Calendrier Cinéma 1929
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Voici la liste des articles de ce blog consacrés aux films de Science-fiction, Fantasy, Fantastique et Aventure annoncé pour l'année 1929. Cette liste sera mise à jour au fur et à mesure de la rédaction des articles.
Ici le calendrier cinéma pour 1930.
Ici le calendrier cinéma pour 1928.
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Annoncés en novembre 1929
En Allemagne
La femme sur la Lune (muet, 15 octobre 1929, Frau Im Mond)
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Annoncés en octobre 1929
Aux USA
L'île mystérieuse (5 octobre 1929 Mysterious Island - version parlante)
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Annoncés en septembre 1929
En Angleterre
Point ne tueras (20 septembre 1929, High Treason - version parlante)
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Annoncés en juillet 1929
Aux USA
Midstream (29 juillet 1929, à mi-chemin - version parlante)
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Annoncés en mars 1929
Aux USA
Point ne tueras (25 mars 1929, High Treason - version parlante)
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The Cat and the Canary, La volonté du mort, le film de 1927
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The cat and the canary (1927)
Traduction : le chat et le canari.
Titre français : la volonté du mort (The Will of The Dead Man).
Notez que ce film a été cinq fois refait, en particulier avec le Mystère de la Maison Norman de 1939.
Sorti à New-York le 9 septembre 1927 (muet, noir et blanc teinté).
Sorti en Angleterre le 3 octobre 1927.
Sorti en blu-ray anglais EUREKA UK le 22 avril 2024 (Masters of the cinéma, format original 1.37:1, barres noires sur les côtés, teinté, 1080p, son HDMA 5.1 musique originale de Hugo Riesenfeld avec bruitages, nombreux bonus, jaquette réversible pour montrer l'un des posters originaux, livret inclus à l'intérieur du coffret)
Sorti en blu-ray américain EUREKA US le 23 avril 2024 (identique à l'édition UK)
De Paul Leni, sur un scénario de Robert F. Hill, Alfreda Cohn, Edward J. Montagne, d’après la pièce de théâtre de John Willard, avec Laura La Plante, Creighton Hale, Forrest Stanley, Tully Marshall, Gertrude Astror, Flora Finch, Artur Edmund Carew, Martha Mattox, George Siegmann, Lucien Littlefield ; produit par Carl Laemmle.
Pour adultes et adolescents
(Mystère fantastique, épouvante, comédie policière) Sur une colline solitaire recouverte de pins, surplombant l’Hudson, se dressait le manoir grotesque aux toits pointus d’un millionaire excentrique.
La médecine ne pouvait plus rien faire pour Cyrus West, dont les parents avides, tels des chats tournant autour d’un canari, l’avait poussé au bord de la folie. Dans des visions de chats noirs géants, griffus, aux crocs acérés qui le serraient pour le dévorer, il s’écroula dans son fauteuil, finalement terrassé.
Selon sa propre volonté, l’enveloppe contenant son testament devait être ouverte vingt années après sa mort. Mais il avait aussi laissé une seconde enveloppe qui ne devait jamais être ouverte dès lors que les consignes qu’il avait laissée étaient respectées.
Et vingt années durant, il fut dit que le fantôme tourmenté de Cyrus West hantait la nuit les corridors déserts de sa dernière demeure. Mais la nuit-même où le testament devait être lu, il y avait dans cette maison quelque chose de plus tangible qu’un fantôme, un visiteur chapeauté et ganté qui venait ouvrir un coffre-fort dont il connaissait la combinaison.
Et peu après, la sinistre gouvernante Mammie Plaisante tentait de faire de même, interrompu par les coups vigoureux de heurtoir à la porte d’entrée : ceux du notaire Crosby venu lire le testament de Cyrus West. Après s’être enquis de si les invités étaient arrivés, et apparemment non, il ouvre le coffre et une mite bien vivante s’en échappe alors qu’il avait lui-même fermé ce coffret il y a vingt ans de cela. Et bien entendu, les enveloppes sont décachetées.
