L'univers en folie, le roman de 1949Feu vert livre / BD

What Mad Universe (1949)
Traduction du titre original : Quel univers de fou ?

Sorti aux USA en 1948 dans Startling Stories ;
Sorti en 1949 chez E.P Dutton US.
Traduit en français par Jean Rosenthal en novembre 1953 pour HACHETTE GALLIMARD FR collection Le Rayon fantastique.
Réédité en poche chez DENOEL FR présence du futur en 1970, 1975, février 1979, 1981, 1984, mars 1987, septembre 1995, août 1998.
Réédité en poche traduction de Jean Rosenthal révisée par Thomas Day chez FOLIO SF FR en août 2002, mai 2007, juin 2016.

De Fredric Brown.

(monde parallèle, uchronie, space opera, comédie horrifique) 10 juin 1954. Les USA lancent une fusée en direction de la Lune. Pour prouver qu'ils ont atteint leur objectif, ils ont équipé la fusée d'un dispositif accumulant l'électricité statique durant le vol, ce qui aura pour effet de libérer une énorme décharge électrique, dont le flash sera aussi visible qu'une explosion atomique. Le même soir, Keith Winston, le rédacteur en chef d'une revue de Science-fiction appartenant à un grand groupe de presse, passe la soirée dans la luxueuse villa de M. Borden, le propriétaire du dit groupe. Winston a le coup de foudre pour la jolie Betty Hadley, la rédactrice en chef d'un magazine féminin récemment entré dans le groupe, et il a osé l'embrasser sur la bouche, avec succès, avant que la belle ne s'en aille faire un discours pour lors d'un dîner d'anciennes camarades de classe - exclusivement féminin.

Ne pouvant la suivre, Winston renonce à participer au reste de la soirée, ce qui l'arrange car il doit boucler le courrier des lecteurs de son magazine. Il s'abîme donc dans le courrier d'un de ses plus grands fans, un certain Joe Dooppelberg, auquel il a posé un lapin lors de sa visite à New-York, puis s'installe pour admirer le flash annoncé de la fusée, l'esprit encore préoccupé par le courrier de Joe Dooppelberg, qui résume en fait assez correctement l'opinion de l'ensemble de ses lecteurs sur les couvertures de ses magazines. Keith Winston ne se doute pas alors qu'il va pouvoir observer l'impacte de la fusée de beaucoup plus près qu'il ne l'imaginait... Si près que l'on ne retrouvera même pas son corps sur les lieux de l'impact de la fusée, retombée sur la Terre ! Cependant, de son point de vue, il n'y a que le banc qui était sous lui qui a disparu, et puis aussi la grande villa de son patron, et il se trouve à chercher la route la plus proche pour arrêter un vieux tacot. Le conducteur, un paysan, accepte de l'emmener à Greeneville, la ville la plus proche, d'où il espère prendre le train pour New-York... Mais des tas de petits détails clochent, et le comportement des gens commence à devenir franchement dérangeant...

*

L'univers en folie, le roman de 1949

Le texte original de Fredric Brown de 1949

CHAPTER I
The Moon Rocket.


The first attempt to send a rocket to the moon, in 1952, was a failure. Probably because of a structural defect in the operating mechanism, it fell back to Earth, causing a dozen casualties. Although not containing any explosives, the rocket — in order that its landing on the moon might be observed from earth — contained a Burton potentiometer set to operate throughout the journey through space to build up a tremendous electrical potential which, when released on contact with the moon, would cause a flash several thousand times brighter than lightning — and several thousand times more disruptive. Fortunately, it came down in a thinly populated area in the Catskill foothills, landing upon the estate of a wealthy publisher of a chain of magazines. The publisher and his wife, two guests and eight servants were killed by the electrical discharge, which completely demolished the houose and felled trees for a quarter of a mile around. Only eleven bodies were found. It is presumed that one of the guests, an editor, was so near the center of the flash that his body was completely disintegrated. The next — and first successful — rocket was sent in 1953, almost a year later.

