Rocketeer, le film de 1991Feu vert cinéma

The Rocketeer (1991)
Traduction du titre original : L'homme-fusée.

Sorti aux USA le 21 juin 1991.
Sorti en Angleterre le 2 août 1991.
Sorti en France le 18 décembre 1991.
Sorti en blu-ray américain le 13 décembre 2011, édition du 20ème anniversaire (multi-régions, version et sous-titres français inclus).

De Joe Johnston, sur un scénario de Danny Bilson, Paul De Meo, William Dear, d'après le roman graphique de Dave Stevens. Avec Billy Campbell, Jennifer Connelly, Alan Arkin, Timothy Dalton, Paul Sorvino, Terry O'Quinn.

Pour adultes et adolescents.

Los Angeles 1938. Clifford, un jeune pilote s’apprête à tester un avion d’acrobatie tout neuf. Son mécano ; Peevy, qui espère avec l’avion arriver en finale du concours d’acrobatie aéronautique américain, lui demande de traiter sa machine avec douceur. Clifford fait rouler son avion jusqu’au bout de la piste, lui fait faire demi tour, puis lance l’engin en vue du décollage, fait un tour au-dessus de la piste, puis vole en rase-mottes, et remonte dans les airs.

En bas, des bandits sont poursuivis par deux voitures de polices. Du coffre, l’un des bandits mitraille les policiers et l’une des deux voitures quitte la route. Le bandit qui conduisait perd le contrôle et quitte à son tour la route. Du coup, la rafale part en l’air, et Clifford, qui descendait voir de plus prêt ce qui se passait, a son avion touché d’une rafale : il perd de l’huile et son moteur fume. Le chauffeur a réussi de son côté à atteindre la piste et cache une mallette dans le hangar à avion. Puis en voulant repartir, alors que la police le rejoint, le bandit va s’écraser droit dans le camion de ravitaillement d’essence, et la voiture explose.

Pendant ce temps Clifford a dû atterrir sur le ventre, et les policiers américains refusent d’entendre parler d’indemnisation. Cependant, ces derniers tiennent le chauffeur, Wilmer, lequel, lorsqu’on lui demande où est l’engin qu’il a volé, répond que celui-ci est en Enfer. Ils jettent un coup d’œil à la voiture, et l’engin dans le coffre semble détruit. L’agent téléphone pour déclarer à son inventeur, Howard Hugues que le X-3 a été détruit. Les agents demandent à Hughes de reconstruire un prototype, mais Hugues refuse : il a déjà perdu deux pilotes en l’expérimentant, et refuse de voir toutes ses inventions transformées en engin de guerre. Il brûle les plans du X-3.

De leur côté, Clifford et Peevie doivent reprendre les numéros de club aérien et faire une croix sur leur prototype. En remontant dans leur avion de clown, Clifford découvre le véritable X-3 caché sur le siège dans un sac. En tripotant un bouton, Clifford fait décoller ce qui s’est révélé être un harnais de vol à réaction, alimenté à l’alcool et dont le métal reste froid alors que les tuyères envoient les gaz brûlants. La nuit venue, ils décident de tester l’engin en utilisant une statue en guise de pilote.

Rocketeer, le film de 1991

Rocketeer, le film de 1991

Rocketeer, le film de 1991

Rocketeer, le film de 1991

Rocketeer, le film de 1991

Rocketeer, le film de 1991

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Total Recall, le film de 1990

Voici la liste des articles de ce blog consacrés aux films de Science-fiction, Fantasy, Fantastique et Aventure annoncé pour l'année 1989. Cette liste sera mise à jour au fur et à mesure de la rédaction des articles.

Ici le calendrier cinéma pour 1991.

Ici le calendrier cinéma pour 1989.

