La Chute de la Maison Usher, la nouvelle de 1839
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The Fall Of the House Of Usher (1839)
Sorti aux USA en septembre 1839 dans le magazine mensuel pour les Gentlemen de William Evans Burton de Philadelphie.
Traduit en français par Charles Baudelaire en 1884. Très nombreuses éditions françaises sous les titres Contes étranges, Histoires extraordinaires et Nouvelle Histoires Extraordinaires. La nouvelle inclue le poème Le Palais Hanté.
De Edgar Allan Poe.
Pour adultes et adolescents.
(horreur totale) un ami d’enfance rend visite à Roderick et Madeline Usher, un frère et une sœur jumelle atteints de dépression, un mal apparemment héréditaire.
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Le texte original d’Edgar Allan Poe de 1839 pour le magazine Burton.
Domaine public.
THE FALL OF THE HOUSE OF USHER
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BY EDGAR A. POE.
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During the whole of a dull, dark, and soundless day in the autumn of the year, when the clouds hang oppressively low in the heavens, I had been passing alone, on horseback, through a singularly dreary tract of country ; and at length found myself, as the shades of the evening drew on, within view of the melancholy House of Usher. I know not how it was—but, with the first glimpse of the building, a sense of insufferable gloom pervaded my spirit. I say insufferable ; for the feeling: was unrelieved by any of that hnlf-pleasurable, because poetic, sentiment, with which the mind usually receives even the sternest naitural images of the desolate or terrible.
I looked upon the scene before me—upon the meree house, and the simple landscape features of the domain—upon the bleak walls—upon the vacant eye-like windows—upon a few rank sedges—and upon a few white trunks of decayed trees—with an utter depression of soul which I can compare to no earthly sensation more properly than to the after-dream of the reveller upon opium—the bitter lapse into common life—the hideous dropping off of the veil. There was an iciness, a sinking, a sickening of the heart—an unredeemed dreariness of thought which no goading of the imagination could torture into aught of the sublime.
What was it—I paused to think—what was it that so unnerved me in the contemplation of the House of Usher ? It was a mystery all insoluble ; nor could I grapple with the shadowy fancies that crowded upon me as I pondered. I was forced to fall back upon the unsatisfactory conclusion, that while, beyond doubt, there are combinations of very simple natural objects which have the power of thus affecting us, still the reason, and the analysis, of this power, lie among considerations beyond our depth. It was possible, I reflected, that a mere different arrangement of the particulars of the scene, of the details of the picture, would be sufficient to modify, or perhaps to annihilate its capacity for sorrowful impression ; and, acting upon this idea, I reined my horse to the precipitous brink of a black and lurid tarn that lay in unruffled lustre by the dwelling, and gazed down—but with a shudder even more thriving than before—upon the re-modeled and inverted images of the gray sedge, and the ghastly tree-stems, and the vacant and eye-like windows.
Nevertheless, in this mansion of gloom I now proposed to myself a sojourn of some weeks. Its proprietor, Roderick Usher, had been one of my boon companions in boyhood ; but many years had elapsed since our last meeting. A letter, however, had lately reached me in a distant part of the country—a letter from him—which, in its wildly importunate nature, had admitted of no other than a personal reply. The MS. gave evidence of nervous agitation. The writer spoke of acute bodily illness—of a pitiable mental idiosyncrasy which oppressed him—and of an earnest desire to see me, as his best, and indeed, his only persona! friend, with a view of attempting, by the cheerfulness of my society, some alleviation of his malady. It was the manner in which all this, and much more, was said—it was the apparent heart that went with his request—which allowed me no room for hesitation—and I accordingly obeyed, what I still considered a very singular summons, forthwith.
Sources :
Archive.org Burton's
Wikisource.
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La traduction au plus proche
LA CHUTE DE LA MAISON USHER
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PAR EDGAR A. POE.
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Pendant la totalité d’une triste, sombre et silencieuse journée durant l’automne de cette année-là, quand les nuages pesaient oppressivement bas dans les cieux, j’avais été à passer seul, à dos de cheval, par un chemin de terre de campagne singulièrement lugubre ; et à force me retrouvait, alors que les ombres du soir s’allongeaient, à portée de vue de la mélancolique maison des Ushers. Je ne sais comment cela se faisait—mais, au premier aperçu du bâtiment, un sentiment d’insoutenable tristesse infusa mon humeur. Je dis insoutenable, parce que le sentiment était sans aucun mélange de ces demi-plaisirs, induits par la poésie, par ces libres associations qui font que l’esprit habituellement accepte même les plus frustres images de désolation ou d’épreuve.
Je contemplais le paysage qui s’étalait devant moi—Ia maison isolée, et les attributs frustres de l’entour—les murs sordides , les fenêtres tels des yeux hagards—les rangées de broussailles—et les rares troncs blancs des arbres dépouillés—avec l’absolu dépression de l’âme que je ne pourrais plus exactement comparer à aucune sensation terrestre sinon à la descente de l’opiomane—l’amer retour à la vie ordinaire—l’hideuse révélation une fois le voile tombé. Il y avait le gel, puis le chavirement, et le retournement du cœur—un délavement irrémédiable de la pensée qu’aucun éperon de l’imagination n’aurait pu par la torture sublimer d’un seul degré du sublime.
Qu’est-ce qui—je fais halte pour y réfléchir—Qu’est-ce qui m’agaçait à ce point dans la contemplation de la Maison des Usher ? C’était un mystère des plus insoluble ; pas davantage je ne pouvais avoir prise sur les délires morbides qui grouillaient autour de moi comme je m’interrogeais. J’étais forcé d’en revenir à la conclusion frustrante, que tandis que, sans doute possible, la combinaison d’objets naturels très simples qui avaient le pouvoir de nous affecter de la sorte, la raison, l’analyse de ce pouvoir nous échappait encore. Il était possible, je réfléchissais, qu’un arrangement à peine différent des particularités de cette scène, des détails de l’image, auraient suffi à modifier, ou peut-être annulé sa capacité à imprimer le chagrin ; et suivant cette idée, je tirais sur les rênes, faisant reculer mon cheval jusqu’aux berges abruptes d’un trou d’eau noir et lugubre miroitant sans ride au bas de la demeure, et je baissait les yeux—m ais je fus parcouru d’un frisson encore plus prononcé qu’auparavant — à la vue des images remodelées et inversées des broussailles grises, des arbres squelettiques et des fenêtres telles des yeux hagards.
Néanmoins, dans ce manoir de détresse, je m’étais proposé désormais un séjour de quelques semaines. Son propriétaire, Roderick Usher, avait été l’un de mes bons compagnons d’enfance ; mais de nombreuses années s’étaient écoulées depuis notre dernière rencontre. Une lettre, toutefois, m’avait tantôt été remise dans une partie reculée du pays—une lettre de lui—laquelle, de par sa nature tout à fait dérangeante, ne pouvait admettre rien d’autre qu’une réponse personnelle. L’écriture en dénotait une agitation nerveuse. L’auteur parlait d’une maladie physique aiguë—d’une pitoyable tempérament qui l’oppressait—et du désir impérieux de me voir, en tant que son meilleur, et de fait, son seul ami proche, avec la visée de tenter, par la joie de ma société, de soulager quelque peu son mal. C’était la manière dans lequel tout cela et beaucoup plus était dit—le cœur qu’il avait apparemment mis dans sa requête—qui ne me laissait aucune place à l’hésitation—et, en conséquence, j’obéis à ce que je considérais encore comme une convocation très singulière — sans délai.
