Gog, le film en 3D de 1954Feu orange cinéma

Gog 3D (1954)

Autre titre : Space Station USA.

Sorti aux USA le 5 juin 1954,
Sorti en Angleterre le 18 octobre 1954.
Sorti en blu-ray +3D américain KINO LORBER le 1er mars 2016 région A seulement (des coups à l’image demeurent).
Sorti en blu-ray allemand le 25 mars 2022 chez OSLTALGICA.

De Herbert L. Strock, sur un scénario de Tom Taggart, Richard G. Taylor et Ivan Tors, avec Richard Egan, Constance Dowling, Herbert Marshall.

Pour adultes et adolescents.

(Prospective, Horreur, Robots) Une femme rousse en robe bleu injecte un pauvre singe avec un somnifère. Le singe est relié à une machine par des électrodes. Puis elle rejoint deux savants dans le local voisin pour annoncer que le singe est endormi. Ceux-ci ordonne que la femme réduise graduellement la température du local où se trouve le singe ; elle annonce alors divers facteurs biologiques tandis que l’intérieur du frigo se couvre de givre et qu’un essuie-glace maintient la clarté de la vitre d’observation. La femme rousse annonce que le cœur ne bat plus, ne respire plus — et d’ailleurs ce n’est plus qu’une boule de poils gelés. Les savants ordonnent alors de remonter la température et de stimuler le cœur. La température du corps remonte. Puis il faut stimuler le cerveau et augmenter l’oxygène. Le singe rouvre les yeux et respire, battement de cœur et pression du sang normal. Le singe s’assied, mais il a l’air d’être resté débile et se tient le côté, puis il applaudit, visiblement sur ordre de quelqu’un hors caméra. La femme et l’un des savant le plus jeune entrent et se félicitent de la célébrité que le singe devrait atteindre plus tard

Puis le savant binoclard à moustache reste dans le frigo à prendre des notes et la porte du frigo se referme et se verrouille toute seule, tandis que les volants régissant la température de la pièce tournent tout seuls. Le prisonnier appelle en vain le docteur Kirby, pendant que la rouquine s’absorbe à déplacer des cartons et des bobines de fils électriques dans une réserve. Le savant enfermé tambourine à la vitre, se couvre de gel, l’aiguille d’un cadran au mur indique « danger » pour la personne enfermé à l’intérieur, au lieu de déclencher une alarme ce qui aurait été le plus logique. Puis le savant s’effondre, et c’est à ce moment que la rouquine revient et l’appelle, en vain.

La femme intriguée de voir la température remonter à l’intérieur se mordille la lèvre, regarde par la vitre, ouvre la porte du frigo, entre pousse un cri et la porte du frigo se referme derrière elle. Elle pousse un second cri, qui pourtant devrait porter certainement plus loin que ceux de la victime précédente. Mais apparemment, le troisième savant est parti jouer au tiercé.

Un hélicoptère en forme de banane métallisée est en approche, deux quidams — le pilote et l’agent spécial Sheppard — constatent que le cerveau électronique de la base a pris le contrôle des commandes par « magnétisme » : toutes les aiguilles de leurs cadrans tournent dans tous les sens, et cela ne les affolent pas plus que cela. Le pilote explique que c’est pour que les coordonnées de la base restent secrètes. Et est-ce que le cerveau éteint aussi le soleil du désert ? Apparemment non.A l’arrivée de Shepard, on contrôle sa photo et ses empreintes ; puis il prit un ascenseur pour descendre dans les profondeurs des cinq niveaux de la base, le niveau le plus profond abritant le cerveau électronique NOVAC qui contrôle tout apparemment. Shepard est reçu par un autre savant, qui déverrouille la menotte qui attache la serviette de Shepard à son poignet, puis il prend une enveloppe dedans. De manière cocasse, le professeur et Shepard ne se regarde pas tout le temps de l’entretien et le savant nous raconte alors le début du film. Il écarte la possibilité d’un sabotage, et Shepard veut voir les preuves.