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Annoncés pour décembre 1990

En France

Les tortues ninja (12 décembre, Teenage Mutant Ninja Turtles)

Aux USA

Edwards aux mains d'argent (7 décembre, Edward Scissorhands)

En Angleterre

 

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Darkman, le film de 1990

Annoncés pour novembre 1990

En France

Ghost (7 novembre)

Darkman (14 novembre)

Predator 2 (21 novembre)

La petite sirène (animé, 28 novembre)

Aux USA

L'échelle de Jacob (2 novembre, Jacob's Ladder)

En Angleterre

Les tortues ninja (23 novembre, Teenage Mutant Ninja Turtles)

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Total Recall, le film de 1990

Annoncés pour octobre 1989

En France

Total Recall (17 octobre)

Aux USA

L'échelle de Jacob (2 novembre 1990, Jacob's Ladder)

En Angleterre

Hardware (6 octobre)

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Annoncés pour septembre 1990

En France

Robocop 2 (5 septembre)

Dick Tracy (29 septembre)

Aux USA

Hardware (14 septembre)

En Angleterre

 

En Suède

 

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Annoncés pour août 1990

En France

Gremlins II (22 août)

Aux USA

 

En Angleterre

 

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Annoncés pour juillet 1990

En France :

Retour vers le futur III (18 juillet)

Aux USA :

Moon 44 (6 juillet)

En Angleterre :

 

Au Japon :

 

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Annoncés pour juin 1990

En France

Dark Angel (13 juin)

La servante écarlate (20 juin)

 

Aux USA

Dick Tracy (15 juin)

En Angleterre

 

Au Japon

 

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Tremors, le film de 1990

Annoncés pour mai 1990

En France

Tremors (23 mai)

Aux USA

 

En Angleterre

 

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Annoncés pour avril 1990

En France

Les 1001 nuits (11 avril)

Aux USA

 

Au Japon

 

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Annoncés pour mars 1990

En France :

Le fantôme de l'Opéra (7 mars)

Always (14 mars)

Le repère du ver blanc (15 mars)

Aux USA :

Les tortues ninja (12 décembre, Teenage Mutant Ninja Turtles)

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Annoncés pour février 1990

En France

 

Aux USA

Cabal (16 février, Nightbreed)

En Angleterre

 

En Allemagne

Moon 44 (15 février)

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Appel d'urgence, le film de 1989

Annoncés pour janvier 1990

En France

Simetierre (17 janvier)

Tom et Lola (17 janvier)

Appel d'urgence 1989 (31 janvier, Miracle Mile)

Shocker (31 janvier)

Aux USA

Tremors (19 janvier)

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Edward aux mains d'argent, le film de 1990Feu vert cinéma

Ici la page Amazon.fr du blu-ray français (25ème anniversaire) Edward aux mains d'argent

Edward Scissorhands (1990)

Sorti aux USA le 7 décembre 1990.
Sorti en France le 10 avril 1991.
Sorti en Angleterre le 26 juillet 1991.
Sorti en blu-ray américain le 9 octobre 2007 (région A, Anglais DTS HD MA 4.0, français DD 2.0 inclus)
Sorti en blu-ray français le 4 janvier 2008 (région B, Anglais DTS HD MA 4.0, français DTS 5.1 inclus
Sorti en blu-ray 20ème anniversaire le 13 octobre 2015 (nouveau transfert, multi-régions, Anglais DTS HD MA 4.0, français DD 5.1 inclus)

De Tim Burton (également scénariste) ; sur un scénario de Caroline Thompson ; avec Johnny Depp, Winona Ryder, Dianne Wiest, Anthony Michael Hall, Kathy Baker, Robert Oliveri, Conchata Ferrell, Caroline Aaron, Dick Anthony Williams, O-Lan Jones, Vincent Price, Alan Arkin, Susan Blommaert, Linda Perri, Marti Greenberg, Bryan Larkin, John McMahon.

Pour adultes et adolescents.

Par une nuit de neige, une vieille dame regarde par sa fenêtre une maison biscornue au sommet d’une colline abrupte. Puis elle se retourne et dit au petit enfant dans le grand lit de la chambre de s’emmitoufler car il fait froid dehors. L’enfant demande alors à sa grand-mère pourquoi il neige, d’où cela vient. La grand-mère répond que c’est une longue histoire. L’enfant veut l’entendre, mais la grand-mère ne veut pas la raconter cette nuit : l’enfant doit dormir. L’enfant répond qu’il n’a pas sommeil et la grand-mère cède.