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La traduction de Charles Baudelaire de 1884 pour A. Quantin.
Domaine public.
LA CHUTE DE LA MAISON USHER
Son cœur est un luth suspendu ;
Sitôt qu’on le touche, il résonne.
DE BERANGER.
Pendant toute une journée d’automne, journée fuligineuse, sombre et muette, où les nuages pesaient lourd et bas dans le ciel, j’avais traversé seul et à cheval une étendue de pays singulièrement lugubre, et enfin, comme les ombres du soir approchaient, je me trouvai en vue de la mélancolique Maison Usher. Je ne sais comment cela se fit, — mais, au premier coup d’œil que je jetai sur le bâtiment, un sentiment d’insupportable tristesse pénétra mon âme. Je dis insupportable, car cette tristesse n’était nullement tempérée par une parcelle de ce sentiment dont l’essence poétique fait presque une volupté, et dont l’âme est généralement saisie en face des images naturelles les plus sombres de la désolation et de la terreur.
Je regardais le tableau placé devant moi, et, rien qu’à voir la maison et la perspective caractéristique de ce domaine, — les murs qui avaient froid, — les fenêtres semblables à des yeux distraits, — quelques bouquets de joncs vigoureux, — quelques troncs d’arbres blancs et dépéris, — j’éprouvais cet entier affaissement d’âme, qui, parmi les sensations terrestres, ne peut se mieux comparer qu’à l’arrière-rêverie du mangeur d’opium, — à son navrant retour à la vie journalière, — à l’horrible et lente retraite du voile. C’était une glace au cœur, un abattement, un malaise, — une irrémédiable tristesse de pensée qu’aucun aiguillon de l’imagination ne pouvait raviver ni pousser au grand.
Qu’était donc, — je m’arrêtai pour y penser, — qu’était donc ce je ne sais quoi qui m’énervait ainsi en contemplant la Maison Usher ? C’était un mystère tout à fait insoluble, et je ne pouvais pas lutter contre les pensées ténébreuses qui s’amoncelaient sur moi pendant que j’y réfléchissais. Je fus forcé de me rejeter dans cette conclusion peu satisfaisante, qu’il existe des combinaisons d’objets naturels très simples qui ont la puissance de nous affecter de cette sorte, et que l’analyse de cette puissance gît dans des considérations où nous perdrions pied. Il était possible, pensais-je, qu’une simple différence dans l’arrangement des matériaux de la décoration, des détails du tableau, suffit pour modifier, pour annihiler peut-être cette puissance d’impression douloureuse ; et, agissant d’après cette idée, je conduisis mon cheval vers le bord escarpé d’un noir et lugubre étang, qui, miroir immobile, s’étalait devant le bâtiment ; et je regardai — mais avec un frisson plus pénétrant encore que la première fois — les images répercutées et renversées des joncs grisâtres, des troncs d’arbres sinistres, et des fenêtres semblables à des yeux sans pensée.
C’était néanmoins dans cet habitacle de mélancolie que je me proposais de séjourner pendant quelques semaines. Son propriétaire, Roderick Usher, avait été l’un de mes bons camarades d’enfance ; mais plusieurs années s’étaient écoulées depuis notre dernière entrevue. Une lettre cependant m’était parvenue récemment dans une partie lointaine du pays, — une lettre de lui, — dont la tournure follement pressante n’admettait pas d’autre réponse que ma présence même. L’écriture portait la trace d’une agitation nerveuse. L’auteur de cette lettre me parlait d’une maladie physique aiguë, — d’une affection mentale qui l’oppressait, — et d’un ardent désir de me voir, comme étant son meilleur et véritablement son seul ami, — espérant trouver dans la joie de ma société quelque soulagement à son mal. C’était le ton dans lequel toutes ces choses et bien d’autres encore étaient dites, — c’était cette ouverture d’un cœur suppliant, qui ne me permettait pas l’hésitation : en conséquence, j’obéis immédiatement à ce que je considérais toutefois comme une invitation des plus singulières.
Source : Wikisource
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Frankenstein ou le Prométhée moderne, le roman de 1818
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Frankenstein; or, The Modern Prometheus (1818)
Publié en Angleterre le 11 mars 1818 chez Lackington, Hughes, Harding, Mavor & Jones, 3 volumes, 280 pages.
De Mary Shelley (Mary Wollstonecraft Shelley).
Pour adultes.
Résumé à venir.
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Les adaptations au cinéma chroniquées dans ce blog
Docteur Frankenstein (2015, Victor Frankenstein)
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Les adaptations à la télévision chroniquées dans ce blog
The Frankenstein Chronicles (2015)
Second Chance (2016, The Frankenstein Code, Looking Glass)
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(Traduction au plus près de David Sicé).
- T'ai-je demandé, Ô Toi, mon Créateur, le jour de ma naissance
- De me fondre en Homme ? T'ai-je imploré, Ô Toi,
- Depuis les Ténèbres, de m'élever en rang ? —
- Le Paradis Perdu (x. 743-5)
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Lettre I.
A Mrs. Saville, Angleterre.
Saint Pétersbourg, 11 décembre 17..
Vous vous réjouirez d’apprendre qu'aucun désastre n’a accompagné le commencement d’une entreprise que vous estimiez vouée à de si mauvais augures. Je suis arrivé ici hier et mon premier soin est d’assurer ma chère sœur de ma prospérité, et de ma confiance croissante en le succès de mon entreprise.
Je suis déjà très au nord de Londres, et comme je me promène dans les rues de Pétersbourg, je peux sentir une brise nordique froide taquiner mes joues, ce qui excite mes nerfs et me remplit d'enchantement. Comprenez-vous ce sentiment ? Cette brise, qui a voyagé depuis les contrées vers lesquelles j'avance, me donne un avant-goût de ces climats glacés. Inspiré par ce vent prometteur, mes rêveries deviennent plus fiévreuses et plus vivaces. J'essaie en vain de me persuader que le pôle est le siège du gel et de la désolation, il se présentera toujours à mon esprit comme la contrée de la beauté et de l'enchantement...
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(Texte original.)
- Did I request thee, Maker, from my clay
- To mould Me man? Did I solicit thee
- From darkness to promote me?—
- Paradise Lost (x. 743-5)
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Letter 1
TO Mrs. Saville, England
St. Petersburgh, Dec. 11th, 17-
You will rejoice to hear that no disaster has accompanied the commencement of an enterprise which you have regarded with such evil forebodings. I arrived here yesterday, and my first task is to assure my dear sister of my welfare and increasing confidence in the success of my undertaking.
