Four Frightened People, le film de 1934
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Four Frightened People (1934)
Traduction : Quatre personnes effrayées.
Sorti aux USA le 26 janvier 1934 ;
Sorti en Angleterre le 27 février 1934.
Sorti en DVD américain.
Annonce en blu-ray américain le le 3 août 2021.
De Cecil B. DeMille, sur un scénario de Bartlett Cormack et Lenore J. Coffee ; d’après le roman de E. Arnot Robertson. Avec Claudette Colbert, Herbert Marshall, Mary Boland, William Gargan. Pré-code, tourné en décors naturels.
Pour adultes et adolescents.
À bord d’un vapeur colporteur fumant le long de la côte malaise, se trouvent beaucoup de manœuvres chinois — les coolies —, des passagers de toutes les races dont quatre qui se sont rencontrés par hasard : Steward Corder, un correspondant de presse et de radio d’un journal fameux à qui la civilisation a tout donné ; Mrs Mardick, l’épouse d’un officier britannique stationné en Malaisie, qui à travers ses activités associatives, détourne la civilisation à des fins personnelles, et cette saison, c’est diminuer le nombre de naissance ; Arnold Ainger, un chimiste sans importance spécialisé en caoutchouc , trop sensible et trop timide pour dégager son cou de la botte que la Vie a posé dessus ; et Judy Jones une institutrice de Chicaho, si peu importante que la Vie elle-même ne l’a pas remarquée. À l’esprit de chacun d’eux, il n’y a rien d’autre que la nécessité de parvenir à New-York City d’ici une certaine date — quand soudain le Destin mélange leurs cartes, et...
Dans la nuit, à bord du vapeur, deux coolies emballent l’un des leurs décédés et l’emporte sur le pont, tandis que le radio frénétiquement transmet en morse le message suivant : Appelons Singapour — peste à bord — peste bubonique — morts et mourants — ne pouvons pas garder secret longtemps — équipage et coolies se rebelleront — craignons mutineries — passagers ignorent situation — ...
À l’insu du capitaine, quatre passagers ont déjà sauté dans une barque malaise : tandis que Ainger le chimiste empêche l’institutrice de crier, ils se tiennent baissés pour ne pas être vus du pont, et le meneur tient sous la menace d’un pistolet le coolie qui conduit la barque. Comme la barque glisse le long du vapeur, ils sont éclaboussés par le cadavre que l’on balance du haut du pont : Corder estime qu’ils se sont échappés juste à temps, et Mrs Mardick traduit l’ordre de Corder de les emmener jusqu’à la rive. Comme enfin, on permet enfin à Judy de protester, Corder explique à nouveau pourquoi ils devaient absolument quitter le bord — les coolies mourants, ils seraient confinés à bord et mourraient à leur tour. Comme Mrs Mardick (et son petit chien) veut chaperonner Judy Jones, Corder la retient : les filles du genre de Judy se chaperonnent toutes seules.
Ils aperçoivent la côte : un grand feu derrière le rideau des cocotiers et des tambours. Ils débarquent et envoient le coolie en éclaireur. Le grand feu est tout proche, sûrement une cérémonie religieuse d’après Corder. Il y a aussi des chants. Soudain Judy poussent un hurlement : elle vient d’apercevoir une armée de cannibales qui se glissent furtivement entre les arbres à leur rencontre. Corder envoie Mrs Mardick et son chien parlementer, et elle retourne vite, épouvantée. Mais leur chef, un anglophone fort urbain qui porte la cravate d’un club anglais, les invite fort aimablement à les suivre afin qu’il les ramène à la civilisation...
Sonya La Rousse, la nouvelle de 1934
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The Shadow Of The Vulture (1934)
Traduction du titre original : L’ombre du Vautour.
Titre français : Sonia La rousse.
Sorti aux USA en janvier 1934 dans The Magic Carpet Magazine.
Traduit en français par François Truchaud en juillet 1985 dans Sonya La Rousse, traduction du recueil The Sowers of the Thunder (les semeurs de tonnerre) — le titre de la nouvelle de 1932 joint au recueil avec The Lion of Tiberias de 1933 aux éditions NEO FR.