La vieille dame s’assied sur le fauteuil à bascule et répond que l’histoire doit commencer par des ciseaux, ce qui surprend l’enfant. La vieille dame explique : il existe toutes sortes de ciseaux, et une fois, il y eut même un homme qui avait des ciseaux à la place des mains : l’enfant connait le manoir perché sur la montagne ? L’enfant répond que le manoir est hanté. La grand-mère répond qu’il y a bien longtemps, un inventeur vivait dans ce manoir… Il fabriqua beaucoup de choses ; il créa aussi un homme. Il lui donna des entrailles, un cœur, un cerveau, tout. Enfin presque : l’inventeur était très vieux, et il est mort avant d’avoir achevé l’homme qu’il avait inventé. Alors l’homme fut abandonné, incomplet et seul. L’enfant demande alors si cet homme n’avait pas de nom, mais la grand-mère répond que bien sûr il en avait un. Son nom était Edward.

La nuit Edward regardait par la fenêtre les lumières de la ville – une petite ville modèle, remplie de pavillons pastels. Le lendemain matin, Peg fait du porte à porte pour les produits de beauté Avon. Peg est reçue par sa voisine Helen, une bonne dame revêche, qui lui rit au nez à l’idée de changer de style de maquillage, et qui finit par lui rappeler qu’elle n’a jamais rien acheté à Peg, qui finit par l’admettre et Helen referme sa porte en lui disant au revoir. La cliente suivante de Peg est Joyce, une rouquine très occupée à draguer le réparateur électrique qu’elle a fait venir pour son lave-vaisselle et dont elle veut absolument suivre la réparation dans les moindres détails, parce que c’est fascinant. Joyce arrête immédiatement la démonstration de Peg, lui demandant si Peg est devenue aveugle – pour n’avoir pas remarqué le véhicule du réparateur garé dans son allée. Comme Peg l’admet, Joyce se déclare surprise que Peg n’ait pas réalisé alors que Joyce était occupée. Et Joyce lui claque la porte au nez.

Peg parvient à faire une démonstration complète auprès de sa cliente suivante, une adolescente, qui aime les deux rouges à lèvres qu’elle lui propose. Mais l’adolescente n’a pas d’argent. Peg repart, décidée. Mais la maison suivante est celle d’une grenouille de bénitier, et Peg renonce immédiatement. Remontant dans sa voiture, Peg soupire : ce n’est simplement pas son jour. Elle barre deux adresses de plus dans sa liste. Puis, se demandant chez qui elle va bien pouvoir sonner ensuite, Peg aperçoit dans son rétroviseur le vieux manoir en ruine au sommet de la colline qui surplombe la petite ville. Se disant qu’elle n’a rien à perdre à essayer, Peg se met en route. Elle roule sur le portail de fer à terre et commence l’ascension du chemin qui la mène à un second portail, imposant et pierre cette fois. Peg n’a aucun problème a écarter les grilles tordues, mais quand elle entre dans le jardin, elle est impressionnée par la beauté et l’entretien des massifs entièrement sculptés en formes géométriques ou animalières – il y a aussi une main géante, et les fleurs resplendissent, tandis que le bâtiment est à moitié effondré.

Peg appelle sans réponse, suit l’allée, monte l’escalier menant au porche, fait jouer le heurtoir de la porte ferrée, appelle encore sans réponse. Peg pousse alors la porte, et après avoir lancé son salut habituel – Avon vous appelle – elle fait quelque pas dans un immense hall décoré de formes grotesques. Comme elle entend un cliquetis, aperçoit une ombre qui se dérobe en haut de l’escalier, elle gravit l’escalier en hâte en s’excusant et arrive sous un toit éventré. Elle trouve alors un lit dans une cheminée, décoré de coupures de presse, dont l’histoire d’un enfant né sans yeux qui pouvait lire avec ses mains. Peg entend de nouveau un cliquetis discret et se retourne : dans le coin opposé du grenier vide, une silhouette accroupie fait miroiter des cisailles. Peg demande alors pourquoi le jeune homme se cache là-bas : il n’a pas à se cacher, elle est Peg Boggs, la représentante locale de Avon, et elle est aussi inoffensive qu’un gâteau fourré aux cerises. Et tandis que Peg s’approche, le jeune homme se relève complètement. Peg réalise enfin que le garçon est armé de couteau et s’arrête net, puis s’excuse de l’avoir stupidement dérangé. Comme Peg dit qu’elle s’en va à présent et fait volte face, le garçon parle enfin, lui demandant de ne pas partir. Voyant enfin le visage pâle, les cheveux hirsutes et les lames des cisailles qu’il a à la place des mains, Peg lui demande ce qu’il lui est arrivé, et le garçon répond simplement qu’il n’est pas achevé.