I am already far north of London, and as I walk in the streets of Petersburgh, I feel a cold northern breeze play upon my cheeks, which braces my nerves and fills me with delight. Do you understand this feeling? This breeze, which has travelled from the regions towards which I am advancing, gives me a foretaste of those icy climes. Inspirited by this wind of promise, my daydreams become more fervent and vivid. I try in vain to be persuaded that the pole is the seat of frost and desolation; it ever presents itself to my imagination as the region of beauty and delight...
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Fengshen Yanyi, l'Investiture des Dieux, le roman de 1605
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Fengshen Yanyi (1605 ?)
Titre anglais : The Creation Of The Gods.
Titre français : L'investiture des Dieux.
Autres titres : 封神演義, Fēngshén yǎnyì, 封神榜, Fēngshén bǎng
Publié en Chine entre 1567 et 1619, possiblement 1605.
Traduit en anglais en 1992 par Zhi Zhong chez New World Press.
Inédit en français à ma connaissance.
Adapté notamment en le film The Creation Of The Gods I: Kingdom Of Storms 2023.
Attribué à Xu Zhonglin = Chen Zhonglin = Lu Xixing,
Pour adultes et adolescents.
(Fantasy asiatique) Il n’est pas possible de se baser sur les résumés ou adaptations en anglais ou en français disponibles pour résumer le texte original de cette œuvre : les auteurs se sont soit basés sur un commentaire lacunaire, soit ont censuré l’essentiel de l’œuvre pour des raisons politiques ou parce que cette œuvre n’est pas tout public et qu’en Chine le sexe et la violence d’une époque ne peuvent être représentés fidèlement.
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Le texte source chinois ici :
https://ctext.org/fengshen-yanyi/1/zh
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Traduction approchée en se basant sur les versions variables contradictoires du traducteur en ligne Deepl selon comment les lignes en version chinoise sont découpées. Je ne suis pas en mesure de vérifier si cette traduction est exacte ou complète.
混沌初分盤古先,太極兩儀四象懸。
Du chaos sorti l’Antiquité. (Le Ying et le Yang), les deux symboles du Tai Chi et les quatre éléphants flottaient dans les airs.
子天丑地人寅出,避除獸患有巢賢。
Les habitants de Zitian, Ugli et Yin apparurent, évitant les bêtes et cherchant des abris.
燧人取火免鮮食,伏羲畫卦陰陽前。
L'homme au silex utilisa le feu pour éviter la nourriture crue, et Fuxi dessinait les trigrammes devant le yin et le yang.
神農治世嚐百草,軒轅禮樂婚姻聯。
Shennong règna sur le monde et goûta à toutes sortes d’herbes,
Huan Yuan se maria.
少昊五帝民物阜,
Les cinq empereurs de la dynastie Shaohao rendirent la vie du peuple prospère,
禹王治水洪波蠲。承平享國至四百,
le Roi Yu fit baisser les inondations en aménageant l’eau.
Sa dynastie dura quatre cents ans.
桀王無道乾坤顛,
Le roi Ji ne respectait aucune loi, et le monde en fut tout retourné.
日縱妹喜荒酒色,
Il était un soudard et un obsédé sexuel.
成湯造亳洗腥羶,
Cheng Tan créa Bo pour éliminer la corruption
放桀南巢拯暴虐,
Et exila Ji dans les contrées du Sud pour mettre fin à sa tyrannie.
雲霓如願後蘇全。
Yun Ni, as he had wished, was able to save the country.
三十一世傳殷紂,
C’était la 31ème génération des Tin et Wei
商家脈絡如斷弦:
Les routes commerciales étaient comme des cordes cassées:
紊亂朝綱絕倫紀,
La dynastie était dans la tourmente,
殺妻誅子信讒言,
On tuait femmes et enfants,
穢污宮闈寵妲己,
On croyait des discours creux,
蠆盆炮烙忠貞冤,
Daji, qui n’était qu’une favorite du palais
鹿臺聚斂萬姓苦,
Faisait marquer au fer rouge les gens honnêtes et chastes
愁聲怨氣應障天,
Et sur la terrasse de la biche, les miséreux se massaient par milliers
直諫剖心盡焚炙,
Leurs clameurs et reproches montant jusqu’au Ciel.
孕婦刳剔朝涉殲,
Le palais de Justice n’est plus cendres sur le sol.
崇信姦回棄朝政,
Les femmes enceintes sont jetées à la rue
屏逐師保性何偏,
Les fonctionnaires ont abandonné leur poste
郊社不修宗廟廢,
Les lettrés sont bannis,
奇技淫巧盡心研,
Les champs ne sont plus entretenus ;
昵此罪人乃罔畏,
La religion est abolie
沉酗肆虐如鸇鳶。
Et chacun recherche avec passion des pratiques obscènes.
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Texte présenté par la Wikipédia comme une traduction anglaise de 2019 de Xu Zhonglin
« Traduction » anglaise de Xu Zhonglin de 2019, en fait le commentaire du texte original que la Wikipédia reproduit traduit en anglais depuis les pages en chinois..
CHAPTER 1
King Zhou and Goddess Nu Wa
At one point in time as King Da Yi, of the newly established Shang Dynasty of China, walked through the royal gardens to gaze at the great beauty that laid before him, the Flying Cloud Pavilion suddenly collapsed. As a single beam from the pavilion fell towards the king, Prince Zi Shou grabbed hold of the beam and threw it aside. After ministers such as Shan Rong and Mei Bo gazed at the strength that the prince possessed, they advised the king to name him Crown Prince. Thus following the death of King Da Yi, Prince Zi Shou took the title of 'King Zhou' and became the new ruler of the Shang Dynasty within its new capital Morning Song.
After seven years of prosperity within the Shang Dynasty, etches of evil tyranny begin to evolve in the heart of King Zhou. As the first rebellion thus took place on the second month of the seventh year, Grand Old Master Wen Zhong, the head of civil affairs, went personally ride out upon his great dragon to subdue them at the North Sea district.
In the following day, the prime minister Shang Rong asked the king to head to the temple of Nu Wa in order to offer their condolences on her birthday. Following the latter's consent, the king and his entourage thus march from the capital's gates to the temple of Nu Wa.
As King Zhou enjoyed the palace's immense scenery after his arrival, he gazed into the eyes of Goddess Nu Wa — who sat behind a celestial curtain. Overtaken by her unparalleled beauty, King Zhou used his ink brush to write a poem of her valor upon a neighboring pillar within the temple. Even after being reproached by Shang Rong for what disaster the poem could bring about, the latter simply brushed him aside saying that it was nothing more than a literary representation of her beauty.
After the king and his entourage had returned to the capital, Nu Wa noticed the poem and immediately vow to end the Shang Dynasty due to the former's vile desires. Once she had arrived at Morning Song atop her phoenix, Nu Wa realized that King Zhou still possessed another twenty years of reign — and would thus live with lustful rage.