***

Keith Winton was pretty well winded when the set of tennis was over but he tried not to sow it. He hadn’t played in years and tennis — he was just realizing — is definitely a young man’s game. Not that he was old by any means — but at thirty-one you get winded unless you’ve kept in condition. Keith hadn’t. He’d had to extend himself to win that set.
“Another set? Got time?”
Betty Hadley shook her blond head.
“Fraid not, Keith. I’m going to be late now. I couldn’t have stayed this long except that Mr. Borden promised to have his chauffeur drive me to the airport at Greeneville and have me flown back to New York from there. Isn’t he a wonderful man to work for ?
“Uh-huh,” said Keith, not thinking about Mr. Borden at all.”You’ve got to get back?”
“Got to,’ she said emphatically. “It’s an alumnae dinner. My own alma mater and, not only that, but I’ve got to speak. To tell them how a love story magazine is edited’
“I could come along,” Keith suggested, « and tell them how a science-fiction book is esited. Or a horror book, for that matter — I had Bloodcurdling Tales before Borden put me on Surprising Storis. That job used to give me nightmares…”

*

La traduction au plus proche

CHAPITRE I
La fusée lunaire.


La première tentative d'envoyer une fusée sur la lune, en 1952, fut un échec. Probablement à cause d'un défaut structurel du mécanisme de pilotage, elle retomba sur Terre, faisant une douzaine de victimes. Bien que ne contenant pas d'explosifs, la fusée — afin que son atterrissage sur la Lune puisse être observé depuis la Terre — contenait un potentiomètre Burton réglé pour fonctionner tout au long de son voyage dans l'espace afin d'accumuler un énorme potentiel électrique qui, lorsqu'il serait libéré au contact de la Lune, provoquerait un éclair plusieurs milliers de fois plus brillant que la foudre — et plusieurs milliers de fois plus destructeur. Heureusement, il tomba dans une zone peu peuplée des contreforts de Catskill, sur la propriété d'un riche éditeur d'une gamme de magazines. L'éditeur et sa femme, deux invités et huit domestiques furent tués par la décharge électrique, qui détruisit complètement la maison et abattit les arbres sur un quart de mile à la ronde. Seuls onze corps furent retrouvés. On suppose que l'un des invités, un directeur de publication, se trouvait si près du centre de l'éclair que son corps fut complètement désintégré. La fusée suivante — et la première réussite — fut lancée en 1953, presque un an plus tard.

***

Keith Winton était plutôt très essoufflé à la fin de la partie de tennis, mais il essaya de ne pas le montrer. Il n'avait pas joué depuis des années et le tennis — il venait de s'en rendre compte — était définitivement un sport de jeune homme. Non pas qu'il fût vieux, mais à trente et un ans, on s'essouffle si on n'est pas en bonne condition physique. Ce n'était pas le cas de Keith. Il avait dû se dépasser pour gagner ce set.
« Un autre set ? Tu as le temps ? »
Betty Hadley secoua sa tête blonde.
« J'ai peur que non, Keith. Je vais être en retard maintenant. Je n'aurais pas pu rester aussi longtemps sauf que M. Borden a promis que son chauffeur me conduirait à l'aéroport de Greeneville et que prendrai l'avion pour New York de là. N’est-il pas un homme merveilleux pour qui travailler ?
« Uh-huh", répondit Keith, en ne pensant pas du tout à M. Borden. Tu dois vraiment rentrer ?
— Vraiment, je le dois", répondit-elle avec emphase. "C'est un dîner d'anciennes élèves. Ma propre alma mater et, en plus de cela, je dois faire un discours. Pour leur raconter comment on édite un magazine d'histoires d'amour.
— Je pourrais venir avec toi", suggera Keith, et leur raconter comment un livre de science-fiction est édité. Ou un livre d'horreur, d'ailleurs — j'avais Contes à glacer le sang avant que Borden ne me mette sur Histoires surprenantes. Ce travail me donnait des cauchemars..."