Réédité au Fleuve Noir en 1992.
Retraduit par Patrice Louinet, compilé dans Le Seigneur de Samarcande, en juillet 2009 chez BRAGELONNE FR.
"Adapté" en film en 1985 sous le titre anglais Red Sonja, et le titre français Kalidor.
De Robert E. Howard.
Pour adultes et adolescents.
(presse, Fantasy historique, aventure) À Istanbul, le sultan ottoman Soliman le Magnifique renvoie chez eux les membres d'un envoyé diplomatique du Saint Empire qu'il a gardé emprisonné pendant neuf mois. Il reconnaît cependant l'un des membres, un chevalier du nom de Gottfried Von Kalmbach, qui l'avait grièvement blessé lors de la bataille de Mohács. Le grand vizir ottoman Pargalı Ibrahim Pasha confie au soldat très redouté, Mikhal Oglu, le soin de traquer Von Kalmbach et de récupérer sa tête.
Mikhal Oglu et ses guerriers font un raid dans la campagne entre l'Empire ottoman et Vienne pour préparer l'attaque de Soliman sur la ville. Ils attaquent un petit village danubien, dans lequel Von Kalmbach s'est endormi après avoir bu la nuit précédente. Il se bat pour se libérer et se rend à Vienne, où les habitants se préparent à l'arrivée de Soliman.
L'armée ottomane au complet arrive, et le siège commence. Von Kalmbach combat les soldats turcs qui envahissent les murs. Il rencontre une femme belliqueuse aux cheveux roux qui se bat aux côtés des hommes - la "Rouge" Sonya de Rogatino, qui se révèle être la sœur de la fille du harem préférée de Soliman, Hurrem Sultan. Lorsqu'un combat contre un certain nombre de Turcs s'avère insurmontable, elle vient en aide à Von Kalmbach.
*
Le texte original de Robert E. Howard dans The Magic Carpet Magazine de Janvier 1934, illustré par M. Brundage.
1
“Are the dogs dressed and gorged?” — "Aye, Protector of the Faithful!” — "Then let them crawl into the Presence.”
So they brought the envoys, pallid from months of imprisonment, before the canopied throne of Suleyman the Magnificent, Sultan of Turkey, and the mightiest monarch in an age of mighty monarchs. Under the great purple dome of the royal chamber gleamed the throne before which the world trembled—gold- panelled, pearl-inlaid. An emperor’s wealth in gems was sewn into the silken canopy from which depended a shimmer¬ ing string of pearls ending a frieze of emeralds which hung like a halo of glory above Suleyman’s head. Yet the splendor of the throne was paled by the glitter of the figure upon it, bedecked in jewels, the aigret feather rising above the diamonded white turban. About the throne stood his nine viziers, in attitudes of humility, and warriors of the imperial bodyguard ranged the dais—Solaks in armor, blade and white and scarlet plumes nod¬ ding above the gilded helmets.
The envoys from Austria were properly impressed—the more so as they had had nine weary months for reflection in the grim Castle of the Seven Towers that overlooks the Sea of Marmora. The head of the embassy choked down his choler and cloaked his resentment in a semblance of submission—a strange cloak on the shoulders of Habordansky, general of Ferdinand, Archduke of Austria. His rugged head bristled incongruously from the flaming silk robes presented him by the contemptuous Sultan, as he was brought before the throne, his arms gripped fast by stalwart Janizaries. Thus were foreign envoys presented to the sul¬ tans, ever since that red day by Kossova when Milosh Kabilovitch, knight of slaughtered Serbia, had slain the conquer or Murad with a hidden dagger. (…)
4
(…)Bullets glanced from the crenelles and whined off venom¬ ously into space. One flattened against Gottfried’s hauberk, bringing an outraged grunt from him. Turning toward the abandoned gun, he saw a colorful incongruous figure bending over the massive breech.