As she arrived at her temple, she summoned forth her three right-hand sprites: Daji, the thousand year-old female fox; Splendor, the nine- headed female pheasant; and Jade, the female lute. Thus following their summoning, Goddess Nu Wa told them to transform themselves into beautiful women in order to distract King Zhou from his state affairs — so that he would be overthrown in a further justified manner.
Back in Morning Song King Zhou seated in great depression over the incredible unattainable beauty that Nu Wa had possessed — and thus wished to not perform any action until he could attain her as one of his lovers. After effectively calling minister Fei Zhong to his presence, he suggested to the king that one-hundred women should be taken from each of the four Grand Dukes so that he might have an opportunity to find a woman that ranked in beauty with Nu Wa. With immense delight at such a grand opportunity, King Zhou rested for the night and would make his preparations in the following day.
The beginning of Investiture of the Gods (chapter 1) is titled "King Zhou and Goddess Nu Wa". One day, King Da Yi—first king of the Shang Dynasty of China—was walked through the royal gardens to gaze at the great beauty all around him. Suddenly, the Flying Cloud Pavilion collapsed. As a single beam from the pavilion fell towards the king, Prince Zi Shou grabbed hold of the beam and threw it aside. Some of the royal ministers, including Shan Rong and Mei Bo, witnessed the strength that the prince possessed. They advised the king to name Zi Shou his heir apparent. Thus following the death of King Da Yi, Prince Zi Shou was crowned 'King Zhou' and became the new ruler of the Shang Dynasty within its new capital: Morning Song. After seven years of prosperity within the Shang Dynasty, etchings of evil tyranny began to evolve in the heart of King Zhou.
The first rebellion took place on the second month of the seventh year of King Zhou's reign. Grand Old Master Wen Zhong, the head of civil affairs, personally rode out upon his great dragon to subdue it in the North Sea district. The following day prime minister Shang Rong asked the king to head to the temple of Nu Wa to make an offering celebrating Nu Wa's birthday. King Zhou agreed and he departed with his entourage from the capital's gates for the temple of Nu Wa. As King Zhou enjoyed the temple's immense scenery, he gazed into the eyes of Goddess Nu Wa - who sat behind a celestial curtain. Overtaken by her unparalleled beauty, King Zhou used his ink brush to write a poem of her glory upon a pillar within the temple. Shang Rong reproached the king, saying that a love poem to a goddess could bring disaster, but King Zhou replied that it was an ode to her beauty and thus could not give offense.
After the king and his entourage had returned to the capital, Nu Wa saw the poem as a sexual overture and immediately vowed to destroy the Shang Dynasty for the king's impurity and impudence. Once she had arrived at Morning Song atop her phoenix, Nu Wa realized that King Zhou was destined to rule another twenty years; so, she left in a rage. We she arrived at her temple, she summoned her three right-hand sprites: Daji, a thousand year-old female fox; Splendor, a nine-headed female pheasant; and Jade, a female lute. Once summoned, Goddess Nu Wa told them to transform themselves into beautiful women in order to distract King Zhou from his state affairs. That way, Zhou would be overthrown by mortal means and not offend destiny. Back in Morning Song, King Zhou would sit atound pining for the incredible, unattainable beauty that Nu Wa possessed, refusing to perform any action until he could attain her as one of his lovers. One of the royal ministers, Fei Zhong, suggested to the king that one-hundred women should be taken from each of the four Grand Dukes so that he may have an opportunity to find a woman that ranked in beauty with Nu Wa. With the possibility of relief in sight, King Zhou could finally sleep and began his preparations the following day.
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Traduction au plus proche du commentaire.
Constatez qu’il ne correspond pas du tout au texte source.
CHAPITRE 1
King Zhou et la déesse Nu Wa
À un point dans le temps, alors que le roi Da Yi, de la nouvellement établie Dynastie Shang de Chine, marchait à travers les jardins royaux pour porter son regard sur la grande beauté qui s’étalait devant lui, le Pavillon du Nuage Volant soudain s’écroula. Comme une seule poutre du pavillon tombait droit sur le roi, le Prince Zi Shou aggripa la poutre et le rejeta sur le côté. Après que des ministres tels Shan Rong et Mei Bo aient contemplé la force que le prince possédait, ils recommandèrent au roi de le nommé Prince de la Courone. De ce fait, conséquemment à la mort du roi Da Yi, le Prince Zi Shou prit le titre de « Roi Shou » et devint le nouveau souverain de la Dynastie Shang, en sa nouvelle capitale, le Chant du Matin.
Après sept années de prospérité au sein de la Dynastie Shang, les germes d’une tyrannie maléfique commencèrent à croître dans le cœur du Roi Zhou. Comme la première révolte de ce fait survint le second mois de la septième année, le Vénérable Grand Maître Wen Zhong, responsable des affaires civiles, s’envola personnellement monté sur son grand dragon pour soumettre les rebelles dans le district de la Mer du Nord.
Dans le jour suivant, le premier ministre Shang Rong demanda au roi la permission de se rendre au temple de Nu Wa afin de présenter leurs condoléances le jour de son anniversaire. Er avec la permission du précédent, le roi et sa cour franchirent les portes de la capitale pour se rendre au temple de Nu Wa.
Comme le Roi Zhou profitait des immenses espaces du palais après son arrivé, il croisa le regard de la Déesse Nu Wa — qui siégait derrière une tenture céleste. Bouleversé par sa beauté sans pareille, le Roi Zhou utilisa son pinceau à encre pour écrire un poème digne d’elle, s’appuyant contre un pilier à l’intérieur du temple. Même après s’être entendu reproché par Shang Rong le désastre que le poème aurait pu faire s’abattre sur lui, il se contentat de l’écarter en disant qu’il ne s’agissait rien de plus qu’une représentation littéraire de sa beauté.
Après que le roi et sa cour s’en soient retournés à la capitale, Nu Wa remarqua le poème et immédiatement fit le serment de mettre fin à la Dynastie Shang en raison des vils désirs du précédent. Une fois arrivée au Chant du Matin chevauchant son phénix, Nu Wa réalisa que le Roi Zhou avait encore vingt années à régner – et de ce fait, l’aurait fait rempli d’une rage concupiscente.
Comme elle arrivait à son temple, elle invoqua ses trois familiers : Daji, la renarde millénaire ; Splendeur, la faisane à neuf têtes ; et Jade, l’oiselle-lyre. Ainsi, après leur invocation, la Déesse Nu Wa leur ordonna de se transformer en jolies femmes afin de divertir le Roi Zhou de ses affaires d’Etat — afin qu’il puisse être renversé de manière plus justifiée.
De retour à Chant du Matin, le Roi Zhou s’installa dans une grande déprime au sujet de l’incroyable et inaccessible beauté que Nuw Wa possédait — et souhaita ne plus rien faire d’autre tant qu’il ne serait pas devenu l’amant de celle-ci. Après avoir diligemment appelé en sa présence son ministre Fei Zhong, celui-ci suggéra au roi qu’une centaine de femmes devraient être prise dans chacun des Grands Duchés afin qu’il puisse avoir la chance de trouver une femme dont la beauté rivaliserait avec celle de Nu Wa. Rempli de l’immence ravissement à l’idée d’un aussi grandiose projet, le Roi Zhou se reposa le temps de la nuit en vue des préparatifs dont il se chargerait lui-même le jour suivant.