Le chef de la base s’inquiète de la sécurité de la centaine de chercheurs, puis lui présente la blonde Johanna Nelly, qui apporte un dispositif électronique découvert, qui permet de guider des bombes notamment atomique. Ils estiment, sur la base d’une vue ou coupe de la base, que s’ils étaient bombardés avec un armement ordinaire, seul les entrepôts du premier niveau souterrain seraient endommagés. Avec une bombe atomique, le second niveau où ils se trouvent seraient aussi endommagé, mais étrangement pas les deux autres plus profond malgré le fait que le puits de l’ascenseur conduirait sans obstacle chaleur, radiation et onde de choc. Shepard enfile une combinaison avec un brassard jaune – l’or lui donne l’accès à tous les niveaux.

Puis Nelly embrasse Shepard en lui avouant comment elle a trouvé long le temps qui s’était écoulé depuis qu’elle l’attendait pour faire des trucs avec lui en robe de cocktail. Elle trouve aussi inhumaine les conditions de travail, tout est contrôlé par ordinateur. Puis elle lui fait part des ragots qui courent sur le personnel et lui remet une liste de quelques noms de scientifiques qui se comportent de manière curieuse. Par exemple, l’un des savants voit des femmes. Elle change cependant de sujet et lui vante le patch de contrôle des radiations tandis qu’un homme entre dans le vestiaire. Apparemment, cela ne l’étonne pas qu’une femme se trouve tout contre un homme dans le vestiaire des hommes, à moins que les vestiaires soient mixtes, et les douches avec. Puis Shepard et Johanna vont porter un échantillon trouvé dans une des boites qui sert à contrôler les bombes. Shepard apprend que c’est le cerveau électronique NOVAC qui procèdera à l’analyse. Ils se rendent ensuite au département d’ingénierie solaire : ils y travaillent sur une maquette de station orbitale en forme d’anneau qui fonctionnera seulement à l’énergie solaire, collectée par une seule antenne parabolique. La visite se poursuit dans divers départements ponctués de quelques piques sexistes envers les deux sexes.

Gog, le film en 3D de 1954

Gog, le film en 3D de 1954

Gog, le film en 3D de 1954

Gog, le film en 3D de 1954


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L'étrange créature du lac noir, le film de 1954Feu vert cinéma

The Creature From The Black Lagoon (1954)

Traduction du titre original : La créature du lagon noir.
Autre titre: Le monstre du marais.

Sorti aux USA le 5 mars 1954.
Sorti en France le 13 avril 1955.
Sorti en blu-ray anglais et américain le 2 octobre 2012 (Universal Classic Monsters, multi-régions, version française incluse).
Sorti en blu-ray français le 28 octobre 2014.
Sorti en coffret anglais 4x4K UNIVERSAL US / UK VF incluse, Icon of Horror vol.2, le 10 octobre 2022.
Sorti en coffret américain 4x4K+4xbr UNIVERSAL US / UK VF incluse, Icon of Horror vol.2, le 11 octobre 2022.

De Jack Arnold, sur un scénario de Harry Essex, Arthur A. Ross, Maurice Zimm, avec  Richard Carlson, Julie Adams, Richard Denning, Antonio Moreno, Whit Bissell.

Au commencement, Dieu créa la Terre et le Ciel, et la Terre était sans forme. La planète Terre nouvelle née se refroidit rapidement en cinq milliards d'années, les nuages se forment et il pleut pendant des siècles. Les mers montent, trouvent leurs rives, et le miracle de la Vie s'opère, des milliers d'espèces laissant la trace de leur lutte pour leur survie et de leur disparition. Sur les rives de l'Amazon, les hommes essaient encore de déchiffrer ces traces, et justement, l'équipe indigène du Docteur Carl Maïa a découvert un bras griffu fossilisé. après quelques photos du bras émergeant des strates, le Docteur Maïa dégage le bras, et s'en va à la ville pour en savoir davantage. Il ordonne qu'un homme reste constamment sur place et comme il s'en va, un bras griffu tout à fait vivant sort de l'eau et s'agrippe au rebord du quai.