Les invités arrivent : Harry Blythen, que le notaire reconnait ; Charlie Wilder, le cousin de Blyten —que le notaire ne reconnaît pas ; deux femmes craintives, une élégante et son chaperon, et le chauffeur de taxi moustachu refuse de les amener à l’entrée du manoir, pas pour un million de dollars ! et de les abandoner à la nuit venteuse. : Cecily et la tante Suzanne.
Arrive ensuite dans une petite voiture le binoclard Paul Jones, qui pile pour éviter d’écraser un chat noir planté au beau milieu de la route, dans le faisceau de ses phares. Comme Jones descend pour houspiller l’animal, puis se retourne pour retenir sa voiture qui avait avancé, l’un de ses pneus explose, ayant roulésur une crevasse. Immédiatement Jones se retourne apeuré, les mains en l’air ?
Et dans la bibliothèque, tous les invités, et le notaire sursautent au son de la détonation. Comme Jones s’engouffre par la porte ouverte par la gouvernante et se réfugie dans la bibliothèque, le notaire le reconnaît. Au notaire qui demande ce que c’était que cette explosion, Jones raconte, ainsi qu’à tous les autres invités, qu’on lui a tiré dessus, mais que la balle l’a manqué.
Mais il est déjà minuit et Blythen exige que le notaire lise le testament. Le notaire objecte : il manque encore Annabelle West. Justement, une autre élégande vient de frapper à la porte. Comme la jeune femme salue Jones, qui selon elle, n’a pas changé depuis que la nounou l’aura fait tombé sur la tête, tante Suzanne fait remarquer à Cecily qu’Annabelle est le portrait craché de Cyrus West, et qu’elle parierait qu’Annabelle est aussi folle que Cyrus. Ce à quoi Cecily répond que ce n’est pas le moment d’être aggressive : mieux vaut attendre de savoir qui va hériter de l’argent.
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce film.
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Spur, l'éperon, la nouvelle de 1923
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Spur 1923
Sorti aux USA en février 1923 dans le magazine mensuel Munsey de New-York US.
Réédité en 1926 dans Who Wants a Green Bottle? and Other Uneasy Tales.
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Le texte original de Tod Robbins de février 1923 extrait de « Who Wants a Green Bottle? ».
Domaine public.
SPUR
I.
Jacques Courbé was a romanticist. He measured only twenty-eight inches from the soles of his diminutive feet to the crown of his head; but there were times, as he rode into the arena on his gallant charger, St. Eustache, when he felt himself a doughty knight of old about to do battle for his lady.
What matter that St. Eustache was not a gallant charger except in his master’s imagination—not even a pony, indeed, but a large dog of a nondescript breed, with the long snout and upstanding aura of a wolf? What matter that M. Courbé’s entrance was invariably greeted with shouts of derisive laughter and bombardments of banana skins and orange peel? What matter that he had no lady, and that his daring deeds were severely curtailed to a mimicry of the bareback riders who preceded him? What mattered all these things to the tiny man who lived in dreams, and who resolutely closed his shoe-button eyes to the drab realities of life?
The dwarf had no friends among the other freaks in Copo’s Circus. They considered him ill-tempered and egotistical, and he loathed them for their acceptance of things as they were. Imagination was the armour that protected him from the curious glances of a cruel, gaping world, from the stinging lash of ridicule, from the bombardments of banana skins and orange peel. Without it, he must have shriveled up and died. But those others? Ah, they had no armour except their own thick hides! The door that opened on the kingdom of imagination was closed and locked to them; and although they did not wish to open this door, although they did not miss what lay beyond it, they resented and mistrusted any one who possessed the key.
Now it came about, after many humiliating performances in the arena, made palatable only by dreams, that love entered the circus tent and beckoned commandingly to M. Jacques Corbe. In an instant the dwarf was engulfed in a sea of wild, tumultuous passion.