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La page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman se trouve ici.
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Le manuscrit trouvé à Saragosse, le roman de 1810
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Le manuscrit trouvé à Saragosse (1810)
Ce roman est dans le domaine public.
Attention, il existe au moins quatre versions françaises originales de ce roman, davantage en comptant le texte variable des éditions françaises imprimées. Autre titre : La Duchesse d’Avila, Dix journées de la vie d’Alphonse Van-Worden.
Inachevé en 1794 puis 1804,
Achevé en 1810,
Sorti en France en 1814 sous le titre Dix journées de la vie d’Alphonse Van-Worden (plusieurs tomes) chez GIDES FILS, PARIS FR.
Traduit en français moderne par Roger Caillois en janvier 1967, en 1989 chez José Corti FR, en juin 1993 au LIVRE DE POCHE CLASSIQUE FR
Réédité en juillet 2000, en juin 2002 chez GALLIMARD FR, réédité en avril 2007 (éditions incluant possiblement un DVD du film de 1965) ;
En janvier 2008 chez GARNIER FLAMMARION en deux volumes : version de 1804 et version de 1810 ;
Auto-édité en version électronique en décembre 2017 sous Adobe DRM.
Adapté en film polonais en 1965 par par Wojciech Has ;
Adapté en 1973 en mini-série de quatre épisodes par Philippe Ducrest pour l’ORTF 2 FR.
Adapté en opéra Manuscrit trouvé à Saragosse, opéra, livret d'Alexis Nouss, musique de José Evangelista ;
Adapté en film italien en 2017 Agadah par Alberto Rondalli.
Du Comte Jan Potocki (prononcez Yann Pototski-i).
Pour adultes et adolescents.
(prospective, apocalypse) En tentant de traverser les montagnes de la Sierra Morena, en Andalousie, Alphonse Van Worden, un officier de la garde Wallonne compte s’arrêter à un relai de Malleposte, mais son serviteur disparaît avec ses provisions devant lequel deux brigands tziganes réputés vampires ont été pendus...
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L’Avertissement de Jan Potocki de l’édition de 1814 de GIDES ET FILS PARIS FR.
Tome 1 des Dix journées de la vie d’Alphonse Van-Worden
Téléchargeable gratuitement sur Gallica ici.
OFFICIER dans l’armée française , je me trouvai au siége de Sarragosse. Quelques jours après la prise de la Ville, m’étant avancé vers un lieu un peu écarté , j’aperçus une petite maisonnette assez bien bâtie , que je crus d’abord n’avoir encore été visitée par aucun Français.
J’eus la curiosité d’entrer. Je frappai à la porte ; mais je vis qu’elle n’étoit pas fermée ; je la poussai , et j’entrai. J’appelai , je cherchai , ne trouvai personne. Il me paraût qu’on avoit déjà enlevé tout ce qui avoit quelque valeur ; il ne restoit sur les tables et dans les meubles que des objets de peu d’importance. Seulement j’aperçus par terre , dans un coin , plusieurs cahiers et papier écrits ; je jetai les yeux sur ce qu’ils contenoient. C’étoit un manuscrit espagnol ; je ne connoissois que fort peu cette langue ; mais cependant j’en savois assez pour comprendre que ce livre pouvoit être amusant ; on y parloit de brigands , de revenans , de cabalistes , et rien n’étoit plus propre à me distraire des fatigues de la campagne , que la lecture d’un roman bizarre. Persuadé que ce livre ne reviendroit plus à son légitime propriétaire , je n’hésitai point à m’en emparer.
Dans la suite, nous fûmes obligés de quitter Sarragosse. M’étant trouvé par malheur éloigné du corps principal de l’armée , je fus pris avec mon détachement par les ennemis ; je crus que c’en étoit fait de moi. Arrivés à l’endroit où ils nous conduisoient , les Espagnols commencèrent à nous dépouiller de nos effets ; je ne demandai à conserver qu’un seul objet qui ne pouvoit leur être utile , c’étoit le livre que j’avois trouvé ; ils firent d’abord quelque difficulté , enfin ils demandèrent l’avis du capitaine qui , ayant jeté les yeux sur le livre , vint à moi , et me remercia d’avoir conservé intact unouvrage auquel il attachoit un grand prix comme contenant l’histoire de l’un de ses ayeux. Je lui contai comment il m’étoit tombé dans les mains , il m’emmena avec lui , et pendant le séjour un peu long que je fis dans sa maion , où je fus assez bien traité , je le priai de me traduire cet Ouvrage en français ; je l’écrivis sous sa dictée.
DIX JOURNEES
DE LA VIE
D’ALPHONSE VAN-WORDEN
PREMIERE JOURNEE
*
Le texte du manuscrit de Jan Potocki conservé par la Bibliothèque Nationale de France, scanné pour Gallica.
Le .pdf gratuit téléchargeable sur Gallica se trouve ici :
Histoire d’Alphonse Van Worden
ou tiré d’un Manuscript trouvé à Saragosse
Le Comte d’Olivadèz n’avoit pas encore établi des Colonies étrangères dans la Siera Moréna ; cette chaîne sourcilleuse, qui sépare l’Andalousie d’avec la Manche, n’étoit alors habitée que par des contrebandiers, des bandits et quelques Bohèmiens qui passoient pour manger les voyageurs qu’ils avoient assassinés : et de là le proverbe Espagnol : “Las Gitanas de Siera Moréna quieren carne de hombres.”
Ce n’est pas tout. Le voyageur qui se hasardoit dans cette sauvage contrée, s’y trouvoit (disoit on) assailli par mille terreurs capables de glacer les plus hardis courages. Il entendoit des voix lamentables se mêler au bruit des torrents, et aux sifflements de la tempête, des lueurs trompeuses l’égaroient, et des mains invisibles le poussoient vers des abimes sans fond.
À la vérité quelques Ventas ou auberges isolées se trouvoient éparses sur cette route désastreuse ; mais des revenants plus diables que les cabaretiers eux mêmes, avoient forcé ceux-ci à leur céder la place, et à se retirer en des pays où leur repos ne fut plus troublé que par les reproches de leur conscience, sortes de fantômes avec qui les aubergistes ont des accommodements ; celui de l’hôtellerie d’Anduhar attestoit St. Jacques de Compostelle de la vérité de ces récits merveilleux. Enfin il ajoutoit que les archers de la St. Hermandad avoient réfusé de se charger d’aucune expédition pour la Sierra Morena, et que les voyageurs prenoient la route de Jaen ou celle de l’Estramadoure.
Je lui répondis que ce choix pouvoit convenir à des voyageurs ordinaires, mais que le Roi Don Phêlipe quinto, ayant eu la grace de m’honorer d’une commission de Capitaine aux gardes Vallones, les loix sacrées de l’honneur me préscrivoient de me rendre à Madrid, par le chemin le plus court, sans demander s’il étoit le plus dangereux.