Le Docteur Maïa retrouve le Docteur David Reed à l'Institut de Biologie Maritime, ou plus exactement à bord d'un bateau de l'institut en train de faire de la plongée. Reed est un spécialiste de la vie marine, et avec sa jolie fiancée Kay Lawrence, ils plongent à 40 pieds pour prélever des spécimens dans les filets qu'ils tendent. Comme le Docteur Maïa s'inquiète de la longueur de sa remontée, Kay explique qu'un plongeur doit faire des pauses quand il remonte des profondeurs. Reed attend une augmentation pour se marier avec Kay. Dans la vedette qui les ramènent à l'Institut, le Docteur Maïa lui présente les photos qu'il a pris de la main fossilisée, trouvée dans des strates de l'ère dévonienne. C'est donc à l'institut qu'ils examinent l'original de la main fossilisée à l'Institut. Les palmes indiquent une forme de vie aquatique, mais les os des doigts suggèrent une créature terrestre, d'une force remarquable. Reed suggère alors que la poignée d'experts rassemblée à l'Institut constituent eux-mêmes l'expédition dont le Docteur Maïa aurait besoin pour mener plus en avant ses recherches. Reed rappelle qu'étudier l'évolution permet de comprendre comment s'adapter aux nouveaux mondes, ce qui sera indispensable dans le futur, ne serait-ce que lorsque les explorateurs spatiaux devront s'installer sur d'autres planètes.

Cependant, la nuit suivante, Luis et les autres assistants du docteur qui gardaient le site archéologique sont massacrés par la bête aux bras griffus et palmés, et le lendemain l'expédition arrive à bord du Rita dans la chaleur étouffante de la jungle Amazonienne. Comme personne ne répond à leurs appels, Reed demande à sa fiancée de rester en arrière. Ils découvrent la tente saccagée et un premier corps ensanglanté. Le Docteur Maïa pense à un jaguar et Reed réalise alors qu'il a demandé à Kay de rester toute seule, sans protection, au bord de la rivière...

L'étrange créature du lac noir (1954) photo

L'étrange créature du lac noir (1954) photo

L'étrange créature du lac noir (1954) photo

L'étrange créature du lac noir (1954) photo

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La guerre des mondes, le film de 1953

Voici la liste des articles de ce blog consacrés aux films de Science-fiction, Fantasy, Fantastique et Aventure annoncé pour l'année 1953. Cette liste sera mise à jour au fur et à mesure de la rédaction des articles.

Ici le calendrier cinéma pour 1954.

Ici le calendrier cinéma pour 1952.

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La guerre des mondes, le film de 1953

Annoncés pour décembre 1953

En France

La guerre des mondes (23 décembre, War Of The Worlds)

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La guerre des mondes, le film de 1953   La légende de l'épée magique, le film de 1953

Annoncés pour août 1953

Aux USA

La légende de l'épée magique (12 août 1953, The Golden Blade, L'épée magique)

La guerre des mondes (26 août, War Of The Worlds)

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Fanfan la Tulipe, le film de 1952

Annoncés pour mai 1953

Aux USA

Fanfan la Tulipe (1952)

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Les contes de la Lune vague après la pluie, le film de 1953

Annoncés pour mars 1953

Au Japon

Les contes de la Lune vague après la pluie (26 mars)

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Les cavernes d'acier, le roman de 1953Feu vert livre / BD

The Cave Of Steels (1953)
Titre français : Les cavernes d’acier.
Autre titre : Les villes d’acier.
Sous-titré : le cycle des robots 3 depuis 2011.

Publié dans Galaxy d’octobre à décembre 1953 ;
sorti aux USA chez Doubleday en 1954 ;
traduit en français anonymement en mai 1954, juin 1954 et juillet 1954 pour Galaxie numéro 6, 7, 8 ;
traduit en février 1956 par Jacques Brécard pour Hachette Le Rayon Fantastique.
Rassemblé en Omnibus en décembre 1990 réédité en 1999, en octobre 2003 aux Presses de la Cité « Le Grand Livre des Robots vol 1 ».
Réédité en poche en 2020.