It was a woman, dressed as von Kalm- bach had not seen even the dandies of France dressed. She was tall, splendidly shaped, but lithe. From under a steel cap escaped rebellious tresses that rippled red gold in the sun over her compact shoulders. High boots of Cordovan leather came to her mid-thighs, which were cased in baggy breeches. She wore a shirt of fine Turkish mesh-mail tucked into her breeches. Her supple waist was confined by a flowing sash of green silk, into which were thrust a brace of pistols and a dagger, and from which depended a long Hungarian saber. Over all was carelessly thrown a scarlet cloak.
This surprizing figure was bending over the cannon, sighting it in a manner betokening more than a passing famil¬ iarity, at a group of Turks who were wheeling a carriage-gun just within range.
''Eh, Red Sonya!” shouted a man-at- arms, waving his pike. "Give ’em hell, my lass!”
"Trust me, dog-brother,” she retorted as she applied the glowing match to the vent. “But I wish my mark was Roxelana’s-”
A terrific detonation drowned her words and a swirl of smoke blinded every one on the turret, as the terrific recoil of the overcharged cannon knocked the firer flat on her back.
*
Traduction au plus proche
1
« Les chiens sont-ils habillés et gavés ?" — "Oui, Protecteur des Fidèles !" — "Alors laissez-les ramper jusqu'à la Présence. »
Ils amenèrent donc les envoyés, blêmes après des mois d'emprisonnement, devant le trône à baldaquin de Soliman le Magnifique, Sultan de Turquie, et le plus puissant monarque d'une époque de puissants monarques. Sous le grand dôme pourpre de la chambre royale brillait le trône devant lequel le monde tremblait — lambrissé d'or, incrusté de perles. La richesse en pierres précieuses d'un empereur était cousue dans le dais de soie d'où pendait un chatoyant collier de perles terminant une frise d'émeraudes qui pendait comme un halo de gloire au-dessus de la tête de Suleyman. Cependant, la splendeur du trône était atténuée par le scintillement du personnage qui y était assis, paré de bijoux, la plume d'aigrette s'élevant au-dessus du turban blanc diamanté. Autour du trône se tenaient ses neuf vizirs, dans des attitudes d'humilité, et les guerriers de la garde du corps impériale étaient alignés sur l'estrade - des Solaks en armure, lames et plumes blanches et écarlates nichant au-dessus des casques dorés.
Les envoyés d'Autriche furent impressionnés comme il se doit, d'autant plus qu'ils avaient eu neuf mois de réflexion épuisante dans le sinistre château des Sept Tours qui domine la mer de Marmora. Le chef de l'ambassade étouffa sa colère et dissimula son ressentiment sous un semblant de soumission — un étrange manteau sur les épaules de Habordansky, général de Ferdinand, archiduc d'Autriche. Sa tête robuste se hérissait de façon incongrue des robes de soie flamboyantes que lui présentait le sultan méprisant, alors qu'il était amené devant le trône, ses bras étant fermement saisis par de robustes janissaires. C'est ainsi que les envoyés étrangers étaient présentés aux sultans, depuis ce jour rouge de Kossova où Milosh Kabilovitch, chevalier de la Serbie massacrée, avait tué le conquérant Murad avec un poignard caché. (...)
4
(...) Les balles jaillissaient des créneaux et s'échappaient dans l'espace avec un gémissement venimeux. L'une d'elles s'écrasa contre le haubert de Gottfried, lui arrachant un grognement outré. Se tournant vers le canon abandonné, il vit une silhouette incongrue et colorée se pencher sur la culasse massive.
C'était une femme, habillée comme von Kalmbach n'avait jamais vu les dandys de France s'habiller. Elle était grande, de forme splendide, mais souple. De sous une casquette d'acier s'échappaient des tresses rebelles qui ondulaient au soleil sur ses épaules compactes. De hautes bottes en cuir de Cordoue lui arrivaient à mi-cuisses, qui étaient enveloppées dans une culotte ample. Elle portait une chemise en fine maille turque rentrée dans sa culotte. Sa taille souple était délimitée par une ceinture fluide de soie verte, dans laquelle étaient glissés une paire de pistolets et un poignard, et d'où partait un long sabre hongrois. Par-dessus le tout était jeté négligemment un manteau écarlate.
Cette surprenante figure se penchait sur le canon, le regardant d'une manière qui dénotait plus qu'une familiarité passagère, sur un groupe de Turcs qui faisaient rouler un canon de charrette juste à portée.