Mlle. Jeanne Marie was a daring bareback rider. It made M. Jacques Courbé’s tiny heart stand still to see her that first night of her appearance in the arena, performing brilliantly on the broad back of her aged mare, Sappho. A tall, blonde woman of the amazon type, she had round eyes of baby blue which held no spark of her avaricious peasant’s soul, carmine lips and cheeks, large white teeth which flashed continually in a smile, and hands which, when doubled up, were nearly the size of the dwarf’s head.
Her partner in the act was Simon Lafleur, the Romeo of the circus tent—a swarthy, herculean young man with bold black eyes and hair that glistened with grease, like the back of Solon, the trained seal.
From the first performance, M. Jacques Courbé loved Mlle. Jeanne Marie. All his tiny body was shaken with longing for her. Her buxom charms, so generously revealed in tights and spangles, made him flush and cast down his eyes. The familiarities allowed to Simon Lafleur, the bodily acrobatic contacts of the two performers, made the dwarf’s blood boil. Mounted on St. Eustache, awaiting his turn at the entrance, he would grind his teeth in impotent rage to see Simon circling round and round the ring, standing proudly on the back of Sappho and holding Mlle. Jeanne Marie in an ecstatic embrace, while she kicked one shapely, bespangled leg skyward.
“Ah, the dog!” M. Jacques Courbé would mutter. “Some day I shall teach this hulking stable boy his place! Ma foi, I will clip his ears for him!”
St. Eustache did not share his master’s admiration for Mlle. Jeanne Marie. From the first he evinced his hearty detestation of her by low growls and a ferocious display of long, sharp fangs. It was little consolation for the dwarf to know that St. Eustache showed still more marked signs of rage when Simon Lafleur approached him. It pined M. Jacques Courbé to think that his gallant charger, his sole companion, his bedfellow, should not also love and admire the splendid giantess who each night risked life and limb before the awed populace. Often, when they were alone together, he would chide St. Eustache on his churlishness.
“Ah, you devil of a dog!” the dwarf would cry. “Why must you always growl and show your ugly teeth when the lovely Jeanne Marie condescends to notice you? Have you no feelings under your tough hide? Cur, she is an angel, and you snarl at her! Do you not remember how I found you, starving puppy in a Paris gutter? And now you must threaten the hand of my princess! So this is you gratitude, great hairy pig!”.
Sources : Olga Baclanova.com
*
La traduction au plus proche
L’EPERON
I.
Jacques Courbé était un romantique. Il ne mesurait que soixante-dix centimètres de la plante de ses petits pieds au sommet de sa tête, mais il y avait des moments, lorsqu'il entrait dans l'arène sur son galant destrier, Saint-Eustache, où il se sentait comme un vaillant chevalier d'autrefois sur le point de livrer bataille pour sa dame.
Qu’importait que Saint-Eustache n'ait été un galant cavalier que dans l'imagination de son maître — pas même un poney, d'ailleurs, mais un gros chien d'une race indéterminée, au long museau et à l'aura de loup ? Qu'importait que l'entrée de M. Courbé n’ait été invariablement saluée par des cris de dérision et des bombardements de peaux de bananes et d'oranges ? Qu'importait qu'il n'ait pas eu de dame et que ses audaces s’en soient réduites à une mimique des cavaliers à cru qui l'avaient précédé ? Qu'importaient toutes ces choses au petit homme qui vivait dans les rêves et qui fermait résolument ses yeux en boutons de chaussures aux mornes réalités de la vie ?
Le nain n'avait pas d'amis parmi les autres monstres du cirque de Copo. Ils le considéraient comme colérique et égoïste, et il les détestait parce qu'ils acceptaient les choses telles qu'elles étaient. L'imagination était l'armure qui le protégeait des regards curieux d'un monde cruel et béant, du fouet cinglant du ridicule, des bombardements de peaux de bananes et d'écorces d'orange. Sans elle, il aurait dû se ratatiner et mourir. Mais les autres ? Ah, ils n'avaient d'autre armure que leurs propres peaux épaisses ! La porte qui s'ouvrait sur le royaume de l'imagination leur était fermée et verrouillée ; et bien qu'ils ne souhaitassent pas ouvrir cette porte, bien qu'ils ne s'attendissent pas à ce qui se trouvait au-delà, ils éprouvaient du ressentiment et de la méfiance à l'égard de quiconque en possédait la clé.