„Mon jeune Seigneur , (reprit l’hôte) votre merçed
„me permetra de lui observer, que si le Roi l’a honoré
„d’une compagnie aux gardes , avant que l’âge eut hono
„ré du plus leger duvet le menton de votre merçed ; il
„seroit expédient de faire des preuves de prudence , or je
„dis que lors que les démons s’emparent d’un pays‟ . . .
Il en eut dit d’avantage, mais je piquai des deux et ne m’arrêtai que lorsque je me crus hors de la portée de ses remontrances ; Alors je me retournai et je le vis qui gesticuloit encore et me montroit de loin la route de l’Estramadoure. Mon valet Lopez et Moschito mon Zagal me regardoient d’un air piteux, qui vouloit dire à peu près la même chose. Je fis semblant de ne les point comprendre, et m’enfonçai dans les bruyères, où depuis l’on a bati la colonie appellée la Carlota.
À la place même où est aujourd’hui la maison de poste il y avoit alors un abri , fort connu des muletiers, qui l’appelloient : „Los Alcornoques — ou les chênes verts, parce que deux beaux arbres de cette espèce y ombrageoient une source abondante que recevoit un abreuvoir de marbre. C’était la seule eau et le seul ombrage que l’on trouvat dépuis Anduhar , jusqu’à l’auberge dite Venta-Quemada. Cette auberge étoit batie au milieu d’un désert, mais grande et spacieuse. C’était proprement un ancien château des Mores que le Marquis de Penna-Quemada avoit fait réparer, et delà lui venoit le nom de Venta-Quemada. Le Marquis l’avoit affermée à un bourgeois de Murcie , qui y avoit établi une hôtellerie la plus considérable qu’il y eut sur cette route. Les voyageurs partoient donc le matin d’Anduhar, dinoient à Los Alcornoques des provisions qu’ils avoient apportées, et puis ils couchoient à la Venta-Quemada ; souvent même ils y passoient la journée du lendemain, pour s’y préparer au passage de montagnes et faire de nouvelles provisions ; tel étoit aussi le plan de mon voyage.
Mais comme nous approchions déja des chênes verts, et que je parlois à Lopez du petit repas que nous comptions y faire, je m’aperçus que Moschito n’étoit point avec nous, non plus que la mule chargée de nos provisions. Lopez me dit que ce garçon êtoit resté quelques cens pas en arriere, pour refaire quelque chose au bât de sa monture : nous l’attendimes, — puis nous fimes quelques pas en avant — puis nous nous arretâmes pour l’attendre encore — Nous l’appellames — nous retournames sur nos pas pour le chercher : le tout en vain. Moschito avoit disparu et emportoit avec lui nos plus chères espérances, c’est-à-dire tout notre diner.
*
Le texte de la non autographe, Madrid, Bib. Nacional, cote 22185. François Rosset, Dominique Triaire, JeanPotocki, Manuscrit trouvé à Saragosse (1810) — Manuscrits et imprimés originels Edition électronique 2019. hal-02083167
Téléchargeable ici.
Le Comte d’Olivadez n’avoit pas encore établi des Colonies étrangères dans la Siera Moréna ; cette chaîne de monts sourcilleux, qui séparent l’Andalousie d’avec la Manche, n’étoit alors habitée que par des Contrebandiers des Bandits et quelques Bohémiens qui passoient pour manger les voyageurs qu’ils avoient assassinés : et de la le proverbe Espagnol : “ Las Citanas de Siera Moréna quieren carne de hombres. ”
Ce n’est pas tout. Le voyageur qui se hasardoit dans cette sauvage contrée, s’y trouvoit, disoit on assailli par mille terreurs capables de glacer les plus hardis courages. Il entendoit des voix lamentables se mèler aux sifflements de la tempête, des lueurs trompeuses l’égaroient, et des mains invisibles le poussoient vers des abimes sans fond.
À la vérité quelques auberges isolées se trouvoient éparses sur cette route désastreuse ; mais des revenants plus diables que les cabaretiers eux mêmes, avoient forcé ceux-ci à leur céder la place, et se retirer en des pays où leur répos ne fut plus troublé que par les reproches de leur conscience, sorte de fantomes avec qui les aubergistes ont des accomodements ; celui de l’hottellerie d’Anduhar attestoit St Jacques de Compostelle de la vérité de ces récits merveilleux. Enfin il ajoutoit que les archers de la Ste Hermandad avoi[en]t réfusé de se charger d’aucune expédition pour la Sierra Moréna, et que les voyageurs prenoient la route de Jaen ou celle de l’Estramadoure.
Je lui répondis que ce choix pouvoit convenir à des voyageurs ordinaires ; mais que le Roi Don Philippe Quinto, ayant eu la grace de m’honnorer d’une commission de Capitaine aux Gardes Vallones, les loix sacrées de l’honneur me préscrivoient de me rendre à Madrid, par le chemin le plus court, sans demander s’il étoit le plus dangereux. “ Mon jeune Seigneur /:réprit l’hôte:/ votre merced me permetra de lui observer, que si le Roi l’a honoré d’une compagnie aux gardes avant que l’age eut honoré du plus léger duvet le menton de vôtre merced, il seroit expedient de faire des preuves de prudence ; or je dis que lorsque les Démons s’emparent d’un pays… ” Il en eut dit d’avantage, mais je piquai des deux et m’arrêtai hors de la portée de ses rémontrances ; alors je me retournai et je le vis qui me montroit de loin la route de l’Estramadoure. Mon valet Lopez de Moschito, mon Zagal me regardoient d’un air piteux qui vouloit dire à peu près la même chose. Je fis semblant de ne les point comprendre et m’enfonçai dans les bruyères où dépuis l’on a bati la colonie appellée la Carlota
À la place même où se trouve aujourd’hui la maison de poste étoit alors un abri fort connu des muletiers qui l’appelloient Los Alcornoques où les chaines verts, parce que deux beaux arbres de cette espèce ombrageoient une source abondante que recevoit un abreuvoir de marbre. C’était là seule eau et le seul ombrage que l’on trouvat dépuis Andouhar jusqu’à l’auberge dite Venta-Quemada. Cette Auberge était batie au milieu d’un désert, mais grande et spacieuse. C’était proprement un ancien château des Mores détruit ancienement par un incendie et réparé dépuis pour en faire une hotellerie, de la le nom de Venta-Quemada. Un bourgeois de Murcie s’y était établi. Les voyageurs partoient donc le matin d’Andoulhar, dinoient à los Alcornoques des provisions qu’ils avoient apportées, et puis ils avoient couché à la Venta-Quemada ; souvent même ils y passoient la journée du lendemain, pour s’y préparer au passage de montagnes et faire de nouvelles provisions ; tel était aussi le plan de mon voyage.