"Eh, Sonya la Rousse !" cria un homme d'armes en agitant sa pique. "Envoie-les en enfer, ma fille !"
"Fais-moi confiance, frère de chien", rétorqua-t-elle en frottant l'allumette rougeoyante sur la bouche d'aération. "Mais j'aimerais que ma marque soit celle de Roxelana..."
Une terrible détonation étouffa ses paroles et un tourbillon de fumée aveugla tout le monde sur la tourelle, alors que le terrible recul du canon surchargé a fait tomber la tireuse sur le dos.
*
La traduction française de François Truchaud de 1985 pour NEO (Nouvelles éditions Oswald)
« Hé, Sonya la Rouge ! cria un homme d'armes. Envoie-les en enfer, ma fille !
— Fais-moi confiance, camarade ! rétorqua-t-elle en approchant la mèche enflammée de l'orifice de la culasse.
Une détonation terrifiante recouvrit ses paroles. Un tourbillon de fumée aveugla tous ceux qui se trouvaient sur la tourelle. La femme qui s'appelait Sonya la Rouge poussa un hurlement de joie sincère. Le boulet de canon avait frappé de plein fouet les artilleurs turcs. Ils gisaient sur le sol, le crâne réduit en bouillie et le corps déchiqueté.
Gottfried von Kalmbach s'approcha, lorgnant avec une admiration non dissimulée le splendide renflement des seins de la jeune femme sous la cotte de mailles souple, la courbe de ses hanches pleines et ses membres ronds. Elle se tenait à la façon d'un homme, fièrement campée, jambes écartées et pouces glissés dans sa ceinture. Pourtant, tout proclamait la femme en elle. »
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La traduction française de Patrice Louinet, de juillet 2009 pour BRAGELONNE FR.
... à venir.
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à cette nouvelle.
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Shambleau, la nouvelle de 1933
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Shambleau (1933)
Publié dans le numéro de novembre 1933 dans le magazine Weird Tales.
Traduit en français en avril 1957 Georges H. GALLET sous le titre L'Aventurier de l'espace au Rayon fantastique (n° 46) chez HACHETTE / GALLIMARD FR,
Réédité chez J’ai Lu en février 1972 et novembre 1973, réédité en janvier 1979 et octobre 1987, réédité le 1er décembre 1994.
De Catherine L. Moore.
Pour adultes et adolescents.
Sur Mars, Northwest Smith, un contrebandier coriace, rencontre une jeune femme poursuivie par une bande. Instinctivement, il décide de la protéger. La foule l'identifie comme "Shambleau", mais Smith ne reconnaît pas ce nom. Il est surpris de constater que la foule se disperse sans violence lorsqu'il la réclame comme sienne. À son grand étonnement, il ressent du dégoût, et non de la haine, à son égard…
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Le texte original de Catherine L. Moore pour Weird Tales, volume 22, numéro 5 de novembre 1933. Illustration Jeyem Wilcok (?).
ʃhambleau
MAN has conquered space before. You may be sure of that. Somewhere beyond the Egyptians, in that dimness out of which come echoes of half-mythical names—Atlantis, Mu— somewhere back of history's first beginnings there must have been an age when mankind, like us today, built cities of steel to house its star-roving ships and knew the names of the planets in their own native tongues—heard Venus' people call their wet world "Sha-ardol" in that soft, sweet, slurring speech and mimicked Mars' guttural "Lakkdiz." from the harsh tongues of Mars' dry-land dwellers. You may be sure of it. Man has conquered Space before, and out of that conquest faint, faint echoes run still through a world that has forgotten the very fact of a civilization which must have been as mighty as our own. There have been too many myths and legends for us to doubt it. The myth of the Medusa, for instance, can never have had its roots in the soil of Earth. That tale of the snake-haired Gorgon whose gaze turned the gazer to stone never originated about any creature that Earth nourished. And those ancient Greeks who told the story must have remembered, dimly and half believing, a tale of antiquity about some strange being from one of the outlying planets their remotest ancestors once trod.