Edward aux mains d'argent, le film de 1990

Edward aux mains d'argent, le film de 1990

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Edward aux mains d'argent, le film de 1990

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The Witching Hour, Le lien maléfique, le roman de 1990Feu vert livre / BD

The Witching Hour (1990)

Titre français : Le lien maléfique.
Traduction du titre anglais : l’heure envoûtante.

Sorti aux USA en novembre 1990 chez Alfred A. Knopf.
Traduit en français par Annick Granger de Scriba chez ROBERT LAFFONT en novembre 1992,
réédité en poche chez POCKET TERREUR en juin 1994, en juin 1996,
réédité en poche chez POCKET juin 2000, septembre 2001,
réédité en poche chez FLEUVE NOIR en aôut 2004,
réédité en poche chez POCKET le 25 octobre 2012.

Adapté en série télévisée en 2023.

De Anne Rice.

Pour adultes et adolescents.

(presse, fantastique, sorcières) Le Dr Rowan Mayfair est un neurochirurgien talentueux de San Francisco, en Californie. Lorsque sa mère biologique, Deirdre Mayfair, décède à la Nouvelle-Orléans, elle commence à découvrir la vieille famille du Sud à laquelle elle appartient. Michael Curry est un entrepreneur spécialisé dans la restauration de vieilles maisons. Il rêve de son enfance à la Nouvelle-Orléans et souhaite ardemment y retourner. Rowan réalise peu à peu qu'elle a le pouvoir psychique de sauver ou de prendre des vies.

Michael se noie mais elle le ranime, l'expérience de mort imminente ayant déclenché en lui une nouvelle capacité de voyance non désirée. Michael et Rowan tombent amoureux, et lorsqu'il décide de retourner à la Nouvelle-Orléans, elle le suit pour apprendre les secrets de son passé. Aaron Lightner, un érudit psychique et membre des Talamasca, a étudié les Mayfairs de loin pendant des décennies. La famille matriarcale - connue par les Talamasca sous le nom de "sorcières de Mayfair" - a une longue et sordide histoire…

*

Le texte original américain de Anne Rice publié en 1990.

One

THE DOCTOR WOKE up afraid. He had been dreaming of the old house in New Orleans again. He had seen the woman in the rocker. He’d seen the man with the brown eyes.

And even now in this quiet hotel room above New York City he felt the old alarming disorientation. He’d been talking again with the brown-eyed man. Yes, help her. No, this is just a dream. I want to get out of it.

The doctor sat up in bed. No sound but the faint roar of the air conditioner. Why was he thinking about it tonight in a hotel room in the Parker Meridien? For a moment he couldn’t shake the feeling of the old house. He saw the woman again—her bent head, her vacant stare. He could almost hear the hum of the insects against the screens of the old porch. And the brown-eyed man was speaking without moving his lips. A waxen dummy infused with life—
No. Stop it.

He got out of bed and padded silently across the carpeted floor until he stood in front of the sheer white curtains, peering out at black sooty rooftops and dim neon signs flickering against brick walls. The early morning light showed behind the clouds above the dull concrete facade opposite. No debilitating heat here. No drowsing scent of roses, of gardenias.
Gradually his head cleared.

He thought of the Englishman at the bar in the lobby again. That’s what had brought it all back—the Englishman remarking to the bartender that he’d just come from New Orleans, and that certainly was a haunted city. The Englishman, an affable man, a true Old World gentleman it seemed, in a narrow seersucker suit with a gold watch chain fixed to his vest pocket. Where did one see that kind of man these days?—a man with the sharp melodious inflection of a British stage actor, and brilliant, ageless blue eyes.