Or, après de nombreuses représentations humiliantes dans l'arène, rendues supportables seulement par les rêves, l'amour entra dans le chapiteau du cirque et fit signe à M. Jacques Corbe. En un instant, le nain fut englouti dans un océan de passion sauvage et tumultueuse.
Mlle Jeanne Marie était une audacieuse écuyère. Le petit cœur de M. Jacques Courbé s'est arrêté en la voyant, le premier soir de son apparition dans l'arène, évoluer brillamment sur le large dos de sa jument âgée, Sappho. Grande femme blonde de type amazone, elle avait des yeux ronds d'un bleu ciel qui ne laissaient rien paraître de son âme de paysanne avaricieuse, des lèvres et des joues carmines, de grandes dents blanches qui éblouissaient continuellement de son sourire, et des mains qui, poing contre poing, avaient presque la taille de la tête d'un nain.
Son partenaire dans le numéro était Simon Lafleur, le Roméo du chapiteau, un jeune homme basané, herculéen, aux yeux noirs et audacieux et aux cheveux noirs luisants de graisse, comme le dos de Solon, le phoque dressé.
Dès la première représentation, M. Jacques Courbé avait aimé Mlle Jeanne Marie. Tout son petit corps frémissait de désir pour elle. Ses charmes plantureux, si généreusement dévoilés dans les collants et les paillettes, le faisaient rougir et baisser les yeux. Les familiarités accordées à Simon Lafleur, les contacts acrobatiques corporels des deux interprètes, faisaient bouillir le sang du nain. Monté sur Saint-Eustache, attendant son tour à l'entrée, il grinçait des dents de rage impuissante en voyant Simon tourner autour du ring, se dresser fièrement sur le dos de Sappho et tenir Mlle Jeanne Marie dans une étreinte extatique, tandis qu'elle donnait des coups de pied dans le ciel avec une jambe bien galbée et couverte de paillettes.
« Ah, le chien ! marmonait M. Jacques Courbé. Un jour, j'apprendrai à ce gros lourd de garçon d'écurie à rester à sa place ! Ma foi, je lui couperai bien les oreilles !"
Saint-Eustache ne partageait pas l'admiration de son maître pour Mlle Jeanne-Marie. Dès le début, il manifesta sa profonde détestation pour elle par des grondements bas et un féroce déploiement de crocs longs et acérés. C’était une maigre consolation pour le nain de savoir que Saint-Eustache montrait des signes de rage encore plus marqués lorsque Simon Lafleur s'approchait de lui. M. Jacques Courbé se désolait à l'idée que son galant, son unique compagnon, son compagnon de lit, n'aimait pas et n'admirait pas la splendide géante qui, chaque soir, risquait sa vie et son corps devant la populace en délire. Souvent, lorsqu'ils étaient seuls ensemble, il réprimandait Saint-Eustache pour sa grossierté.
« Ah, diable de chien ! s'écriait le nain. "Pourquoi dois-tu toujours grogner et montrer tes vilaines dents quand la belle Jeanne Marie condescend à te remarquer ? N'as-tu pas de sentiments sous ta peau dure ? Cur, c'est un ange, et toi, tu lui grognes dessus ! Ne te souviens-tu pas de comment je t'ai trouvé, chiot affamé dans un caniveau de Paris ? Et maintenant, tu dois menacer la main de ma princesse ! C'est donc ça, ta reconnaissance, grand cochon poilu !".
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Le Monde perdu, le film de 1925
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The Lost World (1925)
... à ne pas confondre avec le titre copy-fraudé du film Jurassic Park 2: The Lost World (1997).
Ne pas confondre avec le remake de 1960.
Noter que ce film existe en plusieurs versions : originale teintée perdue ; abrégée noir et blanc ; plus complète et teintée de 2017.