*
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La traduction de Jacques Papy pour Denoël de 1970

LE GRAND ECLAIR

La première tentative pour envoyer une fusée sur la Lune, en 1954, se solda par un échec. Par suite sans doute d’un défaut de construction de l’appareil, la fusée retomba sur la Terre, tuant douze personnes. Pour permettre en effet d’observer depuis la Terre son arrivée sur la Lune, la fusée était munie, non pas d’une charge explosive, mais d’un potentiomètre Burton qui devait fonctionner durant tout le voyage à travers l’espace et accumuler un formidable potentiel électrique qui, en se déchargeant au contact de la Lune, produirait un éclair plusieurs milliers de fois plus brillant que celui de la foudre, et d’une force destructrice plusieurs milliers de fois supérieure.
Par bonheur, la fusée retomba dans une région faiblement peuplée des Catskill, dans la propriété d’un riche directeur de journaux. Celui-ci, sa femme, deux invités et huit domestiques furent tués par la décharge électrique qui anéantit totalement la maison et abattit les arbres à cinq cents mètres à la ronde. On ne retrouva que onze corps. On suppose qu’un des invités, un journaliste, se trouvait si près du centre de la déflagration que son corps fut complètement désintégré.
Une autre fusée, qui arriva à bon port, celle-là, fut lancée un an plus tard, en 1955.

Keith Winton était passablement essouflé à la fin du set, mais il fit de son mieux pour ne rien montrer. Il n’avait pas joué depuis des années, et le tennis, il s’en rendait bien compte, était un jeu de jeune homme. Non certes qu’il ne fût vieux, mais à trente et un ans, on s’essouffle si on manque d’entraînement. Et Keith en manquait : il lui avait fallu se surpasser pour enlever ce set.
Il s’imposa un nouvel effort, pour sauter par-dessus le filet et rejoindre la jeune fille qu’il venait de battre. Il haletait un peu, mais réussit à lui sourire.
« Un autre set ? Vous avez le temps ? »
Betty Hadley secoua sa tête blonde. « J’ai bien peur que non, Keith. Je me mettrais en retard. Je n’aurais déjà pas pu rester si longtemps si M. Borden ne m’avait pas promis de me faire conduire jusqu’à l’aéroport par son chauffeur et de m’offrir le retour jusqu’à New-York en avion. Vous ne trouvez pas que c’est merveilleux de travailler pour un homme pareil ?
— Oh ! si, si », dit Keith, qui ne pensait pas du tout à M. Borden. Vous êtes vraiment obligée de rentrer ?
— Absolument. C’est un dîner d’anciennes élèves. Et par-dessus le marché, je dois faire un speech : je vais leur expliquer comment on fait un magazine féminin.
— Je pourrais venir aussi, proposa Keith, et leur dire comment on fait un magazine d’anticipation. Ou un magazine criminel, si vous aimez mieux. C’était moi qui m’occupais d’Histoires Macabres avant que Borden ne me confie Aventures Extraordinaires. Ce travail me donnait des cauchemars.

***

Le petit garçon aux cheveux verts, le film de 1948Feu vert cinéma

The Boy With Green Hair (1948)

Sorti aux USA le 16 novembre 1948.
Sorti en Angleterre le 19 juin 1950.
Sorti en France le 10 février 1967.
Sorti en DVD français le 16 septembre 2003 chez Montparnasse (seulement sous-titré français, transfert flou baveux - restauration insuffisante, les trois couleurs sont désalignées) .
Sorti en DVD américain le 16 février 2006 chez Warner (même transfert que le DVD français).
Sorti en DVD anglais le 7 février 2011 chez Odéon (transfert encore moins bon que l'édition française et américaine).

De Joseph Losey, sur un scénario de Ben Barzman, Alfred Lewis Levitt, Avec Dean Stockwell, Pat O'Brien, Robert Ryan, Barbara Hale.