Mais comme nous approchions déja des chênes vertes, et que je parlois à Lopez du petit repas que nous comptions y faire je m’aperçus que Moschitot n’étoit point avec nous non plus que la mule chargée de nos provisions. Lopez me dit qu’il étoit resté quelques cens pas en arriere pour refaire quelque chose au bât de sa monture, nous l’entendimes — Puis nous fimes quelques pas en avant, puis nous [nous] arretâmes pour l’attendre encore. Nous l’appellames — nous retournames sur nos pas pour le chercher ; le tout en vain — Moschito avoit disparu et emportoit avec lui nos plus cheres espérances, c’est à dire tout nôtre diner.
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Traductions en français moderne.
... à venir.
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.
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La légende dorée, le recueil de légendes de 1266
- Détails
- Écrit par David Sicé
- Catégorie : Blog
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Legenda Aurae (1266)
Traduction du titre original latin : La légende d'or.
Publié en latin en 1266.
Considérablement augmenté lors des rééditions.
Premier livre imprimé en français en 1476 à Lyon.
Traduit notamment par Jean de Vignay pour la reine Jeanne de Bourgogne,
Illustré par de nombreux bas-reliefs dans les cathédrales, ainsi que par de nombreux peintres et tapissiers.
Traduit en 1843 par Pierre-Gustave Brunet,
Traduit en 1902 par J.-B. M. Roze,
Traduit en 1911 par Teodor de Wyzeva.
Adapté au cinéma sans citer le titre et l'auteur du texte original aka plagiée dans Le Dragon du Lac de Feu 1981.
De Jacques de Voragine aka Jacobus de Voragine aka Jacopo da Varazz.
Pour adultes et adolescents.
(Compilation de légendes, Fantasy) La vie d’environ 150 Saints associés à un jour de l’année.
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Le texte original de Jacques de Voragine achevé en 1298.
Avec traduction juxtalinéaire de Jean-Baptiste Roze de 1902 (parenthèses de moi).
Noter que la wikipédia stigmatise la traduction de J.B Roze comme « historiquement dépassée » alors qu’elle est fidèle quasiment au mot près au texte source latin dont je dispose — et pas les autres traductions proposées. Donc, vérifiez toujours la Wikipédia et autres par vous-même.
CAP. LVIII.
(Chapitre 58)
De sancto Georgio.
(à propos de) Saint Georges.
Georgius dicitur a geos, quod est terra, et orge,
Georges est ainsi appelé de Geos, qui veut dire terre, et orge
quod est colere, quasi colens terram, id est carnem suam.
qui signifie cultiver, cultivant la terre, c’est-à-dire sa (propre) chair.
Augustinus autem in libro de trinitate, quod bona terra est
Saint Augustin au livre de la Trinité avance que la bonne terre est
altitudine montium, temperamento collium,
sur les hauteurs des montagnes, dans les collines tempérées,
planitie corporum. Prima enim est bona ad virentes herbas,
et dans les plaines des champs. La première convient aux herbes verdoyantes.
secunda ad vineas , tertia ad fruges. Sic beatus Georgius
la seconde aux vignes, la troisième aux blés., De même saint Georges
fuit altus despiciendo inferiora et ideo habuit virorem puritatis,
s’éleva en méprisant les choses basses ce qui lui donna la verdeur de la pureté,
temperatus per discretionem et ideo habuit vinum
il fut tempéré en discernement, aussi eut-il le vin
aeternae jucunditatis, planus per humilitatem
de l’allégresse intérieure. Il fut plein d’humilité
et ideo protulit fruges bonae operationis.
ce qui lui fit produire des fruits de bonnes œuvres.
Vel dicitur a gerar, quod est sacrum, et gyon, quod est arena,
Georges pourrait encore venir de gerar, sacré, de gyon, sable,
quasi sacra arena. Fuit enim arena, quia ponderosus
(quasiment) sable sacré ; or Georges fut comme le sable, lourd
morum gravitate , minutus humilitate,
par la gravité de ses mœurs, menu par son humilité
et siccus a carnali voluptate. Vel dicitur a gerar,
et sec ou exempt de volupté charnelle. Georges viendrait de gerar,
quod est sacrum , et gyon , quod est luctatio,
(ce qui veut dire) sacré, et gyon, (ce qui veut dire) lutte,
quasi sacer luctator, quia luctatus est cum dracone et carnifice;
(quasi) lutteur sacré, parce qu’il lutta contre le dragon et contre le bourreau ;
vel Georgius dicitur a gero, quod est peregrinus,
On pourrait encore tirer (Georges) de Gero, qui veut dire pèlerin,
gir praecisio et ys consiliator. Ipse enim fuit peregrinus
gir, précieux, et ys, conseiller. Car saint Georges fut pèlerin
*
in contemtu mundi , praecisus in corona martyrii et consiliator
dans son mépris du monde, précieux dans son martyre, et conseiller
in prae dicatione regni.
dans la prédication du royaume.
Ejus legenda inter scripturas apocryphas in Nicaeno concilio
Sa légende au nombre des pièces apocryphes dans les actes du concile de Nicée
connumeratur ex eo, quod ejus martirium
est mise, parce que l’histoire de son martyre
certam relationem non habet. Nam in calendario Bedae legitur,
n’est point authentique : on lit dans le calendrier de Bède,
quod sit passus in Persica civitate Dyaspoli,
qu’il souffrit en Perse dans la ville de Diaspolis
quae prius Lidda vocabatur, et est juxta Joppen. Alibi,
anciennement appelée Lidda, située près de Joppé. On dit ailleurs (d’autres)
quod passus sit sub Dyocletiano et Maximiniano imperatoribus
qu’il souffrit sous les empereurs Dioclétien et Maximien,
alibi quod sub Dyocletiano imperatore Persarum
On voit autre part que ce fut sous l’empire de Dioclétien (des Perses),
praesentibus LXXX regibus imperii sui. Hic,
En présence de 70 rois de son empire. D’autres enfin
(80 rois !!! : L=50 suivi de XXX = +30=80)
quod sub Daciano praeside imperantibus Dyocletiano
prétendent que ce fut sous le président Dacien, sous l’empire de Dioclétien
et Maximiniano.
et de Maximien.
*
Georgius tribunus genere Cappadocum pervenit quadam vice
Georges, tribun, né en Cappadoce, vint une fois
in provinciam Libyae in civitatem , quae dicitur Silena.
A Silcha, ville de province de Lybie.
Juxta quam civitatem erat stagnum instar maris ,
A côté de cette cité était un étang grand comme un mer,
in quo draco pestifer latitabat , qui saepe
dans lequel se cachait un dragon pernicieux, qui souvent
populum contra se armatum in fugam converterat
avait fait reculer le peuple venu avec des armes pour le tuer
flatuque suo ad muros civitatis accedens omnes inficiebat.
Il lui suffisait d’approcher les murailles de la ville pour détruire tout le monde de son souffle.