Sorti aux USA le 22 juin 1925 (version complète teintée, présumée perdue car détruite par le studio pour empêcher la rediffusion lors du lancement de la sortie de King Kong).
Sorti en blu-ray américain FLICKER ALLEY le 19 septembre 2017 (restauré, multi-régions, nombreux bonus).
Ici l'article de ce blog sur le blu-ray américain de 2017 du Monde perdu (1925,The Lost World)
De Harry O. Hoyt ; sur un scénario de Marion Fairfax ; d'après le roman de Arthur Conan Doyle ; avec Wallace Beery, Bessie Love, Lloyd Hughes, Alma Bennett, Arthur Hoyt, Margaret McWade, Bull Montana, Frank Finch Smiles, Jules Cowles, George Bunny, Charles Wellesley, Arthur Conan Doyle.
La parole à Arthur Conan Doyle, l’auteur de ce récit : « j’aurai accompli mon simple but si j’ai donné une heure de joie au gamin qui est à moitié adulte ou à l’adulte qui est à moitié gamin. »
Londres illuminée la nuit, ses docks fumants, Westminster et la tour de Big Ben. Dans le salon cossu d’un hôtel particulier, une jeune fille de la bonne société, Gladys déclare à Ed Malone, un jeune homme de la bonne société, qu’il aura beau répéter sa proposition de mariage, elle lui fera toujours la même réponse – elle n’épousera qu’un homme qui aura accompli des exploits et des expériences extraordinaires, un homme qui peut regarder la Mort en face sans ciller !
Et Gladys de s’arracher des bras de Ed, ramasser un gros chat angora blanc sur le tapis, pour aller s’asseoir dans le canapé voisin, caressant le chat dans une pose parfaitement étudiée, laissant le jeune homme tourmenté par sa question existentielle du moment : que pouvait bien entendre Gladys par accomplir des exploits, des expériences extraordinaires et regarder la Mort en face sans ciller ? Excluant visiblement de s’engager dans l’Armée pour attraper des maladies exotiques dans les Colonies et éventuellement s’y faire tuer, Ed se retourne vers Gladys : et s’il n’avait jamais l’occasion dans sa vie d’accomplir de grandes choses ?
Ed va au canapé, attrape le chat angora et le jette, relève la jeune fille pour la serrer dans ses bras – mais n’y parvient qu’à moitié, car Gladys le repousse en répondant que le genre d’homme dont elle parle crée ses propres occasions – et que rien ne peut le retenir !
Visiblement, Ed a dû mal à suivre Gladys : la jeune fille veut-elle dire par là qu’il doit l’embrasser de force et davantage sur le canapé, ou bien qu’il pourrait imaginer et mettre en scène les exploits auxquels Gladys fait allusion ? Ne pouvant se décider, Ed embrasse brièvement sur la bouche la jeune fille – et prend la fuite. Satisfaite, Gladys baisse les yeux tandis que sa chatte angora s’amuse à jouer avec un fil qui pendait de la table voisine – et sourit davantage.
Plus tard, dans les bureaux du Journal des Archives Hebdomadaires de la Littérature, des Sciences et des Arts de Londres, dont l’enseigne clignote à travers le brouillard, au-dessus de la rue animée. Une douzaine de gentlemen s’affairent assis à des tables et bureaux chargés de journaux, dossiers, dont quelques sténotypistes à leurs machines à écrire. Ed Malone fait son entrée et ôte son melon, tandis dans le bureau voisin, le propriétaire du journal s’inquiète auprès de son directeur : il veut un avis juridique, car le professeur Challenger menace de faire un procès à son journal à cause de leur article doutant des déclarations de Challenger sur les dinosaures encore en vie à leur époque.