Adapté pour la télévision en Angleterre sur BB2 avec Peter Cushing pour la série d’anthologie Story Parade.

De Isaac Asimov.

Pour adultes et adolescents.

(polar futuriste) Roj Nemmenuh Sarton, l’Ambassadeur des Spatiens vient d’être assassiné chez lui, dans la Cité de l’Espace, l’avant-poste des Spatiens voisin de New-York. Elija Bailey, le plus brillant des enquêteurs doit enquêter en coordination avec un enquêteur spatien, et son supérieur Julius Enderby le charge de prouver que les enquêteurs humains ne peuvent être remplacer par des androïdes. Or l’enquêteur spatien n’est autre qu’un androïde, de génération supérieure aux robots terriens.

Les cavernes d'acier, le roman de 1953

Le texte original de Isaac Asimovv de octobre 1953 pour Galaxy, illustré par EMSH.

The Caves Of Steel

Future New York would have been a great place to live in… if it weren’t for the deadly helpfulness of its robots… and the fact that someone chose the worst man in the world to murder!

CHAPTER I

LIJE BALEY had just reached his desk when he became aware of R. Sammy watching him expectantly.
The dour lines of his long face hardened. “What do you want?”
“The boss wants you, Lije. Right away. Soon as you come in.”
“All right.”

R. Sammy stood there with his unchanging blank grin.
Baley said. “All right, I told you! Go away!”
R. Sammy turned and left to go about his duties. Baley wondered irritably why those duties couldn’t be done by a man.

He paused to examine the contents of his tobacco pouch and made a mental calculation. At two pipefuls a day, he could stretch it to next quota day.
Then Baley stepped out from behind his railing—he’s earned a railed corner two years ago—and walked the length of the common room.
Simpson looked up from a merc-pool file as he passed. “Boss wants you, Lije.”
“I know. R. Sammy told me.”

A closely coded tape reeled out of the merc-pool’s vitals as the small instrument searched and analyzed its “memory” for the desired information, which was stored in the tiny vibration patterns of the gleaming mercury surface within.

“I’d kick R. Sammy’s armored behind if I weren’t afraid of breaking a leg,” said Simpson. “I saw Vince Barrett the other day.”
Baley’s long face grew longer. “How’s he doing?”

“Working a delivery-tread on the yeast farms. He asked if there was any cance he could get his job back. Or any job in the Departmen. What could I tell him? R. Sammy’s doing Vince’s job now and that’s that. A damned shame. Vince is a bright kid. Everyone liked him.”

Baley shrugged. “It’s something we’re all living through,” he said in a manner stiffer than he intended of felt. He’s liked Vince too, and hated the vacantly grinning robot that had replaced the boy. His own foot had itched in much the same fashion as Smipson’s. Not just for R. Sammy, either. For any of the damned robots.

*

La traduction au plus proche

Les cavernes d’acier

Le New York du futur aurait été un endroit formidable à vivre... s'il n'y avait pas eu la serviabilité mortelle de ses robots... et le fait que quelqu'un ait choisi le pire homme du monde à assassiner !

CHAPITRE I

LIJE BALEY venait d'atteindre son bureau lorsqu'il s'aperçut que R. Sammy l'observait avec impatience.
Les lignes austères de son long visage se durcirent. « Qu'est-ce que tu veux ?
— Le patron veut te voir, Lije. Tout de suite. Dès que tu arrives.
—D'accord. »

R. Sammy se tenait là avec son immuable sourire en coin.
Baley dit. « D'accord, je te l'avais dit ! Va-t'en ! »
R. Sammy se retourna et partit vaquer à ses occupations. Baley se demanda avec irritation pourquoi ces tâches ne pouvaient pas être accomplies par un être humain.