The doctor had turned to him and said: “Yes, you’re right about New Orleans, you certainly are. I saw a ghost myself in New Orleans, and not very long ago—” Then he had stopped, embarrassed. He had stared at the melted bourbon before him, the sharp refraction of light in the base of the crystal glass.

Hum of flies in summer; smell of medicine. That much Thorazine? Could there be some mistake?

But the Englishman had been respectfully curious. He’d invited the doctor to join him for dinner, said he collected such tales. For a moment, the doctor had been tempted. There was a lull in the convention, and he liked this man, felt an immediate trust in him. And the lobby of the Parker Meridien was a nice cheerful place, full of light, movement, people. So far away from that gloomy New Orleans corner, from the sad old city festering with secrets in its perpetual Caribbean heat.
But the doctor could not tell that story.

“If ever you change your mind, do call me,” the Englishman had said. “My name is Aaron Lightner.” He’d given the doctor a card with the name of an organization inscribed on it: “You might say we collect ghost stories—true ones, that is.”

THE TALAMASCA
We watch
And we are always here.


*
La traduction au plus proche.

Un

LE DOCTEUR S’EVEILLA, effrayé. Il avait encore rêvé de la vieille maison de la Nouvelle-Orléans. Il avait vu la femme dans le fauteuil à bascule. Il avait vu l'homme aux yeux marrons.

Et même maintenant, dans cette chambre d'hôtel tranquille au-dessus de New York, il ressentait la même désorientation inquiétante. Il avait encore parlé avec l'homme aux yeux marrons. Oui, aidez-la. Non, c'est juste un rêve. Je veux en sortir.

Le docteur s’asseya dans le lit. Aucun bruit à part le faible vrombissement du climatiseur. Pourquoi y pensait-il ce soir dans une chambre d'hôtel du Parker Meridien ? Pendant un instant, il n'a pas pu se débarrasser de l'impression laissée par la vieille maison. Il revit la femme — sa tête penchée, son regard vide. Il pouvait presque entendre le bourdonnement des insectes contre les grilles du vieux porche. Et l'homme aux yeux marrons parlait sans bouger les lèvres. Un mannequin de cire imprégné de vie...

Non. Arrête.

Il sortit du lit et marcha silencieusement traversant le tapis jusqu'à ce qu'il se tienne devant les rideaux blancs transparents, regardant les toits noirs de suie et les enseignes au néon qui clignotaient sur les murs de briques. La lumière du petit matin transparaissait derrière les nuages au-dessus de la façade en béton terne d'en face. Pas de chaleur débilitante ici. Pas de parfum de roses ou de gardénias.

Petit à petit, sa tête s’éclaircissait.

Il repensa à l'Anglais au bar du hall. C'est ce qui lui avait rappelé tout cela, l'Anglais faisant remarquer au barman qu'il venait de la Nouvelle-Orléans et que c'était certainement une ville hantée. L'Anglais, un homme affable, un vrai gentleman de l'Ancien Monde semblait-il, dans un costume étriqué de crépon de coton avec une chaîne de montre en or fixée à la poche de son gilet. Où voyait-on ce genre d'homme de nos jours ? un homme avec l'inflexion mélodieuse d'un acteur de théâtre britannique, et des yeux bleus brillants, sans âge.

Le docteur s'était tourné vers lui et avait dit : « Oui, vous avez raison au sujet de la Nouvelle-Orléans, vous avez certainement raison. J'ai moi-même vu un fantôme à la Nouvelle-Orléans, et il n'y a pas très longtemps... » Puis il s'était arrêté, embarrassé. Il avait fixé le bourbon liquide devant lui, la réfraction aiguë de la lumière dans le fond du verre de cristal.

Le bourdonnement des mouches en été ; l'odeur des médicaments. Un tel dosage de Thorazine ? Pourrait-il y avoir erreur ?