La coupure de presse a pour titre : « un fameux zoologiste revient d’Amérique du Sud sans preuve de son récit extraordinaire. » Et plus bas, le corps du texte : « Le Professeur Challenger, auteur et scientifique bien connu est revenu à Londres avec l’extraordinaire récit de Mammouths, Ptérodactyles et autres monstres préhistoriques encore en vie. Malheureusement pour la réputation du professeur, celui-ci prétend avoir perdu la majorité de ses relevés quand son canot a été prétendument retourné – et mis à part sa parole, il n’est en mesure d’apporter aucune autre ‘preuve’ que le journal très endommagé d’un certain Maple White, un exploreur américain... »
Pour le patron du journal, il est clair que Challenger est fou à lier : il a presque tué trois des envoyés spéciaux qu’il avait envoyé pour l’interviewer ce jour-là ! Pendant ce temps, Ed est allé trouver le rédacteur-en-chef, McArdle, et lui demande si ce dernier pourrait l’envoyer sur une mission dangereuse, car tout ce dont Ed a besoin, c’est d’une chance... et de renverser accidentellement la bouteille d’encre qui était posée dans un coin du bureau.
Catastrophé, Ed sort un grand mouchoir, s’éponge préalablement le visage, puis tente d’éponger l’encre répandue. Furieux, McArdle crie à Ed d’aller voir ailleurs. Pour McArdle, Ed semble vraiment pressé de perdre la vie. Ed s’excuse, s’éponge à nouveau le visage avec son mouchoir couvert d’encre, puis voulant sortir en hâte, dérape sur un peu d’encre à terre, et perdant l’équilibre, va s’étaler magistralement à l’entrée du bureau du propriétaire du journal.
Le Directeur se lève d’un bond, et découvrant le visage maculé d’encre de Ed Malone, s’indigne : est-ce que Ed fait partie des envoyés spéciaux qui essayaient d’interviewer Challenger. Ed se relève et répond que non. Plutôt que d’écouter les excuses du jeune homme, le directeur presse Ed de se rendre au Palais Zoologique et de couvrir la conférence de Challenger dont les journalistes ont été bannis – mais Ed, lui, devra y entrer. Ed est ravi et sert la main, reconnaissant du directeur.
Au Musée Zoologique, Sir John Roxton, l’air circonspect, fait mine inspecter un squelette de dinosaure dans une vaste salle d’exposition, quand on l’interpelle : présenté comme un fameux chasseur de fauves et explorateur, il a été invité pour vérifier le conte à dormir debout de Challenger. Sir John salue dignement la foule des visiteurs en s’inclinant brièvement et en levant légèrement le haut-de-forme qu’il tenait à la main avec son manteau.
Tandis que la foule se presse à l’entrée de la salle de conférence, Sir John Roxton salue Ed Malone, lui assurant qu’ils sont partis pour assister à une soirée animée, les étudiants de l’université étant venus en force pour huer le vieux Challenger. Et effectivement, en haut des marches qui mènent à la salle de conférence, les jeunes gominés en costume cravate s’amusent à faire tourner en l’air des crécelles et à passer une écharpe au gorille empaillé qui trône en haut des marches.
Ed Malone répond à Sir John que Challenger s’est lui-même ridiculisé aux yeux du public avec ses histoires de dinosaures encore en vie. Et de s’étonner : que peut-il espérer gagner en racontant de tels mensonges ?
Si Ed est ouvertement moqueur, Sir John lui, parait soucieux. Il baisse les yeux et répond que les terres au-delà de l’Amazon contiennent plus de cinquante milliers de miles de rives inexplorées : qui pourrait dire ce qui pourrait vivre dans cette jungle, aussi vaste que l’Europe ? Ed perd brièvement son sourire – puis éclate de rire : comment le récit de Challenger pourrait-il être vrai ? Ces créatures sont toutes mortes il y a dix millions d’années !
Sir John répond sévèrement : Ed pourrait au moins faire la preuve d’équité en laissant Challenger exprimer sa défense. Ed redevient sérieux et admet que Sir John a raison. Comme ce dernier va pour entrer dans la salle de conférence, il s’étonne que Ed hésite à le suivre. Ed explique : les journalistes sont interdits – si Ed montre sa carte de presse, il sera jeté dehors, alors il se demandait justement si... Ed rit cette fois nerveusement, et Sir John sort son propre carton d’invitation : avec plaisir, Sir John présentera Ed Malone comme étant son invité.