Il s'arrêta pour examiner le contenu de sa blague à tabac et fit un calcul mental. A raison de deux pipes pleines par jour, il pouvait atteindre le prochain jour de la distribution du tabac.
Puis Baley sortit de derrière sa rambarde — il avait gagné une section de rambarde il y a deux ans — et marcha le long de la salle de bureaux partagés.
Comme il passait, Simpson leva les yeux d'un dossier rédigé automatiquement. « Le patron veut te voir, Lije. — Je sais. R. Sammy me l'a dit. »

Une bande au code serré s'échappa des entrailles de l’imprimante de ressources, tandis que le petit instrument cherchait et analysait sa "mémoire" pour retrouver l'information désirée, laquelle était stockée dans les minuscules motifs des vibrations de la surface de mercure étincelante à l'intérieur.
« Je botterais bien le derrière blindé de R. Sammy si je n'avais pas peur de me casser une jambe, dit Simpson. J'ai vu Vince Barrett l'autre jour. »

Le long visage de Baley s’allongea encore. « Comment va-t-il ?
— Il travaille au déchargement d’un tapis-roulant dans les fermes à levure. Il a demandé s'il y avait une possibilité de récupérer son travail. Ou n'importe quel travail dans le département. Qu'est-ce que je pouvais lui dire ? R. Sammy fait le travail de Vince maintenant et c'est tout. Une sacrée honte. Vince est un garçon intelligent. Tout le monde l'aimait bien. »

Baley a haussé les épaules. « C'est quelque chose que nous sommes tous en train de vivre. » Il avait répondu plus raidement qu'il ne l'aurait voulu. Il avait bien aimé Vince aussi, et il détestait le robot au sourire vide qui avait remplacé le garçon. Son propre pied l'avait démangé de la même façon que celui de Simpson. Pas seulement pour R. Sammy, d'ailleurs. Pour n'importe lequel de ces maudits robots.

*

Les cavernes d'acier, le roman de 1954

La traduction anonyme dans Galaxie numéro 6 de mai 1954

LES VILLES D’ACIER

par Isaac ASIMOV

Quelques centaines de siècles dans le futur. Nourris chimiquement, ou de céréales et de légumes forcés en usines, les Terriens sont maintenant groupés dans d’énormes cités d’acier. Les colonies créées dans les mondes extérieurs se sont depuis longtemps affranchies de la tutelle de la Terre. Elles manifestent l’intention de moderniser entièrement leur économie qui se trouve dans une impasse.

Mais les Terriens accepteront-ils leurs formes nouvelles de civilisation ? Accepteront-ils surtout la collaboration des robots à vraie figure humaine créés dans les mondes nouveaux ? En effet, le chômage né sur la Terre, dans certains secteurs, par suite de l’emploi de robots ordinaires, a déjà entraîné des émeutes.


CHAPITRE I

Lije Baley s’installait devant son bureau quand il s’aperçut que R. Sammy l’attendait, en le regardant fixement.
Les traits de Baley, naturellement austères, se durcirent encore.

« Que veux-tu ? »
— « Le Patron vous demande de suite, Lije ; il a dit : aussitôt arrivé. »
— « Bien », mais R. Sammy restait sur place, immobile, le sourire figé, sans aucune expression.
« Je t’ai dit : bien ; alors va-t-en ! » cria Baley impatiemment.

R. Sammy fit demi-tour, et s’en fut, pendant que Baley se demandait aigrement pourquoi ces commissions n’étaient pas confiées à un quelconque garçon ?
Avant de s’en aller, Baley s’arrêta un instant pour examiner le contenu de sa blague à tabac, et faire rapidement le calcul mental : à deux pipes par jour, pendant combien de temps pourrait-il encore fumer ? Puis il quitta le bureau grillagé, son coin personnel, qu’il était parvenu à obtenir, grâce à ses bonnes notes, deux années auparavant.

Il traversa la grande salle commune ; à son passage, Simpson, assis parmi la file des employés, leva la tête, et remarqua : « Le Patron vous attend, Lije. »
— « Je sais, R. Sammy m’a prévenu ».