"Shambleau! Ha ... Shambleau!" The wild hysteria of the mob rocketed from wall to wall of Lakkdarol's narrow streets and the storming of heavy boots over the slag-red pavement made an ominous undernote to that swelling bay, "Shambleau! Shambleau!"
Northwest Smith heard it coming and stepped into the nearest doorway, laying a wary hand on his heat-gun's grip, and his colorless eyes narrowed.
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La traduction au plus proche.
ʃhambleau
L'HOMME a déjà conquis l'espace auparavant. Vous pouvez en être sûr. Quelque part outre les Égyptiens, dans cette obscurité d'où sortent les échos de noms à moitié mythiques - Atlantide, Mu -, quelque part dans les premiers balbutiements de l'histoire, il a dû y avoir un âge où l'humanité, comme nous aujourd'hui, construisait des villes d'acier pour abriter ses vaisseaux parcourant les étoiles et connaissait les noms des planètes dans leur propre langue maternelle - où les habitants de Vénus appelaient leur monde humide "Sha-ardol" dans leur langue douce, sucrée et bredouillante et où ils imitaient le "Lakkdiz" guttural de Mars. "des langues rudes des habitants des terres arides de Mars. Vous pouvez en être sûr. L'homme a déjà conquis l'espace et des échos très faibles de cette conquête courent encore dans un monde qui a oublié l'existence même d'une civilisation qui a dû être aussi puissante que la nôtre. Il y a eu trop de mythes et de légendes pour que nous en doutions. Le mythe de la Méduse, par exemple, ne peut avoir pris racine dans le sol de la Terre. Le conte de la Gorgone aux cheveux de serpent dont le regard transformait le spectateur en pierre n'a jamais eu pour origine une créature que la Terre aurait nourrie. Et les anciens Grecs qui ont raconté cette histoire ont dû se souvenir, vaguement et à moitié en y croyant, d'un conte de la plus haute antiquité sur un être étrange venu d'une des planètes périphériques que leurs ancêtres les plus lointains ont un jour foulées.
"Shambleau" ! Ha ... Shambleau !" L'hystérie sauvage de la foule se propageait d'un mur à l'autre des rues étroites de Lakkdarol et le bruit des lourdes bottes sur la roche volcanique rouge du pavé ajoutait une rumeur sinistre à ces aboiements qui enflaient, "Shambleau ! Shambleau !"
Northwest Smith les entendit arriver et s’embusqua dans l'embrasure de la porte la plus proche, posant une main inquiète sur la crosse de son pistolet thermique, tandis que ses yeux incolores se rétrécissaient.
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La traduction française de Georges H. Gallet pour J’AI LU de 1956.
SHAMBLEAU
L’homme a déjà conquis l’espace. Vous pouvez en être sûr. Bien longtemps avant les Egyptiens dans cette obscurité d’où viennent les échos de noms à demi mythiques — Atlantis, Mu —, longtemps avant les premiers débuts de l’Histoire, il dut y avoir un temps où l’humanité construisait des cités d’acier pour loger ses vaisseaux qui voyageaient parmi les étoiles, où elle connaissait le nom des planètes dans leur propre langue, où elle entendait le peuple de Vénus appeler ce monde humide « Sha-ardol » dans son doux et mélogieux langage hésitant, imitait le « Lak-kdiz » guttural de Mars, d’après les rudes dialectes des habitants de ses terres sèches. Vous pouvez en être sûr. L’homme a déjà conquis l’espace, et de cette conquête, courent encore de faibles, faibles échos à travers le monde, bien qu’il ait oublié le fait même d’une civilisation qui doit avoir été aussi puissante que la nôtre. Il y a eu trop de mythes et de légendres pour que nous en doutions. Le mythe de la Méduse, par exemple, n’a jamais pu prendre sa source dans le sol de la Terre. Cette histoire de la Gorgone à la chevelure de serpents, dont les yeux pétrifiaient celui qui la regardait, n’a jamais pu naître d’une créature que la Terre ait nourrie. Et les anciens Grecs, qui la contaient, devaient se souvenir obscurément en y croyant à moitié, d’une très ancienne légende, venue de l’une des lointaines planètes, que leurs ancêtres les plus reculés visitaient jadis.