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L'Atlantide, le roman de 1919
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L’Atlantide (1919)
Paru en 1919 en France chez ALBIN MICHEL ;
Réédité en grand format jusqu’à 1947 ;
Réédité en poche à partir de février 1956.
Adapté au cinéma en 1921 par Jacques Feyder.
Adapté au cinéma en 1932 par Georg Wilhelm Pabst.
Adapté au cinéma en 1947 titre américain Siren of Atlantis, titre anglais Atlantis: The Lost Continent, par Gregg G. Tallas, John Brahm et Arthur Riley.
Adapté au cinéma en 1961 par Edgar George Ulmer.
Adapté au cinéma en 1992 par Bob Swaim.
Par Pierre Benoit.
Pour adultes et adolescents.
(Aventure, monde perdu, fantastique, presse) En 1896 dans le Sahara algérien. Deux officiers, André de Saint-Avit et Jean Morhange, enquêtent sur la disparition de leurs collègues. Ils sont drogués et enlevés par un guerrier targui, pourvoyeur de la monstrueuse reine Antinea. …
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Le texte original de Pierre Benoit, pour ALBIN MICHEL .
CHAPITRE PREMIER
UN POSTE DU SUD
Le samedi 6 juin 1903 rompit la monotone vie qu’on menait au poste de Hassi-Inifel par deux évènements d’inégale importance : l’arrivée d’une lettre de Mlle Cécile de C… et celle des plus récents numéros du Journal officiel de la République française.
Si mon lieutenant le permet ? dit le maréchal des logis-chef Châtelain, se mettant à parcourir les numéros dont il avait fait sauter les bandes.
D’un signe de tête, j’aquiesçai, déjà tout entier plongé dans la lecture de la lettre de Melle de C…
Lorsque ceci vous parviendra, écrivait en substance cette aimable jeune fille, maman et moi aurons dans doute quitté Paris pour la campagne. Si, dans votre bled, l’idée que je m’ennuie autant que vous peut vous être une consolation, soyez heureux. Le Grand Prix a eu lieu. J’ai joué le cheval que vous m’aviez indiqué, et, naturellement j’ai perdu. L’avant-veille, nous avons dîné chez les Marial de la Touche. Il y avait Elias Chatrian, toujours étonnamment jeune. Je vous envoie son dernier livre, qui fait assez de bruit. Il paraît que les Martial de la Touche y sont peints nature. J’y joins les derniers de Bourget, de Loti et de France, plus les deux ou trois scies à la mode dans les cafés-concerts. En politique, on dit que l’application de la loi sur les congrégations rencontrera de réelles difficultés. Rien de bien nouveau dans les théâtres. J’ai pris un abonnement d’été à l’Illustration. Si ça vous chante… à la campagne, on ne sait que faire. Toujours le même lot d’idiots en perspective pour le tennis. Je n’aurai aucun mérite à vous écrire souvent. Épargnez-moi vos réflexions à propos du petit Combemale. Je ne suis pas féministe pour deux sous, ayant assez de confiance en ceux qui me disent jolie, et en vous particulièrement. Mais enfin, j’enrage à l’idée que si je me permettais vis-à-vis d’un seul de nos garçons de ferme le quart des privautés que vous avez sûrement avec vos Ouled-Naïls… Passons. Il y a des imaginations trop désobligeantes.
J’en était à ce point de la prose de cette jeune fille émancipée, lorsqu’une exclamation scandaleuse du maréchal des logis me fit relever la tête.
— Mon lieutenant !Qu’y a-t-il ?
— Eh bien ! Ils en ont de bonnes au ministère. Lisez plutôt.
Il me tendit l’Officiel. Je lus :
Par décision en date du 1er mai 1903, le capitaine de Saint-Avrit (Andé), hors cadres, est affecté au 3e spahis, et nommé au commandement du poste de Hassi-Inifel.
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Ici la page du forum Philippe-Ebly.fr consacrée à ce roman.
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