Et Simpson s’écriait : « Comme j’aurais plaisir à envoyer un coup de pied quelque part à cet affreux Sammy ! Mais je crains toujours de lui casser un membre ! » Il ajouta : « À propos, j’ai rencontré, l’autre jour, Vince Barrett. »
La longue figure de Baley s’allongea encore : « Que devient-il ? »
— « Il travaille, comme livreur dans les fermes à levure ; il m’a demandé s’il aurait quelque chance de récupérer son ancienne place, ou une occupation quelconque dans notre Administration. Que lui répondre ? R. Sammy l’a remplacé, c’est chose faite. Pauvre Vince, un chic type, que tout le monde appréciait ! »

Baley haussa les épaules, et articula sèchement : « Nous en sommes tous là maintenant », car, lui aussi, aimait autant Vince qu’il exécrait le robot au sourire vague et grimaçant, qui l’avait remplacé, et, comme à Simpson, le pied lui démangeait, non seulement vis-à-vis de Sammy, mais aussi à l’encontre de toutes ces maudites machines qui envahissaient tout.

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Les cavernes d'acier, le roman de 1953Les cavernes d'acier, le roman de 1953Les cavernes d'acier, le roman de 1953Les cavernes d'acier, le roman de 1953Les cavernes d'acier, le roman de 1953Les cavernes d'acier, le roman de 1953Les cavernes d'acier, le roman de 1953Les cavernes d'acier, le roman de 1953

La traduction française de Jacques Brécart de 1956 pour le Rayon Fantastique, J’ai Lu et Les Presses de la Cité.

Les cavernes d’acier

1
ENTRETIEN AVEC UN COMMISSAIRE


Lije Baley venait d’atteindre son bureau quand il se rendit compte que R. Sammy l’observait, et que, manifestement, il l’avait attendu.
Les traits austères de son visage allongé se durcirent.

— Qu’est-ce que tu veux ? fit-il.
— Le patron vous demande, Lije. Tout de suite. Dès votre arrivée.
— Entendu !
R. Sammy demeura planté à sa place.
— J’ai dit : entendu ! répéta Baley. Fous le camp !

R. Sammy pivota sur les talons, et s’en fut vaquer à ses occupations ; et Baley, fort irrité, se demanda une fois de plus, pourquoi ces occupations-là ne pouvaient pas être confiées à un homme. Pendant un instant, il examina avec soin le contenu de sa blague à tabac, et fit un petit calcul mental : à raison de deux pipes par jour, il atteindrait tout juste la date de sa prochaine distribution.

Il sortit alors de derrière sa balustrade (depuis deux ans, il avait droit à un bureau d’angle, entouré de balustrades) et traversa dans toute sa longueur l’immense salle.
Comme il passait devant Simpson, celui-ci interrompit un instant les observations auxquelles il se livrait, sur une enregistreuse automatique au mercure, et lui dit :
— Le patron te demande, Lije.
— Je sais. R. Sammy m’a prévenu.

Un ruban couvert d’inscriptions serrées en langage chiffré sortait sans arrêt des organes vitaux de l’enregistreuse ; ce petit appareil recherchait et analysait ses « souvenirs », afin de fournir le renseignement demandé, qui était obtenu grâce à d’infinies vibrations produites sur la brillante surface du mercure.
— Moi, reprit Simpson, je flanquerais mon pied au derrière de R. Sammy, si je n’avais pas peur de me casser une jambe ! Tu sais, l’autre soir, j’ai rencontré Vince Barrett…
— Ah oui ?...
— Il cherche à récupérer son job, ou n’importe quelle autre place dans le Service. Pauvre gosse ! Il est désespéré ! Mais que voulais-tu que, moi, je lui dises ?... R. Sammy l’a remplacé, et faite exactement son boulot : un point, c’est tout ! Et pendant ce temps-là, Vince fait marcher un tapis roulant dans une des fermes productrices de levure. Pourtant c’était un gosse brillant, ce petit-là, et tout le monde l’aimait bien !

Baley haussa les épaules et répliqua, plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu :
—Oh ! tu sais, nous en sommes tous là, plus ou moins.

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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.

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