— Shambleau !... Ah ! Shambleau !...
La clameur sauvage de la foule rebondissait de mur en mur dans les rues étroites de Lakkdarol, et le choc de lourdes bottes sur le pavage de lave rougeâtre accompagnait sinistrement ce hurlement croissant :
— Shambleau ! Shambleau !
Northwest Smith l’entendit, se rapprocha et d’une enjambée, gagna le porche le plus voisin, posant une main méfiante sur la crosse de son pistolet thermique. Ses yeux pâles se rétrécirent…
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à cette nouvelle.
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Calendrier cinéma 1933
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Voici la liste des articles de ce blog consacrés aux films de Science-fiction, Fantasy, Fantastique et Aventure annoncé pour l'année 1933. Cette liste sera mise à jour au fur et à mesure de la rédaction des articles.
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Ici le calendrier cinéma pour 1934.
Ici le calendrier cinéma pour 1932.
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Décembre 1933
En France
Le Tunnel (15 décembre 1933)
Aux USA
Alice au Pays des Merveilles (22 décembre 1933)
En Angleterre
Alice au Pays des Merveilles (18 décembre 1933)
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Novembre 1933
Aux USA
L'homme invisible (13 novembre 1933, The Invisible Man)
En Angleterre
L'homme invisible (30 novembre 1933, The Invisible Man)
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Septembre 1933
En France
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Août 1933
Aux USA
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Avril 1933
En France
Le Testament du Dr. Mabuse 1933 (Das Testament des Dr. Mabuse, 21 avril 1933)
Aux USA
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Février 1933
Aux USA
Men Must Fight (invasion, 17 février 1933)
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Freaks ! La monstrueuse parade, le film de 1932
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Freaks (1932)
Traduction du titre anglais : Affreux!
Attention, ce film est déconseillé aux âmes sensibles.
Sorti aux USA le 12 février 1932,
Sorti en France le 7 octobre 1932 ;
Sorti en DVD français ;
Sorti le 17 octobre 2023 en blu-ray américain CRITERION US.
De Tod Browning, sur un scénario d’après la nouvelle Spurs de Tod Robbins, parue dans le Munsey's Magazine de février 1923 ; avec Harry Earles, Daisy Earles, Wallace Ford, Leila Hyams, Olga Baclanova, Henry Victor, Roscoe Ates, Rose Dione, Johnny Eck.
Pour adultes et adolescents.
(fable, horreur, monstre, violent) L'orchestre joue une polka entraînante. C’est un petit groupe de gens vêtus de costumes et de grands chapeaux tristes. Des trop petits, des trop grandes, avec tous les petits défauts de la foule.
« Approchez, approchez, haranguait le forain comme vous avez pu le voir, on ne vous a pas menti ! On vous a dit que vous trouveriez ici des monstruosités qui bougent et qui respirent. Vous avez ri à leur vue ! Vous avez tremblé à leur vue ! Et pourtant... »
L'homme baisse le ton en se penchant légèrement vers son auditoire : « Vous auriez pu être l'un d'eux... » Il se redresse: « Ils n'ont pas demandé à naître ainsi, mais ainsi ils sont nés. Ils se sont donné des lois : En offenser un, c'est les offenser tous ! » Le forain descend de son estrade : « Et à présent, Mesdames et Messieurs, si vous voulez bien me suivre, vous découvrirez la plus étrange, la plus étonnante des monstruosité bien vivante... de tous les temps ! »
Les visiteurs se rassemblent autour d'un parc de bois au fond garni de sciure. Une femme hurle. La plupart reculent, glacé par l'effroi. Puis les gens se rapprochent et se mettent à murmurer. Ceux qui s'étaient caché les yeux ou qui s'étaient détournés ne peuvent s'empêcher de regrader à nouveau sur l'horrible chose. Encore, et encore, comme si leur esprit n'arrivait pas à en admettre l'épouvantable réalité.