Un commissariat, la nuit. Un petit garçon est interrogé par deux policiers qui essaient de lui faire dire son nom. Le petit garçon refuse de parler. Il a le crâne rasé. Les policiers passent le relais à un homme en costume cravate. Il commence par demander à l’enfant de s’asseoir dans un fauteuil plutôt que le banc. Puis il s’excuse – il n’a pas dîné et prétend mourir de faim, mais c’est à l’enfant qu’il verse une partie de son milkshake. Puis, fouillant dans le paquet des sandwichs, il lui demande avec ou sans. Et l’enfant parle pour la première fois. Il demande avec ou sans quoi, et l’homme répond avec ou sans oignons. Puis comme ils commencent à manger, et l’homme lui demande ce qui est arrivé à ses cheveux. L’enfant répond qu’il les a rasés. Lorsque l’homme, le Docteur Evans, qui lui assure être un médecin ordinaire, demande pourquoi, l’enfant répond que c’est une longue histoire et que l’homme ne voudra pas la croire. Mais le médecin insiste. Au début, tout est décousu, alors il demande à ce que l’enfant raconte son histoire depuis le début.

Le premier souvenir de l’enfant, c’est ce Noël où ses parents lui offrirent un petit chien et un cerf-volant pliable. Puis ses parents partirent pour un long voyage, et sa tante Lilian reçut un télégramme. Elle expliqua qu’elle n’était pas équipée pour s’occuper d’un enfant, et le garçon fut envoyé chez une autre tante, puis une autre, puis une autre. Il finit par se retrouver en garde de son grand-père – pas vraiment son grand-père – un acteur célèbre, selon l’enfant. Le premier jour, le grand-père remarque que l’enfant a peur des avions quand ils passent bas. Comme le vieil homme demande si l’enfant a peur d’être seul, celui-ci répond que non, il a même passé trois jours dans une grotte seul avec un lion. Le grand-père lui démontre cependant qu’il n’y a rien de plus dans l’obscurité que ce qu’il y avait dans la lumière en éteignant et en allumant la lumière. Une fois dans le noir, le garçon répète cette formule comme un mantra – et la vérifie en rallumant la lumière et en l’éteignant lui-même. Puis il rallume la lumière et va s’armer d’une batte de base-ball avec laquelle il s’endort.

Le lendemain, le laitier lui conseille de travailler dur à l’école, parce que lui ne l’a pas fait. Et quand le laitier lui demande quel métier l’enfant veut faire plus tard, le garçon répond « laitier ». Puis son « grand-père » l’accompagne à l’école, le présentant à tous les commerçants de la ville en chemin. Le garçon n’apprécie pas vraiment que tout le monde termine la conversation en lui ébouriffant les cheveux. Puis devant le grand bâtiment de l’école, le garçon hésite et avoue qu’il a peur de la grande baguette du professeur. Mais en fait, l’institutrice est charmante, et l’enfant fraternise rapidement avec les autres enfants. Puis son grand-père lui achète une bicyclette, ce qui permet au garçon de devenir livreur. Le soir, il n’a plus peur du noir… mais garde la batte sur le côté du lit.

Jusqu’au jour où l’école organise une collecte de vêtements et de jouets pour les enfants victimes de la guerre. Les enfants doivent alors afficher dans le gymnase des photos d’enfants au milieu de ruine et des posters qui impressionnent beaucoup le garçon. Lorsque l’un de ses camarades trouve qu’un des jeunes hommes sur les photos lui ressemble, le garçon le prend mal : il n’est pas orphelin de guerre, donc il ne peut pas lui ressembler. Alors le camarade lui dit que l’institutrice elle-même, Mademoiselle Brand, le leur a dit. Alors le garçon attaque son camarade, et c’est son grand-père et l’institutrice qui doivent les séparer. Comme le garçon traite l’autre de menteur, le grand-père lui avoue que c’est la vérité : ses parents sont morts dans un bombardement à Londres, et que l’on aurait dû lui dire depuis longtemps. Alors le garçon déclare qu’il le savait déjà, qu’il faisait juste semblant. Le garçon attend que les deux adultes soit parti, et il déchire l’affiche avec le jeune homme qui soit-disant lui ressemblait. Puis comme il entend deux petites filles demander si les enfants victimes de la guerre existent vraiment, il regrette son geste.