Qua propter compulsi cives duas oves quotidie sibi dabant, ut
Les habitants se virent forcés de lui donner tous les jours deux brebis afin
ejus furorem sedarent, alioquin sic muros civitatis invadebat
d’apaiser sa fureur ; autrement c’était comme s’il s’emparait des murs de la ville.
et aërem inficiebat , quod plurimi interibant. Cum ergo jam
Il infectait l’air, en sorte que beaucoup en mouraient. Or,
oves paene deficerent, maxime cum harum copiam habere
les brebis étant venues à manquer et être fournies en quantité suffisante.
non possent, inito consilio ovem cum adjuncto homine tribuebant.
ne pouvant, on décida dans un conseil qu’on y ajouterait un homme
Cum igitur sorte omnium filii et filiae hominum darentur
Tous les garçons et les filles étaient désignés par le sort,
et sors neminem exciperet, et jam paene
et il n’y avait d’exception pour personne.
*
omnes filii et filiae essent consumti, quadam vice filia regis unica
Or comme il n’en restait presque plus, le sort vint à tomber sur la fille unique du roi.
sorte est deprehensa et draconi adjudicata. Tunc rex contristatus ait:
Qui fut par conséquent destinée au monstre. Le roi tout contristé dit :
tollite aurum et argentum et dimidium regni mei
« Prenez l’or, l’argent, la moitié de mon royaume,
et filiam mihi dimittite , ne taliter moriatur.
Mais laissez-moi ma fille, et qu’elle ne meure pas de semblable mort,
Cui populus cum furore respondit : tu , o rex ,
Le peuple lui répondit avec fureur : « O Roi, c’est toi,
hoc edictum fecisti et nunc omnes pueri nostri mortui sunt
qui as porté cet édit, et maintenant que tous nos enfants sont morts,
et tu vis filiam tuam salvare ? nisi in filia tua compleveris,
tu veux sauver ta fille ? Si tu ne fais pour ta fille,
quod in aliis ordinasti, succendemus te et domum tuum.
Ce que tu as ordonné pour les autres, nous te brûlerons avec ta maison.
Quod rex videns coepit filiam suam flere dicens :
En entendant ces mots, le roi se mit à pleurer sa fille en disant :
heu me, filia mea dulcissima, quid de te faciam ?
Malheureux que je suis ! ô ma tendre fille, que faire de toi ?
aut quid dicam ? quando plus videbo nuptias tuas ?
(ou) que dire ? Je ne verrai donc jamais tes noces ?
Et conversus ad populum dixit : oro , ut inducias
Et se tournant vers le peuple : « je vous en pris, dit-il, accordez-moi
octo dierum lugendi mihi filiam tribuatis.
Huit jours de délai pour pleurer ma fille.
Quod cum populus admisisset, in fine octo dierum
Le peuple y ayant consenti, au bout de huit jours.
reversus populus est cum furore dicens : quare perdis
revint en fureur et il dit au roi : « pourquoi perds-tu
populum tuum propter filiam tuam? En
le peuple pour ta fille ? Voici que
omnes afflatu draconis morimur.
nous mourons tous du souffle du dragon.
Tunc rex videns, quod non posset filiam liberare,
Alors le roi, voyant qu’il ne pourrait délivrer sa fille,
induit eam vestibus regalibus et amplexatus eam cum lacrymis
la fit revêtir d’habits royaux et l’embrassa avec larmes,
dixit : heu me, filia mea dulcissima, de te
en disant : « Ah que je suis malheureux ! ma très douce fille, de ton sein
filios in regali gremio nutrire credebam et nunc vadis,
j’espérais élever des enfants de race royale Et maintenant tu vas
ut a dracone devoreris. Heu me , filia mea dulcissima,
être dévorée par le dragon. Ah malheureux que je suis ! ma très douce fille.
sperabam ad tuas nuptias principes invitare, palatium
j’espérais inviter des princes à tes noces, ton palais
margaritis ornare , tympana et organą audire,
orner de pierres précieuses, entendre les instruments et les tambours
et nunc vadis , ut a dracone devoreris. Et deosculans dimisit
et tu vas être dévorée par le dragon. » Il l’embrassa et la laissa partir
eam dicens : utinam , filia mea , ego ante te mortuus essem,
en lui disant : « O ma fille, que ne suis-je mort avant toi
quam te sic amisissem !
pour te perdre ainsi ! »
*
La traduction de traduction par T. de Wyzewa de 1910.
CHAPITRE LIX, SAINT GEORGES, MARTYR
23 avril.
L’introduction originale au chapitre n’est pas traduite.
Georges était originaire de Cappadoce, et servait dans l’armée romaine, avec le grade de tribun. Le hasard d’un voyage le conduisit un jour dans les environs d’une ville de la province de Libye, nommée Silène. Or, dans un vaste étang voisin de cette ville habitait un dragon effroyable qui, maintes fois, avait mis en fuite la foule armée contre lui, et qui, s’approchant parfois des murs de la ville, empoisonnait de son souffle tous ceux qui se trouvaient à sa portée.
Pour apaiser la fureur de ce monstre et pour l’empêcher d’anéantir la ville tout entière, les habitants s’étaient mis d’abord à lui offrir, tous les jours, deux brebis. Mais bientôt le nombre des brebis se trouva si réduit qu’on dut, chaque jour, livrer au dragon une brebis et une créature humaine. On tirait donc au sort le nom d’un jeune homme ou d’une jeune fille ; et aucune famille n’était exceptée de ce choix. Et déjà presque tous les jeunes gens de la ville avaient été dévorés lorsque, le jour même de l’arrivée de saint Georges, le sort avait désigné pour victime la fille unique du roi. Alors ce vieillard, désolé, avait dit : « Prenez mon or et mon argent, et la moitié de mon royaume, mais rendez-moi ma fille, afin que lui soit épargnée une mort si affreuse ! »
Mais son peuple, furieux, lui répondit : « C’est toi-même, ô roi, qui as fait cet édit ; et maintenant que, à cause de lui, tous nos enfants ont péri, tu voudrais que ta fille échappât à la loi ? Non, il faut qu’elle périsse comme les autres, ou bien nous te brûlerons avec toute ta maison ! » Ce qu’entendant, le roi fondit en larmes, et dit à sa fille : « Hélas, ma douce enfant, que ferai-je de toi ? Et ne me sera-t-il pas donné de voir un jour tes noces ? » Après quoi, voyant qu’il ne parviendrait pas à obtenir le salut de sa fille, il la revêtit de robes royales, la couvrit de baisers, et lui dit : « Hélas, ma douce enfant, j’espérais voir se nourrir sur ton sein des enfants royaux, et voici que tu dois me quitter pour aller servir de pâture à cet horrible dragon ! Hélas, ma douce enfant, j’espérais pouvoir inviter à-tes noces tous les princes du pays, et orner de perles mon palais, et entendre le son joyeux des orgues et des tambours ; et voici que je dois t’envoyer à ce dragon qui doit te dévorer ! »
Et il la renvoya en lui disant encore : « Hélas, ma fille, que ne suis-je mort avant ce triste jour ! » Alors la jeune fille tomba aux pieds de son père, pour recevoir sa bénédiction ; après quoi, sortant de la ville, elle marcha vers l’étang où était le monstre.
Source : Wikisource, libre de droits.
https://fr.wikisource.org/wiki/La_Légende_dorée/Saint_Georges
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.
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