me parla à l’oreille comme s’il craignait que le vent lui-même l’entendit :

— La chose est ici, j’en suis sûr maintenant. La nuit dernière, je l’ai vue : ça ressemble à un homme grand et mince, affreusement pâle. Il était à la proue et regardait vers le large. Je me suis glissé derrière lui, et j’ai voulu lui donner un coup de couteau ; mais mon couteau est passé au travers, comme s’il n’y avait eu là que de l’air.

Tout en parlant, il avait sorti son couteau de sa poche et le maniait avec des gestes brusques, comme s’il voulait déchirer l’espace. « Mais il est ici, reprit-il, et je le trouverai. Dans la cale, peut-être dans une de ces caisses… Je vais les ouvrir l’une après l’autre, et, je verrai. Vous, tenez la barre. » Puis, me jetant un regard de connivence, il mit un doigt sur la bouche et descendit. Le vent se faisait de plus en plus fort, et je ne pouvais pas quitter le gouvernail. Bientôt, je vis mon second remonter sur le pont avec un coffre à outils et une lanterne puis disparaître de nouveau par l’écoutille de l’avant. Il est fou, il divague, et ce serait en vain que j’essayerais de la raisonner. Qu’il fasse ce qu’il veut de ces caisses ! Il ne court aucun risque de se blesser… Je reste donc ici à m’occuper du gouvernail, tout en prenant ces notes. Tout ce que je peux faire, c’est d’avoir confiance en Dieu et attendre que le brouillard se dissipe. À ce moment-là, si je peux me diriger vers un port, quel qu’il soit, par ce vent de tempête, j’amènerai les voiles et ferai des signaux de détresse…

Hélas ! Je crains bien que tout soit fini maintenant. À l’instant même où je commençais à espérer que le second se calmerait, (car je l’avais entendu, dans la cale, donner des coups de marteau) un brusque cri d’épouvante me parvint par l’écoutille, et notre homme fut projeté de la cale sur le pont tel un boulet de canon ; mais c’était un fou furieux, les yeux égarés et le visage convulsé par la terreur. « Au secours ! Au secours ! » criait-il en promenant ses regards sur le mur de brouillard. Puis, sa frayeur faisant place à un sentiment de désespoir, il me dit d’une voix assez ferme :

— Vous feriez bien de venir vous aussi, capitaine, avant qu’il ne soit trop tard. Il est là. Maintenant, je connais le secret. La mer seule peut me protéger de cette créature !

Avant que je ne pusse dire un mot ou faire un mouvement pour le retenir, il sauta par-dessus bord, se jeta à l’eau. Je suppose que moi aussi, maintenant, je connais le secret. C’est sans doute ce malheureux devenu fou qui s’est débarrassé de tous les hommes, l’un après l’autre, et, à présent, lui-même a voulu les suivre. Que Dieu me vienne en aide ! Comment expliquerai-je de telles horreurs quand j’arriverai au port ? Quand j’arriverai au port ! Arriverai-je jamais au port ?

4 août

Toujours ce brouillard que le lever du soleil ne parvient pas à percer. Si je n’étais pas un marin, je ne saurais même pas ce que c’est le lever du soleil. Je n’ai osé ni descendre dans la cale, ni quitter le gouvernail ; je suis donc resté ici toute la nuit et, dans l’obscurité, j’ai aperçu la chose, je l’ai aperçu, lui ! Que Dieu me pardonne, mais le second a eu raison de se jeter dans la mer. Il a eu raison de vouloir mourir en homme ; on ne peut pas reprocher à un marin de vouloir mourir ainsi. Mais, moi, je suis le capitaine et je ne peux abandonner mon bateau. Mais je saurai déjouer les plans de ce démon, de ce monstre : quand je sentirai que mes forces diminuent, je me lierai les mains à la roue du gouvernail et j’y lierai aussi ce que… ce qu’il n’osera pas toucher ; alors, que le vent soit favorable ou non, je sauverai mon âme et mon bonheur de capitaine !… Je me sens plus faible et, bientôt, ce sera de nouveau la nuit. S’il vient encore me regarder en plein visage, je n’aurai peut-être pas le temps d’agir… Si nous faisons naufrage, peut-être trouvera-t-on cette bouteille et ceux qui la trouveront comprendront peut-être… Sinon… Eh bien ! alors que l’on sache que je n’ai pas manqué à mon devoir. Que Dieu et la sainte vierge et tous les saints viennent au secours d’une pauvre âme innocente et de bonne volonté !… »

Comme il fallait s’y attendre, le jugement conclut au crime sans désigner le coupable. Il n’existe aucune preuve à conviction, et personne ne peut dire si l’homme est coupable ou non de tous ces meurtres ; les habitants de Whitby sont unanimes pour soutenir que le capitaine est tout simplement un héros et on lui fera des funérailles solennelles. Déjà, on a décidé que son corps serait placé sur un train de barques pour remonter une partie de l’Esk, puis ramené à la Tate Hill Pier et de là au cimetière, par l’escalier qui monte à l’Abbaye. Car c’est là-haut qu’il sera enterré.

On n’a retrouvé aucune trace du grand chien ; ce qui est dommage car l’opinion publique est telle en ce moment que la petite ville tout entière l’aurait adopté. Nous assisterons donc demain aux funérailles du capitaine. Et ce sera la fin de ce « mystère de la mer » qui s’ajoute à tant d’autres.

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