« Les amis... reprend le forain d'une voix apaisante, recaptant aussitôt l'attention de la petite foule : elle fut jadis une superbe femme. Un prince se suicida pour elle. On l'avait surnommée... »
1
L'OISEAU DU PARADIS
Elle s'appelait Cléopâtre. Elle était la voltigeuse du Cirque de Madame Tétrallini. Une fois perchée sur son trapèze, le monde n'avait d'yeux que pour elle, et elle s'en moquait. Blonde, plantureuse, parfaite, elle s'envolait littéralement dans les airs, brillant de tous ses feux dans un collant noir qui, tout en la recouvrant totalement, ne laissait rien ignorer de ses formes. L'or-chestre jouait une valse rapide, que recouvraient les applaudissements à chaque acrobatie.
Derrière le rideau des coulisses, Hans et Frieda attendaient le passage de leur numéro. De loin, on aurait pu les prendre pour deux enfants, vêtus comme des adultes. « Ach ! Sie ist sehr verbrachtein, nicht wahr, Hans ? remarqua sentencieusement la petite écuyère. — C'est plus belle des grandes femmes que j'ai jamais vu, » répondit le maître de manège miniature.
Frieda considéra son partenaire en rougissant : « Mais Hans, tu vas me rendre jalouse ! s'étonna-t-elle. — Ah ! répondit Hans sans quitter des yeux la pis-te, ou plutôt le trapèze. Dis pas de bêtises ! — Dis pas de bêtises ? répéta Frieda : j'ai bien vu cette grande femme faire les yeux doux à mon Hans ! »
Elle baissa les yeux et se tortilla en rougissant encore plus : « Bien sûr que je ne suis pas jalouse... » Hans se tourna enfin vers sa partenaire : « Oh, Frieda chérie, s'excusa-t-il : je n'ai d'yeux que pour une seule femme. Celle que je vais épouser. »
Et il s'inclina galamment. Un roulement de timbale annonça le début du numéro suivant. Le palefrenier appela Frieda pour vérifier la selle de son poulain. Pendant ce temps, Cléopâtre, la Reine des Airs rentrait nonchalamment dans les coulisses, non sans s'attarder quelque temps près du rideau, histoire d'admirer les prouesses musculeuses d'Hercule, le dompteur de taureaux, qu'accompagnait un cancan endiablé.
Hans, qui était resté près du rideau, ne put s'empêcher d'admirer les longues jambes de la belle acrobate, que le collant noir mettait si audacieusement en valeur. Cléopâtre, baissant les yeux, s'en aperçut.
D'abord choquée, puis amusée, elle fit semblant de s'étirer et, du coup, laissa choir sa lourde cape dans la sciure étalée sur le sol. Évidemment, Hans s'empressa de la ramasser : une si jolie cape appartenant à une si belle femme ne devait pas s'abîmer ! Faisant alors celle qui venait de l'apercevoir,
Cléopâtre se pâma devant son geste et lui tourna le dos, de l'air d'attendre qu'il la rhabille de sa cape. Hans pâlît. « Est-ce que vous vous moquez de moi ? » demanda sèchement le maître de manège miniature.
Compte tenu de la différence de taille, même en se haussant sur la pointe des pieds, Hans aurait été bien incapable d'atteindre les épaules de la voltigeuse. « Oh, non monsieur ! s'exclama Cléopâtre en faisant l'innocente. Pourquoi le ferais-je ? — La plupart des grandes personnes le font, répondit Hans avec raideur. Elles ne me voient pas comme un homme. Pour eux je suis seulement quel-que chose qui les fait rire... »
Alors Cléopâtre posa un genou à terre pour lui permettre de repasser la cape autour de son cou. Hans s'exécuta de bonne grâce. « Merci ! fit Cléopâtre en effleurant la joue du jeune homme. C'était si gentil de votre part ! »
La voltigeuse croisa le regard noir de Frieda : celle-ci attendait son entrée perchée en amazone sur son poulain blanc. Cléopâtre se releva et marcha jusqu'à la petite écuyère. Elle fit négligemment voler la tulle du tutu de sa rivale, comme si celle-ci n'était qu'une poupée coûteuse qu'on aurait posée sur un cheval : « Mignon, très mignon ! » complimenta moqueuse l'Oiseau du Paradis...
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacré à ce film.
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