Mais l'Anglais avait été respectueusement curieux. Il avait invité le docteur à se joindre à lui pour le dîner, disant qu'il collectionnait ce genre d’anecdotes. Pendant un moment, le docteur avait été tenté. Il y avait une accalmie dans la convention, et il aimait cet homme, il ressentait une confiance immédiate en lui. Et le hall du Parker Meridien était un endroit agréable et gai, plein de lumière, de mouvement, de gens. Si loin de ce coin lugubre de la Nouvelle-Orléans, de cette vieille ville triste et pleine de secrets dans sa chaleur perpétuelle des Caraïbes.
Mais le docteur ne pouvait pas raconter cette histoire-là.

« Si jamais vous changez d'avis, appelez-moi, avait dit l'Anglais. Mon nom est Aaron Lightner. » Il donna au docteur une carte sur laquelle était inscrit le nom d'une organisation : « On peut dire que nous collectionnons les histoires de fantômes — les vraies, bien sûr. »

LE TALAMASCA
Nous veillons
Et nous sommes toujours là.


*

The Witching Hour, Le lien maléfique, le roman de 1990The Witching Hour, Le lien maléfique, le roman de 1990The Witching Hour, Le lien maléfique, le roman de 1990

La traduction de Annick GRANGER DE SCRIBA de 1992 pour ROBERT LAFFONT, POCKET et FLEUVE NOIR.
Attention, faute d’avoir pu retrouvé mon exemplaire à temps, ce qui suit est la transcription d’une lecture à haute voix.

1

Le médecin se réveilla, glacé d’effroi. Il avait à nouveau rêvé de la maison de La Nouvelle-Orléans. Il avait revu la femme dans son fauteuil à bascule. Il avait revu l'homme aux yeux marrons.

Malgré la quiétude de sa chambre du Parker Méridien près de New York, une fois encore il se sentait mal à l'aise. L'homme aux yeux marrons lui avait répété d'aider la femme.

Il se redressa dans son lit. Mais pourquoi diable repensait-il à tout cela ? La vieille maison le hantait. Il revit la femme — tête baissée, le regard vide. Il entendait presque le bourdonnement des insectes contre la porte moustiquaire du porche et l'homme aux yeux marrons qui parlait sans remuer les lèvres. Un mannequin de cire pourvu de vie.

Non, ça suffit ! se dit-il, sortant du lit. Il s'approcha des rideaux blancs immaculés et regarda dehors. Des toit sombres, des néons clignotants se reflétant contre les murs de briques. La lumière de l’aube pointait derrière les nuages au-dessus de la façade de béton en face de lui. Aucune trace de chaleur étouffante. Aucun arôme étourdissant de rose et de gardénia.
Son esprit s'éclaircissait peu à peu.

Il repensa à l'Anglais rencontré au bar de l'hôtel. Tout avait commencé par là. L'homme avait confié au barman qu'il arrivait de la Nouvelle-Orléans, et que cette ville était de toute évidence hantée. Cet anglais, affable, avait tout à fait l'air d'un gentleman d'antan avec son costume étriqué en seersucker, et sa montre de gousset en or fixée à son gilet. C'était un personnage d'un autre temps.

Le docteur s'était tourné vers lui : « Vous avez parfaitement raison. J'ai vu moi-même un fantôme à la Nouvelle Orléans, il n’y a pas très longtemps. » Il s'était interrompu, gêné, et avait fixé son verre de bourbon.

L'anglais avait montré une certaine curiosité et l’avait invité à dîner en invoquant l'argument qu'il collectait ce genre d'histoires. Le docteur avait été tenté d'accepter : il était libre pour la soirée et il aimait bien cet homme. Il s'était tout de suite senti en confiance. Le bar du Parker méridien était un endroit agréable plein de lumière, de mouvement, de gens. Il était si loin de ce coin lugubre de la Nouvelle-Orléans, de cette vieille et triste maison, et sa chaleur pesante.

Mais il se sentait incapable de raconter son histoire.

« Si vous changez d'avis, appelez-moi, dit-il. Je m’appelle Aaron Lightner. » Il avait tendu au docteur une carte portant le nom d'un organisme. « Disons que nous recueillons ce genre d'histoire de fantômes. Les vraies, j’entends. »

THE TALAMASCA
Nous observons
et nous sommes toujours là


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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.

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