Lorsqu’il va préparer une livraison à la librairie, il entend trois clientes parler de la guerre : on ne voit que cela dans les journaux, l’une d’elle a son fils là-bas, et il n’y aura aucun moyen d’éviter que la guerre arrive chez eux, c’est la nature humaine. L’autre répond qu’il faut changer la nature humaine, et chercher à se comprendre les uns les autres : ne parler que de la guerre amènerait la guerre, et une autre guerre signifierait la fin du monde, et la mort d’autres enfants. Trop impressionné, le garçon laisse échapper une bouteille de lait, et les clientes lui sourient. Le soir venu, le garçon demande à son grand-père si la fin du monde est proche, et son grand-père lui répond que sa femme aimait la couleur verte, celle des plantes, du printemps, qui lui donnait de l’espoir. Et de conclure que le monde continuera à tourner encore longtemps, quoi qu’en disent les gens. Puis son grand-père lui annonce une grande surprise le lendemain, mais le garçon a le pressentiment que quelque chose de terrible allait arriver.

Le lendemain, alors qu’il se recoiffe après le bain, le garçon découvre que ses cheveux sont devenus complètement verts. Il trouve cela très drôle. Pas les adultes.

Le petit garçon aux cheveux verts (1948) photo

Le petit garçon aux cheveux verts (1948) photo

Le petit garçon aux cheveux verts (1948) photo

Le petit garçon aux cheveux verts (1948) photo

Le petit garçon aux cheveux verts (1948) photo

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Astounding Science-Fiction, le numéro d'octobre 1948 Feu orange livre / BD

The Players Of Null-A (1948)
Traduction du titre original : (les joueurs du A-Nul)
Autre titre : The Pawns Of Null-A (Les pions du A-Nul) : Les aventures de Ã.

Noter que ce roman est la suite du roman Le Monde des A (1945, The World of Null-A).
Noter que la suite de ce roman est La fin du A (1985, Null-A Three).

Sorti aux USA en octobre 1948 dans Astounding Stories.
Sorti aux USA en 1956 chez ACE BOOKS US.
Sorti en France en 1957 chez GALLIMARD FR (traduction de Boris Vian).
Sorti en France le 10 juin 1977 chez J'AI LU FR (traduction de Boris Vian).

De A. E. Van Vogt.

Gilbert Gosseyn lutte contre la tentative d'invasion de la Terre par un empire galactique à l'aide de ses pouvoirs paranormaux, dont celui d'occuper plusieurs corps dans l'Espace. Cependant, cela lui pose un problème d'identité.

Les joueurs du Ã, le roman de 1948   Les joueurs du Ã, le roman de 1948

Les joueurs du Ã, le roman de 1948   Les joueurs du Ã, le roman de 1948

Les joueurs du Ã, le roman de 1948   Les joueurs du Ã, le roman de 1948

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(Traduction au plus proche) Un système nerveux humain ordinaire est potentiellement supérieur à celui de n'importe quel animal. Afin de préserver sa santé mentale et un développement équilibré, chaque individu doit apprendre à s'orienter dans le monde réel qui l'entoure. Il existe des méthodes d'entrainement qui peuvent accomplir cet objectif.

Des ombres. Un mouvement sur la colline où la Machine des Jeux s'était dressée autrefois, alors que tout à présent n'était plus que désolation. Deux silhouettes, l'une bizarrement informe, progressaient lentement au milieu des arbres. Comme elles sortirent des ténèbres, et dans la lumière d'un réverbère qui se dressait tel une sentinelle solitaire sur cette hauteur d'où ils pouvaient embrasser la ville toute entière - l'une des deux silhouettes prit la forme d'un homme ordinaire à deux jambes.

L'autre était une ombre, faite d'ombre, faite de noirceur à travers laquelle le réverbère était visible.

Un homme, et une ombre qui bougeait comme un homme, mais n'en était pas un. Un homme d'ombre, qui s'arrêta alors qu'il atteignait la barrière protectrice qui courait le long du précipice. Qui s'arrêta et leva son bras d'ombre en direction de la ville en contrebas, et parla soudain d'une voix qui n'était pas d'ombre, mais bien humaine.

"Répétez vos instructions, Janasen."
Si l'autre homme était impressionné par son étrange compagnon, il ne le montra pas. Il bailla même un peu.
"J'ai sommeil, il répondit."
"Vos instructions!"
L'homme fit un geste irrité: "Ecoutez, Monsieur Disciple, il dit alors d'une voix contrariée, "me parlez pas comme ça. Votre apparence ne me fait même pas peur. Vous me connaissez, je ferai mon boulot.

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(texte original) A normal human nervous system is potentially superior to that of any animal’s. For the sake of sanity and balanced development, each individual must learn to orientate himself to the real world around him. There are methods of training by which this can be done.

    Shadows. A movement on the hill where the Games Machine had once stood, where all was now desolation. Two figures, one curiously shapeless, walked by slowly among the trees. As they came out of the darkness, and into the light of a street lamp that stood like a lonely sentinel on this height from which they could overlook the city—one of the figures resolved into a normal two-legged man.

    The other was a shadow, made of shadow stuff, made of blackness through which the street lamp was visible.

    A man, and a shadow that moved like a man, but was not. A shadow man, who stopped as he reached the protective fence that ran along the lip of the hill. Who stopped and motioned with a shadow arm at the city below, and spoke suddenly in a voice that was not shadowy but very human.

    ‘Repeat your instructions, Janasen.’

    If the other man was awed by his strange companion, he did not show it. He yawned slightly.

    ‘Kind of sleepy,’ he said.

    ‘Your instructions!’

    The man gestured in irritation. ‘Look, Mister Follower,’ he said in an annoyed voice, ‘don’t talk like that to me. That get-up of yours doesn’t scare me in the slightest. You know me. I’ll do the job.’

 

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(Traduction de Boris Vian)

Non-Axiomes.

Un système nerveux humain normal est potentiellement supérieur à celui de tout animal. En vue d'acquérir la santé mentale et un développement équilibré, chaque individu doit apprendre à s'adapter au monde réel qui l'entoure. Il existe des méthodes d'entraînement qui permettent de réaliser cette adaptation.

Ombres. Un mouvement sur la colline où s'était dressée jadis la Machine des Jeux, où tout n'était plus que désolation. Deux silhouettes, dont l'une curieusement difforme, cheminaient lentement parmi les arbres. Lorsqu'elles émergèrent de l'obscurité dans la lumière d'un réverbère, sentinelle isolée sur cette hauteur d'où l'on pouvait embrasser la ville, une des silhouettes se révéla celle d'un bipède ordinaire.

L'autre était une ombre, faite d'ombre, d'obscurité à travers laquelle on distinguait un réverbère.

Un homme, et une ombre, qui avait les gestes d'un homme, sans en être un. Une ombre-homme, qui s'arrêta, lorsqu'elle atteignit la barrière protectrice de la crête de la colline, désigna, de son bras d'ombre, la ville, en bas, et parla soudain d'une voix non plus d'ombre, mais fort humaine.

- Répétez vos instructions, Janasen.

Si l'homme avait peur de son étrange compagnon, il ne le montra pas. Il bâilla légèrement.

- Suis un peu endormi, dit-il.

- Vos instrucions.

L'homme eut un geste irrité.

- Ecoutez, m'sieu le Disciple, dit-il d'une voix lasse, ne me parlez pas comme ça. Votre petite mise en scène ne me fait pas peur du tout. Vous me connaissez. Je ferai le boulot.

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L'aventure de Madame Muir, le film de 1947

Voici la liste des articles de ce blog consacrés aux films de Science-fiction, Fantasy, Fantastique et Aventure annoncé pour l'année 1947. Cette liste sera mise à jour au fur et à mesure de la rédaction des articles.

Ici le calendrier cinéma pour 1948.

Ici le calendrier cinéma pour 1946.

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L'aventure de Madame Muir, le film de 1947

Annoncés en juin 1947

Aux USA

L'aventure de Madame Muir (26 juin 1947, The Ghost And Mrs. Muir)

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